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N° 282 - du 29 novembre 2012 au 5 décembre 2012


L’Apoxyomène de Croatie (détail), bronze, incrustations de cuivre. H. 192 cm. Réplique hellénistique ou romaine d’un bronze original du IVe siècle avant J.-C. Croatie, Ministère de la Culture © Institut Croate de Restauration

L'AIR DU TEMPS

Le plus beau bronze de Méditerranée ?

L’Antiquité romaine et grecque, qui en était pourtant friande, nous a laissé peu de statues de bronze. La plupart ont disparu ou ont été fondues. Il a fallu des événements fortuits – des fouilles sur le site d’un séisme ou d’un naufrage – pour en mettre au jour. Les plus célèbres sont les colosses de Riace, bien que peu visibles depuis leur découverte il y a 40 ans. Heureusement, la famille des bronzes antiques pêchés en Méditerranée s’agrandit lentement mais régulièrement. Elle s’est récemment enrichie d’un nouveau membre : un athlète affublé d’un nom compliqué, l’Apoxyomène, qui lui vient de son attitude. Il se « racle » en effet la sueur et le sable avec un strigile (même si le sien a disparu depuis longtemps, englouti par les flots). Découvert en 1997 par le plongeur belge René Wouters, aujourd’hui décédé, par 45 mètres de fond au large de l’île de Losinj (à la hauteur de Ravenne et Zadar), l’Apoxyomène a été patiemment restauré, de 1999 à 2007. Le trou béant qui balafrait sa cuisse a été résorbé et c’est un éphèbe de belle taille (1,92 m) qui vient d’arriver au Louvre, où il est l’un des clous de la Saison croate.
• L’Apoxyomène de Croatie est exposé au musée du Louvre, du 23 novembre 2012 au 25 février 2013.

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• Les bronzes de Riace, qui ont subi eux aussi une restauration poussée, devaient être réinstallés en grande pompe dans le Museo della Magna Grecia de Reggio Calabria en cette fin d’année 2012. Aucune date n’a été donnée pour l’inauguration, qui semble repoussée sine die…

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EXPOSITIONS


Élément de polykandelon, Kharayeb (?), époque byzantine, VIe-VIIe siècle. Alliage cuivreux doré, décor ajouré, H. 2,1 cm ; Ø 49,2 cm. DGA, inv. 28664 © Ministère de la Culture du Liban / Direction Générale des Antiquités. Photo : MAH, CHAMAN Studio, S. Crettenand

Liban, si jeune et si vieux

GENÈVE – C’est plus que ce que proclamait Napoléon au pied des pyramides : le Liban nous observe du haut de ses soixante siècles d’histoire. Les médias n’en ont cure, préférant généralement l’actualité brûlante de la nuit passée… C’est donc à un intéressant renversement de point de vue qu’appelle l’exposition du musée Rath en accumulant plus de 300 « preuves » de cette impressionnante antiquité. Provenant pour l’essentiel du Musée national de Beyrouth, elles voguent d’une idole en calcaire de l’âge du Bronze à une monnaie de l’âge du Fer, des statues hellénistiques aux moules à pain eucharistiques, jusqu’aux éléments du palais omeyyade d’Anjar et aux icônes melkites. On aura compris qu’il ne s’agit pas que d’empilements de millénaires mais aussi de croisements à n’en plus finir d’influences et de religions – la Grèce, les Phéniciens, Rome, Byzance, les premiers chrétiens, l’Islam. Autant dire qu’au Levant, la mondialisation n’est pas une idée neuve…
Fascination du Liban : soixante siècles d’histoire au musée Rath, du 30 novembre 2012 au 31 mars 2013.

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Ces expositions ouvrent aussi cette semaine…

Radioscopie des Mille et une nuits

PARIS – L’Institut du monde arabe se penche sur les Mille et une nuits, un texte fondamental entré pour la première fois dans les langues d’Occident grâce à la traduction d’Antoine Galland au tout début du XVIIIe siècle. Des livres enluminés aux dessins de Picasso et au ballet de Diaghilev, quelque 350 pièces en détaillent le mythe. Du 27 novembre 2012 au 28 avril 2013

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Pinsel, baroque à la polonaise

PARIS – Le Louvre met en avant un sculpteur baroque méconnu de Galicie (Pologne), Johann Georg Pinsel, actif au milieu du XVIIIe siècle et virtuose du bois polychrome. Du 22 novembre 2012 au 25 février 2013.

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Dietrich, copieur émérite

SAINT-PÉTERSBOURG – Le musée de l’Ermitage consacre une rétrospective à Christian Wilhelm Dietrich (1712-1774), peintre actif à la cour d’Auguste III, l’Electeur de Saxe, et connu pour s’inspirer de prédécesseurs célèbres comme Rembrandt. Du 28 novembre 2012 au 24 février 2013.

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VENTES


Lot 47, Rabanus Maurus Magnentius, De Laudibus sancte Crucis opus, erudicione versu prosasq[ue] mirificum Pforzheim, Thomas Anshelm, mars 1503. In-folio (292 x 205 mm) de 86 ff. Estimation : 8000-10 000 €. Courtesy Artcurial.

