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N° 289 - du 31 janvier 2013 au 6 février 2013


La banda Picasso, un film de Fernando Colomo, sorti en Espagne le 25 janvier 2013. Courtesy Alta Classics.

L'AIR DU TEMPS

Picasso a-t-il volé la Joconde ?

La vie de Picasso est un fleuve sans fin. Pas une période de sa vie qui ne fourmille d’amours, d’anecdotes, de rencontres et d’événements scabreux… En voici un qui n’est pas le plus connu du grand public mais sans doute un des plus truculents. Le 22 août 1911, la Joconde est volée au musée du Louvre. Le premier suspect est le Belge Géry Piéret qui, quelques années auparavant, s’était déjà servi au Louvre, y subtilisant des statuettes phéniciennes. Il les avait refilées à Apollinaire et à… Picasso, qui les aurait prises comme modèles pour les Demoiselles d’Avignon, le tableau qui lança le cubisme. D’où sa convocation au commissariat. C’est le point de départ du film La banda Picasso, du réalisateur espagnol Fernando Colomo, qui fait revivre le Paris des Années folles avec, entre autres personnages, Braque, Max Jacob, Gertrude Stein et Fernande Olivier. Le Vieux Continent en crise d’identité ? Allons bon ! Ce film mettant en scène un génie espagnol, un malfrat belge et un écrivain d’origine polonaise, impliqués dans le vol d’un tableau italien, a été tourné à Budapest… en français. Vive l’Europe !
La Banda Picasso de Fernando Colomo, avec Ignacio Mateos (Picasso), Pierre Bénézit (Apollinaire). Sortie le 25 janvier 2013 en Espagne.

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EXPOSITIONS


Felice Casorati, Conversazione platonica, 1925, Collection particulière. © Felice Casorati, by SIAE 2012

Le fascisme et l’art

FORLI – Dans la ville natale de Mussolini, l’exposition Novecento convoque les grands artistes du début du XXe siècle pour décrire l’atmosphère dans l’Italie de l’entre-deux-guerres. Le régime fasciste se cherche un art officiel et le trouve dans un « retour à l’ordre », c’est-à-dire dans une figuration néo-classique, construite sur les décombres du futurisme et exaltant la femme au foyer, l’homme fort, les conquêtes du pouvoir. Soucieux de marquer son temps, il favorise le monumental – qui s’exprime dans les réalisations architecturales que sont le quartier de l’EUR à Rome ou la gare de Milan - et dans les grandes compositions murales, en peinture ou mosaïque, qui veulent se rattacher à la tradition du Quattrocento. Ceux qui se plient aux désirs du fascisme ou qui évitent une opposition voyante (Balla, Casorati, Sironi, Funi, Wildt) sont comblés de commandes, invités aux grandes célébrations (Mostre del Novecento Italiano ou Mostra della Rivoluzione Fascista). Les autres, comme Renato Guttuso, connaîtront leur heure après la guerre.
Novecento aux Musei di Sano Domenico, du 2 février au 16 juin 2013.

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Ces expositions ouvrent aussi cette semaine…

Eluard fou d'art

EVIAN – Le Palais Lumière consacre une rétrospective à Paul Eluard (1895-1952), poète engagé mais aussi acteur de premier plan des avant-gardes artistiques, ami d’Ernst et de Dalí (qui lui prendront son épouse Gala), de Cocteau et de Picasso. L’exposition réunit manuscrits et objets personnels ainsi qu’une partie de son importante collection. (photo : Breton et Eluard, par Man Ray). Du 2 février au 26 mai 2013

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Gilles Caron, météore du reportage

LAUSANNE – Mort au Cambodge en allant témoigner sur le conflit à la frontière vietnamienne, le photoreporter Gilles Caron (1939-1970) a laissé des icônes des années soixante. Le Musée de l’Elysée présente 140 photographies, de Mai 68 à la guerre du Biafra en passant par les portraits de personnalités comme Gainsbourg ou de Gaulle. Du 30 janvier au 12 mai 2013.

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Les ors du Pérou

MONTRÉAL – Pérou : royaumes du Soleil et de la Lune réunit, au musée des Beaux-arts, près de 400 objets, provenant d’une quarantaine d’institutions internationales, dont la «Mona Lisa du Pérou», un ornement frontal à tête de félin avec tentacules de poulpe, présenté pour la première fois hors de son pays. Du 2 février au 16 juin 2013.

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Schinkel, l’appel de la Grèce

MUNICH – Héraut de l’architecture néo-grecque dans une Allemagne qui se cherchait une unité et des références nationales, Karl Friedrich Schinkel, célèbre comme architecte, a aussi été un peintre doué, comme le prouve la rétrospective de la Kunsthalle der Hypo-Kulturstiftung. Du 1er février au 12 mai 2013.

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Chez Pietro Bembo

PADOUE – Quels tableaux le grand humaniste Pietro Bembo possédait-il chez lui ? C’est le propos de l’exposition montée au Palazzo del Monte, qui rassemble des Raphaël, Perugin, Francia éparpillés dans le monde entier… Du 2 février au 19 mai 2013.

