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N° 154 - du 3 décembre 2009 au 9 décembre 2009

L'AIR DU TEMPS

L’Irak, Google et les autres

On se souvient des images chocs : le Musée national de Bagdad pillé au lendemain de l’entrée des Américains dans la ville. Des salles dévastées, des chefs-d’œuvre retrouvés sur les marchés européens et une réouverture au public sans cesse annoncée et repoussée. Heureusement, Google arrive et propose une solution intermédiaire : numériser les collections du musée et les rendre accessibles au monde entier. La presse internationale s’est fait l’écho de cette initiative désintéressée, communiquée urbi et orbi lors de la conférence de presse du 24 novembre dernier, qui a réuni à Bagdad le patron de Google, Eric Schmidt, et l’ambassadeur américain. Il faut véritablement fouiller dans l’actualité pour trouver mention d’un fait intéressant (rapporté par le New York Times) : la numérisation des collections du musée irakien a déjà été effectuée par le CNR (Consiglo Nazionale delle Ricerche) italien, grâce à une contribution d’un million d’euros du ministère des Affaires étrangères. En entrant sur le site, on peut voir les salles, les objets, lire les notices, visualiser des films. Dans notre monde virtuel, il est plus important de faire savoir que de faire. A ce jeu-là et sans préjuger de ses bonnes intentions, Google est décidément imbattable…

Le musée virtuel de Bagdad réalisé par le CNR italien

EXPOSITIONS

Les ors du Pérou

BRESCIA – La cité lombarde, plutôt connue pour ses manufactures d’armes, se met au premier plan européen pour célébrer le bicentenaire de l’indépendance des colonies espagnoles d’Amérique. Elle accueille en effet une exposition fleuve – 270 objets – provenant des meilleures collections publiques péruviennes (musées de Lima, tombes royales de Sipán, musée Brüning de Lambayeque, etc). La thématique – l’or des Incas – est généralement porteuse et l’on pourra donc voir abondance de vêtements tissés d’or, de boucles d’oreilles et narigueras, de diadèmes, de couronnes, de masques, de statuettes humaines et animales… Couteaux sacrificiels, vaisselle, céramique et même une momie, qui a exceptionnellement obtenu son bon de sortie, complètent une rétrospective qui se propose de faire revivre le mythe de l’Eldorado.
Inca. Origine e misteri delle civiltà dell’oro au Museo di Santa Giulia, du 4 décembre 2009 au 27 juin 2010.

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Crivelli, la passion du détail

MILAN – Pour fêter le 200e anniversaire de sa création (par décret napoléonien en 1809), la Pinacothèque de Brera a organisé au long de l’année une série de manifestations commémoratives. Pour conclure la série, c’est un peintre de la Renaissance qui a été choisi, Carlo Crivelli, connu pour ses retables fourmillants de détails et de perspectives savantes. La redécouverte de ce contemporain de Bellini exilé dans les petites cours des Marches doit en effet tout à l’initiative des responsables de la Pinacothèque. Ce sont ceux qui firent venir à Milan en 1811 une vingtaine de ses œuvres, lui redonnant ainsi une audience internationale. Depuis, les polyptyques dorés ont été de nouveau démembrés et l’intérêt de l’exposition réside notamment dans la reconstitution des plus célèbres d’entre eux, ceux de saint Dominique et du Duomo de Camerino, dont les éléments sont dispersés entre Paris, Avignon, Berlin, Denver, Montréal… Pour saisir la dimension réaliste du travail de Crivelli, des modèles de céramiques, de poignards et de tapis (aujourd’hui surnommés «tapis Crivelli») qu’il avait fidèlement reproduits sont placés à côté des tableaux.
Crivelli et Brera à la Pinacothèque de Brera du 26 novembre 2009 au 28 mars 2010

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Portrait de groupe avec Virginia Woolf

ROUBAIX – Un siècle après sa création, le groupe de Bloomsbury continue de figurer parmi les jalons de la culture britannique. Tirant son nom du quartier de Londres où s’installe en 1904 la fratrie Stephen (Vanessa, Adrian, Thoby et Virginia, qui deviendra Woolf), il réunit des intellectuels de tous bords – écrivains (Aldous Huxley), économistes (Keynes), peintres et historiens de l’art (comme Roger Fry qui produira en 1910 une exposition mémorable sur le post-impressionnisme). Rassemblant tableaux, dessins, sculptures, manuscrits, l’exposition se fixe une tâche ambitieuse : établir le périmètre culturel de ce groupe qui a débordé dans toutes les directions. Pionnier du féminisme et de l’anti-impérialisme, il s’est aussi exprimé dans la peinture, le graphisme, la céramique, concrétisant cette fusion des arts avec la fondation d’un atelier d’arts appliqués, les Omega Workshops.
Conversation anglaise : le groupe de Bloomsbury à la Piscine jusqu’au 28 février 2010

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Artaujourdhui vous conseille aussi…

•Avec Images saintes, la Fondation Gianadda de Martigny fait venir certaines des plus belles icônes de la Galerie Trétiakov de Moscou. Du 3 décembre 2009 au 13 juin 2010.

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•Le musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye étudie le commerce à l’âge du Fer dans le cadre de la culture de Golasecca, près de l’actuelle Côme, dans le nord de l’Italie. Jusqu’au 26 avril 2010.

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•A Londres, la Royal Academy of Arts s’allie avec la multinationale Glaxo Wellcome pour tracer, dans Earth un bilan des thématiques environnementales dans la création contemporaine. Du 3 décembre 2009 au 31 janvier 2010.

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VENTES

Grande braderie Alitalia

ROME - On a vu récemment passer aux enchères la collection de la banque Lehman Brothers (à Philadelphie). Voici le tour d’une autre entreprise acculée au dépôt de bilan (avant sa reprise en 2009 par un consortium). Il s’agit de la compagnie aérienne Alitalia, qui eut dans les années fastes les ambitions d’un grand mécène. Favorisant l’art italien, elle acquit un ensemble cohérent d’œuvres de l’après-guerre, dont certaines étaient accrochées dans les avions mêmes (à l’initiative de Corrado Cagli), pour « stimuler » la sensibilité esthétique des voyageurs. On y trouve aussi bien Giulio Turcato que Piero Dorazio ou Lucio Fontana. Tenu de tout adjuger, le commissaire-priseur n’a pas hésité à inscrire des estimations de mont-de-piété : 20 € pour une eau-forte d’Ardengo Soffici ou une lithographie en couleurs de Chirico, 50 € pour une petite huile d’Ernesto Treccani, 500 € pour un grand pastel de Mirko. La pièce maîtresse qui pourrait, elle, largement surpasser la cote de 350 000 €, est un grand panneau à la tempera de Gino Severini, réalisé en 1954 pour le bureau parisien : la preuve que l’engagement d’Alitalia n’était pas une toquade mais une politique suivie sur plusieurs décennies, que les repreneurs n’ont sans doute pas l’intention de rééditer…
•Vente de la collection Alitalia chez Finarte-Semenzato le 8 décembre 2009

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Jacques Le Noane, encre de Chine sur papier, 48 cm x 31cm, courtesy galerie Talbot, Paris.

Jacques Le Noane : surréalisme version mai 68

Il y a chez lui du Brauner, du Dali, du Léonor Fini, du Tanguy. Une fois qu’on a recensé les influences qui ont pu se donner rendez-vous sur les toiles qu’il peint invariablement à l’acrylique, on se dit que ces paysages fantastiques, ces forêts drues, ces personnages aux yeux démesurés collent assez étroitement à la définition que Jacques Le Noane aime donner de lui : il est un « nouveau surréaliste ». A dire vrai, étant né en 1928, il aurait largement pu fréquenter les barons du mouvement. Mais il a connu une première vie comme haut fonctionnaire (émoulu de l’une des premières promotions de l’ENA, en 1949, il fera carrière au ministère de l’Economie) avant de se lancer dans l’art.

Le déclic a lieu en mai 68. A l’époque, Breton était déjà mort mais le ressort de sa conversion aurait plu au pape : contraint de rentrer chez lui à pied en raison de la grève des transports, Le Noane, passant devant la porte d’un marchand de couleurs, décide d’en pousser la porte…
•Jacques Le Noane est présenté à la galerie Talbot (11 rue Guénégaud, 75006) du 3 au 31 décembre 2009.

