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SORTIR DE SON LIT EN PARLANT D’UNE RIVIÈRE - EMMANUEL RÉGENT

DU 28 AVRIL AU 10 JUIN 2012


Emmanuel Régent (France, 1973) développe une démarche autour de l’effacement et de la disparition.

Emmanuel Régent, Mes plans sur la comète, exposition au Palais de Tokyo, mars 2010 © Marc Domage

C’est sous la forme d’une trilogie qu’Emmanuel Régent, jeune artiste vivant entre Paris et Villefranche sur Mer, a choisi de dévoiler un ensemble majeur de son travail en investissant simultanément plusieurs espaces d’exposition.
Ainsi, à Montpellier puis dans la Drôme, sera inaugurée l’exposition Sortir de son lit en parlant d’une rivière *, pièce en trois actes établie à partir de productions existantes et d’oeuvres inédites.


D’un lieu à l’autre, les créations entreront en résonance, savamment mises en espace, et prendront corps et sens dans la logique de l’itinérance, visibles dans des volets complémentaires pour un projet qui offre plusieurs axes de découvertes.
À la Garde Adhémar, le parti pris est la subtile cohabitation de peintures poncées sur toile et de grands dessins. À Montpellier, le dessin sera l’axe principal de l’accrochage avec une peinture et une série d’objets comme points de liaison.
À Montélimar, le projet offre une vision élargie du travail de l’artiste avec des productions sculpturales spécifiques liées à une réflexion intrinsèque au château comme lieu de mémoire.
In fine, chacune des expositions, isolément, est l’opportunité d’une pensée renouvelée et de propositions cogitées en connivence avec un espace donné.


La pratique d’Emmanuel Régent est multiple et se décline tant en dessins, peintures, qu’en installations et mises en scène de ceux-ci.
Diplômé de l’Ecole nationale supérieure des beaux arts de Paris en 2000, et lauréat 2009 du Prix Découverte des Amis du Palais de Tokyo, l’artiste développe une démarche autour de l’effacement et de la disparition.
Observateur attentif du flux croissant des images dans notre époque contemporaine, de la vitesse spectaculaire de leur transfert, il oeuvre à rendre visible l’invisible au travers de toiles poncées, d’objets recouverts d’argent ou d’or, de sculptures réalisées en inox, et de dessins au feutre ultra fin.
Grâce aux processus d’apparitions instables qu’il met en oeuvre dans ses créations, Emmanuel Régent joue sur les reflets, la transparence et l’absence, et met en exergue la fragilité d’un rendu, la présence pigmentaire de la couleur sous les couches de peinture, le surgissement de nébuleuses et d’étoiles géantes.
Ainsi, autour des notions de lenteur, d’effacement et d’attente, il propose des « manques » dont il appartiendrait au regardeur de combler les absences.
Il s’agit pour lui de « construire des espaces de projections ouverts, des espaces de suppositions, de divagations, de dispersions… », d’imposer des interstices, des rythmes comme des pauses contre l’essoufflement.
L’étendue, le sur-dimensionnement, le rapport d’échelle sont autant de données récurrentes : pour cet artiste qui « voit grand » avec des dessins aux formats spectaculaires, à la qualité esthétique avérée, au tracé pur, le dépassement des limites lui impose d’en inventer le procédé de monstration.
Même stratagème pour les sculptures : l’espace est investi dans son amplitude, un mur en inox avoisine la dizaine de mètres ; les pierres métalliques sont autant de stigmates d’une aire archéologique méticuleusement organisée, d’un rendu minimal radicalement abstrait.
L’ensemble confine au sentiment d’expansion.


L’artiste est joueur : soudain certaines « oeuvres pièges » s’exhibent. Lettrées, leur lecture est faussée - ce que l’artiste revendique subtilement : « elles font acte de présence, n’ayant d’autre signification que « d’occuper physiquement l’espace » avec des informations en attente... »
Patience.


L’espace-temps est un axe fondamental de l’oeuvre d’Emmanuel Régent : partie intégrante du procédé de fabrication lui-même, issu d’une longue maturation, il éduque, symétriquement, le regard du spectateur vers une lecture progressive et attentive de l’image.
Avec Sortir de son lit en parlant d’une rivière, le temps s’allonge, non maîtrisable ; l’espace est infini, le blanc, omniprésent.
Le ton est donné : poésie de l’espace, symbolique du mot, tantôt lisible, tantôt illisible.
Emmanuel Régent se joue des codes de lecture et invente les siens, opérant un choix méticuleux de pièces qui, des peintures poncées aux dessins noirs et blancs, des files d’attente aux nébuleuses, font naître des microcosmes singuliers.
La pérégrination est assurée, l’imaginaire sollicité, la rêverie imposée.


Dès lors, prendre le temps, observer autrement, se positionner dans un espace de lecture différent, sont autant de pistes pour appréhender les sources d’inspiration du créateur qui, avec la rigueur d’un scientifique, convie à garder en mémoire la trace indélébile d’un paysage croqué sur le vif, la vision idéalisée d’une mer d’huile ouverte sur l’infini. Lumineuse. Simplement (...).


* 2ème définition du mot divaguer dans le dictionnaire Littré.


LE CHATEAU DES ADHEMAR - CENTRE D'ART CONTEMPORAIN Le château des Adhémar - centre d'art contemporain
26200 Montélimar
INFORMATIONS : Tél.: +33 (0)4 75 00 62 30
Site: http://chateaux.ladrome.fr
E-mail : chateau-adhemar@ladrome.fr

HORAIRES ET JOURS D'OUVERTURE : Tous les jours de 10h à 12h et de 14h à 18h
PRIX D'ENTRÉE : 3,50 euros
CONTACTS : Hélène Lallier Tél.: +33 (0)4 75 00 62 30
chateau-adhemar@ladrome.fr