L’exposition estivale du Musée Champollion - Les Écritures du Monde et du service du patrimoine de Figeac est consacrée en 2014 à Théodore Ber, un Figeacois oublié jusqu’à la redécouverte récente de ses carnets de voyage, rédigés entre 1860 et 1900 alors qu’il vivait dans les Andes. Elle illustre de manière inédite le récit autobiographique de ce personnage aux mille vies par les témoins matériels de ses activités parvenus jusqu’à nous, parmi lesquels les remarquables collections archéologiques et ethnographiques prêtées pour l’occasion par le musée du quai Branly et le musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye.
 Le rancho, Journal de Théodore Ber © Ville de Figeac, photo Gilles Tordjeman
Né à Figeac en 1820, Théodore Ber émigre au Chili en 1860 puis au Pérou à compter de 1863; il y est tour à tour maître d’école, chansonnier, collaborateur de journaux francophones péruviens, pompier volontaire, administrateur d’une colonie européenne, botaniste, géographe, chargé de missions archéologiques et anthropologiques pour le compte du ministère de l’Instruction publique… Il décède à Lima en 1900. La redécouverte récente des carnets de voyage sud-américains de cette personnalité atypique (dont de larges extraits ont été publiés en février 2014 par les éditions Gingko), autant qu’inconnue et oubliée, a révélé une source majeure pour la compréhension tout à la fois de la vie dans la société péruvienne au XIXe siècle, l’histoire du développement de ce que l’on a appelé « l’américanisme » mais aussi la genèse de l’archéologie andine au XIXe siècle, qui là comme ailleurs fut tout aussi pourvoyeuse de découvertes que de destructions irrémédiables. Elle a aussi révélé ce que l’on pourrait appeler un itinéraire de vie, où les soubresauts politiques du siècle sont vécus ardemment, avec l’engagement passionné de ceux qui veulent changer le cours des choses.
Une exposition en quatre temps
Elle permet surtout, et de façon rare et inédite à l’occasion de la manifestation qui s’ouvre à Figeac, un double jeu qui associe à des objets archéologiques et ethnographiques le témoignage circonstancié et incarné de celui qui les a trouvés, quand ces pièces illustrent en retour et d’une façon magistrale les centaines de pages manuscrites qui seraient restées imaginaires sans cette « coloration du réel ». Quatre grandes sections – « Théodore Ber et la France » ; « Un regard critique sur la société péruvienne » ; « Les missions archéologiques et ethnographiques de Ber » et enfin, « La vie de Ber dans la vallée de Chanchamayo » - composent ainsi l’exposition selon une logique à la fois chronologique, géographique et thématique.
 Vase céphalomorphe, Tiahuanaco, La Paz, Bolivie. Musée du quai Branly, photo Cyril Zannettacci, Scala, Florence.
Carnets intimes, journaux et autres documents - en provenance conjointe des Archives nationales et des Archives municipales de Figeac - seront exposés en regard d’un grand nombre de pièces ramenées par Ber et aujourd’hui conservés dans de grandes institutions publiques françaises : le musée du quai Branly pour un prêt exceptionnel de près de cinquante pièces péruviennes et boliviennes et le musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye pour ses dépôts historiques. Les deux services patrimoniaux de la ville de Figeac (conservation des musées et service du patrimoine) souhaitent ainsi croiser à travers cette exposition deux aspects qui caractérisent d’ordinaire leur politique culturelle et événementielle : la présentation d’une civilisation étrangère et la valorisation de l’histoire de Figeac et du Lot, à travers la redécouverte, ici, d’une figure locale tombée dans l’oubli.
PUBLICATIONS :
• Catalogue 40 ans dans les Andes. L’itinéraire oublié de Théodore Ber (1820-1900), 120 p., 70 illustrations, édition Ville de Figeac, 17 €.
• Théodore Ber, Une vie dans les Andes, Le journal de Théodore Ber (1864-1896), édition présentée et commentée par P. Riviale et C. Galinon, 25 €.
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