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Pisano, Espagnol de Montparnasse

PARIS – Peintre méconnu, contemporain d’Antoni Clavé, représentant de la culture espagnole exilée sous le franquisme, Eduardo Pisano (1912-1986), est exposé au musée du Montparnasse. Du 1er février au 17 mars 2013.

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VENTES


Charles Le Brun (1619-1690), Le Sacrifice de Polyxène, 1647, huile sur toile, 179 x 131 cm. Estimation: €300.000-500.000.

Un diamant gros comme le Ritz

PARIS – Dénicher un tableau de maître oublié dans une maison de famille et devenir riche du jour au lendemain ? Pas besoin d’une vieille tante de province et d’un grenier sombre pour que le conte de fées se réalise… La dernière occurrence concerne l’hôtel le plus célèbre du monde, le Ritz de la place Vendôme où logèrent Hemingway ou Chanel. C’est d’ailleurs dans la suite occupée par la couturière jusqu’en 1971 qu’a été découverte cette belle composition de 1647. Non pas dans le cadre d’une inspection de routine mais dans celui de la campagne de travaux, qui va durer deux ans. Au bas de ce Sacrifice de Polyxène (montrant la fille de Priam promise au supplice, pour venger la mort d’Achille), les experts ont identifié le monogramme du grand manitou de Louis XIV, CLBF, c’est-à-dire «Charles Le Brun Fecit». En 2014, à la réouverture de l’hôtel, plus de Le Brun ! Il aura depuis longtemps été vendu aux enchères…
Le Sacrifice de Polyxène sera vendu à Paris, chez Christie’s, le 15 avril 2013 (estimation 300 000 à 500 000 €).

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Gianni Berengo Gardin, Normandia, 1993 © Gianni Berengo Gardin/Contrasto

Le million de Berengo Gardin

VENISE - Photographe prolifique, auteur de plus de 200 livres et de plus d’un million de clichés, Gianni Berengo Gardin (né en 1930) a documenté le dernier demi-siècle italien. Témoin (comme Depardon) de la fermeture des asiles psychiatriques ou (comme le cinéaste De Santis) du déclin des rizières du Piémont, il a porté un regard humaniste sur les êtres et les choses. Il a à la fois croqué le théâtre humain des communautés tziganes ou de la Biennale de Venise et constitué une radiographie très complète de l’Italie monumentale pour le Touring Club Italiano. Dans un nouvel espace d’exposition, qui fut la demeure de l’artiste Mario de Maria au début du XXe siècle, ce sont plus de 130 photographies qui décrivent son parcours, essentiellement en noir et blanc («La couleur distrait le photographe» aime-t-il à dire), intégrant ses reportages à l’étranger et des tirages jamais exposés.
Gianni Berengo Gardin est exposé à la Casa dei Tre Oci, du 1er février au 12 mai 2013.

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LIVRES

L’art est dans le rébus

On connaît Honoré pour ses rébus littéraires très réussis. Voici un concurrent – posthume cependant : Pierre Garcette est décédé en 2003 à l’âge de 63 ans. Il a célébré ses artistes de prédilection au moyen de roboratifs assemblages d’images et de lettres. Décryptés, ils livrent le nom de Dali, Hans Hartung ou Modigliani. Le livre ne sera pas présenté à la foire de Francfort : il est tout bonnement intraduisible ! A moins qu’un génie réussisse le même exploit qu’avec la Disparition de Pérec (un roman sans la lettre « e », devenu A Void). Ainsi, que les Anglais nous pardonnent, une canne et un étau donnent Canaletto, un sac et un calot Jacques Callot. L’exactitude phonétique n’est pas l’objectif primordial, l’œil et l’esprit exigeant grain de folie et associations d’idées biscornues. Walt Disney, c’est du coton et des pifs (ouate-10 nez), et Gainsborough, qui aimait bien placer les époux Andrews dans la campagne, devient un vrai paysan : 15 poireaux (avec une variante carcérale : 15 barreaux). De quoi meubler les longues soirées d’hiver !
Rébus d’art de Pierre Garcette, Editions de La Martinière, 2013, 144 p., 12 €

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BRÈVES

ANGOULÊME – Le 40e Festival international de la bande dessinée se tient du 31 janvier au 3 février 2013.

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BRUXELLES – Le 6e Truc Troc, bourse permettant d’échanger une œuvre d’art contemporain contre un objet ou service, se tient à Bozar du 1er au 3 février 2013.

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GENÈVE – La 2e édition du salon d’art moderne et contemporain Art Genève se tient du 31 janvier au 3 Février 2013.

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LONDRES – Les 212 000 peintures appartenant aux collections publiques britanniques, réparties en 3217 lieux différents, sont désormais accessibles sur internet, fruit d’un projet commun entre la Public Catalogue Foundation et la BBC.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE