Accueil > ArtAujourd'hui Hebdo > N° 302 - du 2 mai 2013 au 8 mai 2013

ArtAujourdhui.Hebdo

N° 302 - du 2 mai 2013 au 8 mai 2013


Modèles inspirés de tableaux de Zurbarán : sainte Dorothée (par María José Predrosa) et sainte Marguerite (par Francis Montesinos). Photos Fernando Ruso (exposition à l'Espacio Santa Clara, Séville).

L'AIR DU TEMPS

Soyez modernes, soyez XVIIe siècle !

SÉVILLE - C’est une initiative originale qu’ont prise les Sévillans. Plutôt que de nous resservir tel quel l’éternel Zurbarán (par ailleurs admirable), ils ont pris la liberté de le mettre au goût du jour. L’initiative a quelque chose de quasiment sacrilège : ses saintes et martyres, qui passèrent en leur temps un mauvais moment, décapitées (sainte Catherine d’Alexandrie), criblées de flèches (sainte Ursule) ou livrées aux ours (sainte Euphémie), ont servi de modèle aux stylistes contemporains. Et pas des moindres puisqu’on compte parmi eux Agatha Ruiz de la Prada, fort connue à l’étranger, mais aussi d’autres stars espagnoles comme Francis Montesinos, le duo Luchino et Vittorio ou le vénérable Elio Berhanyer. Le résultat : un mano a mano intéressant entre les toiles du maître ténébriste, égal de Vélasquez en son temps, et de superbes interprétations de la mode du XXIe siècle. De quoi passer un bon moment et dissiper un malentendu : le sombre Zurbarán, cloîtré dans son couvent de Guadalupe en Estrémadure, était aussi un magicien de la couleur.
Santas de Zurbarán, devoción y persuasión à l’Espacio Santa Clara, du 3 mai au 20 juillet 2013.

En savoir plus

EXPOSITIONS


Herbier Dominique Perrin : Conservatoire et jardins botaniques de Nancy © CJBN.

Nancy se penche sur sa Renaissance

NANCY – Elle est connue comme une capitale de l’Art nouveau avec ses Gallé, Majorelle et autres Grasset. Ou encore comme un conservatoire du XVIIIe siècle avec sa place Stanislas. Mais rares sont ceux qui y verraient spontanément un foyer de la Renaissance, même tardive… C’est pourtant le fil conducteur de l’année culturelle qui s’ouvre le 4 mai dans la ville lorraine. Elle rappelle que le véritable envol de la ville s’est fait sous la houlette de Charles III, le duc de Lorraine qui, de 1590 à sa mort en 1608, édifie la Ville Neuve, donnant naissance à des monuments qui ont été restaurés pour l’occasion, comme la Porte Saint-Georges. La restauration du Musée Lorrain, ancien palais des ducs de Lorraine, est un projet de longue haleine, déjà entamé et qui devrait durer encore… quinze ans. Pour ceux qui ne veulent pas attendre si longtemps, le 4 mai voit s’ouvrir une salve d’expositions dont Trésors de Meuse, L’automne de la Renaissance, d’Arcimboldo à Caravage qui fait revivre les fastes des cours princières, ou encore Prima Botanica, qui montre combien la botanique a joué un rôle important dans la genèse de la science moderne.
Nancy 2013 : l’effet Renaissance, du 4 mai au 4 août 2013 en divers lieux de la ville.

En savoir plus


Mattia Preti, Saint Georges, huile sur toile, 1658, co-cathédrale Saint-Jean, La Valette.

Mattia Preti, un autre Caravage

LA VALETTE – Ce que le maudit Caravage ne put obtenir – la reconnaissance de l’Ordre de Malte et une mort paisible dans son lit – un de ses épigones y réussit… Il s’agit de Mattia Preti, exposant brillant du baroque romain et napolitain. Né en 1613 en Calabre, il est une gloire nationale à Malte où il finit son existence en 1699. Entré dans les bonnes grâces du grand maître Martin de Redin, il devait voir s’accumuler les commandes : ses peintures ornent la chapelle de la Langue d’Aragon, celle de Castille et Léon mais aussi la co-cathédrale Saint-Jean, où il a légué son chef-d’œuvre, les fresques de la voûte. On aura compris que l’exposition organisée pour son quatrième centenaire au palais des Grands Maîtres, comprenant des prêts des Offices, du Prado, du Louvre, de Capodimonte ou du musée de Taverna, sa ville natale, doit être impérativement doublée d’une visite aux églises de l’île. On trouve du Preti à La Valette mais aussi à Vittoriosa, Rabat, Mdina, Sliema…
Mattia Preti, Faith and Humanity au palais des Grands Maîtres, du 4 mai au 7 juillet 2013

En savoir plus


Jacques Linard, Les cinq sens aux deux oiseaux, huile sur panneau de chêne, 48x65 cm, 1642. Courtesy galerie Eric Coatalem.

Le XVIIe côté galeries

PARIS - C’est un leitmotiv que de se plaindre de «l’assèchement» du marché. Les chefs-d’œuvre seraient progressivement siphonnés par les musées, soumis au principe d’inaliénabilité, et perdus à jamais pour les collectionneurs privés. Eric Coatalem, antiquaire à Paris, s’inscrit en faux. « Depuis ma dernière exposition en 2006, un certain nombre de merveilleuses toiles du XVIIe siècle français sont réapparues sur le marché prouvant qu’avec un peu de patience, il est encore possible aujourd’hui de constituer des collections dignes des plus grands musées » écrit-il dans la préface du catalogue qui documente cette rétrospective, montée en partenariat avec Patrice Bellanger, spécialiste de sculpture. Elle le prouve en montrant un émouvant Christ mort sur cuivre de Jacques Stella, des paysages et compositions mythologiques de Sébastien Bourdon, Lubin Baugin ou Philippe de Champaigne. Mais aussi et surtout un bel ensemble de natures mortes sur toile ou bois, versant français des bodegones espagnols : fleurs, huîtres, citrons ou asperges sur fond noir, aux significations souvent allégoriques, signées de Louise Moillon, maîtresse du genre, François Garnier ou Jacques Linard.
Tableaux français du XVIIe siècle à la galerie Eric Coatalem (93 rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris), jusqu’au 11 mai 2013 (catalogue).

En savoir plus

A voir aussi :
Sculptures des XVIIe et XVIIIe siècles à la galerie Patrice Bellanger (136 rue du Faubourg Saint-Honoré)
Parfum d’Italie à la galerie Perrin (98 rue du Faubourg Saint-Honoré)

LIVRES

Georges de la Tour, le miraculé

Il faut « une prudence aux aguets, de multiples détours, et pour mieux dire, toutes les ruses délicates de la piété » écrit l’auteur. Dans quel but ? La reconstitution de la biographie de celui qui est considéré, avec Poussin et Lorrain, comme l’un des plus grands maîtres français du XVIIe siècle. Car on ne dispose de quasiment rien sur Georges de La Tour (1593-1652) : ni journal intime, ni livre de comptes, ni mention dans des tierces correspondances. Juste les minutes d’un procès où les plaignants l’accusent d’entretenir trop de chiens… et queques documents de cet acabit ensevelis dans les archives de Vic-sur-Seille ou de Lunéville. Ce n’est qu’entre 1863, date de publication d’une étude dans un journal savant lorrain, et 1934 avec l’exposition des Peintres de la réalité à l’Orangerie, que son nom émerge enfin de deux siècles de silence. Dans cet ouvrage sorti en 1992 et devenu rapidement un classique, Jacques Thuillier (1928-2011) poursuit cette investigation qui s’apparente presque à une enquête policière. Il y démêle les éléments biographiques, les différentes versions des Vielleurs et des Madeleines, ce goût pour les Nuits, pour la réalité et pour les figures à mi-corps. Dommage que le texte passionnant soit en si petits caractères : c’est la rançon de la maniabilité…
Georges de La Tour par Jacques Thuillier, Flammarion Compact, 2013, 320 p., 35 €

Achetez cet ouvrage chez Amazon

Achetez cet ouvrage à La FNAC

BRÈVES

ALEP – Le minaret de la grande mosquée des Omeyyades s’est effondré le 24 avril 2013, suite à un tir de roquette.

L’article sur RFI

MEXICO – Trois chambres funéraires ont été découvertes par un robot dans le complexe pré-aztèque de Teotihuacán. Leur prochaine exploration pourrait révéler les restes des dynasties locales.

Article et photos sur le site du quotidien El Universal

MUNICH – La Lenbacchaus, l’un des plus importants musées de la ville, célèbre pour sa collection du Blaue Reiter, rouvre le 8 mai 2013, après quatre années de fermeture et une rénovation menée par Foster + Partners.

En savoir plus

LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE