ArtAujourdhui.Hebdo
N° 266 - du 28 juin 2012 au 4 juillet 2012
Fratelli Alinari, Messine, vendeur de rue, circa 1895. Avec l'aimable autorisation des Archives Alinari, Florence. Exposition aux Rencontres d'Arles 2012.
L'AIR DU TEMPS
Photo : Arles se penche sur son passé
Doyennes des festivals de photographie, les Rencontres internationales ont décidé de faire un «arrêt sur image», c’est-à-dire de faire le point sur la profession, 30 ans après l’ouverture de l’Ecole nationale supérieure de la photographie (ENSP), qui fut l’un des grands projets du président Mitterrand. Que sont devenus les diplômés de cette institution pionnière ? Quel regard portent-ils sur le monde ? Pourquoi n’ont-ils pas une cote et une aura comparables à celles de leurs homologues de Düsseldorf et de Yale ? De «A» comme Grégoire Alexandre (diplômé 1995) à «V» comme Aurore Valade (diplômée 2005), ils sont 25 à faire l’objet d’expositions monographiques. Toutes les autres expositions – qu’il s’agisse du fonds Alinari, des collections de la Société française de photographie, de Koudelka ou de l’aventure éditoriale Contrejour – suivent le même fil conducteur : les commissaires ou les photographes sont passés par l’ENSP ou sont représentatifs d’une certaine «école française», qui a, heureusement, du sang cosmopolite dans les veines…
• Rencontres d’Arles du 2 juillet au 23 septembre 2012
EXPOSITIONS
Michelangelo Merisi dit Caravage, Ecce Homo, vers 1605-1606, huile sur toile, 128 x 103 cm. Palazzo Bianco, Musei di Strada Nuova, Gênes, Italie (exposition au musée Fabre à Montpellier)
Caravagisme, tiroir sans fond
MONTPELLIER - TOULOUSE – Il n’a jamais voulu d’élèves mais, quatre siècles après sa mort, sa postérité continue d’alimenter d’innombrables expositions. La vie agitée de Caravage a certes joué dans sa fortune actuelle de « peintre maudit » mais son vrai legs réside dans la révolution naturaliste qu’il a imprimée à la peinture européenne. Dans le cadre de l’association FRAME, qui réunit 26 grands musées entre France et Etats-Unis, cette rétrospective en 140 œuvres est scindée en deux parties : les caravagesques du Sud à Montpellier et le caravagisme nordique à Toulouse, où fut actif Nicolas Tournier. L’occasion d’un rassemblement exceptionnel dont n’est pas exclu le maître lui-même (avec le Sacrifice d’Isaac venu des Offices) mais où figurent également Valentin, Georges de La Tour et les virtuoses de l’école d’Utrecht (Honthorst, Ter Brugghen).
• Corps et ombres, Caravage et le caravagisme européen au musée Fabre (Montpellier) et au musée des Augustins (Toulouse), du 23 juin au 14 octobre 2012.
Ces expositions ouvrent aussi cette semaine…
Murillo et son mécène
MADRID – Dans Murillo et Justino de Neve, le musée du Prado montre le lien particulier entre le peintre et son mécène, chapelain à la cathédrale de Séville, au moyen de 17 tableaux provenant de collections internationales (Houston, Edimbourg, Budapest, Paris, etc.) Du 26 juin au 30 septembre 2012
Après Helmut, Alice
PARIS – Après Helmut Newton au Grand Palais, c’est son épouse Alice Springs qui est célébrée à la Maison européenne de la photographie, à côté de Charlotte Rampling, Paul Thorel, Anderson & Low et Jérémie Nassif. Du 27 juin au 26 août 2012.
Georges Bataille et l'érotisme
VÉZELAY – Surréaliste atypique, Georges Bataille, auteur d’Histoire de l’œil a eu une influence notable sur les mouvements artistiques de son temps. Dans Sous le signe de Bataille, le musée Zervos lui rend hommage en réunissant des dessins et gravures érotiques de Masson, Bellmer et Fautrier. Du 27 juin au 15 novembre 2012.
VENTES
Lot n°39, collection de 17 reliures plus 6 numéros de la revue Sport Mondial. Années 50. Bon état. Estimation : 80 €.
Mémoire du sport
PARIS - L’équipe de France de football ayant largement déçu ses supporters, pourquoi ne pas se plonger dans un passé forcément plus radieux ? C’est l’exercice que l’on peut pratiquer avec cette vente, qui accumule des souvenirs remontant sur un bon siècle. Des revues enthousiastes – Miroir Sprint, La vie au grand air, Club -, des manuels savants sur la lutte bretonne ou la culture physique (avec un Traité de gymnastique élémentaire de 1819) et des trophées inattendus - le maillot azur porté par Nicole Montandon dans les 200 mètres des Jeux olympiques de 1968 ou la valise en cuir de Vitorio Diaz, membre de l’équipe de football d’Argentine lors des Olympiades de 1928. Et l’art dans tout cela ? Il est présent avec le célèbre bronze d’Alfred Boucher, Au but, et avec d’innombrables statuettes de tennismen en plâtre, métal chromé, régule, porcelaine : du sport pour tous…
• Sur le thème du sport à l’hôtel-Drouot le 30 juin 2012 (Coutau-Bégarie).
http://catalogue.drouot.com/indexDrouot.jsp?id=13558
L'ARTISTE DE LA SEMAINE
Antoine d’Agata, Sans titre, Tokyo 2006. Courtesy Antoine d’Agata / Magnum Photos
Antoine d’Agata au plus près de la noirceur du monde
«It’s not aesthetic» expliqua-t-il en anglais, à propos de ses photos, lors d’une conférence au BAL, à Paris, en 2010, ajoutant qu’il était généralement acteur autant que témoin de ses images. La crudité de celles-ci a fait que l’une de ses expositions au musée Niépce de Châlon-sur-Saône a été, l’an dernier, partiellement interdite aux moins de 18 ans. Le sexe, la drogue, la maladie, la souffrance et la mort sont vécues par Antoine d’Agata (né en 1961) de très près et donnent l’impression au spectateur d’une descente aux enfers volontaire – comme lorsqu’il partage le quotidien d’une prostituée cambodgienne atteinte du sida, dans Ice, son dernier ouvrage. Cette observation de la noirceur du monde, souvent rendue dans un flou et une pénombre que l’on peut considérer symboliques, cette empathie avec les vaincus ou les faibles, amènent le photographe, membre de Magnum, à un vagabondage permanent et à un engagement hors du commun : il est l’un des seuls photographes connus sans domicile fixe. Il écrivait dans Ice le 19 décembre 2007 : «La seule issue est de me débarrasser de la photographie et de m’enfoncer plus loin encore dans la nuit». • A lire : Ice, Images en Manœuvres éditions, 2012, 290 p., 45 €. • A voir : Antoine d’Agata au Fotomuseum La Haye, du 29 mai au 2 décembre 2012.
LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE
LIVRES
L’invasion du patrimoine
Depuis Mérimée et les débuts de la protection du patrimoine, que de chemin parcouru ! Aujourd’hui, plus de 40 000 bâtiments sont protégés en France. Les campagnes récentes ont intégré dans ce périmètre des pans longtemps méprisés comme l’architecture industrielle. Comment faire face à cette inflation patrimoniale ? C’est la question que pose l’auteur, qui sait de quoi il retourne puisqu’il a dirigé l’Inventaire général du patrimoine, fondé par Malraux, de 1996 à 2003. Pointant les apparentes absurdités de la mémoire – ce sont les Parisiens qui militent pour l’inscription de la procession de la tarasque alors que les jeunes Beurs qui habitent Tarascon s’en soucient comme d’une guigne – et les pièges que tend l’histoire – la tour Eiffel, «inutile et monstrueuse» pour ses contemporains, est devenue un monument sacré – il montre comment l’extension de la notion de patrimoine a permis d’accueillir «de la cathédrale à la petite cuillère». Une dérive intenable, qui appellera immanquablement, un jour ou l’autre, une dose d’iconoclasme…
• Mirabilia. Essai sur l’Inventaire général du patrimoine culturel par Michel Melot, Gallimard, 2012, 304 p., 22 €.
BRÈVES
BERLIN – La 4e édition de Berlin-Paris, un échange de galeries, présentant une soixantaine d'artistes, se tient les 29 et 30 juin 2012 à Berlin, les 6 et 7 juillet à Paris.
LIMOGES – Le Musée national Adrien Dubouché – Cité de la Céramique – rouvre le 29 juin 2012 après un an de travaux.
LONDRES – La 2e édition du salon d’art ancien Masterpiece se tient du 28 juin au 4 juillet 2012 au Royal Hospital de Chelsea.
VERSAILLES – L’établissement public du château de Versailles a annoncé un accord de mécénat avec la fondation Philantropia pour la restauration du bassin de Latone, dessiné par André Le Nôtre.