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N° 308 - du 13 juin 2013 au 19 juin 2013


Gagosian Gallery, Piotr Uklanski, Untitled (Open Wide), 2012. Courtesy Gagosian Gallery, Massimo De Carlo and National Gallery of Art – Zacheta Unlimited. Courtesy Art Basel.

L'AIR DU TEMPS

C’est la crise, tout va très bien

L’axiome continue de se vérifier à merveille : jamais l’art ne se vend aussi bien qu’en temps de crise. On parle ici d’art «majeur», de pièces maîtresses - les œuvres secondaires, les «petits maîtres» étant les véritables victimes de la récession. On a vu le 15 mai Christie’s vendre pour quasiment 500 millions $ en une seule vacation. Le 5 juin, Bonhams a battu le record pour un tableau russe en adjugeant Madonna Laboris, une toile de Nicolas Roerich, à 7,9 millions £. Un autre exemple qui ne trompe pas : jamais Art Basel, la plus importante foire au monde d’art moderne et contemporain, n’a été aussi florissante. Comme chaque année, elle va accueillir plus de 300 galeries triées sur le volet, où les transactions de plusieurs millions d’euros seront monnaie courante. Son succès se mesure à un autre indicateur : elle est en passe de devenir un véritable «global brand». Après la bouture réussie aux Etats-Unis (Art Basel Miami Beach, depuis 2002), c’est l’Asie qui est devenue sa nouvelle frontière avec Art Basel Hong Kong, lancée en mai dernier. La mondialisation a ses détracteurs mais elle bénéficie à ceux qui savent la «surfer»…
• Art Basel se tient à Bâle, du 13 au 16 juin 2013.

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EXPOSITIONS


Paul Signac, Femmes au puits, ou Jeunes Provençales au puits © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) H.Lewandowski

Les lumières du Sud

AIX-EN-PROVENCE – C’est l’un des événements phares de Marseille capitale culturelle, qui joue la carte du territoire puisqu’il est organisé en deux volets, le premier au musée des Beaux Arts de Marseille, au palais Longchamp (rouvert pour l’occasion), le second délocalisé à Aix, au musée Granet. Comment les artistes ont-ils été progressivement ensorcelés par la lumière et la couleur du Sud ? Avec les voyages initiatiques de Signac et de Van Gogh dans les années 1880, les peintres brisent le postulat qui impose de ne rester dans le Midi qu’à la saison froide. Ils y passent aussi l’été, se nourrissant de soleil, servant de poissons-pilotes aux touristes qui ne les suivront que dans les années 1920, grâce aux pionniers américains que décrit Scott Fitzgerald dans Tendre est la nuit. Cézanne est bien sûr un maillon essentiel de cet éveil mais Monet, Braque, Matisse, Picasso et Modigliani n’ont pas été en reste. Quelque 200 tableaux exposés, prêtés par de nombreuses institutions, en portent témoignage.
Le grand atelier du Midi, du 13 juin au 13 octobre 2013 au musée Granet (Aix-en-Provence) et au palais Longchamp (Marseille)

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• A noter aussi à Marseille : le Château Borély, musée consacré à la faïence et aux arts décoratifs, rouvre au public le 14 juin 2013.

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Ces expositions ouvrent aussi cette semaine…

Nolde, maître ès couleurs

BADEN-BADEN – Avec Emil Nolde, la splendeur des couleurs, le musée Frieder Burda propose une rétrospective de toute la carrière du peintre allemand, comprenant notamment paysages et portraits, ainsi que quelques aquarelles de ces « tableaux non peints » réalisés lorsqu’il fut interdit de peinture par le régime nazi. Du 15 juin au 13 octobre 2013.

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Le mirage du Normandie

EVIAN – Comment vivait-on sur les paquebots à la Belle Epoque ? C’est dans l’âge d’or du Normandie et de l’Ile-de-France, avec sa déco Lalique et Dufy et sa vaisselle Daum et Christofle, que nous plonge Légendes des mers au Palais Lumière. Du 15 juin au 22 septembre 2013.

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Gros plan sur Le Corbusier

NEW YORK – Le Corbusier, dont un pan de l’intimité vient d’être révélé avec la publication de son Journal (voir newsletter de la semaine dernière) fait l’objet d’une rétrospective complète au MoMA, qui explore son rapport au paysage. Du 15 juin au 23 septembre 2013.

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VENTES


Lot 126, Suite de quatre candélabres aux sirènes en bronze patiné. Epoque Louis XVI, vers 1783-84, 145 cm. Estimation : 1,5 million €.

Le pedigree des candélabres

PARIS – 118 ans qu’ils n’étaient pas sortis de leur collection. Et encore ne s’agit-il pas d’une quelconque collection mais de celle des Seligmann, parmi les plus grandes dynasties de marchands d’art avec celles des Wildenstein et des Bernheim Jeune. Les objets en question ont peu de chance d’intéresser le grand public en raison de leur prix (estimation : 1,5 million €) ou de leur usage dépassé. Mais leur histoire est forcément passionnante : emblématiques du savoir-faire parisien, ces quatre candélabres en aux sirènes en bronze doré, à cinq lumières ont déjà fait l’objet d’une adjudication en 1882, lors de la vente mémorable des collections de Hamilton Palace, qui occupa 4 semaines à Londres pour 2213 lots, et où se pressèrent les Agnew, Colnaghi et autres Wertheimer. Ils furent alors acquis par un dénommé Edwards, qui s’en défit une décennie plus tard lorsque les Seligmann s’en emparèrent pour ne plus s’en séparer pendant un siècle. Le dernier antiquaire de la famille, François-Gérard, étant décédé en 1999, le temps était venu de les remettre sur le marché…
Tableaux anciens et mobilier d’art le 19 juin 2013 à l’hôtel Drouot (Piasa SVV)

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LIVRES

Spirou sur les fonts baptismaux

Il est l’un des héros les plus connus de la BD franco-belge (qui a aussi donné au monde les Schtroumpfs, Lucky Luke et Astérix). Mais alors que la naissance de Tintin a été largement documentée, celle de Spirou l’est beaucoup moins. Pour une raison simple : si Tintin n’a dépendu que de Hergé, véritable statue de commandeur, Spirou, en revanche, a eu plusieurs pères, passant depuis 75 ans d’un dessinateur à l’autre. Ce fort volume, qui devrait être suivi de plusieurs autres, s’intéresse à ses toutes premières années, lorsqu’un éditeur belge de sensibilité catholique, Jean Dupuis, décide de créer un héros courageux, curieux et entreprenant. On est en 1938 et le conflit mondial aura une incidence forte sur l’évolution du jeune groom conçu par le dessinateur Rob-Vel. Il changera plusieurs fois de main en peu de temps, voyant intervenir un peintre doué mort prématurément (Luc Lafnet), puis un touche-à-tout brillant (Jijé) avant d’échoir au génial André Franquin qui lui donnera toute son aura. Démêlant le rôle de chacun, documentant l’intégrité de l’éditeur pendant la guerre (qui préfère interrompre la publication plutôt que se soumettre à la censure allemande), il rappelle aussi la joyeuse improvisation qui était le lot quotidien de ces pionniers de la BD, contraints de fournir des planches à un rythme hebdomadaire pour donner forme à un véritable classique du neuvième art.
La véritable histoire de Spirou, 1939-1946 par Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault, éditions Dupuis, 2013,

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE