Depuis 2004 le musée départemental de l’Oise a acquis, par dons et achats, un ensemble significatif de gravures et de bois de Jan Peter Thorbecke, qui sont venus enrichir sa collection d’estampes contemporaines. Né à Leipzig en 1942, vivant entre Darmstadt et Constance, l’artiste s’est d’abord illustré dans la peinture avant de se consacrer à la gravure, produisant dans ce domaine un corpus très riche qui dépasse aujourd’hui les 600 estampes.
De la peinture à la gravure
L’exposition, organisée en étroite collaboration avec l’artiste et le spécialiste français de son œuvre gravé, Roland Plumart, auteur de son catalogue raisonné, donne à voir plus de 80 œuvres, peintures, estampes et aquarelles, sur le thème de la perception et du souvenir, provenant de son atelier et de la collection du musée. Parallèlement à son activité de peintre, il commence à graver sur métal en 1985, puis, en 1991, produit en outre des bois gravés. Son catalogue compte aujourd’hui plus de 650 estampes. Son œuvre gravé a été valorisé par une exposition itinérante en 2002 (Bruxelles, Maubeuge, musées de Darmstadt, Reutlingen, Schloss Moyland, Singen, Engen).
Illustration : JP Thorbecke, Die Blumenvase III (le Vase de fleurs III), 2003. Epreuve d'essai tirée en 2 couleurs, vert et grège et 30 épreuves tirées en 2 couleurs. 10 en noir et bleu, 10 en violet et grège et 10 en vert et ocre jaune. © Wolfgang Fouhrmannek
Une écriture nerveuse dans le métal
Dans la gravure sur métal, Thorbecke a élaboré une écriture spontanée, très libre, dont le tracé nerveux, inquiet et comme hésitant, évoque des visions fugitives telles celles qui surgissent du tréfonds de la mémoire, parfois à la limite de l’abstraction. La source d’inspiration - les photographies des albums de famille, les traces de la vie écoulée, effacée - est la même dans le bois gravé, d’une approche technique différente, proche de la sculpture. Ses épreuves d’une étonnante intensité rappellent les expérimentations primitivistes des maîtres expressionnistes allemands.
Fragments de vie intime en peinture
Dans sa peinture, Thorbecke développe dans une matière acrylique très fluide, des scènes de genre, des Intérieurs souvent sans personnages. Véritables « sujets » du tableau, interprétés avec ironie par le décalage voulu d’un goût décoratif surchargé, étouffant, ces fragments du cadre intime s’affichent dans une symphonie de couleurs subtilement orchestrée, portée par une grande liberté formelle, dans la fascination avouée de Bonnard et Matisse. Cette référence est toujours sensible dans les natures mortes au format plus modeste, dans l’agencement des objets et dans le traitement par la couleur seule des effets lumineux.
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