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N° 297 - du 28 mars 2013 au 3 avril 2013


Caspar David Friedrich, L'Arbre aux corbeaux, vers 1822, huile sur toile, 59 x 73 cm. Coll. musée du Louvre. © RMN Grand Palais (musée du Louvre)/Michel Urtado/Presse.

L'AIR DU TEMPS

Pourquoi la peinture allemande est-elle si méconnue ?

De la Renaissance à l’impressionnisme, les grands pays européens accumulent une litanie de peintres célèbres, des « household names » comme disent les Anglo-Saxons. Pourtant, en Allemagne, passé Dürer et Holbein, c’est le trou noir jusqu’à l’expressionnisme. Qui répond à Léonard, Titien, Vélasquez, Poussin, Goya, Turner, Courbet, Monet ? Friedrich, peut-être, encore que ses paysages décharnés soient plus connus que son propre nom. Mais qui viendra citer Overbeck, Carus, Runge, Tischbein, Feuerbach et von Marées ? Pourtant excellents artistes, ils n’ont qu’une once de la popularité de leurs homologues français ou italiens. Le musée du Louvre, dans une rétrospective qui dépasse ses limites chronologiques habituelles, s’attache à percer l’énigme. Il en voit la cause dans la tendance de l’art allemand à être une peinture d’idée plus que d’émotion et dans son engagement pour un combat politique peu agréable à ses voisins : la construction d’une nation. Qu’elle convainque ou pas, la démarche est originale et détonne par rapport aux « simples » rétrospectives, alignant de beaux prêts internationaux. L’art sert à voir mais aussi à penser, il explique l’histoire mais éclaire aussi l’actualité : une belle conclusion pour Henri Loyrette, qui quitte la direction du musée le 12 avril 2013.
• L’exposition De l’Allemagne. De Friedrich à Beckmann (1800-1939) se tient au musée du Louvre du 28 mars au 24 juin 2013. Catalogue Hazan/Louvre éditions, 45 €.

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EXPOSITIONS


Moulage d'un chien, maison d'Orphée, Pompéi © Soprintendenza Speciale per i Beni Archeologici di Napoli e Pompei

Pompéi comme si vous y étiez

LONDRES – Les catastrophes exercent sur l’humanité une fascination hypnotique. Du tremblement de terre de Lisbonne au naufrage du Titanic, ils alimentent interminablement la littérature et le cinéma. La fin de Pompéi, ensevelie sous les cendres du Vésuve en 79, en est peut-être l’exemple le plus marquant : voilà deux mille ans que ce drame est sans cesse remis en scène. Le musée Maillol à Paris nous avait proposé une exposition il y a quelques mois, voici le British Museum qui propose son approche personnelle. Centrée sur une vie quotidienne brillante et volontiers hédoniste, elle présente environ 250 objets dont beaucoup n’ont jamais quitté l’Italie : mosaïques et fresques miraculeusement conservées mais aussi des découvertes récentes à Herculanum, la petite cité qui connut un sort identique, comme ces panneaux sculptés d’ivoire et de marbre. Mais le plus émouvant reste la preuve tangible d’une catastrophe instantanée : ces moulages de corps de chiens tétanisés par la fournaise ou ce berceau d’enfant carbonisé…
Life and Death in Pompei and Herculanum au British Museum, du 28 mars au 29 septembre 2013.

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Ces expositions ouvrent aussi cette semaine…

Fernand Léger, côté ville

BIOT - Métropolis, Fernand Léger et la ville montre (au Musée national Fernand Léger) le rapport qui a lié le peintre aux grands décors urbains, dans un idéal de progrès social. Du 23 mars au 7 octobre 2013.

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Signac, homme de la mer

GIVERNY - Il fut théoricien du néo-impressionnisme, vulgairement baptisé pointillisme, mais pas seulement : Signac, les couleurs de l’eau, présenté au musée des impressionnismes montre que le peintre fut aussi un grand interprète des rivages, des ports et notamment de la Méditerranée. Du 29 mars au 2 juillet 2013.

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Fragile beauté de Murano

PARIS - Murano évoque une tradition verrière séculaire, élaborée sur une petite île de la lagune vénitienne. L’exposition du musée Maillol montre que la production a toujours entretenu un lien étroit avec l’art contemporain. Du 27 mars au 28 juillet 2013.

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VENTES

La semaine de Cornette

PARIS – Après le succès de l’an dernier – un chiffre d’affaires de 21 millions € - la maison Cornette de Saint-Cyr remet le couvert : elle propose un marathon de 16 ventes, du 25 au 29 mars 2013, dans le cadre élégant de l’hôtel Salomon de Rothschild. A l’heure où ces lignes paraissent, il reste à adjuger les lots des ventes les plus attendues, celles dédiées à Sacha Guitry, à l’art brut et à l’art contemporain. Dans la première, on verra notamment une Femme nue de Renoir, qui eut un destin curieux puisque Sacha conseilla à son père, le 22 mars 1922, soit deux jours avant sa mort, de l’acheter (estimation 80 000 €). Dans les deux autres, en dehors d’un Homme assis de Botero (500 000 €), c’est l’art brut qui est marquant, avec des œuvres de Martín Ramírez (dont on a vu une belle rétrospective au Reina Sofía de Madrid il y a quelques années) et d’Henry Darger (1892-1973). De ce reclus de Chicago, qui a laissé une interminable Comédie humaine où des enfants esclaves se révoltent contre les adultes qui les torturent, un dessin à la gouache est attendu à plus de 120 000 €.
Florilèges de Cornette de Saint-Cyr, jusqu’au 29 mars 2013, à l’hôtel Salomon de Rothschild (11 rue Berryer, 75008 Paris).

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Olivier Catté, Cityscape 1242, techniques mixtes sur carton, 2012, 120x120 cm. Courtesy galerie Lazarew, Paris.

Catté, villes de carton

En une période où les artistes peuvent piocher dans une gamme démesurée de « media », du crayon au néon, de l’acrylique à la vidéo, son matériau de prédilection est pauvre parmi les pauvres : du simple carton ondulé. Olivier Catté (né en 1957), qui opère loin des feux de la rampe, dans un atelier rouennais, le couvre d’abord de peinture noire. Ensuite, un peu comme les peintres de la Renaissance ou les décorateurs de la Prague maniériste, il réalise une sorte de « sgraffite », grattant cette couche, creusant et triturant le carton, le bardant de scotch d’emballage. Le plus étonnant est que cette démarche qui tient à la fois de l’Arte Povera et de Gutai a au fond un objet figuratif : il s’agit de faire apparaître des architectures géométriques, des cités rêvées, à mi-chemin entre les formes rationnelles du Pentagone et les délires verticaux de Sant’Elia ou de Tony Garnier.
Olivier Catté, Cityscapes à la galerie Lazarew du 28 mars au 11 mai 2013 .

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE

LIVRES

Jacoulet du Soleil levant

Voilà, comme Bernard Buffet, un artiste français davantage connu au Japon qu’en France. Il faut dire que Paul Jacoulet (1896-1960), fils d’un professeur de français en poste à Tokyo, où il arrive à l’âge de trois ans, a vécu plus longtemps en Asie qu’à Paris. Grand voyageur, il a notamment immortalisé (lors d’expéditions entre 1929 et 1933) les tatouages et les tenues traditionnels des îles de Micronésie avant qu’ils soient vidés de leur sens et deviennent de simples attractions touristiques. En 1933, il fonde à Tokyo un atelier de gravure, s’érigeant en successeur de Hiroshige et de Hokusai dans la discipline exigeante de l’ukiyo-e (gravures sur bois), produisant chaque année une série d’estampes que se disputent avidement les collectionneurs – fleurs, papillons, belles courtisanes, vieillards vénérables. Le catalogue décrit la production de cet interprète d’un Extrême-Orient coloré et raffiné. Il sert aussi de catalogue à une exposition et à une donation importante au musée du quai Branly. Déjà apprécié aux Etats-Unis, Jacoulet va-t-il enfin sortir de son purgatoire hexagonal?
L’univers flottant de Paul Jacoulet, un artiste voyageur en Micronésie, sous la direction de Christian Polak et Kiyoko Sawatari, éditions Somogy/musée du quai Branly, 2013, 354 p., 49 €

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BRÈVES

BORDEAUX – Les 23e Itinéraires des photographes voyageurs se tiennent du 2 au 28 avril 2013.

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PARIS – Art Paris, foire d’art moderne et contemporain, se tient du 28 mars au 1er avril 2013 avec pour pays invité la Russie.

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PARIS – La galerie d’art contemporain Jérôme de Noirmont, fondée en 1994, a annoncé sa fermeture le 23 mars 2013, à l’issue de l’exposition consacrée à Marjane Satrapi.

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