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N° 33 - du 1 février 2007 au 6 février 2007

L'AIR DU TEMPS

Esprit Fabre

MONTPELLIER – Quatre ans de travaux, plus de 60 millions d’euros d’investissement, une donation de 20 toiles grand format de Soulages, une intervention de Buren qui a dessiné un chemin lumineux. L’opération portée à terme a des dimensions presque « parisiennes » : la remise en état d’un des plus beaux musées de province méritait bien cet effort. A côté de son tramway fleuri par Garouste et Bonetti, de son maire spécialiste de salves de mauvais cow-boy, Montpellier peut - de nouveau - être renommé pour son musée Fabre. Ses pièces phares, Femmes d’Alger dans leur intérieur de Delacroix et les Baigneuses de Courbet (dont la présence s’explique par l’amitié du peintre avec le mécène local Alfred Bruyas), ne sont que la pointe de l’iceberg. Ce sont désormais 800 œuvres qui sont exposées sur une surface triplée (9000 m2). Raphaël, Guerchin, Poussin, Rubens, Houdon, Millet, Delacroix, Nicolas de Staël… A découvrir à partir du 4 février.

En attendant que le musée se dote d’un site internet à la hauteur, une reproduction des Baigneuses de Courbet

MUSÉES

Les grands travaux du Prado

MADRID – L’un des plus riches musées d’Europe a longtemps traîné une réputation d’immobilisme. Les temps semblent avoir changé : le premier semestre 2007 devrait en apporter la preuve. Après l’ouverture, le 30 janvier, d’une ambitieuse rétrospective Tintoret (la plus importante depuis celle de Venise en 1937), c’est une véritable révolution qui se prépare pour la semaine suivante. Le Prado va enfin accueillir des artistes vivants sur ses cimaises. L’heureux élu est l’Allemand Thomas Struth (né en 1954), dont certaines œuvres vont provisoirement remplacer des tableaux de maîtres anciens. On sait que Struth est spécialisé dans les photographies de musées : cela devrait suffire à désarmer une certaine critique conservatrice. Le grand moment de l’année 2007 est cependant prévu pour la fin du printemps avec l’inauguration de l’extension du musée, conçue par Rafael Moneo, autour de l’ancien cloître des Hiéronymites. La surface de l’institution passera de 28 000 à plus de 40 000 m2. Avec, une nouvelle fois, une touche contemporaine : les portes de ce grand cube de brique ont été dessinées par Cristina Iglesias, l’une des artistes les plus en vogue de la scène ibérique

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EXPOSITIONS

Pluie de portraits

LONDRES et MADRID - Les hasards de la programmation font que deux grandes expositions internationales se penchent simultanément sur la thématique du portrait. Sous le titre Rois et citoyens, la Royal Academy of Arts s’intéresse à une période troublée – 1760-1830, qui mêle despotisme éclairé et révolutions. Autant que Napoléon et ses collègues monarques, ce sont les classes dirigeantes en gestation – bourgeois, industriels et savants – qui passent sous les pinceaux de Goya, Ingres et Copley ou sous le ciseau de sculpteurs comme Schubin. A Madrid, on fait un saut d’un siècle pour étudier les innombrables mues du portrait avant et après 1900. La figure tutélaire qu’invoquent les commissaires est l’inévitable Picasso bien qu’il ne soit pas le seul à avoir renouvelé de fond en comble la discipline. Warhol mais surtout Cézanne, Van Gogh et Francis Bacon ont laissé une empreinte essentielle sur la façon de dépeindre l’homme.

  • Rois et citoyens : le portrait au temps des révolutions - 1760-1830 à la Royal Academy of Arts, du 3 février au 20 avril
  • Le portrait au siècle de Picasso au musée Thyssen-Bornemisza, du 7 févier au 20 mai.

    Le site de la Royal Academy de Londres

  • Noir de Bra

    PARIS - En voyant ses encres hallucinées, on pense aussitôt à ses congénères romantiques à l’imagination sans limite, sans cesse abreuvée aux sources du cauchemar et du mystère : Füssli, Blake. Mais il y a aussi du Victor Hugo dans ce trait rapide, du Edward Lear dans ces profils, voire du John Martin dans certaines accumulations ou perspectives qui proclament l’horror vacui. Théophile de Bra (1797-1864) était un sculpteur respecté à son époque, à qui l’on passa de nombreuses commandes publiques pour des églises (notamment à Douai, sa ville), des cimetières, des hôpitaux. Il fut estimé par Balzac et par George Sand, dont il fit le portrait. Avec le passage des ans, il devint la proie d’hallucinations, d’irritations cérébrales, qui lui valurent la persécution de ses belles-familles (il eut trois femmes) mais qui lui donnèrent une inspiration inépuisable, trouvant dans l’encre sur papier son expression la plus aboutie. Cette œuvre est un océan : Théophile de Bra a légué 45 000 feuillets à la bibliothèque de Douai, dont 10 000 comportent des dessins, pleins de créatures étranges, mi-hommes mi-végétaux, d’animaux effrayants, de tourbillons et autres tempêtes. En voici un avant-goût…

  • Sang d’encre, Théophile de Bra, un illuminé romantique au musée de la Vie romantique, du 6 février au 10 juin

    Le site du musée de la Vie romantique

  • VENTES

    Troyes, capitale de l'art moderne

    TROYES – Leur nom est peu connu du grand public. Pourtant le couple de collectionneurs Pierre et Denise Levy (à l’origine de plusieurs marques de textiles, dont Devanlay) avait constitué un superbe fonds d’art moderne, dont le noyau, donné à la ville de Troyes, a permis d’y créer un musée de qualité. Le « reliquat » fait l’objet d’une vente aux enchères judiciaire dans le cadre de la succession. Elle est assurée par le commissaire-priseur local Boisseau-Pomez, dans les salons de l’Hôtel de Ville. On verra passer des pièces éclectiques qui prouvent les nombreux centres d’intérêt du couple Levy : objets africains ou océaniens, statues antiques, tableaux anciens. Mais l’essentiel est évidemment du registre du XXe siècle avec, notamment, Les régates de Dufy, estimé 180 000 €. Huiles sur toile, dessins, gravures et même bibliophilie : on attend 120 000 € du livre Jazz de Matisse.

  • Vente Levy les 2, 3 et 4 février chez Boisseau-Pomez

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  • L'ARTISTE DE LA SEMAINE

    McDermott & McGough : cherchez la femme

    PARIS – Moins connus que Gilbert & George ou Pierre & Gilles mais disposant d’un cercle d’amateurs fidèles (lors de l’inauguration, Julian Schnabel a fait, avec sa colossale stature de fermier du Montana, une apparition remarquée) : David McDermott et Peter McGough forment l’un des couples homosexuels les plus en vue dans l’art contemporain. Pour leur dernière exposition, chez Jérôme de Noirmont, ils délaissent le militantisme de leurs débuts et jouent même avec le mythe de la femme fatale, qu’ils sont allés pêcher dans les films américains de l’après-guerre. Les photos des égéries éplorées sont repeintes à l’huile sur toile. Chacune de ces stars est mise en diptyque avec une vignette de bande dessinée à la ligne claire. Du déjà vu mais propre et bien ficelé malgré l’éloignement physique des protagonistes – Peter est à New York tandis que son aîné David, pour marquer son hostilité à la politique de Bush, s’est installé en Irlande. Attiré par l’ésotérisme, il y prépare un jeu de tarot…

  • McDermott & McGough, Please don’t stop loving me à la galerie Jérôme de Noirmont, jusqu’au 15 mars, 36 avenue Matignon, 75008 Paris, tél. : 01 42 89 89 00

    Quelques reproductions sur le site de la galerie de Noirmont

  • LIVRES

    Beau Paris du temps jadis

    On est surpris de voir un tel ouvrage préfacé par Rudy Ricciotti, tout récent prix national de l’Architecture, engagé sur des chantiers où parlent le verre, le béton et l’acier (le récent Centre chorégraphique d’Aix-en-Provence ou le département des arts islamiques du Louvre). Il s’agit en effet ici d’aquarelles évoquant un Paris ancien et, qui plus est, disparu. Fort heureusement, l’extrême contemporanéité n’est pas exclusive d’un respect pour le passé… Les 80 images de Christian Bénilan, architecte des Bâtiments de France, reconstituent des œuvres importantes de Boffrand, Philibert de l’Orme ou Brongniart (celui de la Bourse) : hôtels particuliers, jardins, bâtiments administratifs. A l’heure où la France compte 40 000 monuments historiques dont l’entretien pèse lourd sur les budgets publics, voici une preuve que les siècles passés n’avaient pas le même respect aveugle pour le bâti. Bien sûr, il faut conserver. Mais jusqu’où ? C’est l’interrogation que suscite, un peu malgré lui, ce livre. La réponse est délicate et hautement politique…

  • Paris autrefois, aquarelles de Christian Bénilan, éditions Massin, 2006, ISBN : 2-7072-0538-9, 30 €.

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  • BRÈVES

    AARHUS (Danemark) – C’est l’artiste Olafur Eliasson qui a gagné le concours Sky Space pour doter le musée Aros d’art contemporain d’une grande installation sur le toit, devant des concurrents comme Dominique Perrault, Diller+Scofidio ou Maya Lin.

    Quelques images du projet

    FLORENCE - Le palazzo Strozzi annonce un programme ambitieux d’expositions sur la période 2007-2009, grâce à des budgets significatifs (7 millions € par an). Coup d’envoi peu risqué le 2 mars avec Cézanne à Florence.

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    LONDRES – Malgré l’opposition de dernière minute du gouvernement grec, la vente d’objets du roi Georges Ier a été menée à terme chez Christie’s les 24 et 25 janvier. Elle a rapporté 14 millions €, soit six fois l’estimation initiale.

    LONDRES – Premier test de l’état du marché de l’art moderne et contemporain après les ventes mirifiques de novembre à New York : Christie’s propose un Bacon de la série des papes (estimé 12 millions £). Chez Sotheby’s, un Renoir, Les Deux Sœurs, est évalué 8 millions £.

    NEW YORK – Un tableau des dernières années de Rembrandt, Saint Jacques le Majeur (1661) a été adjugé 25,8 millions $ à un acheteur anonyme, chez Sotheby’s le 25 janvier

    PALM BEACH - La Palm Beach Fair tient sa 11e édition du 2 au 11 février avec une centaine d’exposants, dont Axel Vervoordt, Martin du Louvre, Dickinson et Mallett de Londres. Le spectre des objets présentés va des antiquités grecques et romaines à l’art moderne.

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    PARIS – Le musée de la Chasse, dans le Marais, rouvre après une campagne de travaux qui lui a permis de doubler sa surface, en annexant un hôtel particulier voisin. La scénographie s’inspire des cabinets de curiosité de la Renaissance.

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    PARIS - Les lauréats de la Fondation HSBC pour la photographie pour 2007 sont la photographe allemande Julia Fullerton-Batten et le photographe américain Matthew Pillsbury. Leurs œuvres seront exposés à Photo España du 30 mai au 22 juillet prochain et à la galerie Baudoin Lebon à Paris en septembre

    SUR ARTAUJOURDHUI.INFO

    Cette semaine ne manquez pas

    L'AMOUR DES IMAGES

    EPINAL - Le musée de l'Image complète une initiative commencée l'an dernier en présentant plus de soixante illustrations produites par les célèbres imageries locales entre le XVIIe et le XXe siècle. Il ne s'agit pas d'une simple rétrospective car le musée aime les confrontations entre époques : ces pièces dialoguent avec les œuvres des étudiants de l'école supérieure d'art d'Epinal.

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