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N° 120 - du 5 février 2009 au 11 février 2009

L'AIR DU TEMPS

Récolez, il en restera toujours quelque chose…

Le terme est délicieusement incompréhensible et on l’utilisait plutôt chez les bouilleurs de cru (c’est la détermination de la quantité d’alcool dans les spiritueux). Ailleurs, un récolement est un inventaire de biens mobiliers : une simple pratique de bonne gestion, qui devrait aller de soi dans les administrations. En réalité, ce n’était guère le cas pour le patrimoine artistique de l’Etat français. Plus de 34 000 tableaux, meubles ou sculptures provenant du Mobilier national, des musées nationaux et du FNAC (Fonds national d’art contemporain) et mis en dépôts dans des ministères, des ambassades et autres institutions ont disparu sans laisser de traces. C’est la conclusion que vient de rendre la commission nationale du récolement, après dix années d’un travail titanesque. La tâche est effectivement colossale. Ainsi, la Manufacture de Sèvres, par manque de moyens, n’avait jamais effectué ce type de dénombrement. Les résultats s’en ressentent : sur 120 000 pièces recensées à ce jour, plus de 17 000 sont introuvables. Idem pour le FNAC, héritier d’une institution fondée en 1791 : il en manque 7000 sur les 52 000 déjà récolées. Il ne s’agit pas que d’œuvres mineures : un Vlaminck, Rue de village manque à l’Institut français de Bucarest. Mais on a retrouvé trois tapis de la Savonnerie à l’ambassade de Washington et un tableau de Jean-François Thuaire de 1822, que l’on croyait détruit, au musée de Toulon. L’enquête continue…

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EXPOSITIONS

Du darwinisme dans l’art

FRANCFORT – L’auteur du brûlot De l’origine des espèces aurait 200 ans en 2009. De nombreux colloques et symposiums vont étudier son influence sur la science moderne. L’initiative de la Schirn Kunsthalle est plus originale – dépister l’influence de savant britannique dans les arts plastiques. Il n’est pas toujours facile de savoir si cette influence est directe : Redon et Klimt ont-ils peint et dessiné leurs créatures mutantes après avoir spécifiquement lu Darwin ? Dans d’autres cas, c’est plus facile : on sait que Böcklin a passé une semaine au jardin zoologique de Naples, en compagnie de son directeur, darwiniste convaincu, et que Max Ernst, passionné de paléontologie, assouvissait sa soif de connaissance dans des ouvrages spécialisés. On n’est jamais prophète en son pays : parmi les 150 œuvres rassemblées, bien peu sont d’artistes anglais. Seul George Frederick Watts embrassa avec enthousiasme les nouvelles théories de l’évolution.

  • L’art et la recherche des origines à la Schirn Kunsthalle, du 5 février au 3 mai 2009

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  • Tout sur le futurisme

    MILAN – C’est le rendez-vous principal des célébrations organisées pour le centenaire du futurisme. Au Palazzo Reale, près de 400 œuvres entendent donner une vision très large du mouvement. Les cinq mousquetaires que furent Balla, Boccioni, Carrà, Russolo et Severini dans les années 1910 y tiennent évidemment une large place. Après le manifeste de Marinetti (1909), l’âge d’or est brisé par le premier conflit mondial, dont certains artistes ne reviendront pas. L’entre-deux-guerres est marqué par une attirance redoublée pour la mécanique et la technique, qui s’incarne notamment dans l’aéropeinture. Mais l’on élargit les limites chronologiques classiques en cherchant les racines bien plus tôt, du côté du symbolisme de Medardo Rosso et du divisionnisme, et en enquêtant jusque dans la seconde moitié du XXe siècle pour déterminer l’influence du futurisme – sur Burri, Fontana ou Fluxus.

  • Futurismo 1909-2009, Vitesse + Art + Action au Palazzo Reale, du 6 février au 7 juin 2009

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  • La Thaïlande avant les Thaï

    PARIS - A quoi ressemblait la spiritualité thaïlandaise du VIe au XIe siècle ? C’est un peu la question que s’est posé le musée Guimet et à laquelle il apporte une réponse fragmentaire. En effet, les constructions de l’époque, qui mêlaient la brique et le stuc, ont toutes disparu et il ne reste, pour évoquer cette période dite Dvâravatî, que des éléments de décor, surtout en pierre travaillée en ronde-bosse. L’arc de temps choisi correspond à un art bouddhique très peu connu, qui s’exprimait dans un système de cités-Etats, avant l’arrivée des Thaï. Pas d’architecture, donc, mais de superbes roues de la Loi, des stèles, des panneaux narratifs sur lesquels le Bouddha est systématiquement représenté, en pierre, en bronze ou en terre cuite. L’exposition permet de faire venir en France des chefs-d’œuvre jamais présentés, provenant d’une douzaine de grands musées thaïlandais.

  • Dvâravatî, aux sources du bouddhisme en Thaïlande au musée Guimet, du 11 février au 25 mai 2009.

