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N° 70 - du 6 décembre 2007 au 12 décembre 2007

L'AIR DU TEMPS

Mon Koons contre ta Grande Charte

L’époque est aux classements, aux hit-parades, aux quantifications systématiques, avec un indicateur qui règne désormais en maître : la valeur monétaire. Le riche programme de ventes aux enchères permet d’intéressantes confrontations. On a vu il y a quelques semaines Jeff Koons devenir l’artiste vivant le plus cher du monde. Que pèse l’art contemporain par rapport à l’histoire ? Certains pourront tirer une conclusion à l’issue de la vente du 11 décembre à New York. On y propose l’un des documents les plus importants de l’histoire de l’Angleterre : la Magna Charta, par laquelle les barons ont arraché au roi un embryon d’habeas corpus et de droits constitutionnel. On l’estime à 20 millions de dollars. Le 15 novembre dernier, Hanging Heart, un cœur en métal de Jeff Koons, s’est envolé à 23,6 millions. On appprécie beaucoup Koons. En défenseur (anachronique ?) de certaines hiérarchies, et pour l’honneur de Simon de Montfort et de ses descendants, qui ont donné naissance au document de 1297, on aimerait bien que cette Magna Charta se paie le luxe d’être plus ambitieuse…

  • La Magna Charta est mise en vente le 10 décembre chez Sotheby’s à New York.

  • MARCHÉ

    Miami, ses plages, son Art Basel

    MIAMI – Autrefois Miami était synonyme d’Art déco décati et de retraités en abondance. Depuis cinq ans, la ville de Floride a réussi à s’imposer comme l’une des capitales de l’art contemporain par le biais de sa foire, bourgeon d’Art Basel. La présence d’importants collectionneurs (les Rubell, les Margulies) qui ouvrent leurs portes, l’originalité de la présentation (des containers sur le sable), la multiplication des foires annexes (de Miami Design à Miami Photo) et des « parties » très arrosées ont assuré le succès de la manifestation. Cette année, 200 galeries ont été invitées et 22 d’entre elles présenteront des expositions thématiques ou monographiques dans une section « Art Kabinett » : Robert Miller montre la première installation de Robert Mapplethorpe et Sperone Westwater la photographe Laurie Simmons. Parmi les événements satellites, Russia Miami 2007, dans le Collins Building, se veut un panorama de la création contemporaine russe, de Gennady Ustyugov au duo Dubosarsky et Vinogradov, en passant par le designer à la mode Denis Simachev.

  • Art Basel Miami Beach du 6 au 9 décembre 2007

    Le site d'Art Basel Miami

  • EXPOSITIONS

    Grünewald : la réunification

    COLMAR-KARLSRUHE –Une seule œuvre a suffi à faire sa notoriété : le retable d’Issenheim, une grande composition de près de 6 mètres de long, sur la vie du Christ et de saint Antoine l’Ermite, exposée depuis 1852 au musée d’Unterlinden, à Colmar. Grünewald (1475-1528), l’un des peintres majeurs du début du XVIe siècle, est le prototype de l’artiste « rare ». Il a pourtant produit d’autres tableaux qui sont enfin réunis à la Staatliche Karlsruhe : une vingtaine de pièces, parmi lesquelles on remarque un rapprochement exceptionnel. Les deux parties du retable Heller, représentant des saints en grisaille, n’étaient pas très éloignées l’une de l’autre (à Karlsruhe et à Francfort) : mais c’est la première fois depuis le XVIIIe siècle qu’elles sont réunies. Quelque 140 autres tableaux montrent la création contemporaine : Dürer, Cranach, Grien, les Holbein. A Colmar, on s’est concentré sur les conditions de réalisation du retable avec la présentation de dessins préparatoires, venus de différentes cabinets de dessins, dont celui de Berlin. On ne les reverra pas de sitôt à côté de l’œuvre achevée…

  • Grünewald et le retable d’Issenheim au musée d’Unterlinden, du 8 décembre 2007 au 2 mars 2008

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  • Grünewald et son temps à la Staatliche Karlsruhe, du 8 décembre 2007 au 2 mars 2008

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  • Descente en Enfer

    PARIS – La terminologie est dotée d’une force indéniable : l’Enfer, c’est le cul-de-sac de la Bibliothèque nationale où étaient consignés, de l’époque de Louis-Philippe jusqu’en 1983, les libres contraires aux bonnes mœurs, essentiellement des ouvrages érotiques. Après avoir été longtemps caché, après avoir alimenté maints fantasmes, le voici montré au grand jour. Le fallait-il ? Aurait-il mieux valu lui conserver son aura de mystère ? Entre couvents et bordels, pseudonymes et éditions clandestines, Andrea de Nerciat et Apollinaire (qui publia le premier catalogue de l’Enfer), cette grande ouverture balaie un vaste champ. Des estampes japonaises aux photographies érotiques d’Auguste Belloc, en passant par les Fureurs utérines de Marie-Antoinette, 350 livres, imprimés ou gravures sont montrés. La libéralisation des mœurs que suppose cette exposition a évidemment certaines limites : l’entrée en est interdite aux moins de 16 ans. Ces derniers pourront contourner le veto grâce à une originale initiative, impliquant la RATP : la station Croix-Rouge (sur la ligne 10, entre Sèvres-Babylone et Mabillon), fermée depuis la guerre, sera peuplée d’estampes érotiques et traversée à toute petite vitesse par les rames, du 17 décembre au 15 janvier.

  • L’Enfer de la Bibliothèque, Eros au secret à la Bibliothèque François-Mitterrand, du 4 décembre 2007 au 2 mars 2008.

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  • MUSÉES

    Communiquez !

    BRUXELLES – On pourrait leur lancer cette injonction à la Guizot : les grands musées ne peuvent plus faire l’économie d’une politique élaborée de communication. Le colloque organisé l’été dernier à Madrid dans la série « Comunicating the Museum », qui existe depuis quelques années, avait permis de présenter les initiatives les plus innovantes, de la télévision digitale de la Tate Gallery au programme vidéo podcast du Metropolitan Museum. Une nouvelle grand-messe bruxelloise, le 29 novembre, est allée plus loin en décernant des prix aux institutions les plus méritantes. Cet IMCA (International Museum Comunication Award) avait des petits airs de cérémonie des oscars. On y a simplement vu, à la place d’Hilary Swank ou de Brad Pitt, la National Portrait Gallery de Londres, récompensée pour la meilleure campagne de promotion d’une exposition (Face of Fashion), ou le MUDAM du Luxembourg, pour l’excellence de son identité visuelle. Maigre moisson du côté des mastodontes français, seul le Palais de Tokyo obtenant un accessit pour son image « chic, sexy et très française ».

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    L'ARTISTE DE LA SEMAINE


    Jonathan Meese au « Magasin », Grenoble (2007)

    Jonathan Meese : l’express Tokyo-Berlin

    PARIS - C’est assurément l’un des enfants terribles de la nouvelle scène berlinoise. Et l’on ne sait jamais où le trouver : né à Tokyo, il peut travailler à Berlin, sa ville, avec le metteur en scène Frank Castorf, préparer une performance avec Peter Doig au fin fond du Texas ou exposer dans une galerie branchée d’Amsterdam. A 35 ans, Jonathan Meese ne tient pas en place. Sa création effectue le même grand écart : bustes fracassés ou monstrueux des Soldats de fortune en bronze, portraits de veine expressionniste ou immense crucifixion de 10 mètres de long. On le retrouve à Paris dans un avatar assagi avec une série de dessins sur une thématique plutôt romantique : l’Amour de Monte Cristo. Si ce n’est que Dantès et les autres personnages – qui ont brièvement repris vie dans la performance que Meese a présentée au Goethe Institut le 26 octobre dernier - ont le faciès torturé par les explosions chromatiques, les zébrures et les coulées de pâte…

