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N° 321 - du 31 octobre 2013 au 6 novembre 2013


Qiu Ying (1495-1552), Adieu à Xunyang (détail) © The Nelson-Atkins Museum of Art, Kansas City, Photo : John Lamberton (exposition au Victoria & Albert Museum, Londres).

L'AIR DU TEMPS

Quand la Chine était paisible et contemplative

Poumon économique du monde, arborant des taux de croissance inédits, produisant jour et nuit, la Chine est devenue un épouvantail pour l’Occident. Les vertus qu’on lui reconnaît aujourd’hui : vitesse, productivité, adaptabilité, mobilité, consumérisme. Autant de qualités (ou défauts, selon le prisme choisi) qui semblent à mille lieues des caractéristiques immémoriales de l’Empire du Milieu. Une façon de confronter ces deux mondes antinomiques ? Se plonger dans la rétrospective de mille ans de peinture chinoise qu’offre le Victoria & Albert Museum. On y voit des lettrés méditant devant un rocher ou un arbre, des pavillons plantés au bord de lacs lisses comme des miroirs, d’imperceptibles changements de temps, des cavaliers traversant des espaces infinis, des nénuphars sur une rivière, des dames de la cour travaillant la soie… Une section de l’exposition est même intitulée « Embrasser la solitude » et montre la production de moines bouddhistes fuyant le monde au XIVe siècle. Une autre Chine ? Ou simplement une image partielle, qui conforte nos clichés ? Car, dans le même temps, en 1244, Chen Rong produit son œuvre célébrissime : le panneau de soie des Neuf Dragons engagés dans un combat sans merci…
Masterpieces of Chinese painting au Victoria & Albert Museum, du 26 octobre 2013 au 19 janvier 2014.

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EXPOSITIONS


Michiel Coxcie, David et Goliath © Patrimonio Nacional, Madrid.

Coxcie, génie ressuscité

LOUVAIN – C’est à une redécouverte de poids que nous convie le M Museum. Qui amène à poser une question de fond : comment des artistes ayant connu une telle célébrité de leur vivant peuvent-ils tomber après leur mort dans un tel oubli ? C’est le cas de Michel Coxcie (1499-1592), pourtant surnommé le « Raphaël flamand » au temps de sa splendeur. Ce natif de Malines avait brillé, jeune, à Rome, où il était apprécié de Vasari, avait travaillé à Saint-Pierre et décoré l'église Santa Maria dell'Anima (dans les années 1530). Il s'imposa ensuite à la cour d’Espagne. En grâce auprès de Charles-Quint puis de son fils Philippe II, il décora leurs palais et alimenta leurs collections personnelles en tableaux mythologiques et allégories religieuses. Sa longue vie le desservit peut-être. Lorsqu’il s’éteignit à l’âge de 93 ans, son style mûri dans l’Italie des années 1520 n’était plus guère en vogue… L’un des clous de l’exposition est sa copie du polyptyque de l’Agneau mystique des frères van Eyck. Complète (à la différence de l’original) et d’une remarquable qualité, ses différents panneaux sont exceptionnellement réunis pour l’occasion.
• Michel Coxcie à M Museum, du 31 octobre 2013 au 23 février 2014.

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Matérialisme surréaliste

PARIS - Pour paraphraser Alexandre Vialatte, on peut dire que le surréalisme est inépuisable. On a déjà vu dans des musées des rapprochements avec la femme, le langage, la guerre, le cinéma. En cette saison, voici sourdre de nouvelles relations consubstantielles : le surréalisme à New York (au musée des Beaux-Arts de Lyon), le surréalisme et le rêve (au musée Thyssen-Bornemisza de Madrid), le surréalisme et Victor Hugo (à la Maison de Victor Hugo) tandis que cette semaine voit l’arrivée du grand show du Centre Pompidou, consacré au surréalisme et à l’objet. Cette liaison, nourrie au début des mannequins de Chirico et du porte-bouteilles de Duchamp, se resserre au moment de l’adhésion des chefs au Parti communiste, Breton appelant à une « physique de la poésie ». On verra ici des artefacts incongrus de Dalí, de Meret Oppenheim, de Bellmer, cadavres exquis entre le macabre et l’érotique. L’occasion d’un nouveau bilan, trois quarts de siècle après l’événement pionnier de la galerie Ratton, « l’Exposition surréaliste d’objets ».
Le surréalisme et l’objet au Centre Pompidou, du 30 octobre 2013 au 3 mars 2014.

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Ces expositions ouvrent aussi…

L’axe Vienne-Berlin

BERLIN - Vienne-Berlin, de Schiele à Grosz tire le portrait de deux métropoles unies par des liens culturels autant que politiques. Elle débute à la Berlinisches Galerie avant de passer en février 2014 au Belvédère de Vienne. Du 24 octobre 2013 au 27 janvier 2014.

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Coucou Dubuffet

PARIS – Pour le 40e anniversaire de sa première, les Arts décoratifs reviennent sur Coucou Bazar de Jean Dubuffet, une étrange pièce costumée, sous-titrée Bal de l'Hourloupe et présentée au Guggenheim Museum de New York en juillet 1973 (photo : Costume Le Triomphateur en cours d’habillage © Fondation Dubuffet / ADAGP, Paris). Du 23 octobre au 1er décembre 2013.

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Chalet Society, bis

PARIS – Après le succès inattendu de l’an dernier, la Chalet Society revient avec une exposition d’art contemporain hors normes dans des locaux qui le sont autant (14 boulevard Raspail) : The Hidden World, la collection d’art «didactique» de Jim Shaw. Du 24 octobre au 29 décembre 2013.

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Vue de l'expoiition Tkaf, kamel mennour, Paris, 2012. © Latifa Echakhch. Photo. Fabrice Seixas. Courtesy l'artiste et kamel mennour, Paris.

Latifa Echakhch, cuvée Duchamp 2013

Le jury du prix Marcel-Duchamp confirme son attirance pour les parcours atypiques et pour les approches conceptuelles. La lauréate 2013, intronisée l’avant-dernier jour de la FIAC, est une jeune artiste d’origine marocaine (née en 1974), qui a mis du temps à se déprendre de ses conditionnements culturels. Ceux-ci prenaient la forme de l’arabesque, de la broderie, dans lesquelles elle a longuement puisé avant de les sublimer en installations. Les arabesques se sont brisées et les carreaux de céramique, les zelliges, forcément non figuratifs, se sont mués en feuilles de papier collées au mur et suintant le bleu du stencil. Mais la poésie surréaliste n’est jamais loin, avec des chapeaux melon emplis d’encre (une matière qui lui est chère), des cartes à jouer et des gravats évoquant des campements de fortune, des briques ou encore du sucre…
• Latifa Echakhch est représentée par la galerie Kamel Mennour (Paris). Elle exposera à l’automne 2014 dans l’Espace 315 du Centre Pompidou. Elle est présente dans deux expositions collectives : à la Synagogue de Delme jusqu’au 16 février 2014 et au Musée d’art moderne de la Ville de Paris (exposition Decorum) jusqu’au 9 février 2014.

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LIVRES

Des artistes en enfer

Jouer des ressorts de l’anecdote et du tragique, voilà qui est louable si cela contribue à intéresser le grand public à l’art. C’est ce qui sous-tend ce volume consacré aux artistes maudits. On regrette la présence de certains « nominés » tant on les a déjà vus boxer dans cette catégorie : Van Gogh, son oreille et son pistolet, Camille Claudel, sa folie, son frère et Rodin, Frida Kahlo et ses vertèbres de fer. Heureusement, il reste les autres, moins médiatisés : le dépressif Hugo van der Goes ou Hercules Seghers, si pauvre que par faute de toile, il peignit jusqu’aux draps de son lit et mourut en tombant dans l’escalier. D’autres ont largement disparu de notre mémoire. Constance Mayer, fille d’une lingère, élève de Greuze, devient l’amante de Prud’hon, signe la moitié de ses dessins et se tranche la gorge lorsque celui-ci refuse de l’épouser. Le visionnaire Bresdin, qui, « à défaut de talent, a du génie » (Baudelaire), n’arrive pas à vendre ses estampes hallucinées et doit nourrir sa famille de harengs-saurs. Méryon, persuadé que Napoléon III le persécute, se laisse mourir de faim. Leur existence cabossée illumine leur œuvre d’une étrange lumière…
Artistes maudits, le récit de 30 destins tragiques par Karim Ressouni-Demigneux, Beaux Arts éditions, 2013, 216 p., 29 €.

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BRÈVES

ISTANBUL – Art Istanbul, semaine d’art contemporain, se tient du 4 au 10 novembre 2013.

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LYON – Le prix Bullukian, doté de 15 000 € et récompensant un artiste de moins de 35 ans vivant en France, lance un appel à candidature pour sa prochaine édition.

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PARIS – La FIAC 2013 a accueilli 73 550 visiteurs, contre 70 644 pour la précédente édition (+ 4%).

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PARIS – La première lettre manuscrite connue de Voltaire, écrite en 1711 lorsqu’il avait 17 ans et finissait ses années de collège, passe aux enchères chez Christie’s le 6 novembre 2013.

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SINGAPOUR – La Biennale d’art contemporain de Singapour, inaugurée le 24 octobre 2013, se tient jusqu’au 16 février 2014.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE