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N° 233 - du 27 octobre 2011 au 2 novembre 2011


Elmgreen & Dragset, Happy Days in the Art World, 2011. Work-in-progress. Photo copyright Elmar Vestner. Courtesy Performa 11, New York.

L'AIR DU TEMPS

Le grand retour de la performance

Le XXe siècle a bouleversé les arts visuels par « l’invention » de l’abstraction mais pas seulement : la performance est un autre des grands acquis légués par les avant-gardes. Evoquer le génocide nu sur un tas d’ossements (Marina Abramovic), s’habiller d’une robe de viande (Jana Sterbak bien avant Lady Gaga…), peindre avec du sang (Hermann Nitsch), faire du boudin de son propre corps (Michel Journiac), partager une chambre avec un coyote (Joseph Beuys) ou faire des tableaux à la carabine (Niki de Saint Phalle) sont quelques-unes des propositions les plus mémorables du genre mais il en est des milliers d’autres… Le festival Performa, événement biennal organisé à New York depuis 2005, s’est imposé comme une référence et a revitalisé la discipline. Il a fait intervenir des centaines d’artistes, certains par le biais de commandes spécifiques (en 2011 : Elmgreen and Dragset, Ming Wong, etc.) et réserve un espace aux mouvements qui ont marqué leur époque (cette édition relira l’histoire du constructivisme russe et de Fluxus). A l’heure où le marché de l’art est chaque jour plus mondialisé, transparent et capitalistique, la performance fait quasiment figure d’acte subversif tant elle est difficile à monnayer, à collectionner, à conserver…
Performa 11 à New York (divers lieux) du 1er au 21 novembre 2011.

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EXPOSITIONS


Francis Picabia, Totalisateur, 1922 © Vegap, Madrid.

Les mystères de Raymond Roussel

MADRID – Raymond Roussel est l’un des écrivains-culte du début du XXe siècle, qui s’est complu dans les jeux de langage et dans la déconstruction de l’écriture traditionnelle, et qui a couronné son existence excentrique par un suicide à l’hôtel des Palmes à Palerme, en 1933. Pourquoi et comment celui qui écrivit Impressions d’Afrique sans avoir mis le pied sur le continent (Salvador Dali en tirera un tableau célèbre) a-t-il influencé les artistes des avant-gardes, de Duchamp (qui voyait en lui une figure tutélaire) jusqu’à Vito Acconci ? C’est la question que pose l’exposition Locus Solus, dont le titre fait écho à l’un de ces livres.
Raymond Roussel, Locus Solus au musée Reina Sofía, du 25 octobre 2011 au 27 février 2012. L'exposition sera montrée à la fondation Serralves de Porto, du 5 avril au 1er septembre 2012.

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Carstian Luyckx, Volailles attaquées par un renard, vers 1660/1670, huile sur toile, 111,3 x 140,5 cm. Collection Kremer.

Une passion hollandaise

PARIS - La peinture du siècle d'or hollandais (XVIIe siècle) réunit des noms aussi célèbres que Rembrandt, Hals ou Metsu. On imagine que la plupart de ses chefs-d'œuvre sont solidement accrochés aux cimaises des musées. C'est donc une surprise de voir que des particuliers décidés, fortunés (mais pas de façon démesurée), peuvent encore se constituer un fonds de qualité : la preuve en est apportée avec la collection Kremer, assemblée en moins de vingt ans, par un ancien courtier en pétrole et sa femme. Si elle abrite un Rembrandt à l'histoire étonnante (achetée sous une autre dénomination), des Honthorst, Hobbema et van Ostade, les perles sont peut-être à chercher du côté de peintres moins connus, qui ont tous excellé à décrire la vie matérielle, les intérieurs bourgeois et les chaumières paysannes, les passe-temps des manants et des aristocrates - scènes de tabagie, de patinage, de concert, de cupidité… Sweerts, Colonia, Jacob van Loo ou Judith Leyster, seule femme dans cet univers d'hommes, nous arrivent dans leurs teintes d'époque : l'une des obsessions des Kremer est de faire disparaître les vernis qui ont jauni au cours des siècles.
L'âge d'or hollandais, la collection Kremer à la Pinacothèque, du 27 octobre 2011 au 25 mars 2012.

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Piero Buonaccorsi dit Perin del Vaga (attribué à), Sacra Famiglia, vers 1540, huile sur toile, 90 x 67 cm, Galleria Borghese, Rome. Photo : Soprintendenza Speciale per il Patrimonio Storico, Artistico ed Etnoantropologico e per il Polo Museale della città di Roma

Rome du Cinquecento

ROME - Si la Renaissance florentine est liée aux Médicis, la Renaissance romaine convoque immanquablement les papes. Trois ans après l’exposition consacrée au XVe siècle, celle-ci montre le rôle encore plus prépondérant des souverains pontifes à l’époque suivante, celle du Sac de la ville (1529) mais aussi de Raphaël et de Michel-Ange (mort en 1564). Les deux colosses sont les piliers de cette nouvelle rétrospective, qui rassemble des œuvres venues du monde entier (d’un Perin del Vega de Melbourne à un Sebastiano del Piombo de l’Ermitage), notamment une Pietà de Buffalo, que certains attribuent à Michel-Ange, qui a été restaurée pour l’occasion. Un autre clou de l’exposition sera les reconstitutions en 3D de la Loggia d’Amour et Psyché à la Farnesina.
Il Rinascimento a Roma à la Fondazione Roma Museo (Palazzo Sciarra) du 25 octobre 2011 au 12 février 2012

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Artaujourdhui vous conseille aussi…

• MADRID – Au Museo ABC del Dibujo, La elegancia del corazón montre Paris sous le regard d’un grand illustrateur des années 1930, Carlos Sáenz de Tejada. Du 25 octobre 2011 au 26 février 2012.

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• ROME – Grand architecte, il a aussi excellé dans d’autres domaines : au Casino dei Principi, Gio Ponti, il fascino della ceramica montre l’une des facettes du créateur de la revue Domus. Jusqu’au 8 janvier 2012.

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• TONGRES (Belgique) – Dans Sagalassos, City of Dreams, le musée gallo-romain fait revivre une cité antique de Turquie, dans un décor conçu par le metteur en scène d’opéra Guy Joosten. Du 29 octobre 2011 au 17 juin 2012.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE

VENTES

Quand les musées déstockent…

NEW YORK - La vente d'art russe chez Sotheby's le 1er novembre est intéressante pour la poignée de chefs-d'œuvre qu'elle propose, de Répine, Kustodiev, Gontcharova ou Lentulov. Mais elle l'est encore davantage par la question de fond qu'elle soulève une nouvelle fois : les musées ont-il le droit de vendre leur patrimoine ? Dans la plupart des pays européens, l'inaliénabilité des collections publiques est un principe cardinal. Au Etats-Unis, où les grands musées dépendent plutôt de fondations privées et fonctionnent sur une dotation en capital, la pratique est bien moins tabou. On a ici une nouvelle illustration : si l'on peut comprendre que le National Western Museum se sépare d'une superbe Mariée de Nikolai Fekine, très loin de son cœur de cible, on est surpris par l'autre "de-accessionning". C'est le vénérable Museum of Fine Arts de Boston qui se défait d'un superbe Verechtchaguine, La mosquée de la Perle à Delhi. Les 3 millions de dollars attendus serviront à financer l'achat de un chef-d'œuvre de Caillebotte. La saison des aliénations n'est pas finie : pour s'offrir Yarrow Mammut, un portrait d'esclave affranchi peint en 1819 par Charles Willson Peale, le musée de Philadelphie disperse la bagatelle de sept tableaux, le 30 novembre chez Christie's, dont un Mary Cassatt, un George Inness et… deux Peale. La pratique est très critiquée, même aux Etats-Unis, mais présente au moins un avantage : donner un coup de neuf au marché en remettant en circulation des œuvres présumées inaccessibles.
Important Russian Art chez Sotheby's le 1er novembre 2011.

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LIVRES

Brésil années 50

Son nom est peu connu mais synthétise, autant que celui du plus médiatisé Pierre Verger, un Brésil disparu : le Brésil de l'immédiat après-guerre, celui de Getulio Vargas, du Maracanazo (la défaite cuisante en finale de la coupe du Monde en 1950), de la vogue naissante du carnaval à l'échelle mondiale. José Medeiros (1921-1990) a réalisé ses plus beaux sujets très jeune, dans le cadre d'un magazine, O Cruzeiro, financé par le magnat de la presse Assis Chateaubriand, qui se donnait les moyens de produire des reportages ambitieux, à l'image de Vu ou de Life. Voici donc des séries pionnières sur les Indiens d'Amazonie et du Mato Grosso (dès 1949), sur les rites du candomblé, sur le petit peuple du Nordeste ou simplement sur la vie de plage à Rio de Janeiro et les mondains du Jockey Club. A 40 ans, Medeiros délaisse la photographie de presse et se tourne vers le cinéma, où il assistera de grands metteurs en scène comme Carlos Diegues. Son moment décisif était passé, il nous revient aujourd'hui, grâce à une heureuse redécouverte…
José Medeiros. Chroniques brésiliennes, sous la direction de Sergio Burgi et d'Elise Jasmin, éditions Hazan, 2011, 249 p., 35 €.

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BRÈVES

ABU DHABI – Le TDIC (Tourism Development and Investment Co) a repoussé l’attribution des marchés publics pour le Guggenheim Museum dessiné par Frank Gehry, jetant un doute sur son ouverture, prévue pour 2013.

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BAMAKO – La 9e édition des Rencontres de Bamako, Biennale africaine de la photographie, se tiennent du 1er novembre 2011 au 1er janvier 2012.

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BUENOS AIRES – Le salon Buenos Aires Photo se tient du 27 au 30 octobre 2011 au Palais de Glace.

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NEW YORK – Le Metropolitan Museum a inauguré le 24 octobre 2011 ses nouvelles galeries consacrées à l’art islamique, de Turquie, d’Iran et d’Asie centrale.

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TEL AVIV - Le Tel Aviv Museum of Art inaugure le 2 novembre 2011 un nouveau bâtiment (le Herta et Paul Amir Building) dessiné par l'agence Prescot Scott Cohen. La première exposition est consacrée à Anselm Kiefer.

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SUR ARTAUJOURDHUI.INFO

Cette semaine, ne manquez pas…

BURAGLIO, LA GUERRE INTIME

PÉRONNE - L’Historial présente la première rétrospective des œuvres de Pierre Buraglio sur le thème de la guerre. Elle comprend des travaux anciens mais aussi des créations inédites réalisées en contact avec la collection de l’Historial de la Grande Guerre lors de sa résidence au musée en 2011.

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ICARE ENCORE / HÉLÈNE MUGOT ŒUVRE Morceaux choisis

RIOM - Le musée Mandet présente l'œuvre polymorphe d’Hélène Mugot, artiste de la lumière, qu’elle questionne dans tous ses sens : physique, scientifique, symbolique et mythique.

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