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N° 344 - du 24 avril 2014 au 30 avril 2014


Carte verte Marc Nucera dans le parc du Goualoup et Parc Historique : © M. Nucera (Festival des jardins à Chaumont-sur-Loire)

L'AIR DU TEMPS

Les jardins de tous les péchés

CHAUMONT-SUR-LOIRE - Rendez-vous annuel, le festival des jardins de Chaumont propose à chaque printemps des compositions éphémères sur un thème particulier. Depuis 1992, ce sont plus de 600 jardins qui ont ainsi été dessinés par des équipes comprenant paysagistes, artistes, historiens, philosophes, sociologues, musiciens… Pour 2014, c’est une invitation biblique sur les péchés capitaux – quoique revisitée par le mot de Paul Valéry selon lequel « la perfection du juste est formée de la bonne composition des sept péchés capitaux. » Réinterprétation d’une « carte de l’enfer » commandée à Botticelli par Laurent de Médicis, évocation de saint Thomas d’Aquin et Jean-Jacques Rousseau, parcelle des fleurs maudites (psychotropes et narcotiques) ou amours malheureuses des trois volcans dans la culture maorie : les jardins donnent autant à voir qu’à penser. Le paysage peut se combiner avec l’art (une ambitieuse programmation d’installations depuis 2008) et un virage écologique (arrosage nocturne par microdispersion, désherbage manuel, recyclage des végétaux, paillage naturel). Avec un coût pour les amateurs de contemplation solitaire : depuis 2008, la fréquentation a bondi de 200 000 à 400 000 visiteurs…
Festival international des jardins au Domaine de Chaumont-sur-Loire, du 25 avril au 2 novembre 2014.

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EXPOSITIONS


Une équipe de camoufleurs au travail au Fort Belvoir, Virginie, Etats-Unis. Illustration dans Modern Camouflage de Robert P. Breckenridge © DR

Guerre et architecture

PARIS – On a généralement le sentiment que les guerres correspondent à une mise en sommeil de l’activité de architectes. Rien de tel pour la Seconde Guerre mondiale, soutient le commissaire Jean-Louis Cohen. La dimension du conflit obligea à la construction accélérée d’équipements de divers types – lignes de fortifications, usines d’armement, abris pour la population, baraquements démontables, QG militaires, camps de prisonniers, mais aussi cités d’extermination des nazis. Elle favorisa la recherche de matériaux innovants et, avant même la fin des hostilités, incita à plancher sur la reconstruction. En poussant le raisonnement, on pourrait presque démontrer que toute l’architecture de l’après-guerre n’est que l’application en temps de paix de ces différentes recherches. L’exposition aborde aussi bien les destructions (le constat précis établi par Doxiadis des dommages infligés à la Grèce) que les solutions de construction dans une économie autarcique (les murondins de Le Corbusier, qui flirta avec Vichy) ou les projets phares de l’époque, comme le… Pentagone.
Architecture en uniforme, projeter et construire pour la Seconde Guerre mondiale à la Cité de l’architecture et du patrimoine, du 24 avril au 8 septembre 2014.

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Lucio Fontana, au-delà des déchirures

PARIS – Il est universellement connu comme l’homme aux toiles fendues. Mais, dans une carrière de près d’un demi-siècle, Lucio Fontana (1899-1968) a eu le temps d’expérimenter dans bien d’autres domaines, par exemple la céramique polychrome et la sculpture. En 200 pièces, l’exposition permet de faire le tour d’une œuvre trop souvent caricaturée.
Lucio Fontana au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, du 25 avril au 24 août 2014.

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Tout Tschumi

PARIS – Il est l’auteur des folies du Parc de la Villette, du musée de l’Acropole, du siège de Vacheron Constantin ou du récent parc zoologique de Vincennes. Mais Bernard Tschumi (né en 1944), autant qu’architecte, est théoricien. Le Centre Pompidou, en quelque 350 objets – dessins, collages, maquettes – fait le tour d’une œuvre polymorphe, marquée par les influences du cinéma et de l’art contemporain.
Bernard Tschumi au Centre Pompidou, du 30 avril au 28 juillet 2014.

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VENTES


Lot 24, Gaspard Gresly (L'Isle-sur-le-Doubs 1712-1756 Besançon), La cage à oiseaux. Huile sur toile, non rentoilée, 81,2 x 65 cm. Estimation : 2000-3000 €.

A la française

PARIS – Qu’est-ce que le goût français ? Comment définir un tel registre ? Christie’s le fait en présentant non pas des chefs-d’œuvre mais une sélection de pièces d’art décoratif de facture impeccable, attestant un savoir-faire transmis de génération en génération. Dans la définition du goût, la provenance est souvent fondamentale : la juxtaposition des pièces n’est pas le fruit du hasard mais d’un choix éclairé, en l’occurrence celui d’Arthur Georges Veil-Picard (1854-1944), amateur éclairé qui tint la dragée haute aux plus grands acheteurs de son époque – Nathan Wildenstein, Jacques Seligmann ou les Rothschild -, ou d’Arturo López-Willshaw, grand mécène de Versailles dans l’après-guerre. Ce florilège particulier comprend des miniatures de Ritt et Hall, des vases montés d’époque Louis XV, le mobilier céladon de Jean-Baptiste III Lelarge, une commode de Mathieu Guillaume Cramer en marqueterie de bois de rose, témoignages du début du règne de Louis XVI, mais aussi des tabatières ornées de gouaches, des encriers en porcelaine de Meissen, des appliques et des cartels en bronze doré…
Le goût français : art décoratif du XVIIe au XIXe siècle chez Christie’s le 29 avril 2014

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Rhino Beetle [Oryctes transmissionis] © Vincent Fournier

Vincent Fournier et les espèces en voie d’apparition

On se plaint de la disparition inéluctable d’espèces animales et végétales, causée par la prédation humaine. Mais les progrès de la science ne nous mettent-ils pas en mesure de créer demain les espèces qui nous agréeront ? C’est à partir de ce postulat, en grande partie terrifiant, que Vincent Fournier (né en 1970) a décidé de prendre les devants. Utilisant les ressources de la technique, de l’infographie et de la retouche d’images, mais surtout un bon bagage hérité du dadaïsme et du surréalisme, il apporte des améliorations aux espèces existantes. Face au réchauffement programmé, il dote les ibis de pattes en métal, mieux adaptées au sable brûlant. Son scarabée, lassé de se perdre dans les sous-bois, ne sort plus sans son GPS. Quant à la libellule, faussement charmante car c’est l’un des plus grands carnassiers du monde (capable de manger chaque jour plusieurs fois son poids en viande) -, elle a son propre détecteur de pollution : elle ne veut manger que du bio.
• Vincent Fournier est exposé au Quai n°1 à Vevey (Suisse), du 30 avril au 7 juin 2014.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE

LIVRES

L'énigme Braque

Qui était Braque ? Bien qu’il soit l’un des monstres sacrés de l’art du XXe siècle, la question mérite d’être posée tant il a contribué à conserver le mystère sur sa vie privée. On sait peu de chose de ses liaisons – hormis une amitié amoureuse avec Marie Laurencin – et sa famille est d’une transparence exemplaire. Comme le rappelaient ses amis Ponge, Leymarie ou Paulhan, sa vie manque d’anecdotes croustillantes, au contraire de celle de Picasso. C’est déjà beaucoup qu’elle n’ait pas été coupée net le jour de son trentième anniversaire, le 13 mai 1915 ! Il est alors laissé pour mort sur le champ de bataille de la Somme, le crâne enfoncé par un obus… Normand d’adoption (né à Argenteuil, il grandit au Havre où son père est entrepreneur), c’est sa sobriété, son silence qui lui ont permis de survivre face au rouleau compresseur de Picasso, son exact contemporain. Cette biographie fluide, écrite par un outsider du monde de l’art (Danchev est professeur de relations internationales à l’université de Nottingham), rappelle que Braque ne se réduit pas à avoir été, entre 1907 et 1912, l’inventeur du cubisme (avec Picasso) puis le pionnier des papiers collés (avant Picasso). Dans la discrétion, avec des amitiés sûres (dont celles de Malraux et d’Aimé Maeght), il continuera d’exister pendant un demi-siècle, jusqu’à sa mort en 1963, traçant un sillage marqué par ses innombrables Oiseaux, les paysages de la vieillesse et le plafond du Louvre (1953).
Georges Braque, le défi silencieux, par Alex Danchev, Hazan, 2013, 366 p. 32 €

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