Le B.P.S.22 (espace de création contemporaine de la Province de Hainaut) présente le second volet d’un triptyque d’expositions, conçu avec le Musée de l’Hôpital Notre-Dame à la Rose, autour d’une grande figure de l’histoire de l’art international, l’artiste française ORLAN. Une exposition d’une vingtaine d’œuvres, historiques (depuis Action Or-lent : Les Marches au ralenti dites au sens interdit de 1964) et nouvelles (dont les derniers travaux de 2009 sur le plissé baroque), propose à la fois un dialogue avec le Musée et une vision rétrospective de l’œuvre de cette artiste inclassable.
L’omniprésence du corps humain
Situé dans un ancien site hospitalier fondé en 1242, le Musée de l’Hôpital Notre-Dame à la Rose, à Lessines, est dédié à la vie conventuelle féminine et à la médecine. Ces deux thèmes sont abordés par un parcours à travers les nombreuses salles et des centaines d’objets qui y sont présentés. Mais une série d’enjeux socio-historiques sont également perceptibles de telle manière que ce musée peut apparaître, pour un visiteur attentif, comme un véritable musée de l’histoire des mentalités occidentales. Pour cette exposition, un axe s’est naturellement dégagé, celui du corps humain. Celui-ci point en filigrane, en chaque salle, de manière ambivalente : à la fois craint et phagocyté, car lieu de toutes les passions réprimées dans une institution monacale, et objet de traitements attentifs, imposés par les règles d’accueil et de soin de l’ordre hospitalier des Augustines.
Le choix d’ORLAN
L’idée de l’exposition Mens Sana in Corpore…, raccourci de la locution latine Mens Sana in Corpore Sano (« Un esprit sain dans un corps sain »), est ainsi d’actualiser différentes thématiques historiques, abordées par le musée, par un contrepoint contemporain, proposé, cette fois, par une femme. Il apparaissait en effet primordial, après l’exposition d’Alain Bornain, en 2012, de proposer à une artiste du sexe opposé de réagir à ce lieu, jadis consacré à la vie conventuelle et aux soins hospitaliers. L’œuvre d’ORLAN, qui, depuis les années 60, a fait de son corps le « lieu d’un débat public », pour reprendre l’une de ses formules, s’imposait d’elle-même.
Débats et problématiques
Au parcours didactique du musée s’ajoutent ainsi des pistes de lecture parallèles répondant à des problématiques toujours contemporaines liées au corps (ex. la nudité, la chirurgie), voire à des débats actuels loin d’être définitivement clos (ex. la douleur, le genre, l’égalité sexuelle, l’émancipation). Ainsi, l’œuvre d’ORLAN Tentative pour sortir du cadre n°3 (1965), montrant l’artiste nue se contorsionnant pour sortir de l’un de ces imposants cadres dorés dont l’histoire de l’art était friande, fait écho aux portraits peints des Mères supérieures qui ont dirigé l’Hôpital, toutes représentées assises, rigides, emmitouflées dans leurs vêtements contraignants. Par la dissémination des œuvres d’ORLAN dans les salles qui mettent en perspective ses riches collections historiques, la longue histoire de l’Hôpital Notre-Dame à la Rose trouve ainsi des prolongements et des amplifications dans le monde contemporain.
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