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N° 192 - du 4 novembre 2010 au 10 novembre 2010


Une vue du Matadero de Madrid avec l'exposition de Carlos Garaicoa.

L'AIR DU TEMPS

Bienvenue à l’abattoir

Que de chemin parcouru dans le concept et la conception des musées en quelques années ! Les palais aux escaliers de marbre (le Prado ou les Offices), les intimistes ateliers (de Montparnasse ou de Chelsea) ont vu apparaître une nouvelle catégorie de lieux : les espaces industriels reconvertis. La faute aux mutations du système productif: que faire de ces usines, entrepôts, silos, que la tertiarisation de la société rend inutiles ? A Rome, il y a dix ans, les musées du Capitole s’étaient installés pendant leur rénovation dans une station électrique et les visiteurs en gardent un souvenir ému. La Tate Modern a définitivement anobli ce type de transformation. Depuis quelque temps, ce sont les abattoirs qui ont le vent en poupe. On sait le succès de la reconversion opérée à Toulouse (les Abattoirs), en cours à Rome (il Mattatoio) ou à New York (dans le Meatpacking District). Mais le cas d’école le plus impressionnant est celui de Madrid : le Matadero y occupait un espace gigantesque – 148 000 m2 d’acier et de brique. Il est aujourd’hui au cœur d’une revitalisation ambitieuse de quartiers entiers, incluant la création de plages artificielles le long du Manzanares, une bibliothèque démesurée, une cinémathèque, des résidences d’artistes, etc. Un véritable laboratoire d’architecture et de création contemporaine, qui touche du doigt une utopie, celle du phalanstère artistique…

Le site du Matadero Madrid

EXPOSITIONS


Thomas Lawrence, George Hamilton-Gordon, 4th Earl of Aberdeen, 1829. Private Collection. Courtesy National Portrait Gallery, Londres.

Lawrence, prince des portraitistes

LONDRES – Sa gloire a été définitivement établie lorsque le Régent lui demanda, après Waterloo, de figer pour la postérité les vainqueurs de Napoléon. Mais Thomas Lawrence était déjà la coqueluche des milieux londoniens où il avait succédé à Joshua Reynolds comme portraitiste d’exception. L’exposition de la National Portrait Gallery, la première depuis 30 ans à présenter un choix aussi large d’œuvres, montre sa dextérité de jeunesse dans le domaine du pastel puis ses morceaux d’apparat et de maturité en peinture à l’huile. La réunion d’œuvres provenant de musées et de collections privées permet des juxtapositions heureuses comme cette paire montrant Isabella Wolff, l'un de ses modèles préférés (le dessin provenant de l'Ashmolean Museum d'Oxford, l'huile de l'Art Institute de Chicago).
Thomas Lawrence, Regency Power and Brilliance à la National Portrait Gallery, du 21 octobre 2010 au 23 janvier 2011. L’exposition sera présentée au Yale Center for British Art (Etats-Unis) du 24 février au 5 juin 2011.

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Versailles, puits de science

VERSAILLES - Ses courtisans, ses jardins, ses jeux d’eau, ses feux d’artifice… Mais aussi ses astronomes, ses géographes, ses chirurgiens ! C’est ce que veut montrer la nouvelle exposition présentée au Château : le domaine royal de Versailles n’a pas été seulement un lieu de plaisir mais aussi un centre intellectuel remarquable. On y disséqua un éléphant en 1681, on y fit des expériences d’électricité dès 1746 et, en 1783, on y réalisa le premier vol habité - sous l’autorité des frères Montgolfier, un canard, un coq et un mouton furent les pionniers de l’aviation… Du tympanon de Marie-Antoinette aux mérinos de la Bergerie, des globes terrestres aux baromètres, jusqu’à la tête en cire d’un Indien d’Amérique, les objets présentés font le tour d’une passion permanente pour la science et ses exploits.
Sciences et curiosités à la cour de Versailles au Château de Versailles, du 26 octobre 2010 au 27 février 2011.

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Tom Wesselmann, Landscape #4, 1965, acrylique et collage sur fibre de verre, 129 x 159 cm. Ludwig Museum - Museum of Contemporary Art, Budapest (prêt à long terme du Peter und Irene Ludwig Stiftung, Aix-la-Chapelle). Photo József Rosta © VBK Wien, 2010

La peinture, mieux que la photo

VIENNE – A ses débuts, la photographie a cherché à imiter la réalité. Face à ce nouveau medium, pendant plus d’un siècle, la peinture a, de son côté, abdiqué similaire ambition. Elle l’a retrouvée, de façon éclatante dans les années 1970 avec le mouvement du photoréalisme, qui effectua une percée lors de la Documenta 1972. Inspirés du Pop Art pour l’attention portée aux objets et aux scènes de la vie quotidienne, ses représentants ont voulu aller aussi loin que la photographie dans l’attention portée aux détails. Le socle des 250 œuvres présentées est la collection Peter et Irene Ludwig, l’une des plus riches en la matière, provenant des cinq musées Ludwig de Cologne, Aix-la-Chapelle, Coblence, Vienne et Budapest. De Duane Hanson à Alain Jacquet, de Jean Olivier Hucleux à Chuck Close, elle témoigne d’un rebond inattendu de la peinture.
Hyper Real au Mumok, du 22 octobre 2010 au 13 février 2011.

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• A Bruxelles, Bozar présente les Jack Freak Pictures : 153 œuvres signées du duo Gilbert & George. Du 29 octobre 2010 au 23 janvier 2011.

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Chardin, maître de l’intimité du XVIIIe siècle, est présenté au palais des Diamants à Ferrare. Jusqu’au 13 janvier 2011.

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• A Madrid, le musée du Prado et le Palacio Real se sont alliés pour présenter, dans Pintura de los reinos, la peinture du Pérou et de la Bolivie d’époque coloniale. Jusqu’au 30 janvier 2011.

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VENTES

Orient d’hier et d’aujourd’hui

PARIS - L’art orientaliste est un secteur qui a sans doute moins ressenti la crise que d’autres spécialités. Les millionnaires du Golfe restent avides d’acquisitions et les nouveaux riches de Turquie ou du Liban se joignent au mouvement, qui ne favorise plus seulement les toiles les plus colorées, décoratives ou pittoresques. Dans sa vente du 9 novembre, Christie’s s’emploie à élargir le spectre : outre les valeurs affirmées (Majorelle, Preziosi, Dinet, Théodore Frère, Edy Legrand, les paysages et scènes de genre d’Algérie et du Maroc), la maison de ventes tisse un lien avec les générations suivantes. Une place significative est ainsi laissée aux artistes d’aujourd’hui, d’Iran (Pooya Aryanpour), de Syrie (Fateh Moudarres) ou d’Egypte (Adam Henein, Youssef Nabil).
Art orientaliste chez Christie’s Paris le 9 novembre 2010.

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE

Carlos Garaicoa : du commerce à Cuba…

MADRID - Dans un ancien entrepôt frigorifique, on foule des tapis élaborés. Ils reproduisent, avec un tissage impeccable, les seuils des boutiques de La Havane, qui préfèrent traditionnellement marquer leur raison sociale au sol plutôt que sur leur devanture. A y regarder de plus près, les noms, les slogans, les typographies, de la General, de Reina ou de Fin de Siglo sont subtilement adultérés. Carlos Garaicoa, artiste travaillant entre Cuba et Madrid, est coutumier de ces légers glissements de sens, de ces seconds degrés, qui lui autorisent une critique politique « douce », que chacun peut interpréter à sa manière – contre le régime cubain, contre le capitalisme, contre la surconsommation…
Fin de silencio de Carlos Garaicoa est présenté jusqu’au 7 novembre 2010 au Matadero de Madrid (Paseo de la Chopera, 14).

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LIVRES

Etre artiste au XXIe siècle

Comment les artistes créent-ils ? Comment produisent-ils leurs œuvres monumentales ? Comment se vendent-ils ? Cet ouvrage, qui se donne pour sous-titre « Idées reçues sur les artistes », entend dégommer certains préjugés et clichés. Construit à partir de nombreux entretiens, il montre que la bohème de l’atelier et du café a souvent disparu au profit d’un simple ordinateur portable et que l’intermédiaire obligé qu’était le galeriste est souvent court-circuité par des stratégies personnelles qui emploient avec virtuosité les outils du marketing. L’exemple classique de Warhol est actualisé avec des cas plus récents comme celui de Wim Delvoye. La toute-puissance des foires commerciales, la paupérisation des artistes (30 % sont au RMI), les nouveaux chemins de la provocation (du Piss Christ d’Andres Serrano à l’écureuil suicidaire de Maurizio Cattelan), le droit d’auteur, la place des femmes : autant de questions abordées, souvent à partir d’exemples concrets.
Salut l’artiste par Isabelle de Maison Rouge, Le Cavalier bleu, 2010, 18 €.

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BRÈVES

ABU DHABI – Abu Dhabi Art, foire d’art contemporain, se tient du 4 au 7 novembre 2011.

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BÂLE – Le salon d’antiquaires BAAF (Basel Ancient Art Fair) se tient du 5 au 10 novembre 2010.

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NEW YORK - Un grand Nu de Modigliani's a atteint le prix record de 69,5 millions $ le 3 novembre 2010 chez Sotheby's.

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PARIS – Le Salon du patrimoine culturel se tient au Carrousel du Louvre du 4 au 7 novembre 2010 avec le patrimoine méditerranéen pour thème principal.

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SHANGHAI – L’exposition universelle, qui a fermé ses portes le 30 octobre 2010, a reçu 73 millions de visiteurs.

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TURIN – Le salon d’art moderne et contemporain Artissima se tient du 5 au 7 novembre 2010 au Lingotto.

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NUS ACADÉMIQUES

BORDEAUX - La Galerie des Beaux-Arts présente un florilège des dessins de l’Académie royale de Peinture et de Sculpture. De Mignard à Gros (1664-1790), ses représentants ont privilégié l'étude du dessin d'après l'antique et le modèle vivant.

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SALON D'AUTOMNE 2010

PARIS - Héritier d'une longue tradition commencée en 1903, le Salon d'automne se tient du 10 au 16 novembre à l'Espace Champerret. Plus de 15 000 visiteurs sont attendus à cette manifestation qui met en avant la liberté des expressions, dans une optique toujours plus internationale.

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BRUGES CENTRAL

BRUGES - Manifestation quinquennale, Bruges Central est un grand festival urbain. Deux des moments forts de cet événement sont le parcours d’art contemporain Luc Tuymans : Point de vue sur l’Europe Centrale et l’exposition Van Eyck à Dürer.

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