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N° 8 - du 8 juin 2006 au 14 juin 2006

L'AIR DU TEMPS

Bâle des artistes

BÂLE – C’est la 37e du nom et elle est plus que jamais incontournable : la foire Art Basel donne, en 5 jours, le pouls de l’art international. Les 290 galeries admises offrent un panorama complet (près de 2000 artistes), des avant-garde du XXe siècle jusqu’à la création actuelle. Pour beaucoup d’entre elles, les affaires conclues ou amorcées cette semaine représentent une part significative de leur activité annuelle. La gageure, c’est évidemment de vouloir parcourir au pas de gymnastique et en temps limité cet immense musée éphémère : les impressions s’accumulent, s’entrechoquent, s’annihilent et la randonnée tourne au cauchemar. Autant se faire un plan de route, d’Acquavella à Zwirner. Ou se concentrer sur les sections spéciales. Art Unlimited propose des installations, performances, vidéos ; Art Premiere réunit 12 jeunes galeries ; Art Statements accueille des expositions personnelles de 22 jeunes artistes. C’est là que l’on devrait théoriquement avoir le goût des choses à venir. Signe des temps, sept des créateurs choisis (un tiers de l’effectif) travaillent en Allemagne, la France de la « Force de l’art » n’en plaçant que trois (dont deux sont installés à Montreuil, véritable pépinière). A noter qu’Art Basel entraîne dans son sillage une série de manifestations : Liste, la foire des jeunes générations, ou, depuis cette année, Bâle Latina, consacrée à l’art d’Amérique latine.

  • Art Basel 37, du 14 au 18 juin 2006 au Centre des expositions (Messe)

    Le site d'Art Basel

  • JUSTICE

    Victoire par chaos ?

    SAINT-ROMAIN (Rhône) – La cour d’appel de Lyon examine le 9 juin le cas de la Demeure du Chaos. Cette œuvre monumentale et inclassable était au départ une maison bourgeoise comme tant d’autres, ayant servi de relais de diligence au XVIIe siècle. Son propriétaire, Thierry Ehrman, PDG du groupe Serveur, qui contrôle notamment artprice.com, base de données sur le marché de l’art, a décidé de la soumettre à un processus systématique de « déconstruction ». Elle a été transformée à l’intérieur et à l’extérieur par l’intervention d’un collectif d’artistes (Ben, Mathieu Briand, Rudy Ricciotti, récent lauréat du prix de l’architecture, etc) qui l’ont éventrée, taguée, noircie et ont procédé à de nombreuses autres interventions. Saisi par le maire du village, qui souhaite sa destruction, le tribunal d’instance a estimé que la Demeure du Chaos contrevenait aux lois. Dépassant en effet un volume de 40m3, elle aurait dû faire l’objet d’une déclaration préalable de travaux. Mais il a dans le même temps estimé qu’il s’agissait « indubitablement d’une œuvre d’art ». Une solution pourrait être un classement d’office par les services du ministère de la Culture…

  • Les visites de la demeure du Chaos sont provisoirement suspendues en raison de l’affluence. Mais on peut voir le Bunker de la Demeure du Chaos devant l’entrée de l’exposition la Force de l’art, au Grand Palais, à Paris.

    Le site (sur fond noir…) de la Demeure du Chaos

  • ANNÉE CÉZANNE

    Le grand Aixois chez lui

    AIX-EN-PROVENCE - On fêtera à l’automne le centenaire de sa mort (23 octobre 1906). Mais les célébrations cézaniennes sont lancées depuis longtemps et l’on a concocté, pour celui qui n’aurait jamais imaginé devenir une gloire nationale, un programme copieux incluant concerts, lectures, balades, déjeuners sur l’herbe et, bien sûr, expositions. La plus importante, intitulée Cézanne en Provence, arrive à Aix-en-Provence après un séjour à la National Gallery de Washington. Elle comprend une centaine d’œuvres sur ses motifs de prédilection - la Sainte-Victoire, l’Estaque, la carrière de Bibémus - et donnera l’occasion d’apprécier la réhabilitation du musée Granet, à peine achevée sous la direction des architectes Pierre Brotons et Jean-François Bodin. L’intérêt d’un voyage à Aix est redoublé par la possibilité de visiter le Jas de Bouffan, la demeure familiale, où Cézanne réalisa nombre de ses tableaux. La municipalité, qui en est propriétaire, vient de l’ouvrir au public.

  • Cézanne en Provence, au musée Granet, du 9 juin au 17 septembre.

    Le portail des manifestations Cézanne 2006

  • EXPOSITIONS

    Dunkerque dans l’objectif d’Eggleston

    DUNKERQUE – Voilà une exposition que l’on imagine mal itinérante, comme cela est désormais la mode autant qu’une nécessité (pour amortir les coûts). Non pas qu’elle soit inintéressante mais tout simplement parce qu’elle a un propos très spécifique. Et assez rare pour qu’on le souligne : les 40 images de William Eggleston – star de la photographie couleur - sont le fruit d’une commande. Le créateur américain, qui pose depuis près d’un demi-siècle un regard neutre, froid, « clinique » sur l’univers urbain, a répondu à l’invitation du commissaire Vincent Gérard et du musée d’art contemporain. Intéressé à mesurer la distance entre le mythe (l’évacuation de centaines de milliers de soldats par l’opération Dynamo en 1940) et la réalité, il s’est promené dans les rues, sur le port, au milieu des hauts fourneaux. Eggleston a complété l’exposition par un choix d’œuvres dans la collection permanente.

  • William Eggleston, Spirit of Dunkerque au LAAC, du 11 juin au 29 octobre 2006

    Accéder au site du LAAC

  • Kandinsky, le saut dans l’abstraction

    LONDRES – L’un des pionniers de l’abstraction, Wassily Kandinsky (1866-1944), fait l’objet d’une exposition à la Tate Modern, qui vient de procéder au réaccrochage de ses collections. La rétrospective est centrée sur les deux premières décennies du XXe siècle, qui constituent une époque très féconde et cosmopolite : l’artiste vit successivement à Munich et Murnau (où il joue un rôle essentiel dans le mouvement du Cavalier bleu), rentre en Russie pour assumer des responsabilités au début de la Révolution, puis repart vers Berlin et Weimar, pour enseigner au Bauhaus. Les prêts des musées russes forment une bonne part de la cinquantaine de tableaux et des 35 œuvres sur papier exposées. Elles illustrent l’évolution du langage du figuratif vers l’abstrait, qui se fait sur une armature stable : le jeu de la couleur.

  • Kandinsky à la Tate Modern, du 9 juin au 24 septembre 2006

    Bref descriptif de l’exposition

  • David Smith, cet inconnu

    PARIS – C’est l’un des grands sculpteurs américains du siècle passé mais son nom continue d’être largement ignoré en France. La rétrospective qui arrive au Centre Pompidou en provenance du Guggenheim de New York comble donc une lacune. David Smith (1906-65) est un enfant de la civilisation industrielle qui porte en lui la nostalgie d’un âge d’or rural (un peu comme Frank Lloyd Wright, voir plus bas). Privilégiant le métal, il recompose des figures en soudant des objets récupérés. L’une de ses séries emblématiques, intitulée Agricola (années 1950), utilise des outils de paysans, des pièces de tracteurs, de éléments de charrues. Dans une autre, celle des Tanktotem, il a recours à des chaudières désossées. Plus de quarante de ces sculptures, qui font le lien entre Julio González et Arman, sont réunies. Elles sont accompagnées de quelques dessins.

  • David Smith au Centre Pompidou, du 14 juin au 21 août 2006

    Présentation de l'exposition

  • LIVRES

    Frank Lloyd Wright, maître ès maisons

    Soixante-dix ans d’activité et une étonnante capacité à se renouveler : c’est ainsi que l’on pourrait résumer la carrière de Frank Lloyd Wright, le plus célèbre des architectes américains du XXe siècle. Un gros livre, très complet – et donc fort peu maniable ! – recense toutes les maisons individuelles qu’il a conçues, de 1889, lorsqu’il était jeune associé de Louis Sullivan à Chicago, à 1959. Du style bardeau avec toit en pente aux grandes demeures horizontales de la Prairie, des " cabanes " imbriquées dans la nature aux maisons " usoniennes " ou préfabriquées, que de formes et d’idées ! Béton, verre et acier mais aussi brique, pierre et bois. L’architecte est au croisement de la tradition rurale et du progrès technologique. Pour son enterrement, il avait, paraît-il, demandé une charrette avec des roues munies de chambres à air... Quelques icônes, adaptées aux différents biotopes d’un continent, perpétuent sa légende : dans le nord, la célébrissime Maison sur la cascade, et la Taliesin West à Scottsdale, dans la chaleur de l’Arizona.

  • Frank Lloyd Wright, les maisons, par Alan Hess, photos d’Alan Weintraub, Le Chêne, 2006, ISBN-2842776593, 544 p., 65 €

    A vendre, en cours de restauration ou victimes d'incendies : l'actualité des maisons de Wright

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  • BRÈVES

    LIVERPOOL – Le Museum of Liverpool Life a fermé le 4 juin. Il rouvrira en 2010 sous le nom de Museum of Liverpool dans de nouveaux bâtiments. Le coût des travaux est estimé à 65 millions de livres.

    LOCHES – Les deux toiles retrouvées dans l’église Saint-Antoine et que certains attribuent au Caravage sont présentées à partir du 14 juin à la chancellerie, près de la mairie. Il s’agit de la Cène à Emmaüs et de l’Incrédulité de saint Thomas.

    Pour accéder au dossier de presse en format PDF

    LONDRES – Une aquarelle de Turner de 1842, représentant le lac de Lucerne, proposée par Christie’s lundi 5 juin, a été vendue 5,8 millions de livres, triplant quasiment les estimations.

    METZ – Le chantier du Centre Pompidou Metz est sur le point de commencer, dans le quartier de l’Amphithéâtre. Face au site choisi, une « Maison du projet » explicative est inaugurée le 10 juin.

    Le site du Centre Pompidou Metz

    MILAN – La petite sacristie du couvent de Santa Maria delle Grazie (où se trouve la Cène de Léonard de Vinci) ouvre pour la première fois au public à partir du 7 juin. La campagne de restauration a révélé la présence d’une Vierge à l’Enfant d’école léonardesque

    NEW YORK – La 12e International Fine Art Fair se tient du 12 au 17 mai, au Seventh Regiment Armory. Les œuvres exposées par la cinquantaine de marchands internationaux vont de la Renaissance au XXe siècle.

    Le site de la foire

    PARIS – Alors que la vente Camard du 2 juin a enregistré un record pour la table basse de Pierre Legrain (1,5 million d’euros), on attend des enchères encore plus spectaculaires lors de la dispersion de la collection Art déco des époux Dray, chez Christie’s les 8 et 9 juin. Au programme, parmi Rateau, Chareau, Dunand et consorts, une œuvre exceptionnelle d’Edgar Brandt, le paravent L’Oasis, estimé 1,3 million d’euros.

    Le mini-site consacré à la vente

    PARIS – La maison Tajan présente le 8 juin la seconde vente Levy, consacrée à la collection du grand marchand américain, « passeur » des surréalistes sur le sol américain. La première s’était tenue à l’automne 2004.

    Le site de Tajan

    PARIS – Le Parcours parisien du design (Designer’s days) a choisi le thème du voyage pour son édition 2006, du 8 au 11 juin. Une quarantaine de maisons y participent (cocktails Rive droite le 8 juin, Rive gauche le 9).

    Le programme de la manifestation

    PARIS – La Maison rouge (10 boulevard de la Bastille, 75012) inaugure simultanément quatre expositions le 8 juin, dont les livres cuits de Denise Aubertin et l’œuvre d’un « artiste maudit », Henry Darger (1892-1973), qui passa sa vie à illustrer son propre roman de 15 000 pages.

    L'actualité de la Maison rouge

    PARIS – La galerie Azzedine Alaïa (18 rue de la Verrerie, 75004) accueille du 9 au 30 juin les lauréats du World Press Photo 2006.

    Le site de World Press Photo

    SEDAN – La Biennale de la photographie et de la ville tient sa 3e édition du 9 juin au 2 juillet, en plusieurs lieux de la ville (château-fort, manufacture de Dijonval, etc), à Charleville-Mézières et dans les bâtiments industriels de Vrigne-aux-Bois.

    En savoir plus

    SUR ARTAUJOURDHUI.INFO

    Cette semaine, ne manquez pas

    Après Martigues, le Sm’art, 1er salon méditerranéen d’art contemporain et d’art abstrait se tient à Aix-en-Provence. Ouvert le 8 juin par un happening sur le cours Mirabeau, il réunit plus de 100 artistes et professionnels de l’art.

    SM'ART AIX-EN-PROVENCE 2006

    Les Brueghel, les Giacometti, les Booschaert : l’histoire de l’art donne de nombreux exemples de frères artistes. Comment vivent-ils cette situation originale ? C’est le thème qu’explore cette exposition au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, montrant comment émerge un désir de singularité : les dernières fratries connues tentent souvent de se démarquer par l’usage de pseudonymes, à l’image de De Chirico et Alberto Savinio.

    AFFAIRES DE FAMILLE Frères et sœurs dans l'art