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N° 270 - du 23 août 2012 au 12 septembre 2012


Piazza del Duomo, L'Aquila, 4 août 2012 (Photo R. Pic)

LETTRE D'ITALIE

Un été 2012

Si l'Italie connaît une conjoncture difficile, son patrimoine reste l'un des principaux points d'attraction pour les millions de touristes qui s'y rendent chaque année. En guise de lettre estivale, voici une proposition d'itinéraire reflétant de près l'actualité des musées et des monuments.

L'AIR DU TEMPS

Quel avenir pour L’Aquila ?

ABRUZZES - Il y trois ans, en pleine nuit, le 6 avril 2009 à 3h38, L’Aquila s’effondrait, proie d’un tremblement de terre dévastateur. S'il fit plus de 300 morts, les dommages au patrimoine furent également importants. Instrumentalisée par le gouvernement Berlusconi (qui s’empressa de se mettre en position avantageuse avec la construction de nouveaux immeubles anti-sismiques reconnaissables à leurs pilotis dans des newtowns en périphérie), la catastrophe n’a reçu que très peu d’attention dans la vieille ville. Celle-ci, qui est pourtant un joyau de l’urbanisme italien, de la Renaissance jusqu’au XXe siècle, a été totalement évacuée. Seul un corridor y a été ouvert, sur le Corso Vittorio Emanuele, du cinéma Massimo (qui a gardé, derrière sa vitrine ébréchée, l’affiche du film projeté le jour fatidique, Gli amici del Bar Margherita) en direction du Duomo. L’émouvante promenade donne l’impression de traverser une ville morte, simplement animée par les patrouilles de carabiniers et quelques cafés aux terrasses incongrues. La plupart des projets de restauration ont connu des retards et des contractions budgétaires et de nombreuses voix s’élèvent pour signaler le paradoxe : L’Aquila risque d’être rayée de la carte par l’impuissance des hommes davantage que par la colère de la terre. Et pas seulement du fait de l’incurie bureaucratique italienne souvent brocardée : dans le feu de l’émotion et du G8 organisé sur place (du 8 au 10 juillet 2009), de nombreux gouvernements étrangers avaient promis des aides financières, jamais matérialisées…

CALABRE


Les deux bronzes de Riace © Consiglio regionale della Calabria/Soprintendenza archeologica della Calabria

Bronzes de Riace : 40 ans d’interrogations

REGGIO CALABRIA – Chaque 16 août, l’anniversaire est célébré mais, cette année, il a le pouvoir des chiffres ronds : les deux colosses de bronze de Riace ont été découverts il y a exactement 40 ans, à 200 mètres du rivage par 7-8 mètres de fond. Cet événement majeur reste entouré de mystères dérangeants, que rappelle un article récent de la revue Vanity Fair, qui se base sur une enquête du professeur Giuseppe Braghò. Les statues antiques étaient-elles deux ou trois (l’une ayant disparu depuis) ? Ne possédaient-elles pas des fragments de lance et de bouclier (eux aussi disparus) ? La criminalité organisée a-t-elle joué un rôle dans la disparition de ces éventuels éléments (on se rappelle qu’elle obtint un an plus tard une énorme rançon de l’enlèvement du petit-fils de JP Getty, le fondateur du Getty Museum) ? Soumis à plusieurs interventions pour les sauver de la corrosion, les supposés Dioscures sont actuellement visibles su siège du Conseil régional de Calabre. Simonetta Bonomi, la directrice de la Sovrintendenza archeologica de la région l’a promis : en décembre, les deux joyaux seront exposés dans le musée de la Magna Grecia, enfin restauré…
• Le site consacré aux deux bronzes de Riace

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• L’article et des photos sur Vanity Fair Italie

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POUILLES


La mosaïque d'Otrante. DR.

Le roman à clés de Pantaléon

OTRANTE – Souvent présenté comme l’un des plus beaux pavements de mosaïque du monde, le sol de la cathédrale d’Otrante, réalisé sous la conduite d’un mystérieux Pantaléon au milieu du XIIe siècle, est entièrement visible, en toute saison. Une aubaine, plutôt contraire aux règles de conservation, et dont il convient de profiter tant qu'elle dure… Autant que celui de Sienne, il est peuplé de figures allégoriques et ésotériques – animaux comme le griffon, le lion, l’éléphant, personnages semi-mythologiques comme Adam et Eve, le roi Arthur, Alexandre (l’énigmatique Roman d’Alexandre aurait été l’une des principales sources d’inspiration de l’œuvre), distribués sur les branches d’un grand arbre de la vie. A l’occasion d’une visite, ne pas manquer l’autre grande « attraction » : les crânes des 800 martyrs d’Otrante, passés par le fil du cimeterre lors de l’assaut turc de 1480, conservés dans des vitrines murales.

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SICILE


Mosaïque de la Villa romaine du Casale © Regione Siciliana Assessorato dei Beni Culturali e dell'Identità Siciliana Dipartimento dei Beni Culturali e dell'Identità Siciliana - Parco Archeologico della Villa Romana del Casale e delle aree archeologiche di Piazza Armerina e dei Comuni limitrofi - Tutti i diritti riservati

La villa romaine du Casale ressuscitée

PIAZZA ARMERINA – Propriété d’un puissant sénateur? Ou commande directe de l’empereur? Le débat n’est pas tranché quant à l’origine de la Villa romaine du Casale, l’une des plus fastueuses de la Sicile du IVe siècle de notre ère, dans l’actuelle province d’Enna, au centre de l’île. Rendue célèbre par ses mosaïques (sur une surface de 3000 m2), où l’on voit notamment des baigneuses en bikini jouer au ballon et une chasse aux animaux sauvages en Afrique, la villa n’est sans doute pas un palais isolé mais serait en réalité, comme semblent l’indiquer les fouilles récentes, au cœur d’un ensemble plus vaste. « Redécouverte » au XXe siècle par les archéologues Pace, Orsi et Gentili, la Villa del Casale, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1997, avait besoin d’une couverture complète et d’un système de passerelles pour pouvoir admirer les mosaïques. Ceux-ci viennent d’être achevés pour un coût de quelque 20 millions d’euros et le site a été rouvert dans sa totalité au public en juillet dernier, après 5 ans de travaux.

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TOSCANE


La Tribuna des Offices. © Polo Museale Fiorentino

Le musée des Offices poursuit sa mue

FLORENCE – Moins spectaculaire que les extensions du Louvre ou du Guggenheim, le chantier des Nuovi Uffizi ou Nouveaux Offices consiste à rouvrir au public des salles historiques longtemps fermées (notamment au premier étage, occupé par les Archives de Florence) et à doubler ainsi la surface d’exposition du musée dans son ensemble. Après l’inauguration en décembre 2011 de la Nuova Scala et des Sale Stranieri (salles des étrangers, aux parois bleues, accueillant la peinture espagnole, française, hollandaise et flamandes), le 16 juin 2012, l’événement était encore plus spectaculaire puisque neuf salles, dites rouges, consacrées à Raphaël et à la peinture toscane du XVIe siècle, ont été ajoutées au parcours muséographique, ainsi que la Tribuna, avec sa coupole, qui fut autrefois le cabinet de curiosités du grand-duc Francesco I (1541-1587) et le noyau du musée actuel.

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Le pavement de la cathédrale de Sienne © Opera del Duomo di Siena

Duomo de Sienne : la mosaïque dévoilée

SIENNE – La cathédrale de la rivale de Florence a suscité l’admiration d’innombrables visiteurs étrangers, de Stendhal à Wagner pour son élégance, sa bichromie extérieure, et, surtout, son pavement. Celui-ci, habituellement caché sous un tapis protecteur en bois, est exceptionnellement visible pendant quelques mois grâce à un circuit de visite qui permet d’approcher ses figures les plus célèbres et énigmatiques – les sibylles, Hermès Trismégiste, Aristote, la louve siennoise – auxquelles ont collaboré les plus grands artistes locaux, de Sassetta à Domenico Beccafumi. Alors qu’une autre icône siennoise – le Palio - est sous le feu des critiques (six chevaux sur dix sont tombés et se sont blessés lors de l’édition du 16 août), le Duomo devait faire le plein jusqu’au début de l’automne.
• Les mosaïques du Duomo sont visibles au public du 18 août au 24 octobre 2012.

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