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N° 54 - du 28 juin 2007 au 4 juillet 2007

L'AIR DU TEMPS

Toulouse, un métro d’avance

Les édiles parisiens avaient présenté avec fierté leur politique de commande publique à l’occasion de l’inauguration du tramway des Maréchaux en décembre dernier. La ville de Toulouse, qui avait déjà frappé un beau coup avec sa première ligne de métro en 1994 (elle avait alors reçu le grand prix de l’ADMICAL, l’Association pour le développement du mécénat), reprend la main. Le 30 juin seront inaugurées les 20 stations de la ligne B. Vingt stations et vingt œuvres d’artistes contemporains. Cette opération culturelle a bénéficié d’un budget certes contenu (4 millions €, à comparer au milliard qu’a coûté le chantier) mais a été menée de façon intelligente, associant les artistes aux architectes dès la conception des stations. De l’immanquable Sophie Calle à Patrick Corillon, de Pierrick Sorin au collectif slovène Irwin, on y verra beaucoup de verre coloré, de l’action vidéo et de grands arcs d’acier de Bernar Venet. Les « dispositifs de médiation », comme l’annonce le désagréable jargon, incluent deux expositions : « Ligne B », aux Abattoirs, avec d’autres œuvres des artistes sélectionnés, et « Métropolis » au musée des Antiques, qui expose les découvertes archéologiques réalisées pendant le percement de la ligne. Un intéressant accompagnement de la commande publique, qui a trop souvent tendance à être délaissée une fois les rubans coupés. On attend le tramway de Nice en septembre pour rehausser encore le niveau de la compétition.

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PHOTOGRAPHIE

Arles, l’été indien

ARLES – Après la très bonne année 2006 avec une fréquentation en hausse de 50% - à attribuer en grande partie à la tête d’affiche, Raymond Depardon) -, les Rencontres photographiques se demandaient où trouver un nouveau souffle pour 2007. Elles sont allées le chercher en Asie, là où, dernièrement, tout se passe, semble-t-il. Le programme est donc riche en rencontres indiennes, choisies avec l’aide de Devika Daulet-Singh, qui dirige l’ « incontournable » agence Photo Ink. Dayanita Singh, Bharat Sikka, Anay Mann, Jeetin Sharma ont entre 30 et 40 ans et personnifient la nouvelle vague du sous-continent. Ils sont épaulés par Raghu Rai, le correspondant de l’agence Magnum (laquelle est à l’honneur dans une autre exposition) et par un personnage bien plus ancien, Umrao Singh Sher-Gil (1870-1954), qui photographia toute sa famille et notamment sa fille prodige, le peintre Amrita, qui mourut précocement en 1941. Les Rencontres dédient un volet parallèle à la création chinoise issue de la communauté artistique de Dashanzi, installée dans une ancienne usine au nord-est de Pékin. Enfin, de l’Espagnol Alberto García-Alix, interprète de la movida madrilène, aux polaroïds de vedettes du blues par l’excentrique mécène Pannonica de Kœnigswarter, une vingtaine d’autre expositions complètent le panorama.

  • Rencontres photographiques d’Arles, semaine d’ouverture du 3 au 8 juillet, expositions du 3 juillet au 16 septembre

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  • EXPOSITIONS

    Tanguy, retour en Bretagne

    QUIMPER – Il est Français et c’est l’un des grands du mouvement surréaliste. Pourtant, les musées de l’Hexagone sont étonnamment pauvres en ses œuvres. C’est que Tanguy (1900-1955) est allé construire son succès aux Etats-Unis, où il s’installe en 1939 et dont il recevra la nationalité en 1948. Il y retrouve son camarade de collège, Pierre Matisse, le fils d’Henri, qui lui consacrera plusieurs expositions personnelles. Il n’oubliera pourtant jamais sa Bretagne natale et demandera même que ses cendres soient dispersées en baie de Douarnenez. Il est donc bienvenu qu’un musée de la région lui consacre une rétrospective complète, plus d’un demi-siècle après sa mort. Complète ; celle-ci l’est avec plus de 50 tableaux, des compositions marquées par le cubisme des premières années vingt jusqu’à la Multiplication des arcs de 1954. Dessins automatiques, dessins érotiques, cadavres exquis, illustrations pour les ouvrages de Hugnet, Tzara ou Péret : les paysages spirituels de Tanguy, les gouttes et formes mécaniques du peintre « des épouvantables élégances aériennes » (André Breton) n’ont jamais été aussi nombreux en France.

