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N° 115 - du 18 décembre 2008 au 24 décembre 2008

Ceci est le dernier numéro de 2008. Notre prochain numéro paraîtra l'an prochain, le 8 janvier 2009. JOYEUX NOËL ET BONNE ANNÉE !

L'AIR DU TEMPS

Construire ou… reconstruire ?

« Come prima, più di prima », chantait l’inoubliable Domenico Modugno (« Comme avant, mieux qu’avant »). C’est, semble-t-il, le slogan à la mode dans certains milieux éclairés. Plutôt que construire, reconstruisons ! C’est tout aussi amusant et cela nous épargnera les fantaisies coûteuses des stars de l’architecture… Un signal fort a été lancé par les partisans de la ré-érection des Tuileries. L’idée a rencontré un écho non négligeable : la virulence de la riposte, sous la forme d’une pétition d’opposants, en fait foi. On pensait que ce genre de pastiches était réservé à des pays moins attachés à la création contemporaine. Apprendre qu’un Taj Mahal bis serait bientôt inauguré au Bangladesh nous confortait dans cette opinion. La récente information venue de Berlin brouille les cartes : à l’emplacement du Palais de la République, l’icône du régime communiste, que va-t-on élever ? Un vrai-faux palais baroque de Guillaume II, impeccablement muni de ses stucs réglementaires. Pour les prochains projets, on conseille aux décideurs la lecture de livres riches en idées comme le Dictionnaire du Paris disparu d’Alfred Fierro. A propos, ne pourrait-on pas démolir Notre-Dame de Paris et faire resurgir l’ancienne cathédrale Saint-Etienne ? Elle était si charmante…

Le projet de reconstruction des Tuileries

EXPOSITIONS

Korda le Cubain

MADRID – On sait de lui qu’il est l’auteur de l’une des photographies les plus reproduites du XXe siècle. On n’en sait guère plus sur Alberto Korda, que beaucoup suspectent d’être un créateur d’origine hongroise, à l’image de Brassaï ou Kertész. L’image est celle de Che Guevara, le regard noir et les cheveux en broussaille, prise en mars 1960 lors des funérailles des marins de l’aviso français La Coubre. Korda a pourtant produit quantité d’autres clichés, décrivant la réalité du Cuba révolutionnaire, mais aussi des images de mode, des nus sensuels, des vues sous-marines. On peut en voir près de deux cents à la Casa de América, rassemblés dans le but de libérer Korda du poids écrasant d’une seule photo. C’est l’occasion de dissiper le malentendu sur son patronyme : Korda ne s’appelait pas plus Korda que Roger Pic s’appelait Pic… Il avait troqué son nom légitime de Díaz Gutiérrez après avoir vu un film des frères hongrois Zoltan et Alexander Korda. « Korda, cela ressemble presque à Kodak » aurait-il dit.

  • Alberto Korda à la Casa de América jusqu'au 15 janvier 2009.

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  • Grand-Palais, grandes images

    PARIS – L’impulsion initiale était de fêter dignement le dixième anniversaire du Fresnoy, Studio national des arts contemporains, une institution d’enseignement implantée à Tourcoing et qui se dédie, sous la direction d’Alain Fleisher, à la création numérique sous tous ses avatars. Pour faire les choses en grand, le rêve est devenu réalité : c’est le Grand-Palais qui accueille un véritable déluge de vidéos, de la voûte jusqu’au sol. Le principe est celui d’un libre parcours, d’un « self-service » où chacun est libre de choisir ses artistes et son point de vue (un belvédère a été installé au centre). Des petits sketches comiques de Bob Wilson à la réflexion sur la vie dans le sertão par la Brésilienne Laura Erber, le propos des quelque quatre-vingts artistes est étonnamment varié.

  • Dans la nuit des images au Grand-Palais, du 18 au 31 décembre 2008.

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  • La route des Indes

    VALENCE (Espagne) – Plus de 500 œuvres d’une centaine d’artistes, balayant deux siècles : la rétrospective consacrée par l’IVAM à l’art moderne et contemporain indien se veut une référence. Elle présente bien sûr les créateurs les plus disputés du moment, comme Subodh Gupta, mais s’autorise un flashback assez large. Il a pour objet de mesurer l’héritage colonial, l’influence qu’ont pu avoir sur place les mouvements européens et américains des années soixante, fascinés par la spiritualité indienne, ou encore les effets de la censure pendant l’état d’urgence (1975-77). Sont ainsi juxtaposés des chromos anonymes du Bengale, des autoportraits nus d’Amrita Sher-Gil (1913-41), femme-météore, des photographies de Raghubir Singh, des aquarelles de Rabindranath Tagore ou des toiles de Francis Newton Souza (1924-2002). Le regard occidental est apporté par Cartier-Bresson ou par le Land Art que pratiqua Richard Long dans l’Himalaya.

  • India moderna à l’IVAM jusqu’au 15 février 2009

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  • VENTES

    Vénérables tissus

    PARIS - Des fragments de tapisseries du XVIIe siècle au point de Hongrie, des soubassements pour papier peint de la maison Réveillon (d’où partit la Révolution française !), 52 échantillons de « mouchoirs de cou » produits sous le Second Empire pour le marché indochinois, le numéro de Libération imprimé sur coton en 1986… Ce sont quelques-uns des lots – aucun de ceux-là ne devrait dépasser les 1000 euros -, que l’on trouvera à la vente « Textiles » du 20 décembre. C’est l’occasion unique d’acheter des rouleaux de papier peint vieux de 300 ans ou des bordures montantes avec décor « étrusque ». Des teintes impeccables, des fleurs éclatantes, des oiseaux exotiques étincelants : réalisés avant l’arrivée des teintures synthétiques, ces motifs ont entièrement conservé leur fraîcheur. A tout petit prix, on pourra emporter des stores, des chaperons brodés,des brocarts tissés, des tapis de table, des châles de Manille, des gilets époque Louis XVI.

  • Textiles à Richelieu Drouot (étude Coutau-Bégarie) le 20 décembre 2008 à 14 h.

  • L'ARTISTE DE LA SEMAINE


    Candida Romero, Coney Island, 2008, boîtier vitré, technique mixte, 138,9 x 90 cm, Courtesy galerie Azzedine Alaïa, Paris

    Candida Romero : l’artiste et l’académicien

    Candida Romero aime prendre son temps. Pour sa précédente série consacrée à Proust, elle a employé une décennie. Pour celle qu’elle expose depuis quelques jours chez Azzedine Alaïa, « Little Girls », elle a été plus rapide : cinq ans seulement. Née à la célèbre Ruche, de parents qui y avaient des ateliers (d’un père artiste portoricain et d’une mère, Simone Dat, qui s’est battue pour sauver le lieu des appétits des promoteurs), elle y travaille toujours, dans l’ancien atelier de Chagall. Mais elle a aussi vécu en Allemagne, au Japon et aux Etat-Unis, a fait de l’art lyrique, restaure un couvent en Corse, etc. Son art lui ressemble, sorte de patchwork d’influences multiples. La centaine de petites filles qu’elle vient d’achever sont des pots-pourris volontairement nostalgiques. Au centre, une photo ancienne agrandie (un portrait). Autour, des objets divers, insectes, fleurs séchées, dentelle, billes, cheveux, glacis de peinture, le tout recouvert d’un verre. L’académicien, écrivait-on en titre : toutes les photos qui ont donné naissance à ces curieux reliquaires proviennent de la collection personnelle de Pierre-Jean Rémy.

  • à la galerie Azzedine Alaïa (18 rue de la Verrerie, 75003 Paris, tél. : 01 42 72 19 19), jusqu’au 24 décembre 2008.

  • LIVRES

    (Presque) tout Picasso

    C’est typiquement le cadeau de Noël ou on ne s’y entend pas : une somme sur l’artiste emblématique du XXe siècle, détaillant toutes ses « périodes » et la façon dont elles s’articulent, en grand format, très richement illustrée. Cinq cents images racontent une vie créative exceptionnelle, d’un Picador peint à Malaga vers 1888 (il a 7 ans) jusqu’au Nu dans un fauteuil de 1972 (il a alors 91 ans), soit plus de huit décennies sans interruption. Le texte replace Picasso dans son contexte – l’influence de son père, les rapports avec Braque, Breton, Bataille ou Lee Miller, le franquisme, la vie dans l’atelier des Grands-Augustins pendant la guerre, l’adhésion au parti communiste, etc. Mais ce Picasso public n’est quasiment pas montré, hormis une poignée de photographies en noir et blanc de Brassaï, Villers et Duncan. Un parti pris qui peut se défendre : on s’intéresse ici d’abord à l’artiste. Et l’œuvre de cet artiste et si abondante et polymorphe – en termes de sujets, techniques, formats - qu’elle a plutôt tendance à « déborder » du cadre…

  • Picasso par Philippe Dagen, éditions Hazan, 2008, 512 p., sous jaquette, 140 € (170 € à partir du 1er février 2009), ISBN : 978-2-7541-0157-8

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  • BRÈVES

    BARCELONE – Le Musée national d’art de Catalogne a ouvert le 11 décembre de nouvelles salles consacrées aux avant-gardes catalanes des années trente.

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    GENEVE - Le sesterce de l'empereur Hadrien, provenant de la collection Nelson Bunker Hunt, est devenu la monnaie antique la plus chère de l'histoire : il a été adjugé 2 millions de francs suisses (1,28 million d'euros) chez Numismatica Genevensis le 15 décembre 2008.

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    LE CAIRE – La 11e Biennale internationale d’art contemporain du Caire se tient du 20 décembre 2008 au 20 février 2009.

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    LIANZHOU (Chine) - Le festival international de photographie se tient jusqu’au 30 décembre 2008.

    Le site du festival

    MARRAKECH – Le Salon d’hiver, première Biennale d’art contemporain de Marrakech, se tient du 18 au 21 décembre 2008.

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    NEW YORK – C’est Francesco Bonami, commissaire de l’actuelle et polémique exposition « Italics » au Palazzo Grassi, qui dirigera la prochaine Whitney Biennial d’art contemporain de 2010.

    Le site de la Whitney Biennial de 2008

    PARIS – Le Sénat a supprimé, le 8 décembre 2008, le plafonnement du régime fiscal en faveur des monuments historiques non ouverts au public, qui avait été institué par l’Assemblée nationale.

    PARIS - La plus haute adjudication pour un meuble en 2008 a été réalisée chez Christie's pour une commode d'époque Louis XIV, attribuée à BRVB I, partie à 4 millions d'euros le 16 décembre.

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    QUIMPER – La campagne de restauration de la cathédrale Saint-Corentin, commencée il y a 20 ans et d’un coût global de 15 millions €, s’est achevée le 12 décembre avec le dévoilement du portail occidental.

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    LA NÉBULEUSE SYMBOLISTE

    BEAUVAIS - Le mouvement symboliste, qui a marqué la fin du XIXe siècle avec Gustave Moreau et Puvis de Chavannes, est étudié à travers la riche collection du Musée départemental de l'Oise. De Desvallières à Maxence, de Dulac à Piantini, elle permet de découvrir d'autres interprètes du monde des rêves et des légendes.

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    AH ! LA LETTRE…

    MOULINS - Comment les artistes utilisent-ils les lettres de l'alphabet dans leurs œuvres ? C'est la question qu'aborde le Centre de l'Illustration, en convoquant aussi bien les grands aînés qu'ont été Daumier et Bonnard que les créateurs contemporains que sont Anne Bertier, Guillaume Dégé et Gérard DuBois.

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