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N° 43 - du 12 avril 2007 au 18 avril 2007

L'AIR DU TEMPS

Le musée, cathédrale du XXIe siècle

VENISE – La « victoire » de Pinault, annoncée la semaine dernière, a déjà été largement commentée. Le milliardaire français, propriétaire du Palazzo Grassi, a été choisi par la mairie de Venise pour mettre en valeur la Punta della Dogana, un espace triangulaire, ancien dépôt de sel, au débouché du Grand Canal à San Marco. Pinault et son équipe (dont Jean-Jacques Aillagon, qui connaît une nouvelle vie après le Centre Pompidou et le ministère de la Culture) ont devancé le Guggenheim. Derrière la bataille de personnages publics, de puissances financières, ce résultat ne met-il pas en relief la toute-puissance actuelle du concept de musée ? On l’a vu et revu avec le Guggenheim Bilbao, le nouveau MoMA, le Louvre Abou Dhabi : le musée est devenu l’aimant de base de l’attractivité touristique. Pas de grande ville qui n’ait le sien en chantier ou en rénovation (du nouveau Prado de Madrid au MUCEM de Marseille). A Venise, cela a peut-être suffi à faire pencher la balance. Guggenheim proposait une programmation contemporaine, fréquemment renouvelée, évidemment de qualité. Dans un lieu qui n’a pas la séduction d’un nouveau « geste fort » architectural (au contraire de Bilbao), il lui manquait cependant l’essentiel – une collection. Rendez-vous pour la biennale de Venise 2009 avec le reste du mystérieux fonds Pinault, dans une mise en scène de Tadao Ando.

EXPOSITIONS

Palazuelo, processus de travail

BILBAO - Pour son dixième anniversaire, le musée Guggenheim de Bilbao organise deux expositions majeures. À côté de l’universel Anselm Kiefer, il présente une importante rétrospective - près de 350 gouaches, dessins, peintures et sculptures, très souvent inédites - d’une des figures clés de l’art espagnol de la dernière moitié du XXe siècle, qui est loin d’avoir acquis la même reconnaissance internationale. Au-delà de la présentation des œuvres, l’exposition s’intéresse au processus de travail de l’artiste au cours des cinquante dernières années, et insiste sur les aspects moins connus de son œuvre. Plus que sur la facette mystique et ésotérique de son travail, elle met l’accent sur son caractère théâtral, qui la différencie de l’abstraction classique. Palazuelo ne recherche pas l’autonomie des formes mais la tension entre elles. Pour lui, faire des formes géométriques recouvre une nécessité beaucoup plus profonde, celle de connaître ce qui se trouve derrière les choses, au plus profond ... Les formes sont ouvertes, au spectateur de les compléter...

  • Palazuelo au musée Guggenheim Bilbao, jusqu'au 3 juin 2007

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  • Anselm Kieter, avant Monumenta

    Il est difficile d’imaginer cadre plus approprié que le Guggenheim Bilbao pour accueillir l’œuvre de Kiefer. Le ton est donné dès l’entrée par une toile de 15 mètres de haut - un paysage d’hiver désolé sous un immense ciel lourd - réalisé spécialement pour l’atrium du musée, dont il exploite spectaculairement l’espace. Suivent près d’une centaine d’œuvres monumentales des dix dernières années, venues du monde entier et du fonds de l’artiste, qui déroulent toutes les facettes de son univers créatif, dans une palette presque monochrome, utilisant toile, plomb, terre, plâtre, cendre, poussière, branchages ou fleurs séchées. Organisée par thèmes, l’exposition réunit des œuvres en forte interaction avec l’architecture, à travers lesquelles l’artiste affronte la nature, la science, la religion et l’histoire. L’identité féminine aussi, avec des mannequins sans tête, vêtus de crinolines blanches, évoquant personnages historiques ou mythologiques. Méditation sur la nature, mélancolie, sentiment de perte. La mémoire doit être préservée, car seule elle permet d’assimiler les traumatismes de l’histoire humaine.

  • Anselm Kiefer au musée Guggenheim Bilbao, jusqu’au 3 septembre 2007

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  • La Bulgarie à l’épreuve de l’or

    SAINT-GERMAIN-EN-LAYE – La Bulgarie est une mine pour les archéologues : son sol a délivré d’extraordinaires objets en or. Cette thématique très porteuse avait déjà été explorée en 1989 au musée des Antiquités nationales avec « Le premier or de l’Humanité ». On y revient aujourd’hui, pour fêter l’entrée de ce nouveau membre dans l’Unio européenne, avec une exposition qui a d’abord été présentée au Musée archéologique de Lattes, près de Montpellier. Des Thraces aux comptoirs grecs de la mer Noire, de la conquête d’Alexandre à Rome, de l’influence byzantine jusqu’à l’arrivée des Ottomans (XIVe siècle), la Bulgarie a été un carrefour essentiel. En quelque 400 objets provenant des fouilles de Varna, l’ancienne Odessos, c’est cette histoire qui est contée, des bracelets en or du IVe millénaire av. J.C. jusqu’aux icônes de la fin du Moyen Age en passant par des reliefs votifs, des statuettes hellénistiques de ménades, de la verrerie à décor à sgraffite.

  • Des Thraces aux Ottomans, les collections des musées de Varna au musée des Antiquités nationales, du 18 avril au 1er juillet 2007

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  • SALONS

    Un printemps à Cologne

    COLOGNE – La vénérable foire allemande, qui en est à sa 41e édition, a osé faire ce qu’un plus jeune homologue (Art Paris) avait réussi : changer du tout au tout ses dates et abandonner l’automne aux Fiac et autres Frieze. Pour ce premier rendez-vous printanier, 207 galeries sont répertoriées. Le communiqué de presse fait état d’une présence « brillante » de la France mais le maigre contingent, sans préjuger de sa qualité (galeries Lahumière, Jean-Luc et Takako Richard, Ritsch-Fitsch, Sollertis, Vidal Saint Phalle, Esther Woerdehoff), ne représente même pas 3 % des participants. Les sections consacrées aux jeunes galeries et aux jeunes artistes est désormais une obligation dans ces rencontres internationales : elles ont ici pour nom « New Entries » et « New Contemporaries ». Paradoxalement, on fera peut-être plus de découvertes du côté des « Hidden Treasures » qui mettent l’accent sur des artistes oubliés ou négligés de plus de 40 ans, voire décédés.

  • Art Cologne, du 18 au 22 avril au parc des Expositions de Cologne

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  • L’ARTISTE DE LA SEMAINE

    Philippe Parreno : « Pingouins, je vous ai compris »

    LONDRES – C’est peut-être l’artiste français qui a connu l’an passé, avec Kader Attia, l’ascension la plus spectaculaire, en partie grâce au film conçu avec Douglas Gordon, « Zidane, un portrait du XXIe siècle ». Son one-man-show à la galerie Haunch of Venison, l’un des poids lourds londoniens (qui vient d’être rachetée par Christie’s), en est la confirmation avant les expositions à venir à la Serpentine (toujours à Londres), la Kunsthalle de Zurich et la Biennale de Venise. Parreno (né en 1964) présente son dernier travail visant, comme il en a l’habitude, à produire des tranches de réalité inattendues. Ici, c’est d’un discours aux pingouins qu’il s’agit. Prononcé dans le détroit de Magellan cet hiver (c’était l’été là-bas), il est retranscrit par l’intermédiaire de photographies, bandes dessinées (avec « bulles » gonflées d’hélium). Le discours lui-même pourra être téléchargé pour ne pas en perdre une miette.

  • Philippe Parreno à la galerie Haunch of Venison, du 5 avril au 7 mai, 6 Haunch of Venison, off Brook Street, Londres, tél. : +44 (0)20 7495 5050

  • LIVRES

    L’Akoun nouveau est arrivé

    Il sort un peu après le guide Michelin et l’on n‘en parle pas à la une des journaux. Mais « le » Akoun a également ses collectionneurs depuis 1985. Ce recensement des cotes de 77 000 artistes est un outil pratique à emporter en salle des ventes pour procéder à des vérifications avant de se laisser emporter par la fièvre de l’achat. On y trouve certes quelques inexactitudes. Ainsi le Gauguin le plus cher, « Maternité », est-il indiqué comme adjugé en 2005 aux Etats-Unis alors que c’était en 2004 et l’on ne sait si le prix indiqué (qui est transcrit en €, mais à quel cours ?) comprend les frais ou non (qui peuvent s’élever jusqu’à 20 %). On les excusera si l’on prend l’outil pour ce qu’il est : une compilation (maniable !) de cotes moyennes d’artistes pour la plupart mal connus du grand public. Autour de Gauguin, pour reprendre son exemple, on trouve Gauffriour, Gaugiran Nanteuil, Gaulbert, Gauley, Gaulis… Comment leur donner une cotation et les comparer entre eux ? Pour tous ces inconnus, le parti pris est d’imaginer ce que coûterait un tableau d’un format standard, de 65 x 50 cm, à partir d’extrapolations sur les enchères enregistrées. Un exercice original, qui serait bien sec et contestable s’il n’était souvent accompagné de résultats réels avec indication des dimensions.

  • Akoun 2007, éditions La Cote de l’Amateur, 2007, ISBN : 2-85917-459-0, 920 p., 32 €.

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  • BRÈVES

    HONG KONG – Les ventes d’art asiatique organisées par Sotheby’s du 7 au 9 avril ont établi plusieurs records, dont celui pour une peinture chinoise : Put Down your Whip par Xu Beihong est parti à 6,9 millions €.

    NEW YORK - L’artiste Sol LeWitt, connu pour ses « Wall Drawings », grandes compositions géométriques, est décédé à l’âge de 78 ans.

    NEW YORK – Selon le New York Times, les 32 tableaux de Jackson Pollock, découverts il y a quelques années et dont l’authenticité est contestée, auraient été vendus par leur propriétaire, Alex Matter, au galeriste Ronald Feldman.

    PARIS – C’est Jean Nouvel qui a été choisi comme architecte de la future Philharmonie de Paris, devançant notamment Zaha Hadid, Christian de Portzamparc et Coop Himmelb(l)au

    PARIS – Brun dense, un tableau de Kandinsky, a été adjugé 1,6 millions € le 30 mars par l’étude Aguttes. Il s’agit à ce jour de la plus haute enchère 2007 en France..

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    Cette semaine, ne manquez pas

    La Ricarda

    ALBI – C’est le résultat d’un projet étonnant, qui est présenté au Lait, centre d’art contemporain : le film produit par 13 artistes réunis en résidence en juillet 2006 à La Ricarda, un domaine de la banlieue barcelonaise. Une démarche qui entend réinjecter de l’utopie dans la réalité urbaine…

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    Sortie de réserve

    LEWARDE – Les charbonnages ont fermé mais l’image du mineur demeure. Puisant dans les centaines de dessins, tableaux ou photographies de sa collection, le Centre historique minier montre comment elle a été relayée par des artistes et par des affichistes, d’un fusain de jeune mineur à la réclame pour "Carboulet", le chauffage à boulets de charbon.

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