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N° 114 - du 11 décembre 2008 au 17 décembre 2008

L'AIR DU TEMPS

Face à la crise, rêvons

La crise est là, est-ce si sûr ? Plus que la baisse des actions ou du volume des ventes, c’est leur comportement erratique qui sert à établir le diagnostic. Un jour ça plonge, le lendemain, ça décolle. Il en va de même en art. Le 1er décembre, on annonce que les Degas ne se vendent plus (lors de la dispersion de la collection Jeanne Lanvin, chez Christie’s, qui n’a rapporté que le tiers de ce qui était escompté). Le 3 décembre, on annonce que Degas a pulvérisé son record (avec l’adjudication chez Sotheby’s d’un dessin, Au Divan japonais, à plus de 4 millions d’euros). D’autres indicateurs semblent plus fiables : Larry Gagosian, premier galeriste du monde, demandant à ses employés de travailler 18 heures par jour (cité dans la newsletter de Flash Art) ou Damien Hirst, premier artiste du monde, licenciant la moitié des siens. Curieusement, cette période de spleen concorde avec des annonces spectaculaires. On vient d’apprendre que le colosse de Rhodes allait renaître, dix-huit siècles après sa chute, sous forme de sculpture lumineuse. Et à La Mecque, les autorités saoudiennes ont sollicité de grands architectes, dont Norman Foster et Zaha Hadid, pour construire l’un des plus gigantesques bâtiments de l’histoire, une mosquée pouvant accueillir trois millions de pèlerins. Quand tout va bien on s’inquiète, quand tout va mal on espère, disait Tristan Bernard. C’est bien la crise : le temps des grands projets est revenu.

EXPOSITIONS

Précis de mode tsariste

LONDRES – On pourrait bien sûr aller les voir à Moscou. Mais le voyage prend du temps et beaucoup de ces chefs-d’œuvre ne sont pas encore exposés car ils sortent à peine des réserves. En Russie, l’intérêt pour les habits d’apparat des tsars est une chose assez récente et, on l’imagine, de nature très politique… Quarante de ces parures, fraîchement restaurées, quittent les collections du Kremlin, pour faire le voyage londonien. De l’extravagance décorative des années 1720, qui reflétait de près la mode française, aux tenues plus sobres du XIXe siècle, lorsqu’il s’agissait de défendre la tradition nationale, ces habits démontrent l’habileté des artisans russes. Gilets, broderies, uniformes, capes d’hermine mais aussi bas et sous-vêtements (jusqu’aux montres et boîtes à priser qui se cachaient dans les poches) donnent une vue complète de la garde-robe des maîtres du Kremin, de Pierre II jusqu’à Nicolas II, le dernier des Romanoff.

  • Magnificence de tsars au Victoria & Albert Museum, du 10 décembre 2008 au 2 mars 2009

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  • Entrée en Seine

    RUEIL-MALMAISON - Le fleuve qui baigne Paris fascine depuis longtemps les artistes. Une exposition dans un lieu inattendu – l’atelier Grognard – permet de mesurer l’aura de la Seine de 1850 à 1930 et de vérifier sur pièces. En effet, nombre des sites les plus croqués – Chatou, Croissy, Bougival, Le Vésinet - sont à deux pas de Rueil-Malmaison. Si les expositions dans des lieux mineurs laissent souvent le visiteur sur sa faim, on est ici agréablement surpris par le déploiement de 150 œuvres (dont 80 tableaux). Elles dessinent la biographie artistique du fleuve, de l’arrivée du chemin de fer à Saint-Germain-en-Laye en 1837, en passant par l’école de Barbizon et les impressionnistes, jusqu’aux compositions de Marquet et Luce. Les ténors en sont Corot, Daubigny, Monet, Sisley, Caillebotte, Signac. Mais on découvre aussi – c’est tout l’intérêt de la manifestation – des talents oubliés ou des intervenants inattendus : Albert Gleizes, Gérarda Marius-Eraud, Félicien-Rops, Louis Français, l’illustrateur Henri Scott. Tous sont unis pour une même cause : accumuler régatiers et petits matins, ponts, péniches, méandres et arbres en fleurs…

  • Reflets de la Seine impressionniste à l’Atelier Grognard, jusqu’au 9 mars 2009

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  • Ma vie après la restitution

    VIENNE - Les tableaux de Klimt qui ont crevé la barre des 100 millions de dollars aux enchères, l’exposition-bilan au Musée d’art et d’histoire du judaïsme (« A qui appartiennent ces tableaux ? »), la restitution récente et médiatisée d’un petit Matisse par Christine Albanel : le destin des œuvres d’art spoliées pendant la guerre, d’un côté ou de l’autre, alimente abondamment l’actualité de l’art. Au MAK, une exposition originale étudie la « vie d’après » de ces œuvres. On y voit un beau Cranach (Vierge à l’Enfant dans un paysage de la collection Philipp Gomperz) mais il n’y est pas question que de tableaux, de meubles ou de porcelaine. Chacun des 17 cas de figure – tirés de l’expérience autrichienne - mêle aux objets volés divers documents (registres et inventaires, déclarations, correspondance, etc). Le tout est mis en scène par des artistes contemporains, qui ont interprété, au moyen d’installations, ces histoires douloureuses. Les parcours peuvent être inattendus. C’est le cas d’une Fiat 522C de 1931, ayant appartenu au couple Rosa et Moritz Glückselig : saisie par les SA en 1938, plus tard exposée au musée des Techniques de Vienne, elle a été restituée puis finalement rachetée par le musée.

  • Recollecting au MAK, du 3 décembre 2008 au 15 février 2009

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  • VENTES

    Parfums d’Orient

    C’est, depuis 23 ans, l’un des rendez-vous des amateurs de peinture orientaliste : chaque année, en juin et en décembre, l’étude Gros et Delettrez procède à une vacation monstre, en deux jours, d’un millier de lots. C’est là qu’Etienne Dinet a assis sa cote, dépassant 1,5 million d’euros en 2007. Il sera encore l’une des vedettes cette année, avec ses scènes de l’oued algérien (l’Ecrivain public, Baigneuses, Jeux d’enfants ou le Permissionnaire). A côté, Majorelle, Bridgman, Théodore Frère, Gérôme et Fromentin sont d’autres valeurs sûres. L’évaluation la plus généreuse est à mettre au compte de Puvis de Chavannes avec un Jeune Noir au sabre de 1850, prévu à 1,2 million d’euros. Des paysages d’Henri Pontoy (1888-1969), des vues d’oasis de Marguerite Tedeschi (1879-1970) se négocieront vraisembablement de 8 000 à 10 000 euros et il en faudra le tiers pour des scènes de harem de Frédéric Borgella (1833-1901). Quant à Adrien Delerive (1755-1818) il relate la saga d’Adrien Follie en 1782-84 : navigateur naufragé, esclave des Maures, puis hôte de l’empereur du Maroc. Pas moins de quatre tableaux ont été nécessaires pour synthétiser l’aventure…

  • Orientalisme et art orientaliste à Drouot-Richelieu le 15 décembre à 14 h (Gros et Delettrez SVV)

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  • L'ARTISTE DE LA SEMAINE


    Glen Baxter, Tex comprenait subitement que c'était peut-être une erreur de se mettre à couvert derrière le Giacometti, encre et crayons de couleur sur papier
    Courtesy galerie Martine et Thibault de la Châtre

    Glen Baxter : le retour du nonsense

    Si on devait lui trouver des affinités, on chercherait du côté d’Edward Lear et de ses limericks du XIXe siècle, petits vers absurdes accompagés d’une illustration excentrique. Glen Baxter étant anglais (né en 1944 à Leeds), le rapprochement semblera aller de soi. L’artiste aime pourtant citer d’autres influences, comme l’écrivain Raymond Roussel, dans la formule qui a fait sa célébrité et qui a été largement diffusée, notamment dans Le Monde : un dessin à l‘encre de Chine, coloré aux crayons gras, surmontant une légende d’esprit loufoque. Ses personnages, issus de la littérature populaire – cow-boys, explorateurs ou dandies – sont aux prises avec des situations incompréhensibles. On peut en rire ou, au contraire, y voir un second degré, une tentative de décrire l’aliénation, l’estrangement, qui nous saisit parfois face au monde qui nous entoure.

  • Glen Baxter à la galerie Martine et Thibault de la Châtre (4 rue de Saintonge, 75003), jusqu’au 17 janvier 2009.

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  • LIVRES

    Théories de l’affiche

    Diego Zaccaria, directeur des affaires culturelles d’Echirolles, livre une histoire de l’affiche moderne et contemporaine. Il est bien placé pour le faire : c’est lui qui a créé en 1990 dans cette commune de la banlieue grenobloise le Mois du graphisme, une manifestation qui a un écho européen. Le parcours débute avec les appels à la mobilisation de la Première Guerre mondiale (le célèbre Oncle Sam au doigt pointé « I need you for the Us Army »). Il passe ensuite par quelques moments forts : l’inventivité surréaliste de l’école polonaise, le graphisme épuré de Malcolm Glaser, les outrances néerlandaises d’Anthon Beeke (une affiche pour la pièce Penthésilée de Kleist avec un sexe en érection), l’élégance italienne de Mario Cresci et de Massimo Dolcini, qui a eu le bonheur de travailler sur le long terme (vingt ans) pour une municipalité audacieuse, celle de Pesaro, qui a communiqué par voie d’affiche « d’auteur ». On se souvient de la polémique qui avait accompagné en 2002 Amen, le film de Costa-Gavras, avec une croix chrétienne muée en croix gammée : le degré de tolérance des sociétés change dans l’espace et dans le temps, et l’affiche en est l’un des indicateurs les plus sensibles.

  • L’affiche, paroles publiques par Diego Zaccaria, Textuel, 2008, 256 p., 49 €, ISBN : 978-2-84597-294-0.
  • A voir : le Mois du graphisme d'Echirolles, qui se tient jusqu’au 31 janvier 2009.

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  • BRÈVES

    BÂLE – L’exposition « Venise », à la fondation Beyeler, qui a attiré 100 000 visiteurs en deux mois et demi, est prolongée de trois semaines, jusqu’au 15 février 2009.

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    CANBERRA – La National Portrait Gallery d’Australie, dessinée par Johnson Pilton Walker, a ouvert le 3 décembre 2008.

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    LASCAUX – La ministre de la Culture, Christine Albanel, a annoncé la tenue d’un symposium, « Lascaux et la conservation en milieu souterrain », réunissant des experts internationaux les 26 et 27 février 2009, à Paris.

    LA VALETTE – Le gouvernement maltais a annoncé le choix de l’architecte Renzo Piano pour remodeler le centre de la capitale. L’ancien Opéra sera transformé pour accueillir un centre culturel et l’Assemblée nationale. Cette dernière abandonnera le Palais, qui sera entièrement converti en musée.

    LONDRES – Le diamant Wittelbach, une pierre du XVIIe siècle de 35,56 carats, a été adjugée 16,4 millions £ (18,7 millions €) le 10 décembre chez Christie’s, pour une estimation de 9 millions £, ce qui constitue un nouveau record du monde pour un diamant vendu aux enchères.

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    NEW YORK – Notre confrère « The Art Newspaper » lance The Art Newspaper TV, une chaîne de télévision consacrée à l’actualité de l’art.

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    PARIS – « Hors cadre », une vente aux enchères au profit de l’association La Source (qui aide les enfants en difficulté au moyen de l’art), est organisée au Palais de Tokyo le 17 décembre 2008, sous le marteau de maître Simon de Pury. Les œuvres en vente sont cinquante créations d'artistes contemporains, qui ont « détourné » un cadre en bois.

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    VARSOVIE - La Nuit de l'art, intitulée "Independent Art Invasion", se tient le 13 décembre dans les galeries, bars, discothèques, garages et usines de la capitale, avec des installations plastiques, sonores, théâtrales, de la danse et de la littérarure.

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    VIENNE - Avec 589 180 visiteurs, soit 6202 visiteurs par jour, l'exposition sur Van Gogh à l'Albertina (du 5 septembre au 8 décembre 2008) a battu le record de fréquentation du musée pour une exposition temporaire, qui était de 470 000 entrées (pour Dürer en 2003).

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