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N° 116 - du 8 janvier 2009 au 14 janvier 2009

L'AIR DU TEMPS

Au programme…

La crise est là mais le calendrier des grandes expositions en Europe semble ne pas en tenir compte tant il reste nourri. Le premier semestre aura ainsi une belle connotation conceptuelle à Paris où le Grand-Palais étudiera la question du double (le 6 avril) tandis que le Centre Pompidou abordera un thème encore plus épineux, celui du vide (le 24 février). Parmi les grands artistes au programme, on note de Chirico (le 12 février, au musée d’Art moderne), William Blake (le 1er avril, au Petit-Palais) ou Kandinsky (le 8 avril, au Centre Pompidou). Le musée du quai Branly s’attaque aux fétiches et à leurs clous (3 février) tandis que le Louvre recense des centaines d’amulettes égyptiennes (6 mars). Les musées londoniens, qui se sont fait une spécialité de l’étude de grands mouvements, passent en revue le constructivisme russe (le 12 février, à la Tate Modern), la civilisation iranienne de Shah Abbas (le 19 février, au British Museum) et le baroque (le 4 avril, au Victoria & Albert Museum). A Amsterdam, Van Gogh est encore utilisé comme locomotive (le 13 février, au musée Van Gogh) avec, cette fois-ci, ses visions nocturnes. L'Italie se prépare de son côté à vivre une grande saison futuriste (le 20 février marquera le centenaire du Manifeste de Marinetti) avec des expositions à Rome, Trente, Venise et Milan.

EXPOSITIONS

Maître de Flémalle, qui êtes-vous ?

FRANCFORT - L’histoire de l’art ressemble parfois aux histoires de détectives. A ceci près que l’on peut mettre des siècles à trouver le « coupable »… Prenez le maître de Flémalle, un grand artiste flamand du début du XVe siècle, qui embrasse la révolution de la peinture à l’huile et de la précision naturaliste : un génie. Pourtant, un demi-millénaire après sa mort, on ne sait toujours pas s’il a existé. Certains ont voulu voir en lui Robert Campin, qui tenait un atelier à Arras. Les commissaires de l’exposition de Francfort s’y opposent. Pour eux, Flémalle est une créature hybride derrière laquelle sa cache parfois Campin, pour les compositions les plus archaïques, ou des employés brillants – Jacques Daret et le jeune Roger van der Weyden – pour les œuvres les plus audacieuses. Le style hétérogène du Maître de Flémalle est mis en évidence à travers une vingtaine d’œuvres, dont certaines (comme le triptyque Mérode du Metropolitan Museum de New York) sont bien plus proches de ce que fera par la suite van der Weyden. Une série d’œuvres autographes de ce dernier permet de s’en convaincre.

  • Le Maître de Flémalle et Roger van der Weyden au Städel Museum, jusqu’au 22 février 2009.
  • L’exposition sera présentée à la Gemäldegalerie de Berlin à partir du 20 mars 2009, sans le triptyque Mérode ni l’Annonciation de Bruxelles.

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  • Mon neveu Einstein

    MADRID - Dans les expositions rétrospectives, les artistes et les mouvements artistiques ont évidemment le beau rôle. On oublie trop souvent de se pencher sur d’autres personnages significatifs de l’histoire de l’art : les critiques. En 2006, une exposition à la Hayward Gallery avait été exemplaire : consacrée à la revue « Documents » publiée par Georges Bataille dans les années trente, elle avait permis un croisement salutaire des genres, de la littérature à la photo, de la musique à la peinture. C’est un autre compagnon de route des surréalistes (et accessoirement collaborateur à « Documents ») qui est ausculté au Reina Sofía : Carl Einstein (1885-1940), le neveu du grand Albert, dont l’existence fut aventureuse, puisqu’elle mena la réflexion esthétique et l’action – dans les Brigades internationales pendant la guerre civile espagnole. Véritable « découvreur » de l’art africain, Carl Einstein suivit de près le dadaïsme, le cubisme ou le futurisme. Une centaine d’œuvres de Dali, Grosz, Braque ou d’artistes anonymes d’Afrique et d’Océanie accompagnent ses écrits, qui comprennent une fondamentale histoire de l’art du XXe siècle mais aussi des romans et des pièces de théâtre. Comme Walter Benjamin, Carl Einstein s’est suicidé dans le sud de la France lors du chaos de 1940, en se jetant dans le Gave de Pau.

  • L’invention du XXe siècle, Carl Einstein et les avant-garde au musée Reine Sofia, jusqu’au 16 février 2009

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  • Premier de Cordier

    PARIS – On lui connaît plusieurs vies. Engagé dans la Résistance à 20 ans, il a été le secrétaire de Jean Moulin. Puis il a côtoyé la jet set pour avoir été le père adoptif d’Hervé Vilard, l’auteur de Capri, c’est fini. C’est encore un autre versant du personnage, celui qui a sans doute laissé l’héritage le plus riche, qui est abordé par le Centre Pompidou. Car Daniel Cordier, né en 1920, a aussi été un grand marchand d’art, qui a défendu Dubuffet, Dewasne, Réquichot, Matta. Il ferme sa galerie parisienne en 1964, dénonçant des tares que certains considèrent toujours d’actualité comme l’absence d’incitations fiscales ou la frilosité des collectionneurs français. Sa collection ne cessera de s’enrichir et il fera don de près de cinq cents œuvres sur papier au Centre Pompidou (dont il fut l’un des membres fondateurs). L’institution, en les prêtant depuis l’an 2000 aux Abattoirs de Toulouse, en a fait son plus important dépôt en province. Fléaux à grain d’Asie, fétiches, bâtons de justice africains, coraux, cervicales de baleines : c’est aujourd’hui un pan inattendu de la collection Cordier. Ces objets d’art primitif ou ready-made sont confrontés à des œuvres d’art moderne, renouvelant un rapprochement qui a montré sa fertilité durant tout le XXe siècle.

  • Donations Daniel Cordier. Les Désordres du plaisir au Centre Pompidou jusqu’au 23 mars 2009.
  • A voir aux Abattoirs, à partir du 24 janvier 2009, une présentation des donations Cordier.

    Le site du Centre Pompidou

  • VENTES

    L’année de Sotheby’s

    PARIS – Après plusieurs années de domination de Christie’s, c’est Sotheby’s qui remporte cette année le mano a mano entre les deux maisons anglo-saxonnes en France pour les enchères d’œuvres d’art. Comme elles en ont souvent l’habitude, leurs résultats se tiennent dans un mouchoir de poche : 155 millions d’euros de produit vendu pour Sotheby’s, 150 millions pour Christie’s. La première a adjugé l’œuvre la plus chère de l’année (Au divan japonais de Degas, 5 millions d’euros), la seconde devant se contenter du meuble et de l’ensemble les plus chers (une commode Louis XIV à 4 millions d’euros et la collection Gillot à 18,5 millions d’euros). L’inexorable montée en puissance des deux auctioneers empiète toujours plus sur Drouot, dont le chiffre d’affaires s’est établi à 411 millions d’euros alors qu’il avait dépassé 500 millions d’euros en 2007. C’est dans les segments de prix élevés que la concurrence est la plus rude : Drouot a vendu neuf lots à plus d’un million d’euros tandis que Christie’s et Sotheby’s en ont adjugé 18 chacune. En 2009, avec la vente « pharaonique » de la collection Yves Saint Laurent – Pierre Bergé, Christie’s devrait dépasser sa rivale et s’approcher davantage de Drouot.

    Le site de Sotheby's

    L'ARTISTE DE LA SEMAINE


    Illustration : Elisabeth Bergner de la série Oddly, one lived the war in one’s mind more intensively than in a country at war, marker à encre à pigments sur papier aquarelle bockingford teinté, 19 x 28 cm, 2008 Courtesy galerie Blancpain art contemporain

    Uriel Orlow (ré)écrit l’histoire

    GENÈVE – Le Café Odeon est un lieu important de Zurich. Karl Kraus, auteur d’aphorismes cinglants, y a donné des conférences. Lénine et Einstein y ont lu le journal, Brecht y a écrit. Comment restituer l’histoire de ce lieu ? En accumulant des images anciennes et « authentiques » ? Ou en assemblant des éléments passés par le filtre du temps, mêlant le mythe, les « on-dit », les impressions subjectives, les reconstitutions – ce qui, au final, pourrait se révéler plus parlant ? C’est ce second chemin qu’a choisi Uriel Orlow (né en 1973) dans son exposition chez Blancpain. Habitué du travail sur la mémoire et les archives, qu’il passe au moulinet des médias les plus contemporains, il y a installé des vidéos, des diptyques photographiques, des polycopiés et une trentaine de dessins au marker.

  • Uriel Orlow, In These Great Times à la galerie Blancpain art contemporain (63, rue des Maraîchers, 1025 Genève, tél. +41 22 328 38 02), jusqu’au 24 janvier 2009

    Le site de la galerie Blancpain

  • LIVRES

    Anatomie d’un chantier

    L’architecture est aujourd’hui au cœur du débat culturel. Le public est tenu au courant des projets de nouveau bâtiments et des inaugurations. Mais ce qui se passe entre les deux – le déroulement du chantier – est bien rarement porté à sa connaissance. L’homme contemporain souffre de la même amnésie quand il part aux Maldives : ce qui lui importe est le décollage et l’arrivée sur les lagons, le voyage lui-même ayant perdu toute importance. Le projet d’Arnaud Théval est intéressant en tant que contre-pied salutaire : le photographe a suivi pendant trois ans, de 2005 à 2008, les travaux de modernisation des Archives de Loire-Atlantique. Il a mis en scène tous les acteurs – ouvriers, employés – sur le site, qui a dû apprendre à fonctionner dans des conditions particulières. Secrétaires, couleurs de béton, archivistes ou monteurs d’échafaudages sont systématiquement pris de dos. Dommage que dans les textes théoriques sur cette convention, il ne soit pas fait mention de John Philips, le photographe américain de reportage de l’après-guerre qui en fit son principal mode opératoire. Dommage aussi que cette intéressante fenêtre ouverte sur un chantier ne joue pas davantage la carte du documentaire (qui n’est pas incompatible avec la création photographique) : des légendes détaillées nous auraient permis de mieux comprendre le rôle de chacun au cours de cette phase originale.

  • La cloison, le chantier des Archives, photographies d’Arnaud Théval, textes d’Emmanuel Hermange et de Jean-Yves Petiteau, Zédélé éditions, 2008, 288 p., 20 €, ISBN : 978-2-915859-12-6

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  • BRÈVES

    BERLIN – Du 9 au 18 janvier 2009, onze galeries berlinoises accueillent treize galeries parisiennes d’art contemporain dans un programme d’échange, qui verra une rencontre « retour » à Paris, du 6 au 15 février.

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    CLERMONT-FERRAND – La basilique Notre-Dame-du-Port a rouvert ses portes le 23 décembre 2008 après une campagne de restauration commencée en 1999.

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    LOS ANGELES - Le salon de photographie Photo L.A. tient sa 18e édition du 8 au 11 janvier 2009.

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    PARIS – Les conservateurs du musée du Louvre ont annoncé le 18 décembre dernier la découverte de trois dessins inédits de Léonard de Vinci, dont une tête de cheval, au revers du tableau La Vierge et Sainte Anne.

    Le site du Louvre (le « scoop » n’y est pas mentionné…)

    PARIS – L’hôtel Lambert, hôtel particulier construit sur l’île Saint-Louis à l’époque de Louis XIII par Le Vau, fait l’objet d’une polémique entre la Ville de Paris et le ministère de la Culture au sujet des travaux de grande ampleur projetés par son nouveau propriétaire, la famille royale du Qatar. Le maire de Paris, Betrand Delanoë, a annoncé qu’il refuserait son accord.

    PASSARIANO (Italie) – La Villa Manin, centre d’art contemporain installé dans une villa vénitienne de la Renaissance près d’Udine, ferme ses portes le 19 janvier 2009 après cinq ans d’activité. Il devrait accueillir désormais de grandes expositions.

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    VENISE – Le palazzo Grimani a ouvert au public le 20 décembre dernier après deux décennies de restauration. Remarquable exemple de l’architecture du XVIe siècle, il fonctionnera comme musée de la civilisation du Cinquecento.

    VERSAILLES - Selon les chiffres communiqués par le château de Versailles, l'exposition Jeff Koons, qui a fermé le 6 janvier, a attiré plus de 500 000 visiteurs.

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    SUR ARTAUJOURDHUI.INFO

    Cette semaine, ne manquez pas

    STAQUET Marcel Taquet / Jacques Saquet

    MOUGINS - Le Musée de la Photographie André Villers réunit deux photographes presque homonymes, qui partagent le même amour de la photographie argentique. De la rencontre de Marcel Taquet et Jacques Saquet naissent d'originaux jeux de superposition entre les formes féminines et un ancien palace de la Côte d'Azur.

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    JOURS DE FÊTE - L’ANNÉE EN IMAGES POUR PETITS ET GRANDS

    ÉPINAL - Le Musée de l'Image propose de revivre les rendez-vous traditionnels de l'année - du carnaval à Noël en passant par le 14-Juillet - à partir d'images anciennes et actuelles. Le décryptage de ces festivités est particulièrement soigné pour le jeune public.

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