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N° 172 - du 22 avril 2010 au 28 avril 2010


Bernard Pras, Tom Murphy, vidéo d'une anamorphose particulière. Bernard Pras est exposé à la galerie Mazel, à Bruxelles, du 24 avril au 15 mai 2010.

L'AIR DU TEMPS

Grace, du style sinon rien

LONDRES - Actrice anonyme de théâtre, star de Hollywood, princesse du Vieux Continent. Malgré ces transformations dignes d’un caméléon, Grace Kelly a su incarner un style homogène au cours de sa vie sous les sunlights et sa mort tragique, dans un accident de voiture en 1982, lui a assuré une place au panthéon populaire du XXe siècle. C’est la thèse du Victoria & Albert Museum qui décrypte ce style, présenté comme un croisement original entre celui de la vamp et celui de la fille d’à côté. Capable de porter aussi bien un pantalon casual que les créations de la haute couture parisienne, Grace Kelly a inspiré Madonna, Kate Winslet ou la styliste Vera Wang. L’exposition met en avant sa garde-robe à travers les décennies, en incluant notamment sa fameuse tenue de mariage. Voilà un glissement progressif, des monographies de couturiers comme Madeleine Vionnet ou Yves Saint Laurent vers l’exaltation de simples émissaires de la mode. Pour tenter de nous prouver que l’art, ce peut être simplement le style. A vérifier…
Grace Kelly: Style Icon au Victoria & Albert Museum du 17 avril au 26 septembre 2010

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EXPOSITIONS


Ernst Ludwig Kirchner (1880-1938), Artiste; Marcella, 1910, huile sur toile, 101 x 76 cm, Brücke Museum, Berlin, courtesy Städel Museum, Francfort

Kirchner double face

FRANCFORT – Le 15 juin 1938, à la veille de l’été, il détruit une partie importante de son œuvre et se tire deux balles dans le cœur. Basé à Davos, en Suisse, depuis une vingtaine d’années, encore ébranlé par les images de la Première Guerre mondiale, Ludwig Kirchner préfère finir ainsi son existence plutôt que voir tomber, lui et son œuvre, dans les mains des nazis qui s’apprêtaient à occuper l’Autriche toute proche. Le Städel Museum montre cette dernière période du peintre impressionniste, marquée par les grands paysages alpins. Mais, en tant que premier musée à l’avoir collectionné, il fait aussi la part belle à ses années expressionnistes dans le groupe Brücke, sur les traces de Matisse et Munch. Cette très riche rétrospective – environ 180 numéros entre toiles, dessins et gravures – présente quelques pièces jamais vues. Elle tâche aussi de laisser entrevoir l’une de ses particularités : par souci d’économie, Kirchner peignait souvent sur les deux côtés de la toile. Une moitié de son œuvre nous est donc systématiquement niée. Pour une fois, on a privilégié l’envers, comme dans le cas de Femme allongée en chemise blanche, qui prend enfin le dessus sur ce Nu à la fenêtre
•Kirchner au Städel Museum, du 23 avril au 25 juillet 2010

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Titien, Etude de jeune femme, vers 1510, craie noire et blanche sur papier bleu. © Gabinetto Disegni e Stampe degli Uffizi.

Le XVe siècle en 100 dessins

LONDRES – On accorde rarement au dessin l’importance qu’il mérite : peu nombreuses sont les expositions qui mettent en avant cette discipline, qui fut pourtant la mère des arts au début de la Renaissance. Celle-ci s’y emploie avec des chefs-d’œuvre « absolus » comme cette Vue de l’Arno à la plume, qui est à la fois le premier dessin de paysage de l’art européen et la plus ancienne œuvre connue de Léonard de Vinci (1473). Il faut dire que les forces réunies sont colossales : les fonds du British Museum et du Cabinet graphique des Offices, dont cette sélection en cent dessins, comprenant Lorenzo Monaco, Michel-Ange ou Boltraffio donne à voir l’évolution du genre de 1400 à 1510, entre le goût de la ligne propre aux Florentins et l’appétit de couleurs de Vénitiens.
De Fra Angelico à Michel-Ange, dessins de la Renaissance italienne au British Museum, du 22 avril au 25 juillet 2010.

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Paolo Domenico Finoglio, Renaud et Armide dans le jardin enchanté © Pinacoteca Finoglio, Conversano

Le baroque comme au cinéma

LILLE – L’art baroque est éminemment théâtral, on le sait depuis longtemps. Au palais des Beaux-Arts, on a décidé de jouer le jeu jusqu’au bout, en prenant pour « cobaye » un cycle pictural peu connu, consacré par Paolo Finoglio (1590-1645) au poème épique la Jérusalem délivrée du Tasse. C’est un créateur contemporain, Alain Fleisher, cinéaste, directeur du Fresnoy-Studio national des arts contemporains, et récemment responsable de la mise en scène d’une exposition sur la lecture à la BNF, qui a été chargé de la démonstration. Les dix toiles conçues pour le château de Conversano, dans les Pouilles, ont été mises en scène comme autant de séquences cinématographiques, en se fondant sur des effets de lumière et de contrechamp. Une approche originale pour rendre appétissant un art autrefois conçu comme une sorte de BD mais dont nous avons perdu depuis longtemps les outils de déchiffrement.
Finoglio, un maître du baroque napolitain, mis en scène par Alain Fleisher au palais des Beaux Arts, du 23 avril au 12 juillet 2010.

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Artaujourdhui vous conseille aussi…

• La Sainte-Chapelle du château de Vincennes réunit une belle sélection, essentiellement bretonne, de ces anges musiciens qui ont meublé les églises d’Occident, du Moyen Age au XIXe siècle. Du 15 avril au 5 septembre 2010.

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• A la Sucrière de Lyon, Cités végétales, conçu par l’architecte belge Luc Schuiten, montre un monde possible, où le tissu urbain imite celui des plantes. Du 27 avril au 27 juin 2010.

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• Le MoMA de New York, qui fut le premier musée à honorer Henri Cartier-Bresson (en 1947), lui consacre une nouvelle rétrospective d’envergure, avec près de 300 photos. Jusqu’au 21 juin 2010.

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VENTES

Un musée à visage humain

AMSTERDAM – « Rien de ce qui est humain ne m’est étranger » : cela aurait pu être la devise de Beep Elias-Vaes (1908-2002). Cette femme de la haute bourgeoisie hollandaise, mariée au descendant du célèbre amiral de Ruyter, occupa ses loisirs, après le décès de son mari en 1963, à une obsession : collectionner. Prise d’une boulimie humaniste – on est ici sur les terres d’Erasme – elle s’intéressa à toutes les cultures, accumulant des milliers d’objets, des pharaons jusqu’aux avant-gardes du XXe siècle, à côté d’armes, de céramiques, de livres, d’ivoires. Conservé dans vingt salles d’un petit musée à Rotterdam, ce fonds hors du commun n’avait plus les moyens de sa survie. Après avoir donné certaines œuvres à des musées, les exécuteurs testamentaires ont choisi de disperser le reste aux enchères : 4000 objets résumant 3000 ans d’histoire, avec des prix débutant à quelques centaines d’euros.
Twenty Rooms, the private collection of the late Mrs Elias-Vaes chez Christie’s Amsterdam, du 27 au 29 avril 2010.

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L’ARTISTE DE LA SEMAINE


Bernard Pras, Oncle Sam, courtesy Mazel galerie, Bruxelles

Bernard Pras, fils putatif d’Arcimboldo

Il est sans nul doute l’héritier d’Arcimboldo. D’ailleurs, en annexe de l’exposition que le musée du Luxembourg avait consacrée en 2007 au peintre italien de la Renaissance, on avait placé une œuvre de Bernard Pras. Fils d’un coureur cycliste, qui fit quelques étincelles sur les routes du tour de France, l’artiste a cependanrt actualisé l’approche de son prédécesseur. Les éléments avec lesquels il construit ses trompe-l’œil sont moins des courges et des aubergines que des bouts de plastique, des tournevis, des capsules de bouteille, et même – offense suprême pour les sectateurs de l’Ancien Régime – des rouleaux de papier hygiénique. Ceux-ci composent une perruque parfaitement plausible au Roi-Soleil. Ses anamorphoses (voir la vidéo ci-dessus) sont de véritables tours de force à partir d’objets de récupération. Trop inclassable, trop farfelue aux yeux de l’art « officiel », l’œuvre de Bernard Pras, qui demande à être vue « en vrai », ne bénéficie pourtant pas d’une véritable visibilité… •Bernard Pras est exposé du 24 avril au 15 mai 2010 à la galerie Mazel, à Bruxelles (22 rue Capitaine Crespel).

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LIVRES

Des architectes chez eux

« Dis-moi où tu vis, je te dirai qui tu es ». Chez une profession très particulière, celle des architectes, l’adage n’est pas forcément valable. Comme le montre cet ouvrage, qui nous introduit dans le quotidien de Günther Domenig, de Richard Rogers ou de Norman Foster, les architectes hésitent entre deux stratégies opposées : vivre dans une maison qui dit tout d’eux – ou qui ne dit rien… On sait que la construction de sa maison californienne a été pour Frank Gehry le laboratoire qui devait mener au Guggenheim Bilbao. Au contraire d’Oswald Mathias Ungers, qui se sent contraint de faire de sa maison un manifeste utopiste, Massimiliano Fuksas est tout à fait heureux que la sienne ne révèle rien. Tirées d’anciens silos industriels, (Bofill), de granges (Portoghesi), en porte-à-faux sur la mer (Shoei Yoh) ou dans un immeuble collectif (Chemetov), ces demeures ont toujours une qualité : elles ne laissent jamais indifférent. On regrettera que la réédition de cet ouvrage de 1999, au texte enlevé, ne porte nulle part trace d’actualisation et qu’il n’explicite pas non plus ce choix (qui peut se défendre) de laisser les choses figées dans le temps… •Maisons privées d’architectes, par Jean-Louis André et Eric Morin, Chêne, 2010, 192 p., 25 €.

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BRÈVES

BARCELONE – Le festival Arts Libris, consacré au livre d’art et de design, se tient à l’espace Arts Santa Monica, sur la Rambla, du 22 au 25 avril 2010.

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BRUXELLES – Le 28e salon d’art moderne et contemporain Art Brussels se tient du 23 au 28 avril 2010 à Brussels Expo avec environ 110 galeries.

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BRUXELLES - La villa Empain, dessinée en 1931 par l'architecte Michel Polak pour le baron Empain, rouvre au public le 23 avril 2010 après une campagne de restauration menée par son nouveau propriétaire, le joaillier Jean Boghossian.

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GENÈVE – La première édition du salon d’art contemporain ArtbyGenève se tient au Palexpo du 28 avril au 2 mai 2010, en même temps que le salon du livre et de la presse.

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LILLE – La foire d’art contemporain Lille Art Fair réunit environ 60 galeries du 22 au 25 avril à Lille Grand Palais.

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TOULOUSE – La maison de ventes Chassaing-Maranbat a adjugé le 17 avril 2010 un cachet en jade de l’empereur Qianlong (1736-1795) à 3,386 millions €, record français aux enchères pour le début de l’année 2010.

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ONE SHOT ! FOOTBALL ET ART CONTEMPORAIN

CHARLEROI - Le B.P.S.22, espace de création contemporaine de la Province de Hainaut consacre une exposition à l’art contemporain et au football. Ce projet aborde les nombreuses facettes de ce sport populaire en lien avec de multiples enjeux de notre monde.

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DÉSIRS D'ÉTERNITÉ - RITUELS POUR L'AU-DELÀ

SAINT-ROMAIN-EN-GAL - À partir des riches collections du futur musée des Confluences de Lyon, le rapport de l'homme à la mort est explicité au musée gallo-romain, de l'Egypte pharaonique aux aborigènes d'Australie.

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