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N° 338 - du 13 mars 2014 au 19 mars 2014


Lasar Segall (1891-1957), Vagabonds éternel, 1919, huile sur toile, 138x184 cm, Lasar Segall Museum, Saõ Paulo, IBRAM/Ministry of Culture. Photo: Jorge Bastos (exposition à la Neue Galerie, New York).

L'AIR DU TEMPS

Il y a 77 ans, l’art dégénéré…

NEW YORK – On l’a beaucoup citée, à l’occasion de la trouvaille sensationnelle de la cache de Gurlitt, contenant des centaines d’œuvres d’artistes bannis par le pouvoir nazi, et du film Monuments Men, tiré par George Clooney du livre de Robert M. Edsel. L’actualité était donc propice pour évoquer la fameuse exposition sur l’art «dégénéré» (Entartete Kunst), organisée à Munich en juillet 1937, qui définit le credo artistique du nazisme et confirma la persécution des artistes et galeristes juifs. L’ambiance de cette rétrospective itinérante (elle fut montrée jusqu’en 1939 dans différentes villes d’Allemagne et d’Autriche) est restituée avec des images d’Hitler et Goebbels en imperméable de cuir, observant les œuvres incriminées. Parmi celles qui n’ont pas été détruites ou perdues, une sélection significative est proposée, comme une litanie de grands noms de l’art du XXe siècle : Beckmann, Kirchner, Klee, Kokoschka à côté des moins connus Mataré, Rohlf et Heckel. Les commissaires ont essayé de remonter aux sources de cette vision raciste de l’art, évoquant, à des titres divers, Alfred Rosenberg, Nietzsche et le plus lointain Max Nordau, fils d’un rabbin de Budapest, qui établit à la fin du XIXe siècle la première typologie d’un art « sain » et d’un art « dégénéré »…
Degenerate Art. The Attack on Modern Art in Nazi Germany 1937 à la Neue Galerie, du 13 mars au 30 juin 2014.

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EXPOSITIONS


Greco, Martyre de saint Sébastien, vers 1577-78, 191x152 cm, cathédrale de Palencia, Espagne

Greco aurait 400 ans

TOLÈDE - C’est l’un des patriarches de la peinture espagnole, et à son art se sont abreuvés aussi bien des écrivains comme Barrès que des artistes comme Cézanne, Picasso ou Giacometti. Pourtant, ainsi que son nom l’indique, Greco n’avait rien d’un ibère. Né en Crète, il s’est formé dans ce qui en était alors la lointaine métropole, Venise. Ce n’est qu’en 1576, à l’âge de 36 ans, qu’il débute sa carrière espagnole, qui lui valut les plus grands honneurs sous la protection de Philippe II. Pour le quatrième centenaire de sa naissance, Tolède, sa ville d’adoption, a concocté un programme ambitieux, avec plusieurs expositions dont la première réunit une centaine d’œuvres provenant d’Espagne et du monde entier (avec par exemple, la Dormition de la Vierge de Syros, le Triptyque de Modène, ou le portrait de Palladio conservé à Copenhague). Les autres, tout au long de l’année, seront consacrées à son influence, à sa bibliothèque, aux productions de son atelier ou à sa postérité dans l’art contemporain du XXIe siècle.
El Griego de Toledo au Museo de Santa Cruz, du 14 mars au 14 juin 2014.

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Nicolas Lancret (1690-1743), Fête Galante avec la Camargo dansant avec un partenaire, vers 1727-1728, huile sur toile, 76,2 x 106,7 cm. National Gallery of art, Washington, Andrew W. Mellon Collection © Courtesy National Gallery of Art, Washington.

