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N° 216 - du 5 mai 2011 au 11 mai 2011


Daniel Buren, Architecture, contre-architecture : transposition, travail in situ, MUDAM, Luxembourg, octobre 2010. Détail. ©D.B. - ADAGP Paris

L'AIR DU TEMPS

L’homme aux bandes

Il n’est pas le représentant français à la Biennale de Venise 2011 (c’est Christian Boltanski) mais il fait partie des poids lourds de l’art hexagonal, à côté d’Annette Messager, Sophie Calle ou Bertrand Lavier. Son obsession : les bandes de 8,7 cm de large (très précisément), qu’il aligne inéluctablement en blanc et en couleur. On l’a vu il y a longtemps faire scandale au Guggenheim (en 1971, lorsque son installation fut censurée, cas notable, par ses collègues artistes), puis à Paris (au Palais-Royal, en 1986). Depuis, Daniel Buren est devenu une valeur sûre : il est revenu au Guggenheim (en 2005) et a supervisé la restauration de ses colonnes du Palais-Royal en 2009-2010. Pour sa 2000e intervention, ou presque, l’artiste est resté fidèle à sa toile de bistrot. Il va cette fois la déployer « in situ » à son habitude, dans un lieu qui est devenu un nouveau référent en art contemporain – le Centre Pompidou Metz. L’obsession de Buren pour les bandes, dégotées au Marché Saint-Pierre, date de 1965. La même année, Roman Opalka commençait son grand œuvre : peindre, chaque jour, des numéros croissants, avec de la peinture de plus en plus blanche. En 2015, Buren et Opalka auront creusé pendant un demi-siècle le même sillon. Qui a dit que l’art contemporain était superficiel, capricieux et sujet aux modes ?
• Daniel Buren présente Echos au Centre Pompidou Metz, du 8 mai au 12 septembre 2011.
• Roman Opalka est exposé jusqu’à fin mai 2011 au musée Correr, à Venise.

Le site du Centre Pompidou Metz

EXPOSITIONS


Tête de reliquaire fang. Bois suintant, cuivre. Anc. coll. Josef Mueller. Haut. : 36 cm. Inv. 1019-13-A

Initiation au Gabon

GENÈVE – L’une des pièces exposées a fait parler d’elle depuis longtemps. Elle appartint à Tristan Tzara avant d’être exposée par le galeriste Charles Ratton, pionnier des « arts premiers » au début des années trente, puis au Metropolitan Museum of Art, marquant l’adoubement de l’art « nègre ». Il s’agit d’un masque kwele, aux traits traditionnels en forme de cœur, recouvert de peinture blanche. Autour de ce « monument », l’exposition rassemble des masques, des figurines et des reliquaires d’autres cultures voisines – celles des Fang, des Vuvi, des Mbete – pour dessiner le portrait d’un art propre au Gabon, qu’il est devenu aujourd’hui si difficile de découvrir sur place.
Art ancestral du Gabon au musée Barbier-Mueller, du 9 mai au 2011 au 15 janvier 2012.

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Zaha Hadid, Mobile Art, Institut du monde arabe, Paris

Zaha Hadid chez elle

PARIS – Pendant longtemps, on l’a tenue pour « l’architecte qui ne construirait jamais ». Connue pour ses projets futuristes, basés sur le high tech et sur des formes aussi insensées que celles de Frank Gehry, elle ne passait jamais le dernier stade des concours ou, si elle le faisait, se trouvait empêtrée dans des affaires interminables – comme pour l’Opéra de Cardiff, abandonné en cours de route. Zaha Hadid sembait condamnée à une posture de théoricienne. En une décennie, tout s’est accélérée et elle fait maintenant partie du Top Five, produisant de Singapour à Abu Dhabi, de Cincinnati à Marseille. C’est dans le propre pavillon Mobile Art qu’elle avait dessiné pour une exposition itinérante – et qui vient d’être offert par Chanel à l’Institut du monde arabe – qu’elle présente son parcours, mêlant projets en cours ou achevés (Nile Tower au Caire, tour CMA-CGM à Marseille, banque centrale d’Irak, le pays où elle est née en 1950), installations, éclairages. Une œuvre « totale » qui va au-delà des présentations classiques de projets d’architecture.
Zaha Hadid, une architecture, à l’Institut du monde arabe, du 29 avril au 30 octobre 2011.

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Assemblage : Masque de Camille Claudel et main gauche de Pierre de Wissant Plâtre 32,1 26,5 27,7 © musée Rodin (photo Christian Baraja)

Après Rodin, avec Rodin

PARIS – Rodin est une icône intouchable, notamment de l’entre-deux-guerres. Mais quelle a été son influence véritable depuis les années cinquante ? C’est la question que pose le musée Rodin en proposant des rapprochements stimulants. Celui qui concerne la Robe de chambre de Balzac (pour une statue qui fit scandale à l’époque) et La Peau de Joseph Beuys est particulièrement parlant : on sent, si ce n’est une filiation, au moins une convergence. D’autres appariements de ce type (les bustes préparatoires au portrait de Clemenceau face à une série de cires moulées d’Ugo Rondinone), disposés en onze sections thématiques (le matériau, le lisse, le modelage, figures partielles, dissoudre, etc.) convoquent aussi bien Duchamp et Fautrier qu’Urs Fischer. Le parcours se clôt sur la vidéo de Douglas Gordon, Star Trek, Predictable Incident in Unfamiliar Surroundings, qui recense de fameux baisers hollywoodiens, parfait contrepoint à celui, fondateur, de Rodin.
L’invention de l’œuvre, Rodin et les ambassadeurs au musée Rodin, du 6 mai au 4 septembre 2011.

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Artaujourdhui vous conseille aussi ces expositions…

• ALICANTE – Trésors de l'archéologie russe : dans le cadre de l’année croisée Espagne-Russie, le MARQ (Musée d’archéologie d’Alicante) accueille près de 500 objets issus des grandes fouilles russes, prêtés par le musée de l’Ermitage. Du 15 avril au 31 octobre 2011.

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• GENÈVE – Avec Les sujets de l’abstraction, le musée Rath présente des œuvres de la Seconde Ecole de Paris, appartenant à la collection de Jean-Claude Gandur, magnat du pétrole et futur mécène de l’agrandissement du Musée d’art et d’histoire. Du 6 mai au 14 août 2011.

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• PARIS – A quoi ont ressemblé les années Mitterrand en architecture, dans la capitale? C’est la question que pose le Pavillon de l’Arsenal dans Architectures quatre-vingt. Du 3 mai au 25 septembre 2011.

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VENTES


Lot n° 96. Rare marotte porte-coiffe en pin cembro sculpté, Queyras, XIXe siècle, h: 33,6 cm, ex-collection Yanni Faux. Courtesy Ferri SVV, Paris. Estimation : 3000-4000 €.

Patrimoine populaire

PARIS – Comment vivaient nos ancêtres ? C’est le genre de données que l’on recueille inéluctablement lors des ventes périodiques de la maison Ferri sur l'art populaire. Objets pratiques, ludiques ou religieux, ils dévoilent un pan de notre passé que nous avons souvent oublié. Un hachoir en forme de jambe de femme – qui oserait faire cela aujourd’hui ? – ou un tourne-broche en fer forgé, un moulin à sel en granit, une fourchette à rôt, un casse-noix sculpté, une auge à découper le cochon, des marottes de modiste… Autrefois utilitaires, ces objets n’ont aujourd’hui guère d’autre alternative que d’être jetés ou collectionnés. Dans ce dernier cas de figure, beaucoup ont obtenu leurs lettres de noblesse : une petite soupière en céramique de Ligron (Sarthe) est estimée plus de 3000 euros et un dévidoir en hêtre sculpté plus de 1000 euros. Heureusement, il reste pour des bourses moins garnies la cabernotte porte-bébés de Parthenay, une mesure à grains du Queyras (autour de 100 euros), un cartable d’écolier en bois ou une cuillère de mariage en buis sculpté.
Curiosités et art populaire le 6 mai 2011 à Richelieu-Drouot (Ferri SVV).

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE

Saúl Kaminer : du figuratif à l’abstrait

Malgré ses origines familiales d’Europe centrale, Saúl Kaminer (né en 1952) a été pendant plusieurs décennies le représentant idéal du réalisme magique latinoaméricain, tel qu’il a pu fleurir à Oaxaca, dans le sud du Mexique, avec des interprètes comme Rufino Tamayo, Rodolfo Morales ou Francisco Toledo. Ses personnages emmêlés, enchevêtrés, pleins de couleur, stylisés, déformés, composant une selva touffue, ont été sa « marque de fabrique ». Mais l’artiste a récemment annoncé dans un entretien au quotidien de Mexico « La Jornada » un virage dans sa production (comme Jean Hélion, par exemple, le fit autrefois) : la crise économique l’a poussé dans les bras de l’abstraction. Avec l'argument que notre époque troublée a besoin de nouvelles formes pour nourrir l’esprit et la pensée.
• Saúl Kaminer est exposé à la galerie Thessa Herold (7 rue de Thorigny, 75003 Paris), du 5 mai au 2 juillet 2011.

Le site de la galerie Thessa Herold

LIVRES

Ma maison nomade

Nous sommes tellement habitués à vivre dans nos immeubles à digicode et chauffage central que nous avons oublié qu’une bonne partie de l’humanité s’est longtemps contentée de structures souples, rapidement démontables et transportables. Les nomades n’ont pas totalement disparu – en Mongolie, la yourte est encore très utilisée et les Sami de Sibérie se satisfont encore de leur tente conique à armature. Mais l’iconographie distinguée – photos noir et blanc à gros grain, croquis d’explorateurs – rappelle que ce mode de vie est en voie de disparition (provisoire ?) Des Patagons aux Inuits, des Bochimans aux Toungouz, en passant par les Tsiganes, ce tour du monde est fortement documenté. Il s’agit à la fois d’un précis ethnographique – pourquoi les Ostiaks éteignent-ils le feu la nuit alors qu’il fait –40°C, comment doit-on orienter ses pieds lorsqu’on est invité dans une yourte ? – et d’un manuel technique remarquable : comment choisit-on la neige tassée pour faire un igloo ? comment bout-on les écorces de bouleau pour le revêtement chez les Samoyèdes ? pour le démontage d’une tente bédouine, enlève-t-on d’abord les piquets ou la toile ? Avec un résultat inattendu : même l’homme moderne incapable de changer une ampoule se prend à rêver d’une autre vie…
Habitats nomades de Denis Couchaux, éditions Alternatives, 2011, 192 p., 39 €

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BRÈVES

GRENOBLE – Le Musée archéologique Saint-Laurent, qui regroupe quinze siècles sur son site (de la nécropole du IVe siècle à l’église du XIXe siècle) rouvre le 6 mai 2011 après 8 ans de fermeture.

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KARS – Au cours de la démolition de la statue de Mehmet Aksoy, ordonnée par les autorités (voir précédente newsletter), l’artiste et activiste Bedri Kayam (président de la branche turque de l’AIAP, Association internationale des artistes plastiques), qui protestait contre cette décision, a été poignardé.

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MADRID – La 3e édition du festival de photographie Madrid Foto se tient à la Feria de Madrid du 5 au 8 mai 2011.

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MONTROUGE – Le salon d’art contemporain de Montrouge se tient du 5 mai au au 1er juin 2011.

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VERSAILLES – Les frères Ronan et Erwan Bouroullec viennent d’être sélectionnés par l’Etablissement public du Château de Versailles pour l’aménagement contemporain du célèbre escalier Gabriel.

L'article sur le JDD

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Cette semaine, ne manquez pas…

TOUTANKHAMON AUSSI AU MUSÉE DU CINQUANTENAIRE

BRUXELLES - Le Musée du Cinquantenaire se fait l’écho de l’exposition consacrée à Toutankhamon au Heysel, sur plus de 4000 m2. Il le fait en présentant deux nouvelles salles et en consacrant une attention particulière à la présence de Toutankhamon et de sa famille dans ses collections.

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