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N° 324 - du 21 novembre 2013 au 27 novembre 2013


Giuseppe Pellizza da Volpedo, Il Quarto Stato, 1898-1902, huile sur toile, 283 x 550 cm. Courtesy Museo del Novecento, Milan.

L'AIR DU TEMPS

Le plus célèbre tableau italien du XXe siècle

MILAN - C’est une icône mondialement connue, une couverture classique de manuels d’histoire. Elle « dit quelque chose » à beaucoup mais rares sont ceux capables de mentionner le nom de son auteur (André Chastel lui consacre deux lignes dans L’art italien. Une exposition monographique devrait enfin faire justice à ce fameux Quart-Etat et à son créateur, le Piémontais Giuseppe Pellizza da Volpedo (1868-1907). Ce dernier, mort alors qu’il n’avait pas encore 40 ans, a subi l’influence de l’impressionnisme (on sait qu’il fit deux voyages à Paris) et de la peinture de paysage mais est toujours resté fidèle aux thématiques sociales qui lui semblaient fondamentales dans une Italie fraîchement unie. Des Ambassadeurs de la faim à la Crue, le parcours préparatoire est décrit par des tableaux et des photographies. Une radiographie à l’échelle 1 de ce qui s’appela au début la Marche des travailleurs en montre les repentirs – la disparition du décor architectural et le « grossissement » des personnages principaux. Le changement de titre et de composition appelait le gigantesque tableau, achevé en 1901, à un autre destin : le simple témoignage social devenait un véritable manifeste…
Giuseppe Pellizza da Volpedo e il Quarto Stato au Museo del Novecento, du 15 novembre 2013 au 9 mars 2014.

EXPOSITIONS


Affiche de l’exposition internationale de la ville de Lyon réalisée par Jules Chéret.

Lyon, le rêve brisé de 1914

LYON – Les édiles avaient fortement hésité avant d’organiser une troisième Exposition internationale. Celle de 1872 avait été un échec financier, celle de 1894 avait vu l’assassinat du président Carnot au parc de la Tête d’or. C’est donc avec circonspection qu’Edouard Herriot, le jeune maire, lança la ville dans cette nouvelle aventure. On sait dans quelles circonstances elle se déroula : deux mois après son ouverture, la Première Guerre mondiale éclatait, donnant raison aux Cassandre ! L’exposition restitue ce cadre historique mais rappelle aussi tout ce qu’elle a légué à la ville, lui redonnant un statut de métropole européenne : une modernisation des réseaux (voirie, eau, égout), un bond technologique dans le textile, et une série de bâtiments emblématiques marqués par une approche « hygiéniste ». Le plus célèbre est la Halle dessinée par Tony Garnier, véritable cœur de l’Exposition, entourée de 60 pavillons sur 50 hectares. Ce symbole de l’architecture du XXe siècle en reflète bien les remous : il fermera au public de manière anticipée pour être transformé en usine d’armement….
Lyon, centre du monde, Exposition internationale urbaine de 1914 aux musées Gadagne, du 21 novembre 2013 au 27 avril 2014.

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Ces expositions viennent aussi d'ouvrir…

Rowlandson, maître de la satire

EDIMBOURG – Thomas Rowlandson (1757-1827), dessinateur, peintre et pionnier de la caricature, est présenté à la Queens Gallery (ill. : Billy Lackbeard et Charley Blackbeard jouant au football, Royal Collection Trust© Her Majesty Queen Elizabeth II 2013). Du 22 novembre 2013 au 2 mars 2014.

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Faire revivre Pompéi

MUNICH – Difficile de relever le défi du British Museum, qui a récemment fait recette sur la ville morte du Vésuve : la Hypo Kunsthalle s’y essaie en proposant un autre Pompéi (ill. : une miche de pain carbonisée). Du 15 novembre 2013 au 23 mars 2014.

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Quand Rodin regarde la Grèce

PARIS – Dans le musée qui fut sa demeure, Rodin et l’antique montre les rapports entre le sculpteur et la grande statuaire gréco-romaine. Du 19 novembre 2013 au 16 février 2014.

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Eva Kotatkova, Stages of sleep. Courtesy MWM Wroclaw.

Eva Kotatkova : sus aux normes !

Conceptuel pas mort ! Pour peu que l’on englobe dans cette catégorie toutes les formes de créativité qui interrogent, au moyen d’installations, de performances, notre rapport au monde…Eva Kotakova (née en 1982), présente à la dernière Biennale de Venise, est une représentante de ce courant, qui a toujours été florissant en Europe centrale où il était, du temps des régimes autoritaires, une véritable forme de résistance au pouvoir. Etudiant le conditionnement scolaire, vestimentaire, pénitentiaire, etc., elle pointe le caractère étouffant des normes. Ses collages, ses interventions avec des autistes, des animaux, ses questionnements sur le sommeil, le savoir ou la folie peuvent offrir des pistes de réflexion thérapeutiques ou éducatives. Mais ils possèdent souvent une valeur esthétique et poétique inattendue, qui évoque, selon les cas, les mobiles de Calder ou les collages des Nouveaux Réalistes.
• Eva Kotatkova est exposée au nouveau Musée d’art contemporain de Wroclaw (Pologne), qui dédie également une rétrospective à Jiri Kovanda.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE

VENTES


Lot 110 : marotte porte-coiffe figurant une tête féminine, en orme, pièce chevillée simulant son chignon. Nez réparé Queyras. XIXe siècle Haut. 35,5 cm. Estimation : 600-900 €. Courtesy Ferri SVV.

Vive le populaire !

PARIS – Collectionner de l’art populaire n’est pas considéré comme une discipline noble. On ne touche là ni à la grande histoire ni au grand art… Mais quel plaisir, souvent, que de découvrir ces objets patiemment polis durant des veillées familiales ou repassés mille fois sur le métier d’artisans passionnés. Ils ont assurément un supplément d’âme, lié à leur « pauvreté » et à leur valeur d’usage. Les amateurs qui les accumulent le font souvent avec boulimie, comme c’est le cas de Patrick Diant, dont la collection, hérité puis largement enrichie, occupe deux journées de vacation. On y voit défiler des cannes de toutes formes et tous motifs (à voir, celle portant « souvenir de la campagne du Mexique »), des cuillers, des marottes, des fourreaux de pipe et des râpes à tabac, des des sabots…Le bois est évidemment à l’honneur, buis, alisier, érable ou noyer, mais aussi le métal (pelles à braise), la corne (une tabatière en forme de cœur). La moitié de ces objets nous sont devenus incompréhensibles : marques à pain, planches à calandrer le linge, piloirs à dentelle, cuillers à écrémer ou poires à poudre. Une porte ouverte vers la sociologie de notre passé…
Le monde merveilleux de Patrick Diant, à l’hôtel Drouot les 21 et 22 novembre 2013 (SVV Ferri).

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LIVRES

Pinceaux francs-maçons

Existe-t-il une peinture maçonnique ? Si oui, comment la reconnaître ? Ce sont les questions qui guident plus ou moins l’auteur dans ce panorama intrigant, qui se targue de quelques révélations, comme la franc-maçonnerie de Géricault, qui aurait parsemé le Radeau de la Méduse de symboles transparents. A la lecture, on apprend que bien d’autres artistes, de Hogarth à Félicien Rops, ont entretenu un rapport étroit avec différentes loges et qu’ils eurent parfois à en souffrir comme Alfons Mucha, brutalement interrogé par les nazis à Prague alors qu’il avait 80 ans, ce qui accéléra son décès. Des anecdotes et des personnages moins connus éclairent la thématique : c’est Joseph Vernet qui illustra Paul et Virginie et qui convainquit son auteur, Bernardin de Saint-Pierre, connu lors d’une réunion de loge, de n’en pas jeter le manuscrit au feu après une première lecture publique catastrophique. Juan Gris, introduit dans l’obédience par Lipschitz en 1922, commençait toujours ses tableaux avec un compas et une équerre… Grant Wood (1891-1942), issu d’une famille observante de quakers de l’Iowa, épousa la franc-maçonnerie en partie pour échapper à l’atmosphère étouffante d’un Middle West conservateur. Jusqu’à sa mort, le « peintre en salopette » fut la cible d’un ostracisme persistant, ce qui ne l’empêcha pas de produire l’une des icônes de la peinture américaine du XXe siècle, American Gothic.
De la loge à l’atelier, peintres et sculpteurs francs-maçons, par Nathalie Kaufmann-Khelifa, éditions du Toucan, 2013, 180 p., 39 €

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BRÈVES

ANGKOR – La 9e édition de l’Angkor Photo Festival se tient du 23 au 30 novembre 2013.

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DUNKERQUE - Le nouveau bâtiment du Fonds régional d’art contemporain Nord-Pas-de-Calais, dessiné par les architectes Lacaton & Vassal, a été inauguré le 16 novembre 2013.

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MEXICO – Le musée Jumex d’art contemporain, émanation de la fondation Jumex (du nom de la multinationale du jus de fruit) a été inauguré le 19 novembre 2013.

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PARIS – Bernard Blistène a été à la direction du Musée national d’art moderne, en remplacement d’Alfred Pacquement, qui part à la retraite.à la fin de l’année.

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SARCELLES – La 16e Biennale internationale de la gravure se tient du 23 novembre au 8 décembre 2013.

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STRASBOURG – Le Musée historique a ouvert ses nouvelles salles, de Napoléon à l’époque contemporaine, le 16 novembre 2013.

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STRASBOURG – La 18e édition de la foire d’art moderne et contemporain ST-ART se tient du 22 au 25 novembre 2013.

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