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N° 10 - du 22 juin 2006 au 28 juin 2006

L'AIR DU TEMPS

Cher, très cher Klimt

Alors que des travées d’Art Basel parvenaient des prévisions de chiffres d’affaires astronomiques – on s’approcherait du demi-milliard de dollars – la grande transaction du moment a eu lieu ailleurs, aux Etats-Unis. Elle concerne un superbe tableau de Klimt, le Portrait d’Adèle Bloch-Bauer (1907) tout en or et chatoiements, comme une mosaique ravennate. Ce chef-d’œuvre, enlevé à ses propriétaires par les nazis en 1938, puis exposé au musée viennois du Belvédère, n’a été restitué qu’en janvier 2006, après une longue bataille judiciaire. Les héritiers l’ont cédé à un nouveau propriétaire, Ronald Lauder. Le magnat des cosmétiques, dont les poches n’ont guère de fond, se trouve être par ailleurs le fondateur de la Neue Galerie, à New York, un musée à la fort belle collection d’art allemand et autrichien. En achetant ce Klimt, il lui offre une pièce de tout premier ordre. Et réalise surtout une admirable opération de relations publiques qui lui permettra de le faire connaître mieux que ne l’auraient fait tout les cabinets spécialisés. Ronald Lauder a en effet admis avoir dépensé plus que pour le tableau le plus cher du monde (le Garçon à la pipe de Picasso, adjugé 104 millions de dollars en 2004 chez Sotheby’s). Mais, maniant avec virtuosité une arme redoutable sur notre planète rétrécie - la rumeur – il n’a pas dévoilé le montant exact. Les spéculations vont bon train et, déjà, les chiffres enflent, le New York Times annonçant 135 millions de dollars. C’est suffisant pour faire de Klimt, ce peintre déjà chéri des foules, une véritable star, aux côtés de Picasso, Van Gogh, Cézanne et Matisse.

  • La peinture autrichienne engrange les records : le 20 juin, Les Tournesols d'Egon Schiele, autre tableau spolié récemment redécouvert chez un particulier en France, a été adjugé 11,8 millions de livres par Christie's à Londres, triplant l'estimation basse.

    Une reproduction du portrait d'Adèle Bloch-Bauer

  • VENTES

    Heure de Vérité pour les arts premiers

    PARIS - On attendait cette vente avec impatience et elle n’a guère déçu. La dispersion de la collection des marchands d’arts premiers Pierre et Claude Vérité s’est tenue à Drouot les 17 et 18 juin et a donné un produit de 43 millions d’euros, le triple de l’estimation. Sur les 514 lots proposés, tous ont été vendus, huit ont dépassé le million d’euros et 36 autres ont dépassé 150 000 euros. La présence explosive de Guy Loudmer, suspendu de ses fonctions de commissaire-priseur mais agissant en tant que consultant (et, plus encore, en aboyeur roué), a aidé à « chauffer » la salle. La plus haute enchère (record de l’année en France) a porté sur un masque Fang, à 5,9 millions d’euros, ce qui en fait aussi la pièce la plus chère au monde en arts primitifs. Une statue de chasseur Tschokwe, d’Angola, a atteint 3,7 millions d’euros et une statue Senoufo de Côte d’Ivoire 2,9 millions d’euros. Le tout nouveau musée du Quai Branly, dépassé par ces adjudications millionnaires, n’a pu préempter qu’un modeste linteau de Nouvelle-Guinée, à 58 000 euros. Les temps sont durs…

    Pour télécharger le catalogue de la vente et la vidéo de LCI

    EXPOSITIONS

    Sicile à la crème normande

    CAEN – Juste après l’an Mil, sur le chemin de la Terre sainte, les pélerins et les croisés passent par le sud de l’Italie. Parmi eux, des seigneurs normands, bons guerriers, qui s’y taillent rapidement des baronnies. Ils délogent les Arabes de Sicile et y donnent naissance à une civilisation arabo-normande, qui sera plus tard considérée par beaucoup comme l’âge d’or de l’histoire sicilienne. L’exposition retrace ces deux siècles (du milieu du XIe à la fin du XIIIe siècle, lorsque la dynastie angevine prend le relais) à l’aide d’ivoires, de manuscrits, de décors sculptés. Mais elle montre aussi la persistance du mythe dans la culture savante (les dessins de Viollet-le-Duc venant chercher là les racines de l’art gothique) ou populaire avec les charrettes décorés de l’épopée des paladins de France, les marionnettes et les feux d’artifice… vécus à Caen par l’intermédiaire de films documentaires.

  • Les Normands en Sicile, au Musée de Normandie, du 24 juin au 15 octobre 2006.

    Le site du musée de Normandie

  • La fondation Maeght dans le noir

    SAINT-PAUL-DE-VENCE – En 1946, la galerie Maeght ouvre une exposition courageuse à Paris. Intitulée « Le noir est une couleur », elle réunit des œuvres de Matisse, Rouault, Bonnard. Soixante ans plus tard, la fondation Maeght est devenu un empire attirant plus de 200 000 visiteurs par an, avec une collection pléthorique (notamment plus de 50 Giacometti et plus de 150 Miró !). Mais elle n'a pas oublié ce moment historique de l’après-guerre et a décidé de le faire revivre. Les anciens sont évidemment conviés – avec notamment les lithographies de Geer van Velde – mais le discours s’est élargie à la production de tous ceux qui ont puisé dans le pot au noir, jusqu’à nos jours : Albers, Michaux, Masson, Soulages, Tinguely, Motherwell, Kline, Reinhardt, Saura, Tápies pour finir avec Boltanski, Kapoor, Kiefer. Sous le soleil de Provence, le contraste sera encore plus marquant qu’en ce lointain automne parisien.

  • Le noir est une couleur, à la fondation Maeght, du 30 juin au 5 novembre 2006.

    Présentation de l'exposition sur le site de la fondation

  • Quinn, du sang à Rome

    ROME – Longtemps à l’écart des principaux circuits de l’art contemporain, la capitale italienne refait son retard. On attend pour bientôt le Maxxi (centre national des arts contemporains), dessiné par Zaha Hadid, en lieu et place d’une ancienne caserne, et l’agrandissement du Macro (musée d’art contemporain de Rome), conçu par Odile Decq. En attendant, le Macro a déjà une programmation étoffée. Pour cet été, on y verra la grande installation Exit de Christian Boltanski et une rétrospective de Marc Quinn. Ce dernier, dans la mouvance des Young British Artists, avait fait parler de lui il y a quelques années. A l’occasion de travaux chez son principal collectionneur, Charles Saatchi, la prise du réfrigérateur avait été débranchée et une sculpture en plasma congelée, représentant le propre buste de Marc Quinn, avait fondu. Dans la canicule romaine, on peut supposer que les plus grandes précautions auront été prises pour assurer la conservation d’œuvres (une trentaine sont exposées) qui, pour parler de la fragilité et de la périssabilité du corps, utilisent le lait, le placenta, etc, mais aussi le marbre ou, tout simplement, le papier…

  • Marc Quinn et Boltanski au Macro, du 22 juin à septembre 2006.

    Le site du Macro

  • MUSÉES

    Bruxelles prend le courant

    BRUXELLES - Il y avait déjà la Tate Modern à Londres et la Centrale Montemartini à Rome. La Centrale Electrique, inaugurée le 22 juin, rejoint le bataillon des usines productrices d’énergie transformées en lieux d’exposition. Cet espace de 1000 m2 en plein centre ville (place Sainte-Catherine), avec verrières et belles hauteurs sous plafond, a été baptisé « Centre européen d’art contemporain ». Il a l’ambition de revitaliser l’actualité artistique bruxelloise. Son exposition inaugurale aborde la question de l’animal dans la création actuelle. Participent à ce premier Zoo des talents de divers horizons et tranches d’âge, utilisant des supports variés : Gilles Aillaud, Jan Fabre, Carsten Höller, Roni Horn,le photographe William Wegman, l’illustrateur Tomi Ungerer, etc. Quatre expositions sont prévues chaque année.

  • Zoo à la Centrale Electrique, du 23 juin au 8 octobre 2006

    Le site de la ville, pour plus d'informations

  • LIVRES

    L’Amérique d’avant l’Amérique

    Arts premiers : l’expression est désormais entrée dans l’usage même si elle n’a pas été retenue par les responsables du musée du Quai Branly. Poursuivant une exploration commencée avec l’Afrique et l’Océanie, l’auteur aborde l’autre continent idéal, l’Amérique : les Inuit, les Mayas, les Incas, les Aztèques, et des cultures moins connues comme les Mochicas, les Calimas ou les Indiens d’Amazonie. Le texte est synthétique et laisse une large place aux illustrations : des objets classiques (pectoraux du musée de l’Or à Bogota, serpent bicéphale en turquoise du British Museum, crâne avec couteaux sacrificiels du musée de Mexico) mais aussi une gravure montrant Géronimo dépeçant un buffle ou une photographie de Claude Levi-Strauss… Quelques encadrés illustrent des thématiques particulières - l’écriture chez les Mayas ou la collection du cinéaste François Reichenbach. Une initiation agréable, qui pourrait tenir lieu de manuel pour une première visite au Quai Branly.

  • Arts premiers, Indiens, Eskimos, Aborigènes, par Bérénice Geoffroy-Schneiter, éditions Assouline, ISBN : 2-84323-837-4, 2006, 30 €.

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  • BRÈVES

    BERLIN – Anstoss Berlin : sous ce nom, Haus am Waldsee fête ses 60 ans d’existence et sa 300e exposition en montrant la vitalité – retrouvée depuis les années 1990 - de la scène artistique berlinoise. Parmi les artistes invités du 22 juin au 17 septembre : Franz Ackermann, Angela Bullock, Olafur Eliasson, Mona Hatoum et Anri Sala.

    En savoir plus

    ��5{���������rt latinoaméricain à l’honneur au Bellevue avec la collection vénézuélienne Daniela Chapard, du 27 juin au 30 septembre : environ 130 œuvres d’artistes aussi variés que Torres-Garcia, Matta, Lam, Cruz-Diez, Tamayo, Soto ou Botero.

    Informations sur le site de la ville de Biarritz

    FONTAINEBLEAU – La maison de ventes Osenat propose le 25 juin l’un des deux seuls tableaux connus du photographe Gustave Le Gray. Ce Portrait de l’impératrice Eugénie, réalisé en 1869 à la demande d’Ismaël Pacha, est estimé 150 000 euros.

    Le site de l'étude Osenat

    GRENOBLE – Un nouvel espace d’exposition est inauguré le 22 juin au sommet du téléphérique de la Bastille. Il se nomme LIA, Lieu d’Images et d’Art, et a pour premier invité Antony McCall et ses « films de lumière solide ».

    Présentation du LIA

    LONDRES – Quel avenir pour le Commonwealth Institute ? Ce bâtiment des années soixante, en bordure de Kensington Gardens, actuellement inutilisé, risque la démolition pour faire face à des projets immobiliers, comme le rappelle l’Observer du 15 juin. L’association English Heritage a annoncé qu’elle se mobiliserait pour sa défense.

    MARLY-LE-ROI – Park in Progress, la manifestation issue du programme de pépinières artistiques transfontalières, se tient la nuit du 24 juin dans le parc de l’Injep. A partir de 20h, « œuvres en suspens » et « chorégraphies aériennes » précèderont un parcours nocturne visuel et acoustique (après 22h30). Des navettes gratuites sont prévues pour le retour sur Paris.

    Le programme détaillé

    MONACO – Le prix international d’art contemporain, décerné par la fondation Prince Pierre, a été attribué le 20 juin à Saâdane Afif. L’artiste, né en 1970, a reçu 15 000 euros et un crédit du même montant pour la production d’œuvres nouvelles. Il bénéficie aussi d’une exposition jusqu’au 15 août (4 quai Antoine Ier).

    Biographie de l'artiste sur le site de la fondation Prince Pierre

    NANTES – Jusqu’au 10 septembre 2006, le Lieu unique réunit, sous l’intitulé European ways of life les créations d’étudiants européens de design.

    Une présentation de Cumulus, le réseau international d'étudiants en design

    PARIS - La 4e vente Bérès, du nom du grand libraire, organisée le 20 juin par la maison Bergé et associés, a enregistré un produit total de 14 millons d'euros. Un recueil de dessins ornithologiques de 1550 par Pierre Gourdelle a été adjugé 1,4 millions d'euros. Le journal manuscrit de Stendhal en 6 cahiers a été préempté par la mairie de Grenoble à 936 942 euros. Deux jours avant la vente, Pierre Bérès avait offert à l'Etat l'exemplaire de la Chartreuse de Parme corrigé par Stendhal.

    PARIS – Pour fêter son ouverture, le musée du Quai Branly est gratuit du vendredi 23 au dimanche 25 juin. Il demeurera ouvert toute la nuit du vendredi au samedi.

    Le site du musée du Quai Branly

    PARIS – Gérard Garouste est le lauréat 2006 du prix Montblanc de la Culture, qui honore des mécènes privés. L’artiste est récompensé pour l’action sociale et éducative menée avec son association, La Source.

    PARIS – L’Ecole nationale supérieure des beaux-arts organise ses journées portes ouvertes les vendredi 23 et samedi 24 juin.

    Le site de l'ENSBA

    VILLANDRY – Les jardins du château de Villandry, dans le Val de Loire, qui attirent chaque année plus de 350 000 visiteurs, fêtent leur centenaire en dédiant une exposition à leur créateur, Joachim Carvallo.

    En savoir plus

    STAVERN (Norvège) – Peintres kitsch du monde entier, unissez-vous ! C’est un peu l’objet de la manifestation Kitsch Annuale qui se tient le 25 juin dans les bâtiments d’un chantier naval. Huit pays ont envoyé des représentants, parmi lesquels on compte Fereidoun Ghaffari, Shale Young, Riccardo Rossati et Odd Nerdrum.

    En savoir plus sur le site www.worldwidekitsch.com

    SUR ARTAUJOURDHUI.INFO

    Cette semaine, ne manquez pas

    C'est un artiste prolifique et multiforme (peinture, sculpture, céramique, photographie) que présente le musée d'Orsay. Le Danois Willumsen a beaucoup travaillé en France, où il s'est formé et où il est mort. Près de cent œuvres illustrent un parcours, qui l'a vu passer d'influences symbolistes à une vision expressionniste, marquée par les forces de la nature.

    Du symbolisme à l'expressionnisme, Willumsen (1863-1958), un artiste danois

    Ce fut le premier musée reconstruit en France après la guerre. Inauguré en 1961, le musée Malraux, dessiné par des élèves d'Auguste Perret, vient d'être réaménagé pour faire face à l'accroissement de ses collections. Un nouveau puits de lumière, une ouverture retrouvée sur la mer, offrent des conditions idéales pour admirer une belle collection impressionniste et le récent legs Senn-Fould, un superbe ensemble de peintures et de dessins du tournant du 19e siécle.

    Le Havre, réouverture du musée Malraux