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DESSINS D’ÉCRIVAINS
Collection Pierre et Franca Belfond

EXPOSITION DU 11 AU 13 FÉVRIER 2012
VENTE LE MARDI 14 FÉVRIER CHEZ ARTCURIAL A 14h30

PAUL ELUARD Paysage avec deux femmes nues Collage original, signé Paul Eluard au crayon en bas à droite 24x17 cm, encadrement sous verre (estimation 8000/10000 euros)

 

ARTCURIAL

Hôtel Marcel Dassault
7 Rond-point des Champs-Elysées
75008 PARIS

INFORMATIONS :

• Tél.: +33 (0)1 42 99 20 20
• Site: http://www.artcurial.com
• E-mail : bputtemans@artcurial.com

CATALOGUE EN LIGNE :

http://www.artcurial.com

TÉLÉPHONE PENDANT LA VENTE :

Tél.: +33 (0)1 42 99 16 49

EXPOSITION PUBLIQUE :

Hôtel Marcel Dassault
Samedi 11, dimanche 12 et lundi 13
de 11 à 19 h
Entrée libre

COMMISSAIRE PRISEUR :

Hervé Poulain

CONTACTS EXPERTS ET PRESSE :

• Alain Nicolas, expert près la Cour d'Appel
Tél.: +33 (0)1 43 26 38 71
neufmuses@orange.fr
• Benoît Puttemans, spécialiste junior
Tél.: +33 (0)1 42 99 16 49
bputtemans@artcurial.com
• Armelle Maquin, relations presse
Tél.: +33(06 11 70 44 74
amaquin@artcurial.com


Pierre et Franca Belfond ont décidé de se séparer de leur extraordinaire collection de dessins d'écrivains commencée il y a plus de 40 ans : 135 dessins, d'Apollinaire à Alfred de Vigny, en passant par William Burroughs, Marcel Proust ou Saint Exupéry. Paysages, scènes de rue, compositions géométriques ou abstraites, croquis réalistes ou surréalistes, portraits et autoportraits. Une "Couvée de poussins" de Nathalie Sarraute est estimée à 1000/1500 euros, Un "Jeune cocher de Londres" d'Arthur Rimbaud, de 120 000 à 150 000 Euros. Avant d'être mis en vente chez ArtCurial le 14 février prochain, ils y seront exposés pendant trois jours. Une occasion unique de visiter ce musée éphémère avant sa dispersion. Explications et commentaires du collectionneur ...


Pourquoi collectionner des dessins d'écrivains?

Pourquoi un éditeur se met-il à collectionner des dessins d’écrivains ? N’est-il pas assez rassasié de manuscrits boiteux, de traductions chancelantes, et, pire que tout, d’auteurs (mécontents, grognons, insatisfaits) à consoler ou à rejeter par la fenêtre de son bureau (4ème étage) ? Eh bien, non. Chaque éditeur est aussi un psychanalyste : tout lui est bon pour mieux comprendre la psychologie des écrivains qui sont l’honneur ou le déshonneur de son catalogue : or, rien ne trahit plus les arrière-pensées qu’un gribouillis en marge d’une lettre où un croquis destiné à expliquer l’inexplicable. Napoléon disait : « Une carte, un plan, m’en disent plus qu’un long discours ». Il avait raison. Le premier dessin que j’ai acheté (c’était en 1971), une automobile signée Marcel Proust, me fit aussitôt comprendre pourquoi l’auteur de « La Recherche » utilisait tant de parenthèses et de tirets : sa voiture était faite de mille morceaux qui ne relevaient pas de la mécanique !


Et comment choisir?