  • Jonathan Meese est exposé jusqu’au 29 décembre à la galerie Templon, 1 impasse Beaubourg, 75003

    Le site de la galerie Templon

  • LIVRES

    Buffet reprend corps

    C’est l’un des pestiférés de l’art français du XXe siècle : il a beau avoir été l’enfant prodige de la décennie 1950, avoir impressionné des créateurs comme Warhol, il est devenu persona non grata. En dehors de celle qui a été tenue en 1993 au musée Gustave-Courbet d’Ornans ou de « Buffet et la Bretagne » à Quimper à l’été 2007, les rétrospectives qui lui sont consacrées sont bien rares. Alors que l’on sent un frémissement (une biographie de Jean-Claude Lamy est attendue ainsi qu’une exposition au musée d’Art moderne de Francfort), Brigitte Camus décrypte le goût pour la mort de cet artiste, qui a choisi de s’en aller un sac étanche autour de la tête, le 4 octobre 1999. Parallèlement, l’ouvrage trace en filigrane ce phénomène de rejet généralisé. Comme le dit Eric Troncy : « Il est plus dérangeant de voir aujourd’hui un tableau de Bernard Buffet dans une exposition d’art contemporain que d’y voir une vache dans le formol de Damien Hirst ».

  • Buffet ou la psychanalyse en peinture par Brigitte Camus, éditions de l’Epure, 2007, 70 p., 12 €, ISBN : 978-2-35255-048-8

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  • BRÈVES

    LONDRES – Mark Wallinger est le lauréat du Turner Prize 2007. Son installation State Britain, qui reproduisait un sit-in contre la guerre, avait été présentée à la Tate Britain et sera montrée au mac/val de Vitry-sur-Seine à partir du 28 février 2008.

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    LYON – La capitale des Gaules organise sa traditionnelle Fête des lumières, avec l’intervention de plasticiens français et étrangers, du 8 au 11 décembre.

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    MIAMI – La galerie parisienne Bertin Toublanc a ouvert le 4 décembre un espace à Miami (Wynwood Design District, 2534 North Miami Avenue), rejoignant Emmanuel Perrotin, déjà installé sur place.

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    PARIS – Pour fêter son 20e anniversaire, l’Institut du monde arabe organise une journée « portes ouvertes » samedi 8 décembre.

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    PARIS – Le Conseil des ventes volontaires a annoncé le 3 décembre avoir assigné eBay en justice pour non respect des clauses de concurrence, de transparence et de loyauté des ventes aux enchères définies par la loi du 10 juillet 2000.

    PARIS - Le record pour une enchère parisienne cette année pourrait être battu le 12 décembre avec la mise en vente chez Sotheby's de Seated Woman (Portrait of Muriel Belcher) par Francis Bacon, estimé entre 7 et 10 millions €.

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    Cette semaine, ne manquez pas

    DE GILGAMESH À ZÉNOBILE, ARTS ANCIENS DU PROCHE-ORIENT ET DE L'IRAN

    BRUXELLES - Aux Musées royaux d'art et d'histoire, une riche sélection d'œuvres, des bronzes du Luristan, qui font la fierté de l'institution, jusqu'à l'argenterie sassanide, souligne le rôle fondamental du Proche-Orient dans le développement de la culture occidentale.

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    DEUX EXPOSITIONS POUR L'OUVERTURE DE LA NOUVELLE GALERIE DU CAP

    BREST - Le Centre atlantique de la photographie, au sein du Quartz, scène nationale de Brest, inaugure ses nouveaux locaux avec deux expositions : une sélection des photographes africains collectionnés par Alex Van Gelder et les images de Laurent Gueneau, à la lisière de la ville et de la nature.

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