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N° 167 - du 18 mars 2010 au 24 mars 2010


Comment travaillaient les sculpteurs de l'Espagne baroque ? La réponse et les techniques dans Making a Spanish Polychrome Sculpture, avec la voix de Zahira Véliz et la participation du sculpteur Marcelo Moreira Santos et du peintre Sylvana Barrett. Produit par the J. Paul Getty Museum. © 2009 J. Paul Getty Trust

L'AIR DU TEMPS

L'affaire Vasari

AREZZO - Combien vaut la mémoire ? 2,6 millions d’euros ? 150 millions d’euros ? C’est un peu la question que pose la vente de l’Archivio Vasari. Le plus grand historien de l’art de la Renaissance (1511-1574) est au cœur d’un imbroglio politico-judiciaire. Ses archives, qui font la fierté de sa ville natale Arezzo, en Toscane, ont en effet été promises contre un chèque de 150 millions d’euros, par leur dernier propriétaire, le comte Giovanni Festari, à un homme d’affaires russe, propriétaire de la mystérieuse société Ross Engineering. Depuis, comme dans les meilleurs romans policiers – on pense aussi à l’affaire Toutankhamon et à ses décès en cascade - en l’espace de quelques mois, le comte est décédé et l’oligarque russe aussi… Devant l’émotion que suscite le départ annoncé des précieux manuscrits (dont une quinzaine de lettres de Michel-Ange) en Russie, l’État italien a considéré nulle la promesse de vente, sur la base de considérations notariales. Entre-temps, l’Archivio Vasari a été saisi par le fisc, auquel les héritiers Festari doivent près d’un million d’euro, et mis aux enchères judiciaires. L’Etat a fait savoir qu’il était prêt à mettre au pot (jusqu’à 2,6 millions d’euros, soit cinquante fois moins que les Russes). Dernier coup de théâtre : la vente, prévue le 9 mars, a été annulée à la dernière minute, suite à un recours en justice de la famille Festari. Le droit de préemption arrive à échéance le 21 mars. On attend avec impatience le prochain épisode de cette telenovela internationale du patrimoine…

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EXPOSITIONS


Artemisia Gentileschi, Bethsabée au bain, Columbus Museum of Art (exposé au musée de Capodimonte, Naples)

Tout sur le baroque

NAPLES - A l’heure de prendre sa retraite, Nicola Spinosa, le directeur des musées de Naples, a voulu produire une sorte de rétrospective-testament. Synthétisant un quart de siècle d’études et d’expositions, il a occupé six musées de la ville sur une thématique typiquement locale : le baroque. Les arts décoratifs y ont leur place – porcelaine de Capodimonte, orfèvrerie, céroplastie, mobilier en marqueterie de pierre dure, d’ivoire et de corail. Mais l’essentiel concerne évidemment la peinture : Caravage, Ribera et Vélasquez sont passés dans la ville, laissant chacun une trace longtemps perceptible. La mission n’a pas seulement consisté à sortir les toiles des réserves des musées. La liste des remerciements le prouve : de nombreux tableaux proviennent de collections privées, d’institutions religieuses, de banques. On a ainsi accès à des œuvres jamais ou rarement vues : portraits de Stanzione, grandes envolées religieuses de Solimena, natures mortes aux poissons de la dynastie Recco, panoramas de la baie par Didier Barra (Monsù Desiderio). Les deux catalogues (près de 800 pages au total) ne peuvent prétendre au titre de vademecum en raison de leur poids mais dressent le bilan aggiornato d’une production démesurée.
Ritorno al barocco, da Caravaggio a Vanvitelli jusqu’au 11 avril 2010 à Capodimonte et dans cinq autres musées de la ville. Catalogue Electa Napoli, 80 € les deux volumes.

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Les petites fleurs de Toutankhamon

NEW YORK – Le pharaon, cité dans notre chronique d’ouverture, mérite une seconde mention. Toute saison est bonne pour parler de Toutankhamon et les récentes révélations sur sa momie attisent évidemment l’intérêt. C’est plutôt une exposition-dossier que présente le Metropolitan mais elle a l’intérêt de montrer les à-côtés de l’histoire et les hasards de la recherche archéologique. La soixantaine de pièces présentées proviennent en effet d’une fouille de 1907, qui devait mettre Howard Carter sur la voie de la découverte majeure, une centaine de mètres plus loin. Menées par un homme d’affaires, Theodore Davis, elles mirent au jour des objets très spécifiques : du natron (carbonate de sodium), de la sciure, des draps de lin et même une couronne de fleurs admirablement préservée. La déduction de l’archéologue Herbert Winlock (plus tard directeur du musée), s’avéra fine et juste : il s’agissait des restes d’une opération d’embaumement. L’analyse botanique permit même de connaître la date de floraison et de conclure que le pharaon était mort autour de Noël…
Tutankhamun’s Funeral au Metropolitan Museum of Art, du 16 mars au 6 septembre 2010.

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Yves Saint Laurent, collection Mondrian © Alexandre Guirkinger, 1965

YSL, deux ans déjà

PARIS – Il a disparu en juin 2008 et son procès en canonisation semble aller bon train… Après la vente historique de la collection d’art qu’il avait constituée avec Pierre Bergé (par Christie’s, au Grand Palais, en février 2009), Yves Saint Laurent est lui-même muséifié (il l’avait déjà été, en 1983, au Metropolitan Museum de New York, et en 1987, à l’Ermitage). Cette rétrospective réunit un demi-siècle de création : des crayonnés, des modèles, dont les fameuses collections Mondrian (1965), 40 (1971) et Ballets russes (1976) mais aussi dix modèles de la garde-robe de Catherine Deneuve, l’une des muses du couturier, les photographies de la star nue par Jeanloup Sieff, sans oublier le logo que tout le monde connaît mais dont on a oublié la genèse : c’est Cassandre qui le dessina en 1961 et il n’a quasiment pas bougé depuis.
Yves Saint Laurent au Petit-Palais, du 11 mars au 29 août 2010

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•Le musée Fabre, à Montpellier, consacre une rétrospective au sculpteur Jean-Antoine Houdon autour des chefs-d’œuvre du musée, l’Hiver et l’Été. Du 17 mars au 27 juin 2010.

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•A Paris, le musée des Arts décoratifs consacre le nouvel accrochage de la galerie d’études (environ 400 pièces) au thème de l’Animal, motif d’inspiration pour mobilier, mode et objets du quotidien. Du 18 mars 2010 à novembre 2011.

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•A Los Angeles, le Getty Center explore Léonard de Vinci et l’art de la sculpture, mettant côte à côte dessins et œuvres achevées du maître et des artistes qui l’ont inspiré. Du 23 mars au 20 juin 2010.

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VENTES


Aristide Maillol, Nymphe aux fleurs, épreuve en bronze à patine verte, 157 cm, 1931. Estimation : 250 000 / 300 000 €. Courtesy Piasa.

Le bon goût Danone

PARIS - Il est né modeste, en Catalogne, en 1906, il est mort richissime, à Neuilly, en 2006. Entre ces deux dates admirablement écartées, il a (ré)inventé le yaourt. Daniel Carasso a été le moteur de l’empire Danone (surnom que lui donnait son père) et a utilisé une partie de sa fortune à se meubler élégamment. C’est ici le contenu de la résidence parisienne qui est proposé, dans un déploiement volontairement éclectique : on y voit quelques statues chinoises en porcelaine émaillée d’époque Qianlong, des plats de Sèvres ou de Creil, une belle amphore à figures noires. Le gros de la vente est cependant constitué de mobilier français XVIIIe et de peinture moderne. Se succèdent bergères à dossier plat, commodes en bois de rose, tables tricoteuses, guéridons en acier poli et une table de salon marquetée, par Roentgen (60 000 €). Puis des Renoir, Monet, Marquet, qui culminent avec un beau Soleil d’automne de Sisley, une Nymphe aux fleurs de 1931 de Maillol (500 000 € chacun), une Nature morte de 1939 de Léger (700 000 €). Avec, au milieu, comme pour bien montrer les surprenants écarts de prix qu’impose le marché de l’art, un petit buste de Despiau à 4 000 € et un dessin de Hélion à 5 000 €…
•Succession Daniel Carasso à Richelieu-Drouot (Piasa) le 19 mars 2010

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Erik Samakh, Lucioles et château, Chaumont sur Loire, 2008, 1/7, 50x75 cm. Courtesy galerie Michèle Chomette, Paris.

