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N° 334 - du 13 février 2014 au 19 février 2014


Eugène Boudin, Bénerville, la plage, 1890, huile sur toile, 90x130 cm, collection particulière (exposition musée Marmottan Monet, Paris).

L'AIR DU TEMPS

Ces impressionnistes que vous n’avez jamais vus

PARIS - Sous un tel titre, on est à peu près certain d’attirer les foules… Les organisateurs n’ont pas osé aller aussi loin dans leur accroche marketing mais leur idée de départ est bien celle-là. Les tableaux qu’ils ont réunis ne sont en effet pas visibles habituellement par le public. Plutôt que dans les salles de musées – emplacement normal pour un chef-d’œuvre impressionniste, le mouvement le plus connu au monde – ils sont encore accrochés dans le calme de collections particulières. Si la Petite Danseuse, la célèbre sculpture de Degas, frappe moins, c’est qu’elle a déjà été vue ailleurs : les 13 autres tirages sont dans les plus grandes institutions. En revanche, ces Corot et ces Jongkind des prémices, ce très grand Boudin (la Plage de Bénerville) sont de belles découvertes. A côté d’une belle sélection de Sisley, Monet ou Pissarro, voici d’encore plus rares Guillaumin, Bazille ou Caillebotte. Les femmes restent la portion congrue : seules Eva Gonzalès et Berthe Morisot, avec une belle sélection d’aquarelles nerveuses, assurent un semblant de parité.
Les Impressionnistes en privé. Cent chefs-d’œuvre de collections particulières au musée Marmottan Claude Monet, du 13 février au 6 juillet 2014

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EXPOSITIONS

Fougeron, dans la ligne du parti

ROUBAIX - Le réalisme socialiste à la française ? Il a bien existé et André Fougeron (1913-1998) en est l’un de ses hérauts. D’origine modeste, passé par une expérience de la vie à la Gorki ou à la Jack London (ouvrier métallurgiste), il n’a pas économisé son engagement politique (appui aux républicains espagnols, membre du PCF, résistant pendant la Seconde Guerre mondiale, prisonnier, imprimeur clandestin), jusqu’à épouser étroitement le dogme (quand il cria avec les loups contre Picasso et son célèbre dessin de Staline). Il en reste cependant une vision, cousine de celle de Guttuso en Italie, d’une société d’après-guerre au fort lien social (gosses dans les rues, Parisiennes au marché, grands cortèges du 1er mai), marquée par des inégalités criantes (pauvreté, ouvriers immigrés dans leurs bidonvilles, sans abri). Autant de thématiques en partie actuelles, mais qui ont cependant déserté la peinture contemporaine pour se réfugier dans la photo ou la vidéo.
André Fougeron, « Voilà qui fait problème vrai » à la Piscine, du 15 février au 18 mai 2014

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A VOIR AUSSI


Swingeing London 67 (f), 1968-9. Acrylic, collage et alu sur toile, 848 x 1030 x 100 mm © The Estate of Richard Hamilton

Hamilton, roi du pop

LONDRES – Enfant terrible du pop art britannique, Richard Hamilton a immortalisé quelques icônes des années 60 et, comme ses contemporains américains Warhol ou Lichtenstein, nourri son art des produits de la société de consommation. La Tate Modern en fait le tour. Du 13 février au 26 mai 2014.

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Proun 6, 1919-1920. Stiftung Moritzburg - Kunstmuseum des Landes Sachsen-Anhalt, Halle.

El Lissitzky, homme-orchestre

ROVERETO – Il a touché à tout (dessin, peinture, architecture, photo, cinéma) dans le climat de la Russie révolutionnaire. El Lissitzky (1890-1941) est présenté avec une centaine d’œuvres au MART. Du 15 février au 8 juin 2014. .jsp

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Meret Oppenheim, le surréalisme au féminin

VILLENEUVE-D’ASCQ – Figure originale du surréalisme, Meret Oppenheim (1913-1985) avait fait sensation dans le groupe de Breton avec ses objets étranges, alors qu’elle n’avait que 20 ans. Moins médiatisée, la suite de sa carrière a été tout aussi prolifique comme le prouve le LAM. Du 14 février au 1er juin 2014

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VENTES


Lot n° 251. Gisèle Prassinos, 34 lettres autographes signées à Mario Prassinos, 1939-1941. Estimation : 5000-6000 €.

Le goût des Prassinos

PARIS - Chez les Prassinos, fratrie créatrice aux accroches cosmopolites (nés à Istanbul, de père grec et de mère italienne, installés en France), il y a Mario, le peintre (1916-1985) et Gisèle, l’écrivain (née en 1920). Celle-ci a été, comme Meret Oppenheim citée plus haut, une des rares femmes intronisées par le mouvement surréaliste. Alors qu’elle n’avait que 14 ans, elle fut prise comme interprète emblématique de l’écriture automatique, puis figura dans toutes les anthologies fondamentales du surréalisme. La vente propose une série de documents (manuscrits, correspondance) qui montrent combien le frère et la sœur se trouvaient au cœur d’une effervescence culturelle, ainsi que des éditions rares comme cette célèbre Sauterelle arthritique de Gisèle Prassinos. Imprimée en 1935 par Guy Lévis-Mano (5000 €), elle comprend la photo par Man Ray montrant l’adolescente en compagnie des principaux acteurs du mouvement.
Collection Gisèle et Mario Prassinos le 13 février 2014 à l’hôtel Drouot (SVV Rémy Le Fur et Associés).

Le catalogue de la vente

’ARTISTE DE LA SEMAINE


Courtesy Maison de l'Amérique latine

Gego à la ligne

PARIS - L’Amérique du Sud a été un riche vivier de l’art optique et cinétique. Les Argentins Julio Le Parc et Martha Boto, le Vénézuelien Soto ont connu le succès en Europe avec leurs lumières, leurs cadences, leurs lignes droites, brisées, pulsées. Dans ce groupe disparate, quelques artistes n’ont pas réussi à connaître la même audience. Gego (abréviation de Gertrud Goldschmidt, 1912-1994), compatriote de Soto, en est un exemple. Vingt ans après sa mort, elle est mise en avant avec ses étonnants réseaux filaires, toiles d’araignée envahissant l’espace, un motif de la trame, de l’enfermement que d’autres artistes continuent d’expérimenter avec succès (comme la Japonaise Chiharu Shiota, la Polonaise Ludwika Ogorzelec, le Belge Arne Quinze, l’Argentin Tomás Saraceno). Allégorie de l’Allemagne nazie qu’elle quitta en 1939 ? Ou simple variation sur le motif primordial de la ligne ? L’œuvre autorise un faisceau d’interprétations…
Gego, la poétique de l’espace à la Maison de l’Amérique latine (217 boulevard Saint-Germain, 75007 Paris), du 14 février au 14 mai 2014.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE

LIVRES

Poirier et Poirier

On connaît plusieurs couples d’artistes : Ilya et Emilia Kabakov (qui seront à l’honneur pour Monumenta au Grand Palais en mai), Gilbert & George, Christo et Marie-Jeanne, les Becher… Les Poirier en font assurément partie et l’un des intérêts de ce livre est de décrypter ce fonctionnement binaire. On y explore plus en détail certaines de leurs obsessions, comme le travail sur les vestiges et les ruines, qui fournit quelques anecdotes savoureuses – ainsi, alors qu’ils venaient de réaliser des copies à Pompéi, des gardiens crurent qu’ils volaient des colonnes… Après une enfance marseillaise (pour Anne, née en 1941) ou nantaise (pour Patrick, né en 1942), leurs chemins se croisent aux Arts déco pour ne plus se séparer : mai 68, la Villa Médicis à l’époque de Balthus, les innombrables voyages, les expositions – et aussi les souffrances communes, comme le décès brutal de leur fils unique en 2002. La solidité de leur lien est résumée par une anecdote : Anne et Patrick Poirier ont postulé à deux pour un seul poste d’enseignement. Un véritable casse-tête pour l’administration, qui les a recalés… deux fois.
Anne et Patrick Poirier, Dans les nervures du temps, entretiens avec Françoise Jaunin, La Bibliothèque des Arts, 2013, 160 p., 15 €.

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