ArtAujourdhui.Hebdo

Le retour de Haring

PARIS – Cela fait près d’un quart de siècle qu’il est mort mais Keith Haring (1958-1990), prodige fauché en pleine jeunesse, comme Jean-Michel Basquiat, revient en force. Paris lui offre deux expositions simultanées réunissant au total quelque 250 œuvres. Celle du musée d’art moderne de la Ville de Paris détaille son parcours et les thèmes qui l’ont inspiré – les discriminations raciales et sexuelles, la toute puissance des médias, la menace d’une apocalypse nucléaire et, évidemment, le combat contre le sida dont il devait succomber. Celle du Centquatre, montrera des peintures de très grand format comme The Marriage of Heaven and Hell ainsi que des sculptures. La veille de leur inauguration, le 17 avril, a eu lieu une vente aux enchères particulière chez Sotheby’s. Le produit (361 900 €) des œuvres consignées gracieusement par 26 artistes, de François Boisrond à George Condo, sera affecté à une autre création de Haring : la fresque de l’hôpital Necker-Enfants malades. Se déployant sur les 27 mètres de l’escalier de secours de la clinique de chirurgie infantile, réalisée en trois jours lors de sa période la plus frénétique (du 28 au 30 avril 1987), elle a mal vieilli. Le temps est venu de la sauver, à l’instar de huit autres de ses œuvres monumentales déjà hors de danger.
• Keith Haring, The Political Line au musée d’Art moderne de la Ville de Paris et au Centquatre, du 19 avril au 18 août 2013.

L'exposition au musée d'Art moderne de la Ville de Paris

Redécouvrir Dalou

PARIS – Il fut un contemporain de Rodin mais la postérité a été moins tendre pour lui: longtemps négligé, Jules Dalou (1838-1902), grand sculpteur républicain, est remis sur le devant de la scène par une ambitieuse exposition du Petit Palais. Du 18 avril au 13 juillet 2013.

En savoir plus

Morain, mémoire visuelle

PARIS – Son nom n’est pas connu du grand public mais il a illustré un demi-siècle d’art contemporain, des Nouveaux Réalistes jusqu’à nos jours : André Morain reçoit à la Maison européenne de la photographie la rétrospective qu’il mérite. Du 17 avril au 16 juin 2013.

En savoir plus

New York, New York

ROME – Dans Empire State, le Palazzo delle Esposizioni dresse un portrait-robot de l’art contemporain new-yorkais en réunissant 25 artistes de différentes générations, de Takeshi Murata (photo) à Julian Schnabel. Du 23 avril au 21 juillet 2013.

En savoir plus

Un Crillon chasse l’autre

PARIS - Un casier de concierge à 800 €, un semainier de style Louis XVI à 400 €, un jeu de l’oie italien du XVIIe siècle à 150 €, des paires de rideaux à partir de 200 €, un lustre Lalique Champs-Elysées à 3000 €, un chariot à dessert Christofle au même prix (et, de la même maison, abondance de seaux à champagne, de cloches, de candélabres), des soupières et des coquetiers Bernardaud comme s’il en pleuvait… Mais aussi le bar réalisé par César en 1982 ou les fauteuils de Sonia Rykiel. C’est le nettoyage du siècle à l’hôtel Crillon. Le palace parisien fait peau neuve et se débarrasse à l’encan de son mobilier, de sa vaisselle, de ses tapisseries qui, il y a quelques semaines encore, faisaient le bonheur de ses hôtes fortunés : au total 3500 lots (dont un beau catalogue de vins) qui occuperont cinq journées de ventes. Fermé le 30 mars 2013, l’hôtel, dont Eisenhower avait fait son quartier général en 1944, devrait rouvrir en 2015 avec une décoration entièrement revue. Sic transit gloria mundi…
• Le Crillon, ventes chez Artcurial du 18 au 22 avril 2013.

En savoir plus

Ron Mueck, le plus que réel

C’est sa deuxième rétrospective à la Fondation Cartier : cet honneur insigne est-il dû à sa capacité à attirer les foules (l’exposition de 2005 reste la plus fréquentée de la maison) ou à son art hors du commun ? Ron Mueck, né en 1958 en Australie, aujourd’hui installé à Londres, réalise des sculptures d’hommes et de femmes de tous les jours, dans des poses d’une extrême banalité (au lit ou à la plage sous un parasol, debout un sac plastique à la main). On pense évidemment à l’hyperréalisme de Duane Hanson mais les personnages de Mueck étant hors de proportion – minuscules ou, surtout, gigantesques -, ils en deviennent monstrueux. Leur rendu extraordinairement réaliste, des rides de la peau jusqu’à l’iris des yeux, des veinules éclatées aux poils de la barbe, en fait un terrain d’étude. On tourne autour, fasciné ou écœuré, comme la caméra indiscrète de Google Earth : l’homme, cet univers…
• Ron Mueck est exposé à la Fondation Cartier, du 16 avril au 29 septembre 2013.

En savoir plus

Requiem pour la carte postale

L’introduction le dit clairement : 800 millions de cartes postales envoyées en France en 1918, 300 millions en 2012. Plus que l’effondrement des chiffres, c’est l’appauvrissement des thématiques qui frappe. Aujourd’hui, on s’en tient peu ou prou aux paysages à ne pas manquer et aux grivoiseries de bord de mer. Il y a un siècle, comme le montre cet ouvrage qui dévoile les plus belles pièces d’une collection personnelle, ces deux catégories existaient – et comment ! Mais elles étaient accompagnées de bien d’autres : déclarations d’amour, cartes-rébus, cartes-calembours et cartes allégoriques, collages (coupures de journaux ou plantes séchées) et montages photographiques. Sans oublier un fonds à part, celui des cartes personnalisées, entièrement peintes, dessinées ou typographiées par l’expéditeur. Un trésor de créativité qu’internet a rendu caduc : l’instantanéité des e-mails nous a fait perdre un sacré plaisir, celui de l’attente du facteur.
• Je vous aime, devinez qui ? L’art de la carte postale, par Francine Stalport, La Martinière, 2013, 192 p., 22 €.

Achetez cet ouvrage chez Amazon

Achetez cet ouvrage à La FNAC