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N° 326 - du 5 décembre 2013 au 11 décembre 2013


Jean Cousin, dit le Père, Eva Prima Pandora, XVIe siècle, huile sur bois, 97 x 150 cm. Paris, musée du Louvre © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) /Michel Urtado

L'AIR DU TEMPS

Stars aujourd'hui, inconnus demain ?

Tout le monde de l'art aura probablement les yeux rivés sur Art Basel Miami Beach, où les plus grandes galeries présenteront leurs artistes stars. Chez Gagosian, chez Zwirner, chez Perrotin, aucun doute : Koons, Murakami, Sugimoto, Richter feront valser les millions de dollars dans des transactions records, prouvant, une nouvelle fois, que certains secteurs échappent insolemment à la crise… Loin de cette (indispensable) foire aux vanités, des musées font le pari inverse : remettre en avant des artistes oubliés, dont certains furent pourtant, en leur temps, des idoles adulées. Qui, dans le grand public, se souvient aujourd'hui, d'Aldegrever, de Graff, de Ramsay, de Minville, de Vincent ? De quoi en tirer un enseignement éternel, qui se dit mieux en latin : Sic transit gloria mundi. Espérons que, dans un siècle, des curators courageux fassent le même effort et exhument quelques-uns de nos contemporains lorsqu'ils seront retombés dans l'anonymat…

EXPOSITIONS : 10 ARTISTES À REDÉCOUVRIR


Heinrich Aldegrever, Autoportrait à 35 ans, 1537, gravure sur cuivre © Staatliche Museen zu Berlin, Kupferstichkabinett

1 Aldegrever, éloge du minuscule

BERLIN – Originaire de Westphalie, ce fut l’un des grands maîtres de la gravure allemande à la Renaissance (1502-1555). Il se spécialisa dans des petits formats, atteignant à une véritable virtuosité dans les genres les plus minuscules. Ses motifs connurent une large diffusion et furent abondamment repris sur d’autres supports, notamment dans la majolique italienne.
Heinrich Aldegrever à la Gemäldegalerie, du 8 octobre, 2013 au 19 janvier 2014.

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2 Jean Cousin, pionnier du nu

PARIS – Le titre de l’exposition semble un pied de nez à la Alphonse Allais : « Cousin père et fils ». C’est pourtant leur vrai nom : les deux Jean Cousin constituèrent une mini-dynastie qui couvrit quasiment tout le XVIe siècle, active dans d’innombrables domaines : dessin, sculpture, tapisserie, peinture sur verre. Avec un record à son actif : Eva Prima Pandora, belle femme antique peinte sur bois par le père en 1550, est considérée comme le premier véritable nu de la peinture française.
Jean Cousin père et fils au musée du Louvre, du 16 octobre 2013 au 13 janvier 2014.

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Carlo Saraceni , Déluge, Sant’Agata sui due Golfi (Massa Lubrense), monastère des Sœurs bénédictines de saint Paul, huile sur toile, 113,5 x 95 cm.

3 Carlo Saraceni, puissant caravagesque

ROME – Comme son maître Caravage, qui l’a totalement éclipsé, il est mort jeune, à peine âgé de 40 ans. Carlo Saraceni (1579-1620) porte les coloris de Venise à Rome, où il reçoit de nombreuses commandes, notamment du pape Paul V pour décorer le palais du Quirinal. Certaines de ses œuvres sont à voir in situ (notamment sa Mort de la Vierge, qui substitua celle de Caravage à l’église Santa Maria della Scala) mais l’exposition rassemble une soixantaine, certaines jamais vues comme ce Déluge, qui était caché dans un couvent près de Sorrente…
Carlo Saraceni à Palazzo Venezia, du 29 novembre 2013 au 2 mars 2014.

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Giovanni Castiglione, Autoportrait présumé, vers 1645-50, gravure, 18,8 x 13,8 cm. Royal Collection Trust/© Her Majesty Queen Elizabeth II 2013

4 Castiglione, génie de la gravure

LONDRES – Grechetto : c’est le nom d’un cépage d’Ombrie mais également d’un artiste, de son vrai nom Giovanni Benedetto Castiglione (1609-1665). Il a laissé d’originales huiles sur papier mais est surtout l’inventeur du monotype (estampe en un exemplaire unique) dont Degas ou Gauguin feront plus tard un large usage. Il a laissé un corpus d’œuvres religieuses, toiles, eaux-fortes et dessins. Une série très importante fut achetée en 1762 par le roi d’Angleterre Guillaume III au marchand Joseph Smith, établi à Venise. Les collections royales étant les plus fournies au monde, le temps était venu d’en faire une présentation ambitieuse. De quoi réparer l’oubli d’un artiste qui fut l’alter ego de Benvenuto Cellini par sa vie aventureuse et violente - il fut même accusé de meurtre.
Castiglione, Lost Genius à la Queens’s Gallery, Buckingham Palace, du 1er novembre 2013 au 16 mars 2014.

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Allan Ramsay, Autoportrait à l'âge de 20 ans, National Gallery, Edimburgh

5 Ramsay, prince des portraitistes

GLASGOW – Star d’un côté du Channel, inconnu de l’autre : c’est un peu le destin d’Allan Ramsay (1713-1784), tenu par ses contemporains pour un portraitiste hors pair. Favori du roi George III, il a aussi bien immortalisé Flora Mac Donald que le chirurgien William Hunter, laissant, comme le fit Graff à la même époque, un véritable who’s who des beaux esprits de son pays. Son goût pour le dessin l’a pénalisé : le genre a perdu la vogue qu’il connaissait au XVIIIe siècle et ses feuilles, bien que très nombreuses, sont peu exposées car fragiles. Il abrégea par ailleurs sa carrière, se consacrant dès 1770 à sa passion pour l’archéologie et la littérature.
Allan Ramsay à la Hunterian Art Gallery, du 13 septembre 2013 au 5 janvier 2014.
Allan Ramsay aux Scottish National Galleries, du 19 octobre 2013 au 9 février 2014.

L'exposition à la Hunterian Art Gallery


Anton Graff, Friederike von Helldorff, 1803, coll. part., Düsseldorf.

6 Graff et les « people » des Lumières

BERLIN – On s’en est rendu compte lors de la rétrospective tenue au Louvre au printemps : la peinture allemande est mal connue en France (la faiblesse des collections nationales en fait foi). Des portraitistes des grands esprits des Lumières, on ne connaît guère que Tischbein, qui nous a laissé son célèbre Goethe dans la campagne romaine. Anton Graff (1736-1813) est de la même stature : suisse comme Böcklin, il fit l’essentiel de sa carrière à Dresde, où il croqua toute l’intelligentsia de son temps, de Lessing à Schiller.
Anton Graff à l’Alte Nationalgalerie, du 25 octobre 2013 au 23 février 2014.

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François-André Vincent, Portrait de Lemonnier à la tête bandée, 1774 - 1775, huile sur toile, 0,57 x 0,38 m. Marseille, musée des Beaux-Arts © Marseille, musée des Beaux-Arts/Chipault-Soligny

7 Vincent, le premier des romantiques

TOURS – Le sous-titre de l’exposition est explicite « Un artiste entre Fragonard et David ». Elle couronne une véritable enquête commencée il y a plus de quarante ans, en tant que thèse sous la direction d’André Chastel et Antoine Schnapper (duquel Gallimard vient de publier un David, témoin de son temps posthume). Il y avait de quoi être émoustillé par ce peintre : ses œuvres ont été attribuées à des artistes aussi variés que Fragonard et David, cités plus haut, mais aussi à Géricault, David voire Vélasquez ! Sans que jamais François-André Vincent lui-même (1746-1816), fils d’un miniaturiste genevois, ne sorte de l’ombre dans laquelle il était tombé depuis deux siècles. Voilà qui est fait et l’on découvre un créateur polymorphe, capable de tableaux galants et de grandes compositions historiques (les Sabines, Henri IV), d’allégories campagnardes, de portraits et de caricatures, genre dans lequel il fut un véritable maître. Venues de toute la France, de collections privées et de grandes institutions (le Metropolitan Museum de New York, la Certosa di San Martino à Naples), cette sélection dessine enfin de façon complète son parcours.
François-André Vincent, au musée des Beaux-Arts de Tours, du 19 octobre 2013 au 19 janvier 2014 (puis au musée Fabre, à Montpellier, du 8 février au 11 mai 2014).

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8 Miville, paysagiste bourlingueur

BÂLE – Un vrai parcours international, qui commence en Suisse, passe par Rome et trouve son point d’orgue en Russie (1811-1817), notamment en Crimée, avec une fascination toujours renouvelée pour les paysages grandioses. C’est le destin de Jakob Christian Miville (1786-1836), artiste bâlois peu connu et peu échangé : seulement 27 transactions en 25 ans recensées par artprice. Un nouveau nom à ajouter sur le carnet des artistes globe-trotters de l’Europe napoléonienne…
Jakob Christoph Miville au Kunstmuseum, du 16 novembre 2013 au 16 février 2014.

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Michael Neder, Fille à sa toilette du matin, 1836 © Belvedere, Vienna

9 Neder, reportage sur l’Autriche du XIXe siècle

VIENNE – De sa riche collection, le Belvedere tire deux expositions par an pour explorer la carrière d’artiste négligés. Michael Neder (1807-1882) en est un, que sa réputation de représentant du Biedermeier, style bourgeois par excellence, a longtemps desservi. La vie des petites gens du XIXe siècle, paysans, servantes ou taverniers, est restituée dans ces tableaux pittoresques et colorés, dont les innombrables détails matériels donnent chair à une époque.
Michael Neder au Belvedere, du 18 septembre 2013 au 19 janvier 2014.

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Darío de Regoyos (1857-1913), Amandiers en fleur, 1905, huile sur toile, 46 x 61 cm. Collection Carmen Thyssen-Bornemisza en dépôt au musée Carmen Thyssen Málaga

10 Regoyos, premier impressionniste espagnol

BILBAO – C’est un véritable artiste cosmopolite : l’Asturien Darío de Regoyos (1857-1913) étudia à Bruxelles, où il se lia d’amitié avec Ensor et Verhaeren, voyagea à travers l’Europe – à Paris, à Londres pour y rencontrer Whistler, en Italie, puis du pays Basque à l’Andalousie. Sa production picturale assimile des influences variées : d’abord symboliste, Regoyos se révèle comme pionnier de l’impressionnisme en Espagne avant de se laisser séduire par le pointillisme et d’exceller dans la gravure. Une diversité qui a sans doute nui à sa notoriété, le cantonnant à l’image d’un brillant touche-à-tout.
Darío de Regoyos au Museo de Bellas Artes, du 7 octobre 2013 au 26 janvier 2014.

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VENTES


Lot 483. Louis de Monard (1873-1939), baignoire en pierre de Comblanchien, 1930. Haut. 68 x Long. 184 x Prof. 88 cm. Estimation : 5000-8000 €.

La baignoire de Maurice Chevalier

PARIS – Fétichistes, soyez au rendez-vous ! Quatre décennies après la mort de Maurice Chevalier, le mobilier de sa demeure de Marnes-la-Coquette est mis à l’encan par décision judiciaire. L’environnement de l’homme au canotier y avait été figé par la dévotion de sa dernière compagne, Odette Meslier. On y trouvera évidemment un assortiment de canotiers, de cannes, de bonnes bouteilles, de photographies dédicacées (par Brigitte Bardot ou Audrey Hepburn), sa Mercedes de 1967, qui n’affiche que 72 978 km au compteur. La pièce la plus curieuse est cependant sa baignoire en marbre, un monument kitsch dans lequel le Frenchie se délaissait en écoutant ses vieux tubes sur le pick-up. Taillée en 1930 par le sculpteur animalier Louis de Monard (1873-1939) dans un bloc de calcaire de comblanchien, elle ne pèse pas loin d’une tonne. Les commissaires-priseurs ont pris soin de préciser que l'enlèvement de ce lot sera à la charge de l'acquéreur…
Collection Maurice Chevalier à l’hôtel Drouot le 9 décembre 2013 (SCP Digard & Pestel-Debord)

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LIVRES

Viollet-le-Duc, le retour

Sa réputation est plutôt douteuse : on lui associe tous les styles pastiches du XIXe siècle, le néo-gothique en premier… même si bien d'autres architectes ont laissé leur marque en ce domaine. Alors que l'on s'apprête à fêter le 200e anniversaire de la naissance d'Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879), cette nouvelle monographie rappelle l'extrême diversité du personnage. Il a certes inventé à Notre-Dame, Pierrefonds ou Carcassonne un Moyen Age qui n'a pas réellement existé. Mais il a aussi été le sauveteur de nombreux monuments - la Madeleine de Vézelay parmi d'autres - qui auraient pu disparaître sans son intervention (commanditée par Mérimée, alors inspecteur des monuments historiques). Et la liste de ses talents, comme le montre l'auteur au cours des différents chapitres, ne s'arrête pas là : il a écrit des sommes sur l'architecture, a dessiné du mobilier, a été à l'origine du musée des Monuments français et a même été un grand peintre de la montagne. Il est temps de redécouvrir Viollet-le-Duc…
Viollet-le-Duc par Françoise Bercé, éditions du Patrimoine, 2013, 256 p. , 45 €.

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BRÈVES

BRUXELLES – Le musée Fin-de-siècle est inauguré le 6 décembre 2013.

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LONDRES – Le Turner Prize 2013 a été attribué à l’artiste française Laure Prouvost.

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MIAMI – Le salon d’art moderne et contemporain Art Basel Miami Beach se tient du 5 au 8 décembre 2013.

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PARIS – La célèbre tapisserie de la Dame à la licorne est réinstallée dans une salle réaménagée au musée de Cluny le 9 décembre 2013.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE