C’est une personnalité originale que celle du colonel Jean-Charles Langlois, né à Beaumont-en-Auge en 1789, élève de l'École Polytechnique, officier topographe sous Napoléon, et entrepreneur avisé. Sa carrière atypique, riche en honneurs et en voyages, s'inscrit au cœur de l'histoire et de l'art du XIXe siècle, à la croisée des grandes conquêtes militaires, des progrès techniques et de l'expansion coloniale qui le traversent.
Un des pionniers du reportage de guerre
Sillonnant l'Europe et l'Afrique du Nord, Langlois associe aux qualités réelles du soldat, celles d'un véritable peintre formé à l'école du romantisme - Girodet et Horace Vernet furent ses maîtres - spécialisé dans la représentation de batailles et exposant au Salon de 1822 à 1850.
Curieux de techniques nouvelles, il comprit dès 1850 l'intérêt de la photographie lors de sa rencontre en Égypte avec l'écrivain et critique d'art Maxime Du Camp. Utilisée tout d'abord comme document iconographique, la photographie lui servira à partir de 1855 à exécuter les relevés topographiques nécessaires à l'élaboration des panoramas de Sébastopol et de Solferino. Le peintre de Salon devient ainsi l'un des pionniers du reportage de guerre.
Magicien des panoramas
Langlois fut également le concepteur de huit panoramas présentés à Paris, entre 1831 et 1870, dans trois rotondes spécialement édifiées pour les accueillir. Tenant à la fois de la peinture et du spectacle, ces représentations à 360° proposaient à un public composite, soucieux d'exactitude historique et avide de sensations, de vastes illustrations des batailles du Premier Empire, de la Restauration et du Second Empire. Langlois a très largement contribué à la diffusion et à l'évolution du panorama, un genre particulier et caractéristique qui connut tout au long du XIXe siècle un remarquable succès populaire.
Illustration : La Rotonde de Hittorff aux Champs-Élysées
L’œuvre dans toute sa diversité
L'exposition présente l'œuvre de Langlois dans toute sa diversité, depuis les pochades exotiques datant des périodes algéroise et égyptienne jusqu'aux grandes peintures de batailles qui firent sa réputation. Ses huit panoramas sont restitués grâce à une scénographie originale donnant l'idée de la vision panoramique, dans son ampleur comme dans ses effets. Souvent inédits, les dessins, photographies, esquisses peintes et grands tableaux qui composent ce parcours proviennent de collections privées et publiques, depuis les peintures de Salon du musée de Versailles et les documents sur les rotondes prêtés par le musée Carnavalet ou le musée de Cologne, jusqu'aux photographies des collections de la Bibliothèque nationale de France et du musée d'Orsay... Elles s’ajoutent aux quelque 130 peintures du fonds Langlois du musée, qui ont fait l'objet d'une récente campagne de restauration et à la collection photographique de l'ARDI Basse-Normandie.
Le colonel Langlois faisait vraiment œuvre de magicien et créait la réalité, dit Maxime Du Camp dans ses Souvenirs littéraires. Sa façon de faire revivre l’histoire lui a quelque temps survécu. Des années 1880 à 1900, la « panoramania » a déferlé sur l’Europe, perfectionnant sans cesse le dispositif scénographique de Langlois avant que ne s'impose la magie du cinématographe.
PUBLICATION :
Catalogue de l’exposition Textes de François Robichon, Luc Desmarquet - 192 pages, 180 reproductions couleur - Coédité avec les Editions d'Art Somogy - Relié : 40 euros
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