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N° 284 - du 13 décembre 2012 au 19 décembre 2012


Eugène Delacroix, Le 28 Juillet. La Liberté guidant le peuple. H. 2,6 m. ; L. 3,25 m. Musée du Louvre, département des Peintures, RF 129 © 2009 Musée du Louvre / Erich Lessing

L'AIR DU TEMPS

Le Louvre trop ambitieux ?

PARIS - Henri Loyrette réaffirme régulièrement son ambition d’un Louvre universel. Le musée qu’il dirige est aujourd’hui le plus visité au monde : 8,8 millions de visiteurs en 2011 (dont 92 % pour les collections permanentes) contre 5,1 millions en 2001. Dans le même temps qu’il a connu cet accroissement spectaculaire, le musée parisien s’est engagé dans un développement tous azimuts. Après l’ouverture du département des arts de l’Islam, sa manifestation la plus récente est la concrétisation du Louvre-Lens qui ouvre au public ce 12 décembre 2012. Une autre antenne, très discutée, dessinée par l’architecte Jean Nouvel, doit être inaugurée à Abu Dhabi en 2015 tandis que des accords se multiplient avec des institutions américaines, du High Museum d’Atlanta aux musées de San Francisco, ou japonaises (un accord avec la télévision NTV vient d’être conclu, qui envisage une collaboration à long terme, avec d’importantes expositions quadriennales au Japon entre 2018 et 2034 !) L’un des effets de ces partenariats a été d’augmenter de façon significative l’autofinancement du musée, qui atteint 50 %. Mais ils impliquent aussi des prêts et des dépôts d’œuvres (qui s’ajoutent à ceux consentis pour des expositions dans d’autres musées). La décision de ne pas prêter des « croûtes » ayant été maintes fois répétée, le musée va devoir se séparer de chefs-d’œuvre. La présence à Lens du Courtisan de Raphaël et de la Liberté guidant le peuple de Delacroix a suscité suffisamment de grincements de dents, en France et à l’étranger (Jonathan Jones dans le Guardian). Qui trop embrasse mal étreint : le Louvre mondialisé est-il menacé de perdre son âme ?

Le site du Louvre

MUSÉES


© Co-auteurs du Musée du Louvre-Lens : (c) SANAA / Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa - IMREY CULBERT / Celia Imrey et Tim Culbert - MOSBACH PAYSAGISTE / Catherine Mosbach Photographie (c) Iwan Baan

Le Louvre prend le Nord

LENS - Fruit en 2003 d’une décision de Jacques Chirac, alors président de la République, le siège lensois du musée du Louvre vient d’être inauguré, dans le bâtiment lumineux du duo japonais Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa (agence Sanaa) : 28 000 mètres carrés (dont 7 000 pour les expositions) dans un parc de 20 hectares. Plutôt que d’apporter la culture dans une terre déshéritée (comme cela est parfois annoncé), le Louvre-Lens s’insère dans un tissu très riche et dynamique (49 établissements labellisés « musée de France » dans la région et l’effet d’entraînement de Lille capitale européenne de la culture 2004) et devrait en tirer profit, rendant viables les objectifs de fréquentation (700 000 visiteurs la première année, 500 000 ensuite). Dépourvu de collection permanente, le Louvre Lens est tenu de « ponctionner » la maison-mère pour des expositions tournantes de quelques mois ou d’une année. Un feu d’artifice a évidemment été programmé pour les débuts, avec un florilège chronologique et une exposition sur la Renaissance : outre le Delacroix et le Raphaël mentionnés plus haut, on y voit la Madeleine à la veilleuse de Georges de La Tour, la Sainte Anne, autre Raphaël de première grandeur, l’Annonciation de Rogier van der Weyden, le Saint Sébastien de Pérugin ou l’antique Discophore. What else ?
• Le Louvre-Lens ouvre au public le 12 décembre 2012. Entrée gratuite à la Grande Galerie et au Pavillon de verre en 2013.

Le site du Louvre-Lens

EXPOSITIONS


Giambattista Tiepolo, Abraham et les anges, Venise, Scuola Grande di San Rocco, huile sur toile 133 x 112 cm. Courtesy Villa Manin.

Tiepolo, hommage au père

PASSARIANO (Italie) – Dans la famille Tiepolo, je demande le père… S’ils ne sont pas aussi nombreux que les Bach ou les Bruegel, les Tiepolo constituent néanmoins une véritable dynastie artistique. Le plus connu est le premier, Giambattista (1696-1770), qui fut le beau-frère de Francesco Guardi et le père de Giandomenico et de Lorenzo. De ses débuts à Venise à son apothéose à Madrid (où son œuvre marqua Goya), il a laissé son empreinte sur la peinture baroque à travers fresques monumentales, retables et tableaux d’histoire. C’est dans la villa du dernier doge que se tient l’exposition, écho de la grande rétrospective de 1971. Bénéficiant de nombreux prêts d'institutions étrangères, elle entend en particulier montrer le lien entre les dessins préparatoires et les œuvres achevées et étudier le rapport du peintre avec ses commanditaires comme l’érudit Scipione Maffei. L’exposition sera utilement complétée par une visite à Trieste (musée Sartorio) et surtout à Udine, qui conserve un riche patrimoine peint dans le Palazzo Patriarcale.
Tiepolo à Villa Manin du 15 décembre 2012 au 7 avril 2013

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Ces expositions ouvrent aussi cette semaine…

Kelley post mortem

AMSTERDAM - Ce sera sa première rétrospective depuis sa mort brutale et récente. Le Stedelijk Museum consacre une grande exposition à l’artiste américain Mike Kelley (1954-2012) avec quelque 200 dessins, peintures et installations (photo Courtesy Mike Kelley Foundation for the Arts). Du 15 décembre 2012 au 1er avril 2013.

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Monnaies, monnaies

BORDEAUX – L’exposition présentée au musée des Arts décoratifs, L’art au creux de la main : la médaille en France aux XIXe et XXe siècles fait partie d’une manifestation qui voit la participation de plusieurs autres institutions, telles la Monnaie de Paris et le Petit Palais. Du 14 décembre 2012 au 18 mars 2013.

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Marini équestre

NUORO (Sardaigne) – Dans Cavalli e Cavalieri, Marino Marini, le MAN montre l’attachement du grand sculpteur toscan, tout au long de sa carrière, pour le thème du cheval et du cavalier. Du 14 décembre 2012 au 24 février 2013.

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Yvelyne Wood, La Chair de la guerre, installation, 450 x 200 x 140 cm, 2011. Fils de fer barbelés provenant d’un arsenal militaire, robes de jeunes filles installées à l’intérieur des fils de fer barbelés, comportant des textes provenant des archives du HCR (témoignages en swahili, russe, français, anglais, arabe et portugais).

Yvelyne Wood : la femme et la guerre

La souffrance du monde inonde nos écrans à l’heure des informations télévisées mais n’en est pas pour autant un thème favori de réflexion : une fois sa demi-heure de notoriété, on l’évacue… Certains artistes ou écrivains en font pourtant le cœur de leur recherche. C’est le cas pour Yvelyne Wood, dont l’enfance a été marquée par les récits de ses parents, qui ont tous deux souffert des persécutions raciales durant la Seconde Guerre mondiale. Un demi-siècle plus tard, le mal a changé de forme et de lieu, mais pas de nature. Les installations d’Yvelyne Wood, qui mêlent matériaux symboliques – gravats, barbelés, parpaings, chaînes et habits déchirés – évoquent la souffrance des civils et surtout des femmes, victimes collatérales de tous les conflits, d’ex-Yougoslavie en Afrique.
Yvelyne Wood, Le cœur de la guerre, une histoire de femmes sous l'égide du HCR (Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations-Unies) au Conseil général de Tarn-et-Garonne en , du 10 décembre 2012 au 31 janvier 2013.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE

LIVRES

Le Louvre de A à Z

A l’heure où les transferts vers Lens alimentent les polémiques, qui sait combien de toiles le musée du Louvre expose dans ses salles parisiennes ? Environ 3000, que cet ouvrage recense dans leur totalité : un bon viatique pour se consoler des absences en cours ou à venir. Et pour vérifier qu’en dehors de sa richesse en peinture française ou en art italien de la Renaissance, le Louvre possède certains points faibles, comme la peinture espagnole (malgré sa richesse relative en Goya) ou, plus encore, la peinture anglo-saxonne : une vingtaine d’œuvres, seulement, sont accrochées. La virée lensoise du Master Hare de Joshua Reynolds suppose donc une perte de 5% de ce patrimoine…
Le Louvre, toutes les peintures, par Erich Lessing (photos) et Vincent Pomarède (textes), Skira Flammarion, 2012, 764 p., 52 €

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