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N° 213 - du 14 avril 2011 au 20 avril 2011


Joan Miró, La Ferme, 1921-22, National Gallery of Art, Washington © Succession Miró/ADAGP, Paris and DACS, London (exposition à la Tate Modern, Londres).

L'AIR DU TEMPS

Archéologie : la culture de l’urgence

The Art Newspaper a récemment mis en exergue une cause à défendre : celle du monastère bouddhiste Mes Ayrak, près d’un ancien camp de Bin Laden, en Afghanistan. Le lieu est menacé, non par les talibans mais par la concession du terrain à une entreprise minière chinoise, qui pourrait faire autant de dégâts. Pour sauver ce qui peut l’être, un millier d’ouvriers ont été dépêchés, sous la garde de 1600 soldats…Comme dans le cas du barrage d’Ilisu sur le Tigre, l’affaire symbolise les innombrables périls auxquels sont soumis les sites archéologiques : guerres (que vont devenir les cités antiques de Libye ?), développement économique, intégrisme religieux, excavations clandestines, trafic… La nécessité de fouiller dans l’urgence s’est étendue – chez nous - à des situations beaucoup plus banales – chaque fois que l’on bâtit un pont, une autoroute, une ligne de chemin de fer, un lotissement… Si cette archéologie préventive joue un rôle essentiel de sauvegarde du patrimoine, elle ne doit pas faire oublier que l’archéologie programmée – celle qui se fait dans le calme – vit un moment difficile, se limitant à quelques sites (comme Lattes ou Bibracte en France). Ce n’est peut-être que le reflet d’une culture de l’immédiat, du résultat, du chiffre, appelée à faire des ravages dans bien des domaines…

L'article sur The Art Newspaper

EXPOSITIONS


Adolf Wölfli, Bettania Gotes = Aker, 1927. Donation L’Aracine, 1999. LaM, Villeneuve d’Ascq. DR. Photo : Philip Bernard.

Wölfli, pionnier de l’Art brut

LILLE – Adolf Wölfli (1864-1930) est l’un des grands noms de l’Art brut. Le LAM (musée d’Art moderne et contemporain de Lille Métropole), inauguré l’an dernier, en possédant une belle collection, on attendait qu’il monte une rétrospective d’envergure. Celle-ci réunit 150 œuvres et présente les différentes facettes de cet « art des fous », ainsi qu’on le surnommait autrefois, depuis les premiers dessins de 1904-1905 jusqu’aux œuvres foisonnantes en collages, notations musicales et textes des dernières années. Wölfli fut interné pendant trois décennies – jusqu’à sa mort - à l’asile psychiatrique de Waldau à Berne, où il créa son œuvre très particulière. Elle fut évidemment admirée par Dubuffet - qui y vit les racines de l’Art brut - mais aussi, et c’est ce qui a permis sa conservation, par le docteur Walter Morgenthaler, qui le suivait et qui perçut tout de suite la puissance de ces créations.
Adolf Wölfli au LAM, du 9 avril au 6 juin 2011.

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Miró retrouve Londres

LONDRES – On se souvient de la rétrospective Miró au Grand Palais en 1974 ou de celle de la fondation Maeght en 1990. La Tate Modern a décidé de se mesurer à son tour à l’une des grandes figures de l’art du XXe siècle. La réunion d’œuvres est très complète, provenant de grandes collections à travers le monde et, évidemment, de la fondation Miró de Barcelone et Majorque. On verra aussi bien la Ferme (1921), peint pendant les années de misère à Paris et que Hemingway aurait gagné d’un coup de dés, que Mai 68, réalisé alors que l’artiste de 75 ans, désormais embaumé par le régime, prenait le parti des étudiants dans leur exigence de liberté. Présentant 160 œuvres réalisées sur une période de six décennies, première rétrospective de cette ampleur sur le sol anglais depuis 1964 (également à la Tate), elle prend comme fil conducteur la dimension politique d’un artiste qui est resté rebelle aux idéologies jusqu’à sa mort en 1983.
Miró à la Tate Modern du 14 avril au 11 septembre 2011

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Jean Dufy, Assiette de fruits et bouquet de roses à l'atelier, 1927. © Adagp, Paris 2011

Dufy, le bon et le méchant

PARIS – Dans la famille Dufy, je voudrais…Les fratries sont actuellement à l’honneur à Paris. Après celle des Caillebotte, voici celle des Dufy. Une première confrontation, à travers une centaine d'œuvres, souvent venues de collections privées. On connaît évidemment Raoul (1877-1953), le fauve puis l’apôtre de la Fée Électricité. On connaît beaucoup moins son cadet Jean (1888-1964), qui a suivi les traces de son frère en s’intéressant également aux arts appliqués (la porcelaine de Haviland alors que Raoul décorait la soie pour Bianchini-Férier), en travaillant également par grandes thématiques (les cirques, les orchestres et les ports en regard des scènes équestres et balnéaires du grand frère). Le duel esthétique est assez clairement tranché en faveur de Raoul, ce que reflète la cote des artistes (un record de 5,4 millions € pour Raoul avec la Foire aux oignons contre 420 000 pour un Quintette bleu de Jean, tous deux chez Sotheby’s). Mais, en termes humains, Raoul sort amoindri de cette confrontation. Elle rappelle sa conduite peu digne pour la commande de la Fée Électricité. Lors de la remise en 1937 à la Compagnie parisienne d’électricité du « plus grand tableau du monde », Raoul ne mentionna pas une seule fois son frère, qui l’avait pourtant aidé pendant des mois à le réaliser. La fraternité en reçut un coup mortel…
Raoul et Jean Dufy, complicité et rupture au musée Marmottan, du 14 avril au 28 juin 2011. Catalogue bilingue, Français/Anglais

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BILBAO - L’intervalle lumineux : l’une des grandes collections actuelles d’art contemporain, celle de Dimitris Daskalopoulos, riche en installations, de McMarthy à Messager, est présentée sous cet intitulé au Guggenheim. Du 12 avril au 11 septembre 2011.

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PARIS – A la Galerie des Gobelins, L’éclat de la Renaissance italienne montre une série de tissages d’après des cartons de Raphaël ou Jules Romain, pour la plupart issus des collections de Louis XIV.Du 12 avril au 24 juillet 2011.

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VENISE – A Punta della Dogana, Eloge du doute est un choix issu de la collection Pinault, constitué de pièces rarement ou jamais montrées. Du 10 avril 2011 au 31 décembre 2012.

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VENTES

La Russie à l’époque des bulldozers

CANNES - Une exposition a marqué les mémoires : celle dite des bulldozers, à Moscou en 1974, ainsi baptisée car tenue sur un terrain vague et brutalement fermée au moyen de ces engins de chantier. La méthode était expéditive et conforme à la ligne du parti communiste : tout art déviant, formaliste, devait être immédiatement éliminé. Ce groupement plutôt lâche d’artistes non conformistes a combattu pour s’exprimer dans les dernières années de l’Union soviétique avant, pour beaucoup d’entre eux, de chercher de nouveaux horizons en France, aux Etats-Unis, en Israël. La vente présente certains des exposants les plus connus, d’Oscar Rabin (né en 1928) à Vladimir Nemukhin (né en 1925), de Lydia Masterkova (1927-2008) à Anatoly Zverev (1931-1986). Autrefois échangés sous le manteau, ils sont aujourd’hui recherchés et collectionnés par des particuliers mais aussi par le musée Pouchkine ou la galerie Trétiakov. La vente ne se tient pas pour rien à Cannes, l’une des villes les plus fréquentées par les villégiateurs fortunés de Russie. Chute étonnante : la vacation se clôt par une sélection d’icônes. Saint Serge et Sainte Parascève après les peintres rebelles…
Peintres russes non conformistes le 16 avril 2011 chez Cannes-Enchères

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Urs Lüthi, Selportrait with a bird, 2009, de la série « Art is better life », photographie, Cadre en bois, 62 x 44,5 cm (courtesy galerie Sollertis, Toulouse).

Le corps à corps d’Urs Lüthi

Le body art, Urs Lüthi connaît : l’artiste suisse (1947) a même su lui insuffler une ironie qui manque parfois à ses collègues. Dans ses dernières œuvres, on le voit en homme âge et bedonnant, satisfait de lui-même et engagé dans la société de consommation. Il y a 30 ou 40 ans, le même Luthi, avec sa beauté androgyne, se photographiait torse nu, trafiquant son sourire, ses dents, ses yeux, sur des fonds de papier peint kitsch, pour pervertir son image. Lors d’une performance au musée d’Art et d’Histoire de Genève, en 1975, il avait dressé un buffet pour les visiteurs et attendait, lui ,dans la cave, le visage passé au charbon. Depuis, Lüthi s’est concentré sur d’autres parties de son corps (le cœur, le cerveau) et étudie comment l’ensemble vieillit et se comporte face à un appareillage médical dernier cri.
Urs Lüthi/Prototypes est présenté à la galerie Sollertis (12 rue des Regans, 31000 Toulouse), du 8 avril au 21 mai 2011.

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LIVRES

Manet, une relecture

L’exposition Manet s’annonçant comme l’une des plus fréquentées du printemps, une plongée dans le catalogue peut être un substitut envisageable aux salles surpeuplées du musée d’Orsay. Plus que sous la forme d’un catalogue raisonné (on reste un peu sur sa faim quant aux notices – les déambulations des œuvres se lisent toujours comme des romans policiers), l’ouvrage se présente sous la forme d’une réunion d’essais, qui questionnent les vérités établies sur Manet. Les natures mortes ne sont qu’un aparté, Manet n’est pas vraiment impressionniste et sa dimension politique a été trop escamotée. Le style est plutôt enlevé et l’ensemble inattendu – avec un entretien où Philippe Sollers explique que Manet, pendant la Commune, mangeait « du chat, du rat, du cheval, comme tout le monde », une analyse des premiers achats du marchand Durand-Ruel en 1872-73 par ses descendants Paul-Louis et Flavie ou encore un extrait de compte présentant les revenus annuels du peintre. 1872 est la grande année, il gagne 40 000 francs, quasiment quatre fois plus que Monet !
Manet inventeur du moderne, sous la direction de Stéphane Guégan, Gallimard, 2011, 300 p., 42 €.

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BRÈVES

COLOGNE – La foire d’art moderne et contemporain Art Cologne se tient du 13 au 17 avril 2011.

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MADRID – La 21e édition de la foire d’antiquaires Almoneda se tient à la Feria de Madrid jusqu’au 17 avril 2011.

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NEW YORK – Sotheby’s met en vente le 12 avril 2011 la capsule spatiale Vostok.

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PARIS – La vente de la collection Weiller (à l’hôtel Drouot, chez Gros-Delettrez, du 5 au 8 avril 2011), estimée entre 8 et 10 millions €, a rapporté 23,7 millions €. Sept enchères ont dépassé 1 million €.