Les Wolf, collectionneurs du Nouveau Monde

PARIS - Le plaisir des collections est qu’elles effectuent des rapprochements d’œuvres très personnels, et qui ne répondent jamais aux mêmes préceptes. C’est le cas avec la collection Liuba et Ernesto Wolf, rassemblée par un couple qui semble incarner les grands horizons : lui, Ernesto Wolf (1918-2003), descendant d’une lignée d’industriels juifs allemands installés en Argentine dans les années 1930, elle, Liuba (1923-2005), Brésilienne d’origine bulgare. C’est à São Paulo qu’ils réunirent des livres d’heures, des Vierge à l’Enfant, des cuillers anthropomorphes Dan de Côte d’Ivoire mais aussi l’album Jazz de Matisse (150 000 €) ou un Clown assis de Rouault. L’un des objets visuellement les plus marquants est le De Laudibus de Rabanus Maurus Magnentius (8000 €), un ouvrage de la Renaissance allemande, consacré à la Crucifixion, qui montre que le design, l’art de la typographie et la poésie visuelle ne sont pas nés d’hier…
Collection Liuba et Ernesto Wolf chez Artcurial les 4 et 12 décembre 2012.

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Eugenio Carmi, Il maschio del Neutrino, 2012. Acrylique, peinture et collage sur toile de jute, cm 60x60. Courtesy galerie Orenda, Paris.

Eugenio Carmi, un demi-siècle de géométrie

Nonagénaire, c’est l’un des derniers témoins de l’art d’après-guerre en Italie. Fervent de l’abstraction, Eugenio Carmi (né en 1920 à Gênes) manipule depuis des décennies le carré, le cercle, le triangle, la spirale, en les faisant s’interpénétrer et continue d’explorer la thématique du nombre d’or. Son poste de directeur du graphisme de la multinationale sidérurgique Italsider, de 1956 à 1965, l’éloigne de l’enseignement figuratif de Casorati pour le mettre à la recherche de la divine proportion théorisée par Luca Pacioli à l’époque de Léonard de Vinci. Après avoir contribué à la fondation d’une galerie autogérée dans le village ligure de Boccadasse en compagnie d’artistes comme Achille Perilli, il se fait remarquer à la Biennale de Venise de 1966, année où Lucio Fontana obtient le grand prix de peinture. Compagnon de route de David Smith, Max Bill ou Vasarely, Carmi a compté sur une amitié constante depuis un demi-siècle, celle d’Umberto Eco, dont il illustra autrefois les contes pour enfants.
• Eugenio Carmi est exposé à la galerie Orenda (54 rue de Verneuil, 75007 Paris) jusqu’au 12 janvier 2013.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE

LIVRES

Des années de plomb

Le 16 mai 1940, alors que la campagne de France est lancée depuis une semaine, Duchamp s’installe à Arcachon. Le 20 octobre 1944, Arletty, accusée de collaboration, est arrêtée à l’hôtel Lancaster. Entre ces deux dates, en France occupée et notamment à Paris, quatre années noires mais non pas quatre années vides. Picasso travaille dans son atelier de la rue des Grands-Augustins, Kees van Dongen expose à la galerie Charpentier, Sacha Guitry, Cocteau et Paul Morand écrivent, Charles Munch tient la baguette au Conservatoire, Abel Gance, Pagnol, Raimu et Fernandel tournent. Fallait-il le faire ? Fallait-il que Marie Laurencin donne des illustrations à l’hebdomadaire Comoedia ? Fallait-il dépenser 56 millions de francs pour produire Les Enfants du paradis ? Les réponses sont moins simples qu’on le suppose au premier abord. Organisé en éphémérides, le volume détaille mois après mois le temps de l’Occupation, ses personnages-clés, ses œuvres majeures, d’un bord et de l’autre - des Décombres de Rebatet au Corbeau de Clouzot.
Les arts sous l'Occupation, sous la direction de Stéphane Guégan, Beaux Arts éditions, 2012, 280 p., 39,50 €

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BRÈVES

ANGKOR - Le 8e Angkor Photo Festival se tient du 1er au 8 décembre 2012.

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LONDRES - Le Victoria & Albert Museum ouvre le 1er décembre ses nouvelles galeries consacrées au mobilier.

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MIAMI - Le salon Design Miami se tient du 4 au 9 décembre 2012.

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PARIS - La galerie Toboggan Antiques, consacrée à l'art du XIXe siècle, a été inaugurée le 27 novembre 2012 au 14, avenue Matignon.

TOURCOING – L’Institut du monde arabe, qui fête son 25e anniversaire, a ouvert le 21 novembre 2012 un espace dans une ancienne usine textile.

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SUR ARTAUJOURDHUI.INFO

Cette semaine, ne manquez pas

AU-DELÀ DU STREET ART

PARIS - La rétrospective organisée à L'Adresse Musée de la Poste présente plus de 70 œuvres sur des supports très éclectiques et montre l'évolution du mouvement, des pionniers jusqu'à Miss.Tic ou Shepard Fairey.

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