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N° 170 - du 8 avril 2010 au 14 avril 2010


Ewa Partum, Self-Identification, 1980, Photomontage - 40 x 50 cm, Collection de l'artiste (exposition les Promesses du passé, au centre Pompidou, Paris) Courtesy de l’artiste

L'AIR DU TEMPS

Abdullah Wade, président-sculpteur du Sénégal

Churchill peignait, Reagan faisait du cinéma, Berlusconi poussait la chansonnette. Le club des chefs d’Etat artistes s’est enrichi d’un nouveau membre en la personne du premier mandataire sénégalais. Abdullah Wade a inauguré sur une colline de Dakar, le 3 avril, une statue gigantesque, qui n’aurait pas dépareillé les parvis allemands, italiens ou soviétiques des années trente. Plus haut que la statue de la Liberté, un couple martial avec son enfant montre sa détermination face à l’avenir. Les polémiques locales se sont focalisées sur la longueur du pagne de la femme – considéré comme indécent par les autorités musulmanes – mais également sur le rôle du président Wade. Dans ce projet complexe, qui a vu le célèbre Ousmane Sow claquer la porte, le président Wade semble avoir des prétentions inattendues. En tant que concepteur, il demande à recevoir 35 % des royalties que génèrera l’exploitation du monument, prévu pour durer 1200 ans… Les partisans du « droit de suite » se sont trouvé un nouveau champion.

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EXPOSITIONS


Bálint Szombathy, Lenin in Budapest, 1972, Photo action, Série de 13 photos NB Collection de l'artiste Courtesy de l’artiste

A l’Est, du nouveau

PARIS – Jusqu’à la chute du rideau de fer, on en savait peu sur l’activité artistique dans les pays communistes. Depuis la fin des années 1980, les vannes se sont ouvertes mais l’abondance a parfois nui à notre compréhension de cette réalité immense et éclatée, de la Russie à la Pologne, des pays Baltes à la Yougoslavie. Le Centre Pompidou propose donc une exposition-bilan, qui fait le point sur 60 ans. A travers des interprètes significatifs, on observe que la dimension subversive passe infiniment plus par la photo, la vidéo, le mail art et la performance que par les disciplines traditionnelles de la sculpture et de la peinture. C’est l‘occasion de (re)découvrir des artistes que la répression et la distance ont frustré de la reconnaissance qu’ils méritaient comme Stano Filko, Ion Grigorescu ou Ewa Partum… et de mesurer leur influence sur les nouveaux talents comme Roman Ondak ou Mircea Cantor. Cinquante créateurs, de Marina Abramovic à Alexander Ugay, 160 œuvres, une installation de Tobias Putrih et une performance de Jiri Kovanda, le jour du vernissage, le 13 avril : c’est une coupe en profondeur d’une scène toujours en effervescence.
Les promesses du passé, 1950-2010, une histoire discontinue de l’art dans l’ex-Europe de l’Est au Centre Pompidou, du 14 avril au 19 juillet 2010. Catalogue publié aux éditions du Centre Pompidou, 44,90 €.

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8 - Rouleau du Temple, IIe siècle BCE - © The Israel Museum, Jerusalem

Les secrets de la mer Morte

PARIS - 1947 : on tient cette date pour l’une des plus importantes de l’archéologie du XXe siècle. Ni Troie ni Lascaux : ce que l’on mit au jour en cet instant furent sept rouleaux de cuir. Mais ils provenaient d’une grotte près de la mer Morte, à Qumrân, avaient plus de deux mille ans et étaient écrits en hébreu et en araméen. Autant dire que l’imagination s’enflamma vite, dans l’attente de révélations sur la vie de Jésus et de ses apôtres. La recherche est encore en cours – s’agissait-il d’une bibliothèque de la secte des Esséniens ? - et l’exposition de la Bibliothèque nationale de France a aussi pour ambition de faire le point sur les polémiques qui ont accompagné cette découverte et les suivantes (jusqu’en 1956, onze grottes furent mises au jour, avec un butin de dizaines de milliers de fragments). Si la plupart des pièces présentées proviennent de son propre fonds et entendent mettre en perspective cette découverte au moyen d’objets et manuscrits (qui ne sont que marginalement issus des fouilles de Qumrân), des prêts significatifs ont été consentis par les musées de Terre sainte, comme ce très important fragment du Rouleau du Temple, provenant du musée d’Israël à Jérusalem.
Qumrân, le secret des manuscrits de la mer Morte à la Bibliothèque nationale de France, du 13 avril au 11 juillet 2010. Catalogue éditions de la BnF, 29 €.

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Saint Just convertit saint Oronze, Vers 1658-1660 Huile sur toile, H. 2,30 ; L. 1,60 m Lecce, Cathédrale. © Ministero / Soprintendenza Bari

Verrio, globe-trotter baroque

TOULOUSE – A ceux qui pensent que les voyages sont un acquis moderne, on peut opposer le cas d’Antonio Verrio : ce peintre né vers 1635 à Lecce, dans les Pouilles, ou à Naples – où il aurait pu connaître l’insurrection populaire de Masaniello en 1647 – a ensuite traversé l’Europe. Citoyen du monde, entretenant plusieurs femmes en plusieurs endroits, il officiera aussi bien en Toscane qu’à Toulouse, à Paris qu’à Londres, où il réalisera des grands décors pour les châteaux royaux de Windsor et Hampton Court (et où il finira sa vie en 1707). C’est la restauration patiente – deux années de travail – d’un tableau du musée des Augustins, Saint Félix de Cantalice, qui a constitué le point de départ de cette rétrospective. Si l’on voit des esquisses de la période anglaise, c’est le séjour toulousain (vers 1665-1671) qui est évidemment mis en avant – Verrio est alors le protégé de Pierre-Paul Riquet, concepteur du canal du Midi. On dit que pour son Mariage de la Vierge, réalisé en une semaine, il aurait repris les traits de Madame Riquet…
Antonio Verrio, Chroniques d’un Italien voyageur au musée des Augustins, jusqu’au 20 juin 2010. Catalogue édité par le musée des Augustins.

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Artaujourdhui vous conseille aussi…

•Es Baluard, le musée d’art moderne de Palma de Majorque présente la collection Ella Fontanals-Cisneros d’art abstrait latinoaméricain : de Cruz-Diez et Héctor Ragni jusqu’à Lygia Pape et Soto, le tour du courant est fait en 130 œuvres de 66 artistes. Jusqu’au 20 juin 2010.

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•Dans Paris vaut bien une messe, le musée national du château de Pau présente un ensemble de toiles en grisaille peu connues. Elles furent réalisées à la demande des Médicis de Florence (Henri IV était l’époux de Marie de Médicis) pour commémorer, quatre mois après sa mort, le souvenir du roi assassiné par Ravaillac. Jusqu’au 30 juin 2010.

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•A l’IVAM de Valence, Pinazo y la acuarela montre la vaste production d’aquarelles de l’artiste Ignacio Pinazo (1849-1916), dans un pays, l’Espagne, qui a toujours privilégié la peinture à l’huile : portraits, académies, études de fleurs, etc. Jusqu’au 23 mai 2010.

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VENTES


Lot 126 : Vitrail en émaux relief et polychrome sur verre cathédral à décor de branchages et fleurs roses. 56x 32 cm environ. Provenance : Friar Park, maison de George Harrison. Estimation : 300-400 €. Courtesy Rieunier & Associés, Paris.

Cinq siècles de vitraux

PARIS - Combien coûte un vitrail médiéval ou Renaissance ? Hors de prix si l’on pense aux chefs-d’œuvre de Chartres ou de Reims, qui ne sont guère fréquents sur le marché. Beaucoup moins pour des créations de qualité inférieure, qui étaient produites en relativement grand nombre à l’époque et plus tard. La vente spécialisée organisée par la maison Rieunier le prouve en alignant, par exemple, de petits fragments de grisailles du XVIIe siècle, estimés à partir de 50 €. Même des pièces plus anciennes peuvent se négocier à des prix très acceptables – à moins de 1000 €, surtout s’ils ont subi des restaurations postérieures. En revanche, si l’objet est impeccablement conservé et de belle facture, la facture monte vite : un vitrail en grisaille et jaune d’argent de l’école de Norwich représentant sainte Catherine (vers 1450) devrait dépasser les 20 000 €. Les valeurs tombent largement au XIXe siècle et à l’époque contemporaine sauf pour quelques réalisations raffinées de l’Art nouveau. Curiosité à noter : une série de vitraux de la fin du XIXe siècle provenant de Friar Park, demeure néo-gothique de l’homme de loi Frank Crisp (1843-1919) puis de George Harrison, guitariste des Beatles.
Vitraux à Richelieu-Drouot le 12 avril 2010 (SVV Rieunier)

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Gendron Jensen, Sans titre (Tribunal II, détail), 1988 Graphite sur papier, suite de sept dessins, 84 x 48 inches chacun (numérotés I-VII). Courtesy Knoedler Project Space

Gendron Jensen : poésie de l’os

Quand le verra-t-on chez nous ? Peut-être jamais. Gendron Jensen fait partie de ces artistes qui font de leur pratique une sorte de mystique et qui ne font pas la tournée des vernissages. Dans sa retraite du Nouveau-Mexique, près de Taos, où il vit en compagnie d’une autre artiste inclassable, Christine Taylor Patten, il se lève tous les matins à 3 heures du matin, et médite. Puis il dessine. Que dessine-t-il ? Depuis plus de quarante ans, une seule chose : des os de grands mammifères. Avec une seule technique : la mine de graphite. Elans, coyotes, loups et baleines bleues se décomposent sous son crayon puis se recomposent en assemblages gigantesques, de plus de deux mètres de haut, où omoplates, bassins et fémurs dessinent des symétries jamais vues dans la réalité. Jensen a été moine bénédictin. On pense qu’il a retiré de cette expérience une patience à toute épreuve. En réalité, la discipline de l’ordre a dû lui sembler trop molle, à lui qui subordonne toute son existence au crayon. « J’ai dû faire 1500 dessins sérieux dans ma vie » nous disait-il en 2007. Soit à peine plus d’une trentaine par an : un sacerdoce.
•Gendron Jensen est exposé à New York, chez Knoedler Project Space, du 1e avril au 28 mai 2010.

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LIVRES

Construire dans le Var

Le Corbusier, bien sûr, au Pradet, et Mallet-Stevens avec la villa Noailles à Hyères. Mais aussi l’hôtel Latitude 43, dessiné par Pingusson à Saint-Tropez. L’ouvrage, consacré aux créations architecturales marquantes du XXe siècle dans le département du Var, ne fait pas l’impasse sur les classiques. Il décrit leur genèse et leur attente (parfois longue) avant de s’inscrire dans le champ patrimonial : ainsi, Port-Grimaud, commencé sur un mode artisanal par François Spoerry, a longtemps été snobé malgré son rapide succès public. Mais l’intérêt principal du livre est peut-être de faire redécouvrir des ensembles un peu oubliés comme les villas d’Octave van Rysselberghe au Lavandou ou de René Darde à Sainte-Maxime. Sans oublier ces projets invraisemblables comme la mosquée de Missiri, à Fréjus, commandée aux tirailleurs sénégalais pour les sortir de leur inactivité forcée, ou ce puits aérien d’Achille Knapen à Trans-en-Provence, qui n’a jamais atteint son objectif : produire de l’eau à partir de la condensation atmosphérique…
L’architecture du XXe siècle dans le Var, sous la direction de Jean-Lucien Bonillo, éditions Imbernon, 2010, 212 p., 30 €

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BRÈVES

MADRID – Les Rencontres internationales Paris-Berlin-Madrid, consacrées au cinéma et à l’art contemporains, se tiennent en divers lieux (Reina Sofía, Tabacalera, etc) du 12 au 21 avril 2010.

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NEW YORK – Les galeries Pace (art moderne et contemporain) et Wildenstein (maîtres anciens et art moderne), qui s’étaient rapprochées en 1993 pour créer PaceWildenstein, vont reprendre chacune leur autonomie.

L'article sur le New York Times

NEW YORK – Parmi les grandes ventes de photographies de la semaine, Sotheby’s propose, le 13 avril, un panorama de la photographie américaine avec, notamment, Nautilus Shell d’Edward Weston, estimé 300 000 $ (acquis pour 10 $ en 1927). De son côté, Christie’s propose trois ventes les 14 et 15 avril, dont la collection de Patricia McCabe, riche en Irving Penn.

Le site de Sotheby's

PARIS – Le pavillon des Sessions du Louvre, qui préfigura la collection du musée du quai Branly, fête ses 10 ans, avec une exposition rétrospective, du 14 avril au 26 juillet 2010.

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ROME – Une partie du plafond de la Domus Aurea, le palais de Néron, s’est effondrée le 30 mars, sans faire de victimes.

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SUR ARTAUJOURDHUI.INFO

Cette semaine, ne manquez pas

PAKISTAN TERRE DE RENCONTRES - LES ARTS DU GANDHARA

PARIS – Le musée Guimet présente 200 œuvres exceptionnelles du Gandhara, ancien royaume d'influence hellénistique, qui recouvrait les provinces du Nord-Ouest de l’actuel Pakistan. Cette civilisation trouva son essor entre le Ier et le IIIe siècle de notre ère, au temps des successeurs d’Alexandre le Grand.

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