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N° 212 - du 7 avril 2011 au 13 avril 2011


Ai Weiwei, Vases colorés, 2006, Vases du Néolithique (5000-3000 av. J.-C.) et peinture industrielle. 51 pièces, dimensions variables. Courtesy de l'artiste.

L'AIR DU TEMPS

L’affaire Ai Weiwei

Ai Weiwei (né en 1957) est l’un des artistes contemporains chinois les plus connus. S’il lui est arrivé de travailler avec les institutions officielles (notamment pour le design du stade olympique d’Herzog et de Meuron), il a toujours conservé une distance critique et ne s’est pas privé de faire entendre une voix discordante, notamment au lendemain du tremblement de terre de 2008 dans le Sichuan, en attribuant son coût humain à la corruption endémique, qui a permis la construction de bâtiments (notamment des écoles) inadaptés à un environnement sismique. Alors que sa visibilité internationale est au plus haut – il a été le dernier artiste à créer une installation pour le Turbine Hall de la Tate Modern à Londres (cent millions de graines de tournesol en céramique, visibles jusqu’au 2 mai 2011) - son arrestation par les autorités chinoises a choqué. Détenu sans explication le dimanche 3 avril, il n’était toujours pas libéré au moment de l’expédition de cette lettre. Si la Chine est devenue le premier marché d’art au monde (chiffres Artprice de mars 2011), elle n’a pas encore fait sa révolution des mentalités : la libre expression y est encore un combat quotidien.
• Ai Weiwei doit faire l’objet d’une exposition monographique à la Lisson Gallery de Londres à partir du 13 mai 2011.

Le site de Ai Weiwei

EXPOSITIONS


José de Ribera, Le Goût, huile sur toile, 113 x 87 cm Hartford, Wadsworth Atheneum Museum of Art, CT. The Ella Gallup Sumner and Mary, Catlin Sumner Collection Fund. Courtesy Museo del Prado, Madrid.

Ribera l’Italien

MADRID – Ribera, peintre typiquement espagnol, fidèle aux bodegones et aux scènes picaresques ? Pas tant que cela : l’artiste a commencé sa carrière en Italie, à Rome puis à Naples (dans le sillage des vice-rois), et c’est là qu’il s’est véritablement formé, nourrissant son naturalisme aux sources caravagesques, comme le rappelle l’exposition consacrée à sa jeunesse (1610-1622). Le grand intérêt de cette petite rétrospective (une trentaine de tableaux, certains issus des séries des Apôtres et des Cinq Sens) est de ne pas se limiter à rassembler des pièces venues de très loin mais de faire avancer la recherche. Depuis l’acquisition de la Résurrection de Lazare par le Prado en 2001, on a pu démontrer que les œuvres autrefois attribuées au Maître du Jugement de Salomon lui revenaient.
Le jeune Ribera au musée du Prado du 5 avril au 31 juillet 2011.

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Méduse, or. Provenant de la tombe de Philippe II de Macédoine (336 av. J.-C.), 3.6 x 3.5 cm. Courtesy Ashmolean Museum, Oxford.

Dernières nouvelles d’Alexandre le Grand

OXFORD - Peut-on encore découvrir du neuf à propos de la dynastie macédonienne dont les héros ont vécu il y a plus de deux mille ans ? Oui, comme le prouve cette exposition qui rassemble quelque 500 pièces, dont beaucoup n’ont jamais été montrées au public. Elles ne proviennent pas d’antiques collections mais de fouilles réalisées dans les trois dernières décennies à Vergina, l’ancienne Aegae, la ville de Thrace qui fut le siège de la famille. C’est la découverte du tombeau du roi Philippe II et de son petit-fils Alexandre IV (fils d’Alexandre le Grand) par l’archéologue Manolis Andronikos en 1977 qui a lancé une campagne pleine de succès : d’autres tombes, notamment de femmes, ont été mises au jour jusqu’à ces dernières années. L’un des clous de l’exposition est d’ailleurs le trousseau d’or de la Dame d’Aegae, découvert en 1988 (pendentifs, broches, anneaux, etc). Têtes d’argile, bustes de marbre, fragments de boucliers en or, diadèmes et kouros en bronze complètent la démonstration.
Heracles to Alexander the Great à l’Ashmolean Museum, du 7 avril au 29 août 2011.