  • Yves Tanguy, l’univers surréaliste au musée des Beaux-Arts de Quimper, du 29 juin au 30 septembre 2007

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  • Les noirs pays du rêve

    VIENNE – Le collectionneur grec Dakis Joannou est un acteur important de la scène contemporaine avec sa fondation athénienne Deste. En 2005, il avait prêté une partie de sa collection au Palais de Tokyo. Il réédite l’opération, dans deux grands musées autrichiens cette fois, sur une trame thématique. Les pièces sélectionnées abordent l’univers du rêve et son corollaire, le trauma, la blessure psychique qui se réfugie dans le subconscient. Cela peut être fait au premier degré avec les corps mutilés de Paul McCarthy et de Cindy Sherman. Ou de manière plus allusive, sous forme de dessins, de portraits en arabesques, de jeunes artistes comme Paul Chan, Dorotha Jurczak ou Dimitris Protopapas. Au Mumok, c’est le domaine des grandes installations : Amazing Grace de Nari Ward, avec 280 jouets d’enfants, dont les pompes d’arrosage de voitures de pompiers, compressés, et Your Strange Certainty Still Kept, un mur d’eau illuminé d’Olafur Eliasson.

  • Death and Trauma à la Kunsthalle Wien et au MUMOK, du 29 juin au 4 octobre

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  • MUSÉES

    Strasbourg relit son histoire

    STRASBOURG – La ville alsacienne, qui est candidate au titre de capitale européenne de la culture pour 2013, a lancé un ambitieux programme de rénovation et de création de musées. En attendant l’ouverture du musée Tomi Ungerer à l’automne 2007, elle ré-inaugure le 30 juin son Musée historique (créé en 1920), rénové sous la conduite de cabinet québécois GMS Design. Installé dans les anciennes Grandes Boucheries, le musée présente 700 ans de vie citadine, du XIIIe au XXe siècle - de la ville libre du Saint Empire germanique jusqu’à la construction européenne, en passant par l’épisode révolutionnaire. A côté des uniformes militaires et des trouvailles archéologiques récentes, sa pièce majeure, qui a fait l’objet d’une restauration, est le plan-relief en bois de sapin, de 11 mètres sur 7, réalisé au temps de Louix XV.

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    L’ARTISTE DE LA SEMAINE

    Damien Hirst : encore lui !

    Il a fait de l’occupation des médias une véritable science. L’enfant terrible du mouvement des Young British Artists, lancé dans la décennie 1980 sous l’aile du collectionneur (et ancien gourou de la publicité) Charles Saatchi, était à la une au début juin avec sa dernière création : une tête de mort incrustée de près de 10 000 diamants, fruit du travail de ses dizaines de collaborateurs. Les milieux artistiques discutaient encore de cet admirable coup de marketing que le suivant était déjà là : Damien Hirst, 42 ans, est devenu le 21 juin l’artiste vivant le plus cher du monde. Après ses peintures à pois, après ses requins découpés et placés dans des aquariums pleins de formaldéhyde, après ses compositions de mouches mortes, voici que le projecteur se porte de nouveau sur lui, avec une œuvre de 2002, une armoire à pharmacie remplie de quelque 6000 pilules peintes à la main. Lullaby Spring a été adjugé 9,6 millions £ (14,3 millions €) chez Sotheby’s à Londres. Le 16 mai, à New York, une variante, Lullaby Winter, était déjà partie à 4,8 millions €. Damien Hirst caracole seul en tête du hit-parade, avec une belle marge sur son second, le vénérable Jasper Johns (bloqué le 16 mai à 11,4 millions €).

    Une image de l’œuvre sur yahoo.fr

    LIVRES

    Dans l’œil du Cyclop

    Cette immense tête à œil unique, recouverte de bris de verre, pleine de mécanismes métalliques et sonores en forêt de Fontainebleau, est aujourd’hui un but de promenade. Dans les années 1970 et 1980, ce fut une entreprise folle, hors-la-loi, en butte aux menaces et aux déprédations. Bâti sans permis de construire, en partie sur un terrain qui ne lui appartenait pas, le Cyclop ne dut sa survie qu’à la solidarité de tous les créateurs qui y participèrent : Tinguely, bien sûr, le concepteur, mais aussi, surtout après sa mort (en 1991), Niki de Saint-Phalle, qui le mena à terme, et tous ceux qui y ont laissé une marque : Jesus Rafael Soto, Jean-Pierre Raynaud, Arman, Daniel Spoerri, Daniel Luginbuhl. Sans oublier les artificiers, les soudeurs-artistes, qui ont assemblé des tonnes de ferraille récupérée sur les voies de chemin de fer ou sur le chantier du Centre Pompidou : del Toso, Seppi Imhof ou Rico Weber. Avant de devenir un monument quasi officiel, le Cyclop a été, pour Tinguely, une « utopie dans la forêt ». C’est cette époque que fait revivre le livre.