Fêtes galantes, l'esprit XVIIIe

PARIS - L’art de vivre à la française ? Les images du XVIIIe siècle badin, spirituel et jouisseur viennent immanquablement à l’esprit. Watteau (1684-1721) est devenu le symbole de ce genre des fêtes galantes, où le raffinement des habits, des jardins et des décors célèbre sans fin une passion primordiale, l’amour. Suivront des émules moins connus comme Nicolas Lancret (1690-1743) ou Jean-Baptiste Pater (1695-1725) qui auront tous, curieusement, une existence plutôt brève. Jusqu’à celui qui clôt ce cycle, Fragonard (1732-1806), ils sont réunis dans une rétrospective qui montre une soixantaine de tableaux venus de grandes collections. Joie de vivre, insouciance, élégance : ces œuvres sont d’autant plus touchantes qu’elles semblent totalement ignorer l’ouragan révolutionnaire qui approche.…
De Watteau à Fragonard, les fêtes galantes au musée Jacquemart-André, du 14 mars au 21 juillet 20

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Clemenceau d’Extrême-Orient

PARIS – Il est connu comme le Tigre, l’un des artisans de la victoire de la Première Guerre mondiale, moins comme un passionné d’Asie. Sa collection, dont il dut vendre l’essentiel aux enchères après le scandale de Panama en 1894, est en partie reconstituée dans les salles du musée.
Clemenceau, le Tigre et l’Asie au musée Guimet, du 12 mars au 16 juin au 2014.

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Un trésor valaisan

PARIS – Pendant sa fermeture pour un chantier de restauration, l’abbaye suisse de Saint Maurice d’Agaune, qui s’approche de son 1500e anniversaire (en septembre prochain), prête une partie de ses trésors : reliquaires, manuscrits, tissus et orfèvrerie liturgique.
Au Louvre, du 14 mars au 16 juin 2014

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VENTES


Louis-Charles Desnos, Almanach des environs de Paris, contenant la topog.phie de l'archev.ché et des différens endroits du diocèse. Paris, Sr. Desnos, 1773. Estimation : 400-600 €.

Paris, tout un monde

PARIS - Sur les planches du plan de Jean de la Caille, composé en 1714, figurent tous les équipements publics, notamment les abreuvoirs, les lavoirs et les lanternes… C’est l’une des beaux lots (estimé 4000 €) de cette vacation consacrée à Paris. Le fameux plan de Turgot ne pouvait manquer à ce florilège. Commandé par le prévôt des marchands, il fut confié à un professeur de perspective, Louis Bretez qui obtint un laissez-passer pour entrer dans chaque maison de la ville, et fut admirablement gravé par Claude Lucas. De qualité équivalente est l’Atlas de Dubois, aux contours aquarellés, publié en pleine période haussmannienne, en 1863, et qui prend acte du passage de 12 à 20 arrondissements, imposé par la loi de 1859. Deux autres classiques en édition d’époque figurent dans la liste de 282 lots : le Tableau de Paris de Louis-Sébastien Mercier et les Nuits de Paris du sulfureux Restif de la Bretonne. La vie nocturne du XVIIIe siècle n’avait rien à envier à la nôtre…
Livres et documents sur Paris, le 19 mars 2014 à l’hôtel Drouot (Pierre Bergé & Associés).

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LIVRES

Pignon-Ernest, sans domicile fixe

Il est, quelque part, un héritier des grands fresquistes de la Renaissance et des muralistes mexicains. Son art est « social » : il doit être vu. Placardé sous forme de sérigraphies, parfois de dessins originaux dans les rues de Soweto, Naples ou Aix-en-Provence, c’est encore mieux s’il vieillit et disparaît sous les coups de boutoir des éléments… Pignon-Ernest, né en 1942, entré dans le Petit Larousse en 2005, n’est pas un artiste comme les autres. Dessinateur admirable, il sert de son talent les causes qui lui tiennent à cœur. En recensant celles qui l’ont animé depuis un demi-siècle, l’ouvrage établit une radiographie de notre époque : le droit à l’avortement, la cause palestinienne, la lutte contre la dictature au Chili, l’apartheid en Afrique du Sud, les accidents du travail, les droits des immigrés ou la pollution nucléaire. Le tout sous l’égide de figures tutélaires comme Pasolini, Rimbaud ou Mahmoud Darwich. La plume du poète Velter le confirme : à 70 ans bien sonnés, Pignon-Ernest n’entend pas renier sa fibre combattante…
Ernest Pignon-Ernest, par André Velter, Gallimard, 2014, 360 p., 50 €

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE