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N° 194 - du 18 novembre 2010 au 24 novembre 2010


Cédric Delsaux, Tchernobyl 5, salle d'attente, Prypiat, Ukraine, 2007. Courtesy Bonni Benrubi Gallery, NY (Paris Photo 2010).

L'AIR DU TEMPS

A l’Est du nouveau

PARIS - Le salon Paris Photo consacre son édition 2010 – la 14e – à la photographie d’Europe centrale. Sur la centaine de galeries et d’éditeurs invités, une quinzaine en proviennent. On a vu récemment une belle exposition collective sur ce thème au Centre Pompidou, des rétrospectives Kertész (au Jeu de paume) et Moholy-Nagy (à Madrid puis au Martin Gropius Bau de Berlin, voir ci-dessous), il n’en fallait guère plus pour faire naître une mode. Les ancêtres sont célébrissimes – ceux que l’on vient de citer ainsi que Sudek, Drtikol ou Brassaï – mais l’on connaît moins la jeune génération. Qui sont les héritiers de ces passionnés de manipulations et que font-ils à leur tour ? Leur intérêt semble davantage résider dans le documentaire : le passage à l’économie de marché, les ravages causés à l’environnement, la chute des utopies et la recherche d’un bien-être bourgeois… Ce ne sont au fond que les inquiétudes de sociétés post-communistes, et pas pour autant convaincues par le rêve capitaliste. Le succès récent de la photo tient peut-être à cette capacité que ne partagent pas tous les arts : être un vrai miroir de notre temps…
Paris Photo se tient au Carrousel du Louvre du 18 au 21 novembre 2010.

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EXPOSITIONS

Moholy-Nagy, retour à Berlin

BERLIN – Hongrois blessé dans l’artillerie austro-hongroise lors de la Première Guerre mondiale, Laszlo Moholy-Nagy tourne le dos à ses études de droit : en 1920, à l’âge de 25 ans, il prend la direction de Berlin, où il va se mêler aux avant-gardes artistiques. Dès 1923, il est l’un des maîtres à penser du Bauhaus, où il enseigne la photographie expérimentale. L’exposition, déjà montrée au Círculo de Bellas Artes de Madrid, présente, dans son choix de 200 œuvres, une bonne proportion de photogrammes et photomontages. Mais pas seulement : l’artiste a été actif dans d’autres domaines. On lui doit un film sur le célèbre CIAM (Congrès international d’architecture moderne) tenu sur un bateau dans la mer Egée en 1933, des couvertures de livres, des objets, des peintures, des sculptures, des livres d’esthétique, des scénographies… Une production qui aurait pu s’accroître si l’artiste n’avait pas disparu précocement en 1946, l’année de sa naturalisation américaine.
Laszlo Moholy-Nagy, the Art of Light au Martin-Gropius-Bau, jusqu’au 16 janvier 2011.

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Joaquín Sorolla y Bastida, La alberca, Alcázar de Sevilla, 1910, huile sur toile, 82,5 x 105,5 cm, Museo Sorolla, Madrid.

L’impressionnisme au jardin

MADRID – Impressionnisme rime avec nature : les champs, la mer, les forêts et les rivières ont inspiré Renoir et consorts. Avec le vieillissement des interprètes, l’environnement sauvage cède la place à une version plus domestiquée et le thème du jardin acquiert une importance fondamentale. Que l’on pense à Monet remettant sans cesse sur le métier ses bassins aux nymphéas et son pont japonais de Giverny… Entendu comme un paradis familial (chez Berthe Morisot) ou, au contraire, comme une jungle en miniature, le jardin est idéal pour tester la capacité du peintre à retranscrire la lumière et la couleur. L’éventail d’œuvres réunies montre le rôle qu’il a aussi joué dans l’expression des avant-gardes qui allaient suivre, expressionniste ou même abstraite. A côté des classiques Pissarro ou Sargent, il est intéressant de voir la branche espagnole (avec Sorolla en tête de file) ou les expérimentations américaines de Childe Hassam. Conclure avec Malevitch ou Max Ernst est comme un manifeste : le jardin n’est jamais ringard !
Jardines impresionistas au musée Thyssen-Bornemisza et à la fondation Caja Madrid, du 16 novembre 2010 au 13 février 2011.

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Hubert Robert, Les Cascatelles de Tivoli, 1768, huile sur toile, 76 x 94 cm © Musée des Beaux-arts de Pau. Photo Jean-Christophe Poumeyrol

Tivoli, berceau du paysage moderne

PARIS – Pour les artistes des XVIIe et XVIIIe siècles qui descendirent en bataillons serrés vers l’Italie, quelques sites avaient une importance primordiale, comme le golfe de Naples ou le lac de Nemi. Parmi ces incontournables à dessiner, peindre ou graver, Tivoli, avec sa cascade et son temple de la Sibylle, ancré dans un paysage sauvage, figurait en place de choix. L’exposition montre la fortune de ce motif interprété par les plus grands, de Boucher à Hubert Robert, de Piranèse jusqu’à Granet. Entre pittoresque et sublime, Tivoli est présenté en une cinquantaine de variations, jusqu’à ce gros plan du temple, par Léon Cogniet, vers 1820. On était alors en phase terminale de la « Tivoli-mania » : il convenait de faire assaut d’originalité devant un thème traité jusqu’à la nausée… La pièce la plus curieuse de l’exposition est une maquette en liège, qui permettait aux amateurs de continuer leur étude même loin de leur source d’inspiration.
Tivoli, variations sur un paysage au XVIIIe siècle au musée Cognacq-Jay, du 18 novembre 2010 au 20 février 2011. Catalogue Paris Musées.

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• A Genève, le musée Rath fête son centenaire en consacrant une exposition aux toiles réalisées par Corot en Suisse, le pays où il séjourna le plus souvent. Jusqu’au 9 janvier 2011.

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• A Londres, la Royal Academy of Arts détaille le parcours des Glasgow Boys (1880-1900, qui révolutionnèrent la peinture de paysage en Grande-Bretagne, dans la foulée du symbolisme et du naturalisme continentaux. Jusqu’au 23 janvier 2011.

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• A Toulon, l’Hôtel des Arts détaille la trajectoire de Florence Henri, pianiste dans le Berlin des années vingt avant de devenir l’une des grandes photographes du siècle. Jusqu’au 9 janvier 2011.

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VENTES

Saveurs mexicaines

PARIS – Dans la stratégie d’implantation parisienne de Sotheby’s, la photographie a joué un rôle non négligeable. Plusieurs records du monde (le Cheval de Niépce (450 000 € lors de la vente de la collection James en 2002 et Femme, un nu d’Atget parti à 445 000 € en 2009, étant les plus notables) y ont été établis. En ira-t-il de même pour la vente proposée en concomitance avec le salon Paris Photo ? La vacation comprend de beaux tirages de Le Gray, Irving Penn ou Richard Avedon mais se caractérise surtout par des ensembles des années 1910-1930 : Heinz Hajek-Halke, Heinrich Kühn, Edward Weston et son amante Tina Modotti. La série concernant le couple est le clou de la vente avec 28 photographies (dont 4 beaux nus) et 2 lettres, et provient directement de la collection d’Anita Brenner, qui fut une amie des artistes à Mexico dans l’entre-deux-guerres.
Photographies chez Sotheby’s le 19 novembre 2010.

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE

Michel Huelin : au péril de la nature

PARIS - La pollution, la disparition de la forêt primaire, les OGM : jamais sans doute notre environnement naturel n’a-t-il suscité autant d’interrogations. Ces inquiétudes se reflètent dans la création artistique : de Michel Blazy à Erik Samakh, les mutations du vivant nourrissent un courant fort. Michel Huelin (né en en 1962 à Genève, où il travaille) a produit des images troublantes où les végétaux réels s’entrelacent avec des plantes virtuelles, des tubes phosphorescents, des rubans de scoubidou aux couleurs électriques. Le plus étonnant réside dans notre incapacité à distinguer au premier abord le vrai du faux… Après avoir exploité à fond les ressources de l’image numérique, l’artiste continue d’explorer les mêmes obsessions en revenant à une technique plus traditionnelle – la peinture.
• Michel Huelin est exposé à la galerie Zürcher (56 rue Chapon, 75003) jusqu’au 23 décembre 2010.

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LIVRES

Art enragé

L’art, ce n’est pas que pour faire joli, c’est aussi un instrument de résistance ou de contestation sociale ou politique. Le fait n’est pas nouveau : du réalisme dérangeant de Courbet au Guernica de Picasso, jusqu’aux performances contre la guerre du Vietnam, l’histoire est bien remplie de cet « artivisme », dont l’ouvrage s’attache à décrire les dimensions actuelles. On y trouve différents mouvements contre le machisme, la mondialisation, la destruction de l’environnement, l’apartheid. D’autres appellent à reconquérir la ville en posant nu (les actions de Spencer Tunick), en renommant les rues, en faisant un carnaval contre le capital (à Barcelone en 1999). L’action contre la surconsommation donne lieu aux manifestations les plus « déjantées », notamment avec la Church of Life After Shopping et son pittoresque Reverend Billy, qui fait irruption dans les supermarchés pour exorciser les caisses enregistreuses…
Artivisme, Art, action politique et résistance culturelle, par Stéphanie Lemoine et Samira Ouardi, éditions Alternatives, 2010, 192 p., 39 €.

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BRÈVES

LONDRES – Un vase chinois d’époque Qianlong est devenu l’objet d’art chinois le plus cher du monde après son adjudication pour 51,6 millions £ avec frais (60,7 millions €) lors d’une vente le 11 novembre 2010 chez Bainbridges Auctions, près de Londres.

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VIENNE – La maison Dorotheum organise une semaine de ventes de prestige, du 22 au 26 novembre 2010, comprenant notamment design, art moderne et contemporain.

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PARIS – Le salon d’art contemporain MacParis, présentant 125 artistes sans la médiation des galeries, se tient du 25 au 28 novembre 2010 à l’Espace Champerret.

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PARIS – Les rencontres de cinéma et d’art contemporain Paris Berlin Madrid se tiennent du 26 novembre au 4 décembre 2010.

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STRASBOURG – La 15e édition de la foire d’art contemporain St’Art se tient du 26 au 29 novembre 2011 au Parc des expositions.

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