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  • VENTES

    La deuxième mort du France

    PARIS - Lancé en 1960, retiré du service en 1974, au lendemain de la crise du pétrole, relancé sous un autre nom, le France a achevé sa carrière en 2006 sur un chantier indien, pour être revendu au prix de la ferraille. Grâce à l’engagement d’un passionné, Jacques Dworczak, il va cependant connaître un feu d’artifice semblable à celui vécu par le Concorde. La maison Artcurial va en effet présenter aux enchères 446 lots sauvés de la casse. Si les menus, les spencers de l’équipage ou les plateaux-repas ne présentent qu’un intérêt limité, il n’en va pas de même pour les ferronneries de Raymond Subes (des fragments de rampe d’escalier, estimés 15 000 euros), un lustre de Gilbert Poillerat (même estimation), des commodes de la maison Nusbaumer (à partir de 3 000 euros) ou une table de Jules Leleu, à plateau de verre églomisé, pour le salon-bibliothèque (estimée 50 000 euros). Ce sont les derniers témoignages du grand art décoratif français pour les palaces flottants. L’enchère la plus élevée devrait concerner une pièce symbolique : le nez du paquebot, que l’on peut actuellement voir devant le perron d’Artcurial, estimé à peine moins de 100 000 euros. Après, Sardou pourra définitivement entonner sa chanson : « Ne m’appelez plus jamais France

  • Paquebot France / Norway chez Artcurial les 8 et 9 février 2009

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  • L’ARTISTE DE LA SEMAINE


    Canada. Baffin Island. Eclipse, 2005 © Gueorgui Pinkhassov, courtesy galerie In Camera

    Gueorgui Pinkhassov : du photoreportage (considéré comme un art)

    En photographie, il y a une différence extrême de cote entre les « plasticiens » et ceux qui ne sont « que » photoreporters. Si un Sugimoto (né en 1948) peut voir les enchères en ventes publiques monter à 1,2 million d’’euros pour ses images de ligne d’horizon – la mer, le ciel, la nuit – un Pinkhassov (né en 1952), pourtant membre de l’agence Magnum fondée par Cartier-Bresson et reconnu comme l’un

    des meilleurs photoreporters de sa génération, piétine à 2 500 euros, soit 500 fois moins! Pourtant, certaines de ses images ont assurément une dimension abstraite ou purement esthétique, comme le prouvent ses clichés pris dans les mers les plus septentrionales du globe. Et le fait d’avoir été « adoubé » par le cinéaste Andrei Tarkovski, qui lui avait demandé de suivre le tournage de en 1978, est une excellente référence… L’ouvrage qu’il a tiré des huit missions effectuées pour le magazine Geo vient de recevoir le prix du meilleur livre de photographie de l’année en Allemagne. Glace, eau et ciel y composent une trilogie où les jeux de lumière et de symétrie offrent des visions perpétuellement changeantes.

  • La galerie In Camera (21 rue Las Cases, 75007, tél. : 01 47 05 51 77 Paris) consacre une exposition à Nordmeer de Gueorgui Pinkhassov, du 5 février au 4 avril 2009

  • LIVRES

    Un coyote à New York

    Qu’est-ce qui peut pousser un artiste contemporain à s’envelopper de feutre, à se munir d’une canne, d’une collection complète de Wall Street Journal et d’une lampe électrique, et à vivre une semaine de captivité en compagnie d’un coyote dans une galerie new-yorkaise ? C’est ce qu’ont dû se demander les spectateurs de cette performance de Joseph Beuys, réalisée en mai 1974 et aujourd’hui entrée dans la légende. Des gants bruns, l’enregistrement de bruits de turbines, un triangle que l’on frappe pour rétablir l’harmonie, la canne qui prolonge la tête : le décryptage reste ardu un tiers de siècle plus tard. Les images en noir et blanc de Caroline Tisdall montrent un étrange dialogue et nous interrogent sur notre rapport au temps, à l’éducation et à la nature. Elles gardent cette part de mystère insondable qui autorise toutes les interprétations et qui a fait la magie de cette semaine new-yorkaise.

  • Joseph Beuys Coyote, par Caroline Tisdall, Hazan, 2009, 160 p., 25 €, ISBN : 978-2-7541-0358-9

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  • BRÈVES

    ANVERS – Zaha Hadid a remporté le concours pour le siège de l’Autorité portuaire de la ville flamande.

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    HASSELT (Belgique) – La 2e Triennale d’art contemporain, mode et design se tient à Hasselt du 7 février au 10 mai 2009.

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    MADRID – La 28e édition d’ARCO, foire d’art moderne et contemporain, se tient du 11 au 16 février 2009 au parc des Expositions.

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    MADRID – La 9e édition d’Art Madrid, foire d’art contemporain, se tient du 12 au 16 février 2009 au Pabellón de Cristal de la Casa de Campo.

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    MOSCOU – La Moscow World Fine Art Fair, qui devait se tenir du 25 mai au 1er juin, a été annulée.

    PARIS - L'exposition "Picasso et les maîtres", qui a fermé le 2 février 2009, a attiré 783 352 visiteurs, soit 7270 par jour. Environ 10% du total, soit 70 000 personnes, l'ont visitée dans les 83 dernières heures, qui ont été marquées par une ouverture continue, jour et nuit.

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    PARIS – Le prix de l’Equerre d’argent, attribué par la revue Le Moniteur à la meilleure œuvre architecturale de l’année, a été décerné le 2 février à Marc Barani pour le pôle multimodal du tramway de Nice.

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    PARME - L'exposition Corrège, qui vient de s'achever à la Galleria nazionale, a accueilli 430 000 visiteurs soit 3387 par jour.

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    ROTTERDAM – La 10e édition d’Art Rotterdam, salon d’art contemporain, se tient du 5 au 8 février 2009.

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