Mais vers quels écrivains allais-je porter mes choix ? Les plus célèbres ou les plus méconnus ? Les plus maudits ou les plus fêtés ? Ceux dont je préférais les œuvres ou ceux dont j’admirais le plus le trait de plume ? Cruels dilemmes ! Etudions, si vous le voulez bien, six dessins qui n’ont rien en commun :
Creation of the Homunculus II, de William Burroughs. On aperçoit une vague silhouette jaune sur un fond rouge. Suis-je séduit par le « sujet » (hum ! quel est-il ?) ou par l’harmonie, à la fois douce et violente des couleurs ? Ne suis-je pas influencé par le fait que j’ai publié un des romans les plus célèbres de Burroughs, « Junkie » ? Pas facile de répondre.
Portrait de couple, de Henry Miller. Tiens, encore un auteur américain ! Et, de lui aussi, j’ai édité un gros volume, sa correspondance « privée » avec un écrivain français, Joseph Delteil. Je serais donc sensible à la gloire de ce Monsieur Miller ? A moins que les jolis seins bleus de la dame du portrait me fassent penser que l’auteur de « Sexus » avait à nous confier des détails qui ne figurent pas dans son livre.
Je suis tellement perplexe , d’Antoine de Saint-Exupéry. Le gentil bonhomme qui s’adresse à nous est, c’est évident, une esquisse du « Petit Prince ». Que celui qui n’aime pas le Petit Prince lève le doigt ! Et puis, St. Ex s’est fait descendre alors qu’il pilotait son Lightning : c’est plus qu’un dessinateur, c’est un héros. Pouvais-je hésiter à acquérir le si émouvant dessin d’un héros ?
Portrait de Céline, par Gen Paul. Là ce n’est plus un dessin d’écrivain, c’est un écrivain servant de modèle à un peintre. Le tableau date de 1936. Si ce portrait - le plus beau que l’on connaisse de Céline - avait été peint pendant la Seconde Guerre mondiale, sous l’Occupation, il est certain que je ne l’aurais pas acheté. Mais, en 1936, il n’y avait rien au passif, et, au contraire, deux chefs-d’œuvre à l’actif de Céline : « Voyage au bout de la nuit » et « Mort à crédit ». Ces deux noms accolés, Céline et Gen Paul, on n’avait pas le droit de les laisser passer. Ils atterrirent dans ma besace.
Bateau dans un port grec de Lawrence Durrell. Le Quatuor d’Alexandrie a fait la renommée de Lawrence Durrell. On y respire le parfum de la Méditerranée. Est-il imaginable de ne pas accueillir – pour l’accrocher dans son bureau ou dans son salon - une aquarelle représentant un voilier à l’ancre dans un port méditerranéen ? Et, quand on relira Balthazar ou Mountolive, on en goûtera avec plus de perspicacité les allusions mystérieuses. Voilà de la psychanalyse qui ne nécessite pas de s’étendre sur le divan du Docteur Lacan !
Paysage avec deux femmes nues , de Paul Eluard. Quand on a quelque idée de la vie intime de Paul Eluard, il n’est pas interdit d’imaginer que ces deux délicieuses personnes (dont on devine les noms) à cheval (si l’on prend le risque de cette image) sur un tamanoir ne sont là, pourquoi pas, que pour complaire à ces deux complices (qui se cachent), Paul Eluard et Salvador Dali. Là encore, ce dessin – en fait, un collage – révèle ce que "L’Amour, la poésie" dissimule sous la seule littérature.


Et l'art dans tout ça?

Demeure cependant un insoluble problème : « Et l’art, dans tout ça ? » On ne pardonne pas à Ingres une vertèbre supplémentaire. Les écrivains, eux, sont pardonnés d’avance. Pourtant, les jambes du cheval monté par le Maréchal des logis d’Apollinaire sont assez bizarres. Quant au cygne d’Alfred Kubin, on dirait une oie. Et les parents d’Eugène Ionesco n’ont-ils pas des bras disproportionnés par rapport à la taille de leurs enfants ? Il conviendrait donc d’admettre qu’il y a deux poids, trois mesures : le prix Goncourt ou le prix Pullitzer, ou la prix Nobel, suffisent à justifier les plus monstrueuses maladresses. Le plus grand malheur qui pourrait guetter les poètes, les romanciers, les dramaturges, les philosophes serait d’obtenir le Prix de Rome de peinture !
Qu’ils soient rassurés : le prix de Rome a été supprimé par la 5ème République française...



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