À l’occasion de son 25e anniversaire, le musée Ota de Tokyo - the Ota Memorial museum of art - prête pour la première fois au musée Guimet une partie de son fonds d’estampes japonaises jamais sorties de leur pays d’origine. Environ 150 œuvres - en majorité des XVIIIe et XIXe siècles seront exposées cet été, pour six semaines seulement en raison de leur fragilité et de leur extrême sensibilité à la lumière.
Toute l’histoire de l’estampe japonaise depuis ses origines
Bien que de petite taille (à peine 800 m2) le musée Ota compte 12 000 œuvres répertoriées, connues et moins connues, illustrant l’art de l’Ukiyo-e – images du Monde flottant - qui font toutes figures de référence dans les ouvrages d’histoire de l’art du Japon. De par la richesse de la collection et son caractère emblématique, c'est toute l’histoire de la constitution de l’estampe japonaise depuis ses origines qui est représentée. Outre 81 estampes, l’exposition réunit une cinquantaine d’œuvres peintes sur rouleaux, des peintures sur éventail, et quelques livres illustrés imprimés qui offrent un voyage unique autour des grands maîtres d’excellence picturale tels Hishikawa Moronobu, Suzuki Harunobu, Kitagawa Utamaro, Tôshûsai Sharaku, Katsushika Hokusaï ou encore Utagawa Hiroshige
Peinture de mœurs et scènes de genre
Toute la peinture de mœurs et les scènes de genre de la ville contemporaine sont évoquées et reliées à l’ancienne capitale d’Edo, dans des représentations souvent paysagères et bien évidemment urbaines. L’ukiyo-e est apparu à Kyoto dans la première moitié du XVIe siècle et s’est développé dans cette ville jusqu’au milieu du XVIIe siècle. À cette époque, la population ne cessait d’augmenter et des changements intervenaient dans beaucoup de domaines dont celui de l’édition. Grâce au recours à la gravure sur bois qui en fit une sorte de média de masse, l’ukiyo-e, qui occupa une place particulière dans le monde pictural à l’époque d’Edo, parvint à se perpétuer jusqu’à la période moderne.
Les images de brocart
Vers 1765, la véritable impression polychrome remplaça l’impression en couleur à l’aide de plusieurs planches de bois gravées grâce aux progrès techniques engendrés par la mode des calendriers illustrés. Pour ces images appelées nishiki-e - images de brocart - on appliquait de multiples couleurs sur un papier épais de grande qualité à base d’écorce de mûrier. Suzuki Harunobu, artiste à la mode, réalisa des portraits de beautés féminines d’une grande pureté en utilisant cette technique et en imposant un nouveau style. A l’opposé, Sharaku produisait des estampes, aujourd’hui rares, de portraits d’acteurs de kabuki aux visages expressifs, parfois caricaturaux,. Au XIX ème siècle les deux grands maîtres Utagawa Hiroshige et Katsushika Hokusaï se spécialisèrent dans l’art du paysage, rempli d’un charme évocateur pour le premier et d’une inspiration plus dynamique pour le dernier.
Pour Seiji Nagata, conservateur en chef du musée Ota et commissaire scientifique de l’exposition..ce prêt exceptionnel et exclusif est une manière de souligner « la grande tradition française dans le domaine de l’estampe japonaise ainsi que son exception culturelle », La richesse de la collection et sa présentation nécessairement très brève en font une occasion à saisir au vol...
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