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N° 201 - du 20 janvier 2011 au 26 janvier 2011


Bill Woodrow, Electric Fire with Yellow Fish, 1981. Electricité, émail et peinture acrylique. 27 x 37 x 19 cm Waddington Galleries, Londres. Photo courtesy Waddington Galleries, Londres © Bill Woodrow (exposition British Sculpture, Royal Academy of Arts, Londres)

L'AIR DU TEMPS


Gyula Hary, Salle italienne, aquarelle, 1904. Courtesy musée des Beaux-Arts de Budapest.

Lettre de Budapest

Tout juste installée au timon de l’Europe, la Hongrie fait surtout parler d’elle pour ses lois polémiques sur la liberté de la presse et pour la mise sous tutelle de ses fonds de pension. Au plan culturel, que reste-t-il de Budapest, autrefois le «Paris d’Europe centrale» ? Si l’Opéra et les grands théâtres sont tiraillés entre avant-garde et tentation nationaliste, les artistes du monde entier, attirés par des loyers abordables et par une scène vivante, s’installent en nombre dans la capitale hongroise. On voit fleurir des lieux originaux comme Brody House, hôtel-galerie installé dans l’ancienne demeure d’un président du conseil, entièrement décoré par des plasticiens. Le patrimoine «classique» semble en revanche délaissé par les touristes, davantage attirés par l’expérience thermale. Le Musée national, riche de souvenirs historiques, résonant des exploits des Andrassy, Rakoczi et Széchenyi, ne fait le plein qu’avec les scolaires. Quant au Musée des beaux-arts, ses salles les plus fréquentées ne sont pas celles qui suspendent des Raphaël, Cranach et Murillo à foison mais celles qui accueillent la énième exposition Botero… Heureusement, les expositions montrant les chefs-d’œuvre de la capitale hongroise se multiplient à l’étranger. On en a vu à l’automne dernier, à Londres, à la Royal Academy. En voici d’autres, à partir du 26 janvier, à la Pinacothèque de Paris, qui célèbre la collection des Esterhazy, grande famille du cru. Si tu ne vas pas à Budapest, que Budapest vienne à toi…

EXPOSITIONS

Les Anglais prennent du volume

LONDRES – Un sculpteur de l’autre côté de la Manche ? Henry Moore, bien sûr. Barbara Hepworth et Anthony Caro, peut-être. Et ensuite ? Notre connaissance de la sculpture britannique du XXe siècle se limite à une poignée de valeurs sûres, laissant dans l’ombre la plupart des praticiens. La Royal Academy a choisi de donner un coup de projecteur sur cette population bigarrée, au moyen de confrontations qu’elle annonce audacieuses, par regroupements thématiques. On y verra des compositions à la fois figuratives (la statue de la reine Victoria par Alfred Gilbert) et des assemblages abstraits provocateurs (Feu électrique avec poisson jaune de Bill Woodrow). Faisant réapparaître toute une série d’artistes qui méritent d’occuper une place plus visible comme Jacob Epstein et Leon Underwood, la Royal Academy mettra aussi en avant son propre rôle, depuis plsus d’un siècle, dans la promotion de la création contemporaine.
Modern British Sculpture au Victoria & Albert Museum, du 22 janvier au 7 avril 2011.

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Edward Hau, Le Cabinet de peinture italienne, 1859, aquarelle et rehauts de blanc, 29,3x36,3 cm, musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg, courtesy Pinacothèque de Paris.

Sous le signe des Romanov

PARIS – Comment s’est constitué la collection faramineuse de l’Ermitage ? C’est la question que pose la Pinacothèque de Paris, et pas si innocemment que cela : l’institution parisienne, connue depuis quelques années pour ses expositions temporaires qui drainent de nombreux visiteurs, a décidé d’ouvrir une collection permanente. Un pari audacieux, fondé sur des prêts de particuliers et de musées (comme celui de Brescia, fermé pour travaux), qui est inauguré en même temps que sont, justement, montrées des œuvres emblématiques du musée russe. Acquises sous les différents tsars qui ont eu la fibre artistique – Pierre le Grand, Alexandre Ier et Nicolas Ier (qui ouvrit l’Ermitage au public) – elles doivent surtout à l’appétit immodéré de Catherine II, qui avala des collections entières, en France, Hollande et Angleterre. Parmi les trésors portés en terre russe par les Romanov et qui reviennent de façon éphémère, on verra des Poussin, Chardin, Greuze, Wouverman, Metsu, des dessins de Clérisseau, Natoire ou Rubens…
Les Romanov, tsars et collectionneurs à la Pinacothèque, du 26 janvier au 29 mai 2011.

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Maurice Louvrier, Les Ponts de Rouen, vers 1935/1936, 73x92 cm, collection particulière. Courtesy Atelier Grognard.

Impressionnistes au fil de la Seine

RUEIL-MALMAISON – La Seine et les impressionnistes, on le sait, ont noué des rapports privilégiés. Nulle part cette liaison ne se manifeste de façon aussi éclatante qu’à Rouen. Monet, Pissarro, Sisley y ont demeuré, parfois longuement. Mais l’exposition veut surtout rappeler qu’à côté de ces maîtres mondialement connus, il a existé une école de peintres vaillants, tous passés par le filtre de l’impressionnisme et par la ville « aux cent clochers ». Hormis Albert Lebourg ou Charles Angrand, qui ont une clientèle d’amateurs, la plupart ont été oubliés. Qui se souvient de Charles Frechon, de Joseph Delattre, d’Henri Vignet, de Maurice Louvrier, qui ont inlassablement étudié les églises, les ponts, les berges, les reflets dans l’eau et les ruelles de la vieille ville ? En une centaine de toiles provenant de musées locaux et de collectionneurs privés, ils refont surface avant de retomber dans l’anonymat…
Les peintres impressionnistes et post-impressionnistes de l’école de Rouen à l’Atelier Grognard, du 21 janvier au 18 avril 2011.

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Ces expositions ouvrent également…

• Après avoir été exposé au Centre Pompidou, l’artiste mexicain Gabriel Orozco débarque à la Tate Modern de Londres. Du 19 janvier au 25 avril 2011.

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• L’artiste Florentina Pakosta (née en 1933) fait l’objet d’une rétrospective au Leopold Museum de Vienne. Du 21 janvier au 18 avril 2011.

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• La diversité de la Tapisserie catalane, de Picasso à Grau-Garriga est mise en valeur au musée Jean-Lurçat, à Angers. Du 20 janvier au 29 mai 2011.

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VENTES

France en noir et blanc

PARIS - Si Drouot semble avoir définitivement perdu la bataille du « ticket » moyen (moins de 1000 € contre 25 000 € chez Christie’s Paris et 50 000 € chez Sotheby’s Paris), les quelque 7000 visiteurs quotidiens s’accommodent parfaitement de cette manne de lots économiques. Les cartes postales sont une de ces denrées prisées par les collectionneurs modestes et qui ne trouvent guère accès au marteau des grands auctioneers. En voici une vente fleuve en 460 lots et deux jours. Défileront jeux de boules, extérieurs d’usines, dompteurs d’ours d’Ariège, marchés d’Aveyron, convois de Sauternes en 1903, gares de France, vues stéréoscopiques, cueillette des morilles sous les sapins, foire à la ferraille et crue de la Seine… Si la valeur des lots est minime, la valeur de ces images est autre : c’est une France disparue qui resurgit, rurale et manuelle. Un vrai cours d’histoire illustrée, patiné par d’innombrables mains.
Cartes postales à Richelieu-Drouot (SVV Morand) les 26 et 27 janvier 2011.

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Claude Rutault, définition/méthode 309. 1973-2011 ou voyage à tokyo, 1992, 9 piles de 2 à 3 toiles disposées sur le sol, 1 toile peinte, 1 toile brute. Toiles au sol entre 47 x 33 cm et 100 x 100cm, 2 toiles 33 x 24 cm. Photo : Antoine Cadot Courtesy Galerie Perrotin, Paris.

Claude Rutault : ton sur ton

PARIS - On parle souvent de lui comme d’un artiste conceptuel. Plus que conceptuel, Claude Rutault (né en 1941) semble un maximaliste. Sa célèbre définition/méthode 1 de 1973 en fait foi dans laquelle il énonce le contenu principal de son œuvre :«une toile tendue sur châssis, peinte de la même couleur que le mur sur lequel elle est accrochée. Sont utilisables tous les formats disponibles dans le commerce, qu’ils soient rectangulaires, carrés, ronds ou ovales.» Sur ce postulat esthétique se sont ensuite greffées des mises en scène théâtralisées reflétant le fonctionnement du marché de l’art – ventes aux enchères, cessions à des collectionneurs. Cette exposition semble une énigme : comment Rutault a-t-il «atterri» chez Perrotin, le wonderboy des valeurs les plus à la mode (Murakami, Cattelan, Veilhan) ? C’est une longue histoire qui fait honneur au métier : le jeune Perrotin avait déjà fait des invitations à Rutault à la fin des années 1980, pour l’exposer ou pour informatiser ses archives. Sans succès. Il aura fallu plus de deux décennies d’entêtement pour aboutir à cette exposition-suicide : la der des ders ?
• Claude Rutault est exposé à la galerie Emmanuel Perrotin (76 rue de Turenne, 75003) jusqu’au 12 février 2011.

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LIVRES

Desportes, l’amour de la nature

Faon de profil, massacre de cerf, hallali de daim, chien de la meute du Grand Dauphin, autoportrait en chasseur… On l’aura compris à la seule litanie des titres : contemporain de François de Troy et de Watteau, François Desportes (1661-1743) fut un peintre animalier et, avant tout, un peintre de chasse. C’est ce que la postérité a retenu de lui, et qu’il était notamment un excellent croqueur de chiens et de chats. Ce que montrent cette monographie et ce catalogue raisonné, commencés par Georges de Lastic et parachevés par Pierre Jacky, c’est l’autre versant de cet artiste académicien, frotté à l’Europe cosmopolite par deux années à la cour de Pologne, sous le règne de Jean III Sobieski, puis protégé de Louis XIV et Louis XV. Desportes fut également un remarquable botaniste, un virtuose de la nature morte et un génial inventeur de tableaux «tropicaux» dans la veine de Frans Post et d’Albert Eckhout, qui font de lui un précurseur inattendu du Douanier Rousseau.
Desportes par Georges de Lastic et Pierre Jacky, éditions Monelle Hayot, 2010, 328 p., 75 €. Desportes, catalogue raisonné, 2010, 320 p., 237,50 €.

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BRÈVES

La VIP Art Fair, concept nouveau de foire dématérialisée mais élitiste, se tient du 20 au 27 janvier 2010, uniquement sur internet et après inscription, en présence des plus grands marchands internationaux.

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BRUXELLES – La 56e BRAFA, salon international d’antiquaires, réunissant environ 130 exposants, se tient du 21 au 30 janvier 2011.

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HOBART (Australie) – Le MONA, Museum of Old and New, qui mélange de façon audacieuse art ancien et contemporain, pièces profanes, érotiques et religieuses, un bar et un cimetière, est inauguré le 21 janvier 2011.

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PARIS – Après 4 ans de restauration, la tour nord de l’église Saint-Sulpice a été inaugurée le 16 janvier 2011.

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