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Maître des yeux obliques, Statuette anthropomorphe, XVIIe-XVIIIe siècle, bois, métal, 59 x 13 x 15,5 cm, Mali. © Musée du quai Branly, photo Hughes Dubois.

Le mythe Dogon

PARIS – Les Dogons et Marcel Griaule : le mariage semble indissoluble entre l’ethnie qui habite la falaise de Bandiagara au Mali et le célèbre ethnologue, chef de file de la mission Dakar-Djibouti des années trente. L’exposition présente les objets emblématiques – montrés depuis longtemps chez les antiquaires européens - dont les fameux masques que Griaule classifia dans son ouvrage de 1938. Parmi les quelque 300 objets disposés pour mener jusqu’au chef-d’œuvre du musée du quai Branly (la grande statue djennenké), se trouvent des sculptures, des piliers de cases, des portes de greniers, des serrures, des appuie-tête. La commissaire Hélène Leloup, qui fréquente les Dogons depuis plus de 50 ans (elle a ouvert sa première galerie en 1956) prend comme clé de décryptage la fascination des Occidentaux pour la culture dogon, qui a d’abord marqué les ethnologues pour se diffuser largement : aujourd’hui, parmi les artistes qui y puisent leur inspiration, figure notamment Miquel Barceló.
Dogon au musée du quai Branly, du 5 avril au 24 juillet 2011.

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Artaujourdhui vous conseille aussi ces expositions…

• BARCELONE – Qu’a légué Courbet à la peinture européenne ? C’est ce que se demande Realismos, la huella de Courbet au Musée national d’art de Catalogne. Du 8 avril au 10 juillet 2011.

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• COMPIÈGNE –Il fut l’amant de la Grande Catherine et le dernier roi de Pologne. Si son nom est lié à la funeste partition du pays, Stanislas II Auguste fut aussi un grand amateur d’art : le château de Compiègne présente une sélection de sa collection. Du 3 avril au 4 juillet 2011.

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• PARIS - La designer Charlotte Perriand, amie de Le Corbusier et figure marquante du XXe siècle, fait l’objet d’une rétrospective au Petit Palais (Paris) . Du 7 avril au 18 septembre 2011

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VENTES


Lot 71, Babani, Giardini. Flacon en verre soufflé, coloré, figurant un oranger d'ornement, dans un bac cubique reposant sur quatre pieds, décor à l'or. Titré sur une face « Giardini et Babani ». (Flacon très rare). Période 1920. H: 8,9 cm. Courtesy Néret-Minet-Tessier.

Parfum d’histoire

PARIS – Les bouteilles de parfum ne sont pas de simples bouteilles : les plus grands maîtres-verriers s’y sont essayé. On pourra le vérifier dans cette vente d’une riche collection privée, qui contient plus de 280 lots, du début du XXe siècle à nos jours. Mouchoir de Monsieur chez Guerlain est l’une des plus anciennes pièces présentées (elle date de 1902) et d’autres grands classiques sont à l’honneur comme Lanvin, Caron, Schiaparelli, Coty ou le plus vénérable de tous, Houbigant, fondé juste avant la Révolution (avec des créations plus récentes, des années 1920). Si la plupart des lots sont accessibles à moins de 1000 €, une série de Lalique met la barre beaucoup plus haut : Trois Guêpes (1912), Eucalyptus (1919) et Cassis (1920) sont estimés chacun à plus de 7000 €. Des noms moins connus du grand public mais recherchés par les collectionneurs sont également présents comme Babani avec Giardini, un flacon de 1920 (lot 71, 2500 €), Myrurgia (avec son Suspiro de Granada de 1928, en verre noir). Parmi les modèles mythiques, on mentionnera Normandie de Jean Patou, qui célèbre le transatlantique ou 1811 de Molinard, à la gloire de Napoléon, pourtant en difficulté en Espagne cette année-là…
Haute parfumerie, collection Serge Albisetti le 8 avril 2011 à Richelieu-Drouot (Néret-Minet-Tessier SVV).

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Franz Ackermann, Grüne lunge, 2010. Technique mixte sur papier, 152,5 x 117,5 cm. Courtesy Neugerriemschneider Gallery, Berlin. © Jens Ziehe, Berlin

Les voyages d’Ackermann

Il est l’une des valeurs sûres de la peinture allemande contemporaine, exposé à la galerie White Cube de Londres et atteignant des sommes significatives en ventes publiques (379 000 € pour B2 Barbeque with the Duke en 2006 chez Christie’s à Londres). Franz Ackermann (né en 1963) privilégie les grandes installations colorées, sortes de grandes carte IGN, qui sont des critiques de notre mode de vie consumériste et de notre frénésie de déplacements à travers la planète. Depuis ses Mental Maps produites dans des hôtels à la suite de promenades urbaines, la thématique qu’il explore depuis une vingtaine d’années est en effet celle du voyage : il fusionne dans ses œuvres les symboles et les clichés récoltés d’un pays à l’autre. On retrouve la silhouette des continents, le reflet d’un manguier, des fleurs, des fragments d’architecture, des tronçons de routes, et les couleurs vives que l’on associe avec l’exotisme pour créer une géographie par accumulation, concrétion, superposition – à l’image de la globalisation qui estompe les différences au profit d’un modèle standardisé.
•Franz Ackermann a créé une installation dans le cadre de l’exposition Immersion du 1er avril au 25 septembre 2011 au musée de Valence hors les murs (Imprimerie Céas), aux côtés d’Elisabeth Ballet et James Turrell.

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LIVRES

D’or et d’estoc

Les chevaliers de la Renaissance ressemblaient davantage à des joailleries ambulantes qu’à des gladiateurs : c’est ce qu’il ressort du catalogue de l’exposition sur les Armures des princes d’Europe qui se tient actuellement au musée de l’Armée, aux Invalides. Certes, il est préférable d’être initié au vocabulaire technique et de savoir distinguer une rondache d’un corselet, une dossière d’une bourguignotte. Même sans ce bagage, on est stupéfié par la richesse décorative de ces armures, pleines de matériaux précieux et d’arabesques savantes. L’écu et le morion de Charles IX sont faits d’or émaillé et portent des dizaines de médaillons en émail cloisonné. La demi-armure de D.G.V. Lochorst semble le travail d’un orfèvre virtuose saisi d’horror vacui. A l’image de la Garde de Napoléon, qui impressionnait par ses bonnets d’ours, les armures de la Renaissance, chefs-d’œuvre maniéristes d’ateliers milanais, anversois ou parisiens, devaient en imposer par leur somptuosité autant que par leur résistance aux coups d’épée : elles servaient plus souvent dans les cortèges ou les cérémonies qu’à la guerre…
Armures des princes d’Europe, éditions Nicolas Chaudun, 2011, 382 p., 55 €.

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BRÈVES

BORDEAUX – Le festival Itinéraires, consacré aux photographes voyageurs, se tient du 1er au 30 avril, en divers lieux de la ville.

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LONDRES – L’architecte Peter Zumthor sera l’auteur du prochain pavillon temporaire de la Serpentine Gallery. Il a dévoilé un projet centré autour d’un jardin dessiné par le paysagiste Piet Oudolf.

MEXICO – La foire d’art moderne et contemporain Zona Maco se tient du 6 au 10 avril 2011 au Centro Banamex.

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MILAN – Le salon d’art moderne et contemporain Miart se tient du 8 au 11 avril 2011 à Fieramilano.

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PARIS – Le salon d’art contemporain Réalités nouvelles, créé en 1946, se tient au Parc Floral du 10 au 17 avril 2011.

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Une Cour royale en Inde LUCKNOW (XVIIIe-XIXe siècle)

PARIS - Lucknow, capitale d'Awadh, province de l'empire Moghol au nord de l'Inde, a vu s'épanouir aux XVIIIe et XIXe siècles, une société composite, à la fois indienne et européenne, extraordinairement sophistiquée. Le musée Guimet la fait revivre à travers près de deux cents œuvres.

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