Le site de la galerie Talbot

LIVRES

Erotisme à la Pascin

Plus qu’un livre, c’est un coffret, dont le maniement n’est pas des plus aisés. A gauche, une introduction à l’œuvre du « Watteau des bordels », comme l’avait plaisamment décrit un commentateur de l’époque, est illustrée d’aquarelles et de lavis érotiques. Le lecteur y est rapidement initié aux éléments fondateurs de la sensualité de Pascin (1885-1930), de sa liaison avec une tenancière de maison close de Budapest à l’atmosphère du Munich des années 1900 jusqu’au Paris libertin des Années folles. A droite, un «reprint» augmente l’intérêt du recueil. Il s’agit d’un Abécédaire des filles et de l’enfant chéri publié sans nom d’auteur en 1924 aux éditions de la Fanfare de Montparnasse. En réalité, c’est Pierre Mac Orlan qui se cache derrière ces textes brefs et cryptés, mis par Pascin en images lascives que la morale d’aujourd’hui réprouverait (les personnages se livrant à diverses acrobaties sont des enfants dévergondés). Le même Mac Orlan se révèlera un compagnon inconsolable lorsque Pascin se donnera la mort en 1930 : il écrira un Tombeau pour payer la pierre tombale de l’enfant prodigue de Bulgarie.
Pascin libertin par Stéphan Lévy-Kuentz, Biro éditeur, 2009, 30 €, ISBN : 978-2-35119-053-1

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BRÈVES

LONDRES – Le métro londonien a inauguré le 27 novembre 2009 sa première commande artistique depuis les mosaïques de Paolozzi réalisées en 1984: il s’agit de Full Circle de Knut Henrik Henriksen, installé à la station King’s Cross St Pancras.

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LONDRES - La collection d’objets Fabergé ayant appartenu à la grande-duchesse Maria Pavlova, a obtenu 7 millions £ chez Sotheby’s le 30 novembre 2009, soit sept fois l’estimation haute.

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MARSEILLE - Le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a posé la première pierre du futur MUCEM, musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, qui devrait ouvrir ses portes en 2013. Le bâtiment est dessiné par Rudy Riciotti.

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MIAMI – La foire d’art contemporain Art Basel Miami Beach rassemble 250 galerie du 3 au 6 décembre 2009.

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PARIS - Douze personnes ont été arrêtées à Drouot le 1er décembre dans le cadre d'une enquête sur un trafic d'œuvres d'art. Un tableau disparu de Courbet, Paysage marin sous un ciel d'orage, a été retrouvé.

L'article de Libération

PÉKIN – Un rouleau calligraphié à l’époque Ming par le peintre Wu Bin (XVIe siècle) a pulvérisé le record pour une œuvre classique chinoise: provenant de la collection Guy et Myriam Ullens, il a été adjugé 169 millions de yuans (16,4 millions €) le 22 novembre 2009 par la maison de ventes Poly Auction.

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VENISE - La 53e Biennale internationale d'arts visuels, qui a fermé le 22 novembre, a reçu 375 000 visiteurs, soit 55 000 de plus que la précédente édition.

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Cette semaine, ne manquez pas

ÉLOGE DE BORDEAUX

BORDEAUX - Ce sont les trésors d'une collection privée, qui sont présentés au musée des Beaux-Arts. Constituée par le mécène Daniel Thierry, elle présente un vaste panorama de la création à (et sur) Bordeaux : y sont représentés aussi bien Joseph Vernet que Grasset de Saint-Sauveur, Jean Dupas ou Albert Marquet.

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MUSÉES ROYAUX D'ART ET D'HISTOIRE - NOUVELLES SALLES MÉROVINGIENNES

BRUXELLES - Poursuivant sa rénovation, le musée du Cinquantenaire dévoile ses nouvelles salles consacrées à la civilisation gallo-romaines et aux temps mérovingiens. Un mobilier funéraire exceptionnel y est mis en scène de façon suggestive, avec l'aide du dessinateur Rosinski, l'auteur de Thorgal.

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