Erik Samakh : le chant de la nature

Faire bruisser le soleil, c’est un peu la mission que s’est fixée Erik Samakh. Et pas au sens allégorique, poétique, du mot, mais bien littéral : l’artiste a en effet l’habitude de grimper dans les grands sapins verts pour y fixer des « flûtes » photoélectriques qui produisent des mélodies en fonction de l’ensoleillement. On a pu en entendre l’an dernier au domaine de Chaumont-sur-Loire, lors du festival des jardins. Cela fait un quart de siècle que l’artiste court notre planète et ses habitats naturels les plus variés, pour y pêcher des sons, pionnier d’une conscience environnementale qui est devenue dernièrement l’alibi politique le plus recherché. Outre une symphonie exotique, restituée par des appareils compliqués, l’exposition fait le bilan de ces missions grâce à des photos de l’artiste en situation, dissimulé en sanglier ou écoutant les palpitations de la Côte sauvage.
•A voir : Erik Samakh, Mirages sonores, images bruissantes, 1974-2010 à la galerie Michèle Chomette (24 rue Beaubourg, 75003 Paris, tél. : 01 42 78 05 62) jusqu’au 7 mai 2010.

LIVRES

Androuet du Cerceau, architectures d’encre

En 1886, un superbe recueil de 116 dessins sur vélin entre au British Museum. C’est un don de la reine Victoria, qui le tient de ses ancêtres royaux. On n’en a alors pas pleinement conscience mais c’est l’un des sommets de la culture de la Renaissance. On s’en persuade aujourd’hui en visitant l’exposition de la Cité de l’architecture ou en feuilletant cet ouvrage qui reproduit pour la première fois dans leur intégralité les dessins à la plume, parfois rehaussés de couleur, de Jacques Androuet du Cerceau. Actif à l’époque troublée des guerres de religion, l’homme n’a pas, ou peu, construit. Mais il a couché sur papier les plus beaux châteaux de son époque avec une précision millimétrique, produisant notamment des vues à vol d’oiseau – un tour de force de l’esprit pour des hommes qui vivaient deux siècles avant les premières montgolfières. Sont ici détaillés les tours de Chambord, les murailles d’Amboise, l’escalier de Blois, les façades du Louvre. Mais aussi des noms, jadis glorieux, qui ne sont plus que des souvenirs, détruits par le temps, les guerres, la Révolution : parterres des Tuileries, logis somptueux de Folembray, Montargis, Challuau, La Muette et ce fameux château de Madrid qui se trouvait dans le bois de Boulogne et que François Ier voulut aussi fastueux que son lieu de captivité en Espagne.
Jacques Androuet du Cerceau, les dessins des plus excellents bâtiments de France, par Françoise Boudon et Claude Mignot, coédition Picard/Cité de l’architecture/Le Passage, 2010, 256 p., 49 €

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A voir : l'exposition Androuet du Cerceau à la Cité de l’architecture jusqu’au 9 mai 2010

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BRÈVES

BRUXELLES – Eurantica, salon d’art ancien, d’art moderne et d’arts décoratifs réunissant environ 150 galeries, se tient du 19 au 28 mars 2010.

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KAMPALA (Ouganda) - Les tombes des rois du Buganda, à Kasubi, inscrites au patrimoine de l'Unesco, ont été dévastées le 17 mars 2010 par un incendie. Lors des manifestations qui ont suivi, trois personnes ont été tuées par la police.

Le site sur la liste de l'Unesco

MONTRÉAL – Le 28e Festival international du film d’art (FIFA) se tient à Montréal du 18 au 28 mars 2010.

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MOSCOU – La 8e Biennale de la photographie se tient du 11 mars au 27 juin 2010 dans divers lieux de la capitale.

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NEW YORK – Le salon de la photographie AIPAD, réunissant environ 70 galeries internationales, se tient du 18 au 21 mars 2010 au Park Avenue Armory.

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PARIS – Le salon d’art moderne et contemporain Art Paris+Guests se tient du 18 au 21 mars 2010 au Grand Palais. La formule renouvelée souhaite favoriser les approches croisées et les partenariats entre galeries et architectes, designers, musiciens.

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PARIS - Le 19e Salon du dessin, qui accueille une quarantaine de galeries, se tient du 24 au 29 mars 2010 au Palais de la Bourse.

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PARIS – Les salles rénovées du musée de l’Armée, couvrant la période de Louis XIV à Napoléon III, ouvrent le 20 mars 2010.

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DE LA LETTRE À L'ÉMAIL. LÉONARD LIMOSIN INTERPRÈTE OVIDE

ÉCOUEN - Les amants des Héroïdes d'Ovide n'ont été mis en scène qu'une fois dans les arts décoratifs : dans l'extraordinaire série d'émaux de Léonard Limosin, émailleur du roi au milieu du XVIe siècle. Il sont présentés au musée de la Renaissance en compagnie de dessins et de manuscrits enluminés.

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