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N° 79 - du 21 février 2008 au 27 février 2008

L'AIR DU TEMPS

Duchamp à tous les étages

Les visiteurs de l’exposition Giacometti au Centre Pompidou auront remarqué qu’avant même sa fermeture, des pièces avaient déjà été décrochées : les petites étiquettes mentionnaient qu’elles étaient prêtées au musée Louisiana de Copenhague, qui ouvre ce 20 février une rétrospective Cézanne-Giacometti. Il en va ainsi pour les superstars : la vitesse de rotation de leurs œuvres donne le tournis. Prenez Duchamp, divinité tutélaire des avant-gardes. Son urinoir est partout (jusque sous le marteau de ses vandales), comme sa roue de bicyclette : hier à Paris et à New York (expo Dada), à Paris de nouveau (expo Airs de Paris), demain à Londres (en compagnie de Picabia et Man Ray, à partir du 21 février, à la Tate). Ces rassemblements « blockbuster » sont l’inévitable rançon de la mondialisation et l’on ne saurait manquer de les signaler. Mais qui parlera de toutes ces petites expositions, bien pensées, longuement mûries, qui peinent à attirer les visiteurs si nécessaires car situées hors des sentiers battus ? Par exemple, la réunion de tous les Saint Sébastien de Guido Reni à Dulwich. Ou la rétrospective sur le « multiple » au Louisiana Museum, déjà cité.Ou encore la Belle Epoque italienne au musée Roverella de Rovigo. On l’a fait, on a meilleure conscience…

ARCHITECTURE

Le triangle des musées se muscle

MADRID – Alors que les banques françaises sont dans la tourmente, les espagnoles – surtout les caisses d’épargne - poursuivent leurs objectifs culturels de façon décidée. La Caixa, le colosse de Barcelone, a inauguré le 15 février son centre madrilène : tout un symbole à l’heure où les médias insistent sur la dérive autonomiste de la Catalogne. Situé dans le quartier des musées, à quelques encâblures du Prado, du Reina Sofía et du Thyssen-Bornemisza, le grand cube du Caixa Forum est une ancienne centrale électrique coiffée d’une adjonction moderne en métal bruni et enrichie d’un mur végétalisée. Ayant demandé un investissement de 60 millions €, il est l’œuvre des architectes Herzog et de Meuron. Disposant de plusieurs salles de spectacles et d’expositions, il accueille pour son ouverture, à partir du 21 février, une rétrospective consacrée au sculpteur Igor Mitoraj.

  • i<>Caixa Forum Madrid est situé Paseo del Prado 36

    Le site du Caixa Forum

  • EXPOSITIONS

    L’Europe de Batoni

    LONDRES – Plus personne, ou presque, ne sait aujourd’hui qui il a été. Au XVIIIe siècle, pourtant, Pompeo Batoni (1708-1787) fut l’un des plus célèbres peintres européens. Le natif de Lucques dépassa vite les frontières de sa Toscane pour s’installer à Rome. Après avoir composé des tableaux mythologiques (le Choix d’Hercule vient de l’Ermitage) et des morceaux d’histoire dans un style néo-classique froid et détaillé, il trouva sa voie dans le portrait, où il s’autorisa des libertés plus « baroques ». Nombre d’aristocrates anglais de passage à Rome, sur leur Grand Tour, faisaient escale chez lui. L’exposition rassemble une soixantaine de tableaux, dont ce colonel Gordon en kilt devant le Colisée, l’acteur David Garrick, l’écrivain David Swinburne… et tous leurs chiens. Avec le XIXe siècle, l’aura de Batoni s’éteint rapidement et en vient à symboliser la fadeur d’un style léché, trop mécaniquement inspiré des Anciens (Michel-Ange, Carrache). Le temps de la réévaluation est venu.

  • Pompeo Batoni à la National Gallery, du 2 février au 18 mai 2008

    Le site de la National Gallery

  • Keith Haring quinquagénaire

    LYON – 50 ans : c’est un âge qu’on ne lui aurait jamais donné tant son œuvre respire la jeunesse. C’est celui qu’aurait aujourd’hui Keith Haring si sa brève carrière créatrice n’avait été tronquée par le sida en 1990. Le musée d’Art contemporain de Lyon, qui rouvre après le démontage de la Biennale, propose de la reparcourir avec la plus importante exposition consacrée à l’artiste new-yorkais en France. Plutôt que sur un principe chronologique, les pièces sont réunies en fonction de leurs thématiques, de leurs supports ou de leurs techniques : bâches vinyles, encre, craie ou feutre, peinture sur métal. Avec quelques éléments exceptionnels comme ces peintures sur palissades mal connues en France ou la boutique « Pop Shop » de Tokyo, créée en 1985 et remontée pour l’occasion. Les symboles de Keith Haring y emplissent littéralement l’espace. A Lyon même, on pourra faire un saut au musée de Fourvière qui présente pour l’occasion Altarpiece, une sculpture en bronze de 1990.

  • Keith Haring au Musée d’art contemporain de Lyon, du 22 février au 29 juin 2008.

  • Vlaminck, l’âge fauve

    PARIS – Son malheureux voyage en Allemagne en 1944 a longtemps miné sa réputation. Vlaminck a, depuis, repris la place de premier plan qui lui revient dans la genèse du fauvisme et le Musée du Luxembourg entend la confirmer dans cette exposition rétrospective. Celle-ci s’ouvre sur une date symbolique : 1900. Vlaminck, qui a alors 24 ans, vit moins de la peinture que des prix qu’il remporte dans les critériums cyclistes. En septembre, il s’installe avec Derain dans un atelier à Chatou. De ce binôme créatif naîtront quelques-unes des œuvres qui secoueront la critique lors du Salon d’Automne de 1905 avec leurs couleurs violentes et les déformations infligées au motif. De Houston, du MoMA ou de la collection zurichoise Bührle (récemment victime d’un vol très médiatisé) proviennent quelques chefs-d’œuvre. La fièvre fauve s’assagit vite : bien qu’il n’ait fait le voyage de Provence qu’en 1913, l’œuvre de Vlaminck se ressent dès 1907 de l’influence de Cézanne : portraits, paysages et coupes de fruits deviennent alors des hommages au maître d’Aix.

  • Vlaminck, un instinct fauve au Musée du Luxembourg, du 20 février au 20 juillet 2008.

    Le site du musée du Luxembourg

  • L'ARTISTE DE LA SEMAINE


    Courtesy Ben / galerie Catherine Issert

    Ben : vive la cursive !

    « Me voilà reparti à zéro / Je ne sais pas quoi faire / Continuer à faire des petites astuces c’est facile / Pontifier à propos de l'art sur une toile c’est facile / Seule certitude : m’arrêter impossible » : c’est ainsi que Benjamin Vautier, dit Ben, né à Naples en 1938, passé par la Suisse, Smyrne, Alexandrie avant d’arriver à Nice, introduit son exposition à la galerie Catherine Issert. On connaît l’artiste iconoclaste :

    il adore brailler (à vérifier sur son site) et il produit par centaines des inscriptions spirituelles qui finissent sur les cahiers d’écolier ou sur les arrêts du tramway de Nice. Il a aussi créé son Magasin (montré au Centre Pompidou), organisé des expositions, été le parrain de la Figuration libre, créé des émissions radiophoniques. Bref, une vie à plusieurs dimensions dont les phrases lapidaires, si connues aujourd’hui (et dont on voit une sélection à Vence), ne sont qu’une partie.

  • Ben, la vie de tous les jours à la galerie Catherine Issert, Saint Paul de Vence, du 22 février au 24 mars 2008

    Le site de la galerie Catherine Issert

  • LIVRES

    Esprit de Ferrare

    Une ville qui abrite les fresques du palais Schfanoia, qui a inspiré Frescobaldi, Le Tasse et l’Arioste, Carlo Carrà et Giorgio de Chirico (ils y ont inventé la peinture métaphysique), Visconti (Ossessione) et Giorgio Bassani (Le jardin des Finzi-Contini) ne peut pas être entièrement mauvaise. On abandonnera là la parabole de Churchill : Ferrare est l’une des plus riches villes d’art italiennes et cet ouvrage luxueux n’a pas de mal à le démontrer, qui fait le tour de ses monuments (le Palais de la famille d’Este, le palais des Diamants, le Duomo, la palazzina de Marfisa, le Théâtre communal…) avec des photographies impeccables et des textes raffinés. Heureusement, il ne dit pas tout. Pour ressentir l’atmosphère si particulière de la capitale de la Romagne, entre mystère et mélancolie, à laquelle contribuent les lumières et les brouillards du Pô, il n’est qu’une solution : faire le voyage d’Italie.

  • Ferrare, textes de Gianni Guadalupi, Vittorio Sgarbi, Marzio Dall’Acqua, photographies de Luciano Romano, FMR, collection Grand Tour, 2008, 215 p., 220 €, ISBN : 978-88-216-7080-0.

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  • BRÈVES

    COLOGNE – Le musée Wallraf-Richartz vient d’annoncer que l’un de tableaux de sa collection, jusqu’alors considéré comme un Monet, La Seine à Port-Villez, était en réalité un faux.

    Le site du musée Wallraf-Richartz

    COMPIEGNE – Le Mémorial de l’internement et de la déportation est inauguré le 22 février sur le site du camp de Royallieu, où fut notamment interné Robert Desnos.

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    COPENHAGUE – Le nouveau Théâtre national (Skuespilhuset), dû aux architectes Boje Lundgaard et Lene Tranberg, a été inauguré le 16 février.

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    DUSSELDORF – La foire d’art contemporain DC (Dusseldorf Contemporary), qui devait tenir sa seconde édition en avril 2008, a annoncé qu’elle était annulée et qu’un rapprochement était à l’étude avec d’autres manifestations allemandes.

    GRASSE – Le musée international de la Parfumerie, en rénovation depuis 4 ans pour un montant de 11 millons €, rouvrira à l’été 2008.

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    NEW YORK – Le directeur du MoMA, Glen Lowry, que l'on présentait comme potentiel successeur de Philippe de Montebello au Metropolitan Museum, a été confirmé dans ses fonctions jusqu’en 2013.

    PARIS - Le quotidien Libération révèle que l'étude de Georges Seurat pour l'le de la Grande Jatte, peinte sur une boîte à cigares et figurant sur le fichier des œuvres spoliées durant la Seconde Guerre mondiale, a été saisie chez l'expert Eric Turquin par l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels.

    L'article de Libération

    WASHINGTON – Le Lincoln’s Cottage, où résida le président Abraham Lincoln et dont la restauration a engagé 15 millions $, a ouvert au public le 19 février.

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    ZURICH – Deux des quatre tableaux volés le 10 février à la fondation Bührle ont été retrouvés sur le parking de l’hôpital psychiatrique : la Seine à Vétheuil par Monet et Branches de noyers en fleurs par Van Gogh. Manquent à l’appel un Cézanne (le Garçon au gilet rouge) et un Degas (le comte Lepic et ses filles).

    Le site de la fondation Bührle

    SUR ARTAUJOURDHUI.INFO

    Cette semaine, ne manquez pas

    NOUVELLE SALLE D’ART ISLAMIQUE AU MUSEE DU CINQUANTENAIRE

    BRUXELLES – Les Musées royaux d’Art et d’Histoire inaugurent cette semaine un nouveau lieu d’exposition permanente : accueillant environ 300 œuvres, soit un quart de la collection d’art islamique, cette grande salle de plus de 50 mètres de long a été redessinée par les architectes Anne Pire et Jan Goots.

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    FEMMES IMPRESSIONNISTES

    FRANCFORT – La Schirn Kunsthalle aborde l’impressionnisme au féminin en consacrant une rétrospective à quatre de ses principales représentantes : Berthe Morisot et Mary Cassatt, déjà largement connues, ainsi que deux redécouvertes : Marie Braquemond et Eva Gonzalès.

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    PERMUTATIONS – 40 ARTISTES – 01 MUSEE VIDE

    VALENCE – Le musée des Beaux-Arts et d’Archéologie, qui s’apprête à connaître une mue complète, a déménagé ses 20 000 objets. Dans l’attente des travaux qui commenceront à la fin de l’année, les espaces vides ont été investis par des artistes contemporains.

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