  • Jean Tinguely, le Cyclop, Centre national des arts plastiques, Isthme éditions, 2007, 200 p., ISBN : 978 –2-35409-007-4, 19,80 €

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  • BRÈVES

    BLOIS – Fondée il y a 12 ans, l’Ecole nationale supérieure de la Nature et du Paysage s’installe dans l’ancienne chocolaterie Poulain, réhabilitée par l’architecte Patrick Rubin.

    ISSOUDUN - Le musée de l'Hospice Saint-Roch rouvre le 29 juin après 6 mois de travaux, d'un coût de 1,5 millions €, qui ont notamment permis l'installation d'un fonds d'art contemporain.

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    CUMNOCK (Ecosse) - La mobilisation de plusieurs associations a permis le rachat pour la nation de Dumfries House, propriété du 7e marquis de Bute, ainsi que de son contenu (l'une des plus belles collections de mobilier rococo au monde). Elle devait être vendue aux enchères chez Christie's les 12 et 13 juillet prochains.

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    MILAN – L’aéroport de Malpensa a inauguré le 27 juin un espace d’exposition dans le terminal 1. Intitulé Exhibair, il montre l’un des Picasso des musées de Milan, la Femme nue.

    ROUEN – Du 29 juin au 15 septembre, la cathédrale est illuminée tous les soirs dans un spectacle lumière inspiré de l’impressionnisme, « La cathédrale de Monet aux pixels », du groupe Skertzò (Jean-Michel Quesne et Hélène Richard).

    SAUMUR – Le rempart du château, qui s’était partiellement effondré la nuit du 21 avril 2001 en faisant deux blessés légers, a été restauré. Le chantier, d’un coût de 23,4 millions €, a duré 44 mois.

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    TUBINGEN - "Le Monde" rapporte la découverte, dans le Jura souabe, par des archéologues allemands de l'université de Tubingen, de cinq figurines en ivoire, dont l'une représente un mammouth. Datées de 30 000 à 36 000 ans, elles figurent parmi les plus anciennes manifestations artistiques.

    SUR ARTAUJOURDHUI.INFO

    Cette semaine, ne manquez pas

    CLAUDIO BRAVO

    BIARRITZ - D'origine chilienne (il est né à Santiago en 1936) mais marqué par une décennie passée à Madrid et, plus encore, par les lumières du Maroc, où il est installé depuis 1972, Claudio Bravo fond l'héritage des grands maîtres du passé en une peinture hyperréaliste, qui atteint, par ses thèmes, une dimension métaphysique.

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    Etonnants paysages... Arbre à photosynthèse

    LEWARDE - Le Centre historique minier s'attache à son devoir de mémoire en montrant des vues peu communes du bassin minier : des photos d'altitude de Pierre Cheuva qui redessinent le paysages en mosaïques colorées. A côté, une installation de l'artiste japonaise Shigeko Hirakawa interroge les rapports de l'homme et de la nature en magnifiant sur un arbre la réaction de photosynthèse.

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    FANTIN-LATOUR DE LA RÉALITÉ AU RÊVE

    LAUSANNE - La Fondation de l'Hermitage organise la première rétrospective suisse de Fantin-Latour. Elève de Courbet, contemporain des impressionnistes, Fantin-Latour cherche comme ces derniers une "peinture de lumière". Mais plutôt que les compositions de plein air, il préfère se spécialiser dans la nature morte, dont il devient l'un des plus brillants représentants.

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    LA FIDELE OUVERTURE ou l'art du serrurier

    ROUEN - Le musée Le Secq des Tournelles, consacré à l'art de la ferronnerie, possède parmi ses 14 000 pièces une superbe collection de serrures. Il l'expose à côté de 45 pièces d'exception provenant d'autres fonds pour montrer, du Moyen Age au XIXe siècle, l'évolution d'une discipline qui était considérée par certains comme l'un des arts libéraux.

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    OTHON FRIESZ Le fauve baroque

    CERET - On résume l'œuvre d'Othon Friesz (1879-1949) à la brève parenthèse fauve, qu'il traverse en compagnie de Matisse, Derain et Dufy dans les années 1905-1907. Pourtant, comme le montre le musée de Céret, la carrière du peintre havrais a été bien plus longue et riche, passant du post-impressionnisme au "retour à l'ordre" des années d'après-guerre.

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