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N° 301 - du 25 avril 2013 au 1 mai 2013


Vincent van Gogh (1853-1890), La chambre de Vincent à Arles, 1888, huile sur toile, 72 x 90 cm. Van Gogh Museum, Amsterdam (Vincent van Gogh Foundation).

L'AIR DU TEMPS

Chut ! Van Gogh travaille…

AMSTERDAM – La ville des canaux est décidément « the place to be » en ce moment. Après la réouverture du Stedelijk Museum en novembre dernier puis l’inauguration en grande pompe, il y a dix jours, du Rijksmuseum rénové, c’est au tour du Van Gogh Museum de faire partiellement peau neuve. Le 1er mai, ce favori des touristes (1,5 million de visiteurs par an) sera de nouveau accessible après sept mois de travaux (nécessaires pour rendre les locaux compatibles avec les nouvelles exigences environnementales). Mais l’exposition qui y est présentée a eu une genèse bien plus longue puisque les commissaires et experts la peaufinent depuis huit ans. Sa thématique est toute simple : Van Gogh au travail. Des analyses poussées aux rayons X et au microscope ont permis de retrouver des grains de sable collés sur certaines toiles (preuve que l’artiste travaillait en plein air), des morceaux de papier journal (utilisés en guise de protection), et de déterminer les pigments, les pinceaux, le degré de dilution de la peinture à l’huile. Ses carnets, ses lettres, ses tubes, son unique palette (provenant du musée d’Orsay) seront exposés, redonnant à la superstar sa dimension humaine.
Van Gogh at work au Van Gogh Museum, du 1er mai 2013 au 13 janvier 2014.

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EXPOSITIONS

Tamara de Lempicka, icône Art déco

Elle a connu, toutes proportions gardées, le même destin que Frida Kahlo : artiste à la notoriété discrète de son vivant, superstar mondiale après un demi-siècle de purgatoire. Tamara de Lempicka (1898-1980), aristocrate russo-polonaise à la vie longue et agitée (de Varsovie à Cuernavaca, en passant par Copenhague, Paris et New York, comtesse puis baronne, deux fois mariée mais aussi homosexuelle affichée), en est venue à incarner la froide élégance de l’Art déco. Ses personnages aux habits vert acide ou bleu vif, aux visages inexpressifs, fondus dans des décors géométriques aux teintes métalliques, résument un monde cosmopolite en sursis, celui des Années folles, avec ses femmes émancipées et ses aristocrates jouisseurs. L’exposition présente cet « âge d’or » mais également une sélection de ses œuvres plus tardives, lorsque la formule de son « ingrisme pervers » comme l’avait baptisée un critique s’est désormais affadie, et un intéressant échange épistolaire avec le poète Gabriele D’Annunzio, de trente ans son aîné, qui cherchait par tous les moyens à l’attirer dans son lit…
Tamara de Lempicka à la Pinacothèque de Paris, du 18 avril au 8 septembre 2013.

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Ces expositions ouvrent aussi cette semaine…

Un nouveau Louvre prend forme

ABU DHABI - Le Louvre Abu Dhabi présente dans Naissance d'un musée, un choix de 130 œuvres, de Giovanni Bellini à Magritte, en préfiguration de sa future collection. Du 22 avril au 20 juillet 2013.

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Dali au pays

MADRID – Fera-t-il mieux au Reina Sofía ? Après les impressionnants chiffres de l’exposition au Centre Pompidou (quasiment 800 000 visiteurs), Salvador Dali tente de bisser son succès dans la capitale espagnole. Du 27 avril au 2 septembre 2013.

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Les Bouroullec, bilan

PARIS – Stars actuelles du design français, les frères Ronan et Erwan Bouroullec sont mis à l’honneur dans une rétrospective-installation sur 1000 mètres carrés aux Arts décoratifs. Du 26 avril au 1er septembre 2013.

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Manet sur la Lagune

VENISE – Au Palais ducal, Manet, ritorno a Venezia montre l’influence de la peinture italienne sur le jeune Manet et permet exceptionnellement de réunir l’Olympia venue du musée d’Orsay et la Vénus d’Urbin de Titien. Du 24 avril au 18 août 2013.

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE

Eva Jospin, la forêt primordiale

Par son nom, elle a inévitablement partie liée à la politique, par son prénom elle est portée à la recherche des origines. Dans sa production artistique, Eva Jospin privilégie clairement la seconde voie. Elle recrée des forêts foisonnantes, impénétrables, dont l’on ne découvre la réalité qu’en s’en approchant : elles ne sont pas faites de bois mais d’un modeste carton ondulé taillé, tailladé, collé, jusqu’à produire un étonnant trompe-l’œil. Cet art est aussi, quelque part, politique, même si l’artiste s’en défend. Il nous interroge sur la forêt, la vraie : en serons-nous bientôt réduits à ne la voir qu’en simulacre ? Cette approche est une sorte d’Arte Povera nouvelle manière, mettant l’accent sur ces matériaux mineurs que l’on produit et surconsomme sans états d’âme, symbole d’une société d’abondance qui n’est sans doute pas éternelle. • Eva Jospin est présentée au Château de Chaumont-sur-Loire et à la Galerie des Gobelins.

Le site du Domaine de Chaumont-sur-Loire

LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE

VENTES


Lot 18 : barbotine de Sarreguemines, pichet Suffragette anglaise. Estimation : 50-80 €.

Louons maintenant les barbotines

PARIS – Le kitsch est une catégorie du beau, c’est un fait généralement admis aujourd’hui, n’en déplaise aux tenants d’Adolf Loos… Le mauvais goût a ses aficionados et ceux-ci trouveront certainement chope à leur convenance dans la vente consacrée à une spécialité bien française : la barbotine, une technique de faïence en relief à partir d’une pâte aisée à couler. Provenant des ateliers de Sarreguemines, les Jeanne d’Art ou Napoléon aux traits grossiers voisinent avec des princesses russes, des reines norvégiennes, des suffragettes anglaises ou un oncle Sam goguenard. De nombreux personnages, désormais oubliés du grand public, montrent que cet art, florissant au XIXe et au début du XXe siècle avait une étonnante dimension de « miroir de l’actualité ». Qui, à part les érudits, se souvient de Paul Kruger, président du Transvaal, ou de Bartolomé Mitre, président de l’Argentine ? Les amateurs sauront différencier les écoles de Fives-Lille, de Saint-Clément ou de Desvres. Si les lots sont proposés à des estimations symboliques (50 €), les jardinières de Vallauris ou de Longchamp pourraient facilement coûter vingt fois plus cher.
Barbotines à l’hôtel-Drouot (SVV Rieunier & Associés) le 29 avril 2013.

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LIVRES

Beltracchi, l’amour du faux

L’histoire de l’art abonde en faussaires hauts en couleurs, de Van Meegeren qui ressuscita Vermeer, à Elmer de Hory, auquel Orson Welles consacra un documentaire (F for Fake). On pourrait penser que le développement des techniques d’investigation (radiographie, analyse des pigments) et l’accessibilité accrue des catalogues raisonnés via internet a sonné le glas de telles entreprises. Il n’en est rien comme le montre l’affaire Beltracchi que décortique cet ouvrage. Experts incompétents ou influençables, marchands crédules ou corruptibles, maisons de ventes anesthésiées… Voici les ingrédients qui ont permis à Wolfgang Fischer, né en 1951, fils d’un modeste peintre d’église, devenu Wolfgang Beltracchi (en prenant le nom de sa femme et complice) de berner ou d’entraîner dans un jeu de complicité les plus beaux noms de la place : l’historien d’art Werner Spies, le marchand Marc Blondeau, les galeristes Dickinson, Malingue, Aittouarès ou Knoedler. En falsifiant des tableaux mais surtout en inventant de fausses généalogies et des collections imaginaires, celui qui avait collectionné les petits boulots (serveur dans une boîte à trip-tease, scénariste occasionnel) réussit l’impensable : mettre pendant trente ans sur le marché des dizaines de faux Campendonk (celui par qui le scandale fut révélé), Max Ernst, Derain… Lors d’un procès expéditif à Cologne en 2011, Beltracchi a été condamné mais le mal était fait : réputations ternies et musées pollués. Dans un dossier aussi sensible, une intéressante annexe montre le parcours des principaux tableaux incriminés. Une véritable filature policière…
L’Affaire Beltracchi par Stefan Koldehoff et Tobias Timm, éditions Jacqueline Chambon, 2013, 256 p., 24 €.

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BRÈVES

CHAUMONT-SUR-LOIRE - Le Festival international des jardins se tient du 24 avril au 20 octobre 2013.

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HYÈRES – Le 28e Festival international de mode et de photographie se tient à la Villa Noaille du 26 au 29 avril 2013.

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LONDRES – La London Original Print Fair, foire consacrée à l’estampe, se tient à la Royal Academy of Arts, du 25 au 28 avril 2013.

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LOS ANGELES – La première édition de Paris Photo Los Angeles se tient du 26 au 28 avril 2013 aux studios Paramount.

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NEW YORK – La Foundation for Contemporary Arts, créée par Jasper Johns, Robert Rauschenberg et Merce Cunningham a fêté le 22 avril 2013 son 50e anniversaire. Elle a distribué depuis sa création plus de 10 millions $ de dons, provenant exclusivement de la vente d’œuvres d’artistes.

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PARIS – Le Salon international du livre ancien se tient du 25 au 28 avril 2013 au Grand Palais.

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PARIS – La vente du mobilier de l’hôtel Crillon, organisée par Artcurial du 18 au 22 avril 2013, a rapporté 6 millions €. Le bar de César a été adjugé 324 800 €.

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