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N° 294 - du 7 mars 2013 au 13 mars 2013

L'AIR DU TEMPS

Lettre de Rome

La capitale italienne a de nouveau les honneurs de l’actualité : y contribuent la renonciation du pape, les résultats déroutants des élections mais aussi la culture ! Si la grande époque de Via Veneto, ces années cinquante qui virent jouer des épaules Moravia et Truman Capote, Audrey Hepburn, Liz Taylor, Rossellini et Gassman semble révolue, la ville des Césars a retrouvé une enviable vitalité. Pour preuve les nouveaux équipements culturels qui ont fleuri ces dernières années – l’Auditorium, les musées Macro d’Odile Decq et MAXXI de Zaha Hadid. Mais aussi l’actualité : en cette seule semaine de mars s’y inaugurent trois expositions de grande ampleur, l’une consacrée à Titien (aux Scuderie del Quirinale, (5 mars), l’autre au Cubisme (au Vittoriano, 8 mars), qui retrace la genèse du mouvement, la troisième à Soulages (à la Villa Médicis, 2 mars). Sans compter les rétrospectives déjà ouvertes de Bruegel (au Chiostro del Bramante) et d’Alighiero Boetti (au MAXXI) qui continuent de drainer les foules. Bonne nouvelle, le Sud se rebiffe, et pas seulement en matière politique !

EXPOSITIONS

Titien et les quarante tableaux

ROME – Pour une fois, pas d’anniversaire de mort ou de naissance pour justifier une telle rétrospective: jouissons de Titien pour le simple plaisir des yeux ! L’exposition montée dans les anciennes écuries des papes n’a pas l’ambition de découvrir un pan caché du maître de Pieve di Cadore (1490-1576). Elle se propose simplement de retracer le parcours d’un maître de la Renaissance. Réunir sa production dispersée de par le monde est en soi une gageure, ce qui explique la rareté de ce type de rendez-vous. Pour l’occasion, on a évidemment fait appel à Venise (l’Annonciation de la Scuola Grande di San Rocco), à Florence (Flora des Offices) et à Naples (Danaé et la pluie d’or de Capodimonte) mais aussi au Prado (avec, entre autres, le beau Portrait de Charles-Quint avec son chien) au musée tchèque de Kromeriz (Apollon et Marsyas), au Louvre (l’Homme au gant) ou à la National Gallery de Londres. Au total, sont accrochées une quarantaine d’œuvres, avec une forte représentation de portraits.
Tiziano aux Scuderie del Quirinale, du 5 mars au 16 juin 2013.

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A voir aussi à Rome…

Bruegel et les siens

Bruegel l’Ancien, ses proches et sa «dynastie», de son ami Hieronymus Bosch à David Teniers, époux d’une fille de la troisième génération, sont présentés en une centaine d’œuvres au Chiostro del Bramante. Jusqu’au 2 juin 2013.

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Le club des cubistes

Cubismo, cubisti réunit au Complesso del Vittoriano quelque 200 œuvres – dessins, peintures, sculptures et objets divers – de Picasso à Gris, de Braque à Rivera. Du 8 mars au 23 juin 2013.

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Tableaux de Marinetti

Marinetti chez Marinetti, à la galerie Russo, montre que le théoricien du futurisme, fut aussi un collectionneur avide, notamment de ses affidés Dottori, Palazzeschi ou Soffici. Jusqu’au 15 mars 2013.

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De Sica à mille feux

Vittorio De Sica, père du néo-réalisme (Ladri di bicicletta) mais pas seulement (Mariage à l’italienne, le Jardin des Finzi-Contini), cinéaste, écrivain et mondain, est évoqué dans le cadre du grandiose Ara Pacis. Jusqu’au 28 avril 2013.

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Alighiero revient à Rome

• Les rapports d’Alighiero Boetti, artiste cosmopolite et iconoclaste, avec Rome, font l’objet d’une exposition au MAXXI. A côté d’une trentaine d’œuvres de l’artiste connu pour ses «tapis géographiques», figurent des créations de Cucchi et Ontani, qui s’en sont inspiré. Le 8 mars, l’entrée est gratuite pour les femmes. Jusqu’au 6 octobre 2013

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Chez Mario Praz

• Dans l’écrin délicieusement décadent du musée Mario Praz, les photos de Milton Gendel font revivre les hôtes du grand historien et la Rome intellectuelle des années 1950 à 1970 (Harold Acton, Gore Vidal, Palma Bucarelli, etc.) Jusqu’au 1er avril 2013

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Scalia l'inconnu

• Le peintre Lettero Scalia (1908-1996) fut surtout connu comme auteur d’affiches de cinéma. Le Museo di Roma in Trastevere lui rend hommage. Jusqu’au 5 mai 2013.

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Soulages toujours jeune

Soulages XXIe siècle, la première exposition consacrée au maître en Italie, joue la carte du contemporain avec 70 œuvres postérieures à l’an 2000. Du 2 mars au 16 juin 2013.

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Le Macro à Thayou

• L’artiste camerounais Pascale Martine Thayou a investi le Macro pour y créer un original «jardin secret» à partir de matériaux de rebut. Jusqu’au 7 avril 2013.

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VENTES


Ladislav Sutnar (1897-1976), Venus/In Microskirt, 1967, acrylique sur masonite, 180x109 cm. Estimation : 39 000 €.

Maîtres tchèques

PRAGUE - Les grands «auctioneers» – Sotheby’s et Christie’s voire Artcurial et Tajan - ont développé depuis quelques années des ventes d’écoles nationales. Les «Russian Sales», «Italian Sales» et même «Greek Sales» ont connu de beaux jours mais sont aujourd’hui amoindries par la crise. L’idéal est de se rendre au berceau de ces peintres où de belles découvertes sont souvent possibles. La maison Dorotheum, basée à Vienne, qui a largement développé son réseau en Europe centrale et orientale, propose ainsi une vente tchèque in loco. A côté de petits maîtres locaux, totalement inconnus hors de chez eux comme l’illustrateur Artus Scheiner (1863-1938), avec ses aquarelles estimées 250 €, se glissent des valeurs sûres comme le photographe Josef Sudek, Alfons Mucha (une étude pour l’Epopée slave, estimée 120 000 €), le graphiste Ladislav Sutnar ou Frantisek Kupka, dont un ensemble de 17 gravures (le Songe des songes, de 1905-1909, estimé 20 000 €) passe en vente après avoir été rendu à ses propriétaires légitimes dans le cadre des procédures de restitution.
Fine Art chez Dorotheum le 9 mars 2013.

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE

Sam Szafran, le dernier pastelliste

Dans un monde épris d’abstrait, les peintres figuratifs de l’après-guerre, si l’on excepte Bernard Buffet, ont eu du mal à faire entendre leur voix. Les choses changent et une nouvelle garde fait désormais la une des magazines, de George Condo à Michael Borremans. C’est le temps de redécouvrir les aînés. Le discret Sam Szafran (né en 1934) en est un. La série qui l’a peut-être davantage fait connaître (de manière toute relative) est celle, virtuose, de ces escaliers parisiens vus à travers les œils-de-bœuf des appartements haussmanniens. Des prodiges de perspective mais aussi un regard tendre sur un équipement quasi-révolu : avec les digicodes et les ascenseurs, qui emprunte encore l’escalier, qui regarde par l’œil-de-bœuf ? Dans ses autres ensembles – les imprimeries sous de grandes verrières, les feuillages exubérants des philodendrons -, il se révèle le digne héritier de Quentin de La Tour, Rosalba Carriera ou Edgar Degas : un pastelliste hors pair, capable de faire naître tout un univers de ces bâtonnets artisanaux, dont il a fait son instrument quasi exclusif depuis 1958.
Sam Szafran, 50 ans de peinture à la fondation Pierre Gianadda (Martigny, Suisse), du 8 mars au juin 2013.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE

LIVRES

L’Aveyron, thermomètre de la modernité

Combien notre société a-t-elle changé en quelques décennies ? Comme l’affirme le dicton, quelques images valent parfois mieux qu’un long discours. C’est le sentiment que l’on éprouve en feuilletant la production d’un photographe aujourd’hui oublié (Jean Ribière, actif à Paris-Match et à L’Aurore dans les années 1950-70) sur un département peu fréquenté, l’Aveyron (surtout connu des Français pour le roquefort et pour fournir la moitié des patrons de café parisiens). Il existe des crieurs publics, parfois manchots ; sur les marchés, on voit des stands de vendeurs de cordes et de bourreliers ; à la carrière de Cantoin, les casseurs de pierre travaillent encore le basalte à la masse. On porte la montre à gousset, le chignon, la blouse, on pèse les poules avec une balance romaine. On marche en sabots, on se déplace en charrette et l’on époussette la table avec des ailes de canard. Ces clichés n’ont pas un demi-siècle et, cependant, nous montrent un monde qui semble tenir de la science archéologique. A mettre de toute urgence sur Facebook et Twitter…
Aveyron, le temps de la terre, 1950-1960, par Marie-Claude Dupin-Valaison et Hélène Tabès, photographies de Jean Ribière, Editions du Rouergue, 2012, 162 p., 25 €.

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BRÈVES

LILLE – La 6e édition de Lille Art Fair, consacrée à l’art contemporain, se tient du 7 au 10 mars 2013, sur 12 000 mètres carrés avec plus de 120 galeries françaises et étrangères. Le jeudi 7 mars est une «Nuit de l’art» avec ouverture jusqu’à 22h.

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NEW YORK – L’Armory Show, foire d’art moderne et contemporain, fête son édition du centenaire (celle de 1913 fut notamment marquée par la présence de Duchamp) du 7 au 10 mars 2013.

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PARIS – La galerie Almine Rech ouvre le 9 mars 2013 un nouvel espace au 64 rue de Turenne (75003).

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SHARJAH (Emirats arabes unis) – La 11e Biennale d’art contemporain de Sharjah se tient du 13 mars au 13 mai 2013 avec une centaine d’artistes internationaux sous la direction du commissaire Yuka Hasegawa.

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