ArtAujourdhui.Hebdo
N° 317 - du 3 octobre 2013 au 9 octobre 2013
Félix Vallotton, Le Retour de la mer, 1924, huile sur toile, 81 x 100 cm, Genève, Musées d’art et d’histoire de la Ville de Genève, don de la Société auxiliaire du musée, 1929 © musées d'Art et d'Histoire de la Ville de Genève / photo Bettina Jacot-Descombes (exposition au Grand Palais, Paris).
L'AIR DU TEMPS
Vallotton, l’homme moderne
PARIS – Quelque 33 ans de jeûne avant de voir revenir le Franco-Suisse de la ligne claire : sa dernière exposition parisienne s’était tenue au Petit Palais en 1979. Vallotton (1865-1925) a juste traversé l’avenue pour s’installer au Grand Palais - le signe d’une vraie reconnaissance ? Ses cadrages audacieux (en plongée comme sur cette image d’un vapeur sur la Seine aux Andelys), ses perspectives aplaties, sa ligne nette, sa capacité à transmettre une atmosphère en quelques traits (dans ses paysages comme La Grève blanche à Vasouy) prouvent une étonnante versatilité. Ils montrent surtout l’affinité de son art avec la photographie, le cinéma, la bande dessinée, toutes disciplines en gestation à son époque. L’exposition rassemble des classiques (Scène de rue à Paris, le Ballon), une belle série de gravures, des paysages, des nus (qualifiés d’« érotisme glacé » par les commissaires), des comptes-rendus de la guerre. Et l’on est content de voir ces œuvres venues de collections privées, montrant un regard acéré sur les choses les plus simples comme Femme fouillant dans un placard, Branche de poirier ou cette curieuse Etude de fesses…
• Vallotton, le feu sous la glace au Grand Palais, du 2 octobre 2013 au 20 janvier 2014.
EXPOSITIONS
Petite encyclopédie du vandalisme
LONDRES – Passionnante et souvent douloureuse histoire que celle racontée dans British Iconoclasm à la Tate Britain : comment les indépendantistes irlandais, les suffragettes, les puritains… ou les artistes contemporains (frères Chapman en tête) ont eu recours à la destruction comme outil d’expression. Illustration : Anonyme, Le Christ devant Ponce Pilate, vers 1400–25, © The Fitzwilliam Museum, Cambridge. Du 2 octobre 2013 au 5 janvier 2014.
Le goût de Diderot
MONTPELLIER – Créateur de l’Encyclopédie, inspirateur des Lumières, Diderot aurait 300 ans. L’influence durable de l’homme de Langres est mesurée au musée Fabre à travers les œuvres d’artistes qu’il a appréciés et défendus, de Chardin à Houdon. Du 5 octobre 2013 au 12 janvier 2014.
Kokoschka derrière l'objectif
VIENNE – Le Leopold Museum se penche sur l’un des maîtres du XXe siècle européen, Kokoschka, à travers un prisme original, ses photographies (ill. Kokoschka devant Alice au pays des Merveilles, 1942-43, par Emil Korner © Oskar Kokoschka Zentrum, Vienne). Du 4 octobre 2013 au 27 janvier 2014.
FESTIVAL
John Murray, Vue du Taj Mahal depuis la rivière. Courtesy Europalia.
Europalia : cap sur l’Inde
BRUXELLES – La manifestation biennale change de continent et d’hémisphère. Après le Brésil en 2011, qui a donné lieu à 463 manifestations (expositions, théâtre, musique, danse, etc.) elle s’intéresse à un autre des « BRIC », l’Inde, avec autant de rendez-vous. L’approche est segmentée en thématiques, allant de « Body » à « Bollywood » et passant par l’immanquable « Indomanie », cette « maladie sympathique » qui a régulièrement frappé les esprits européens au cours de derniers siècles. Le fourmillement est le fil directeur de l’événement, du Krishna Pop des Beatles au théâtre de marionnettes du Karnataka, permettant de revoir les classiques miniatures mogholes ou de s’initier aux dernières tendances de l’art contemporain. Mission impossible, donc, que de tout saisir… Pouvait-il en aller autrement pour un pays de 1,2 milliards d’habitants à la culture « immémoriale » ?
• Europalia à Bruxelles et dans toute la Belgique, du 4 octobre 2013 au 26 janvier 2014.
LES ARTISTES DE LA SEMAINE
Une œuvre de Sambre
Avant le bulldozer, le street art
Libération et L’Express ont consacré plusieurs pages à l’événement : un immeuble condamné à être démoli, en face du ministère des Finances, est pendant un mois, le terrain rêvé des grapheurs et autres artistes urbains. Le résultat est impressionnant et constitue l’une des plus importantes performances de street art en France, menée par le patron de la galerie Itinerrance. Alors que n’y résistent que quelques habitant des derniers étages, les autres, de la cave au neuvième, accumulent explosions de couleur, effets d’optique et trompe-l’œil, arabesques et pochoirs. D’Add Fuel à Vhils, en passant par eL Seed, David Walker et Shoof, stars et valeurs montantes de la discipline s’y mêlent au milieu des gravats. Un beau chant du cygne pour une tour banale…
• A visiter, 3-5 rue Fulton, 75013 Paris, jusqu’au 30 octobre 2013.
LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE
LIVRES
Vallotton entre les lignes
Cette correspondance à trois prouve que les peintres savaient écrire et que leurs collectionneurs savaient poser de vraies questions. Face à Vallotton, voici donc un alter ego, Henri Manguin, et des commanditaires d’exception, Hedy et son époux Arthur Hahnloser, ophtalmologue à Winthertour, qui achetèrent leurs œuvres sur plusieurs décennies tout en nouant un vrai rapport d’amitié. Listes de prix et de tableaux, récriminations sur un beau-fils imbécile mais aussi doutes sur la création, discussions sur le rôle du galeriste, sentiment d’impuissance face à la plus grande boucherie de l’histoire nourrissent l’échange épistolaire. Une intéressante psychanalyse de l’âme d’artiste et d’une époque troublée, à compléter par une visite à la Villa Flora où est conservée la collection des Hahnloser avec ses nombreux Vallotton (dont La Blanche et la Noire que l’on peut voir, parmi d’autres prêts, à l’exposition du Grand Palais).
• Vallotton Manguin Hahnloser, Correspondance 1908-1928, présenté et annoté par Margrit Hahnloser-Ingold et Valérie Sauterel, Bibliothèque des Arts, 2013, 630 p., 25 €.
BRÈVES
BRUXELLES – La Biennale d’art nouveau, avec de nombreuses promenades guidées, se tient pendant 4 week-ends au mois d’octobre à partir de celui des samedi 5 et dimanche 6.
FLORENCE – La 28e Biennale des antiquaires se tient du 5 au 13 octobre 2013 au Palazzo Corsini.
PARIS – La 12e Nuit blanche, avec de nombreuses performances et installations d’art contemporain en plein air, se tient dans la soirée du 5 octobre 2013.