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N° 346 - du 8 mai 2014 au 14 mai 2014

L'AIR DU TEMPS

Raysse, Pop Art à la française

PARIS - Il est connu pour ses couleurs acidulées, ses néons, ses installations inspirées des produits de consommation (son Arbre façonné avec des bouteilles en plastique, son Etalage avec balais, lessive, pinces à linge) et des loisirs populaires. Lors de la fameuse expo Dylaby au Stedelijk Amsterdam en 1962, on vit une Raysse Beach, sur laquelle Rauschenberg et Spoerri se trémoussèrent au son du twist ! Artiste français le plus « cher » du monde avec Soulages, Martial Raysse bénéficie, quelques années après cet aîné, de la rétrospective d’une vie. Né en 1936, il est l’un des derniers survivants du groupe des Nouveaux Réalistes, fédéré par le critique Pierre Restany autour de César, Arman et Yves Klein, entre autres. L’exposition, qui réunit 200 œuvres, devrait permettre de mieux distinguer la personnalité de Raysse dans la mouvance Pop mais également la «suite» : l’artiste, qui est toujours actif, a fait évoluer sa pratique et l’on verra certaines ses œuvres les plus récentes, dont certaines encore jamais montrées.
Martial Raysse 1960-2014 au musée national d’Art moderne, du 14 mai au 22 septembre 2014.

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EXPOSITIONS


Mary Cassatt, Petite fille dans un fauteuil bleu, 1878, huile sur toile, National Gallery of Art, Collection of Mr. and Mrs. Paul Mellon

L’axe Degas-Cassatt

WASHINGTON - Lui est Français (1834-1917), elle Américaine, de dix ans plus jeune (1844-1926). Tous deux sont des monstres sacrés : la rencontre entre Edgar Degas et Mary Cassatt, orchestrée à la National Gallery, n’a rien d’une vue de l’esprit. Elle fut fondamentale à plusieurs égards comme le rappelle cette exposition entièrement consacrée au sujet. «J’allais souvent m’aplatir le nez contre cette vitrine et absorber autant que je pouvais son art. Cela changea ma vie», écrit Mary Cassatt de sa rencontre avec des pastels de Degas dans une vitrine à Paris. Le peintre français l’introduisit dans le cercle impressionniste. En sens inverse, Mary Cassatt le marqua profondément (à sa mort, il possédait une centaine d’œuvres d’elle) par son goût pour l’expérimentation. Ayant acquis une grande renommée aux Etats-Unis (avec la fresque de la Femme moderne, présentée à l’Exposition universelle de Chicago en 1893), elle y joua un rôle fondamental en initiant les collectionneurs aux audaces impressionnistes. La Femme moderne, malheureusement disparue, n’est pas du nombre, mais les quelque 70 œuvres exposées explorent efficacement la relation nouée entre les deux artistes.
Degas-Cassatt à la National Gallery, du 11 mai au 5 octobre 2014.

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Devenez une sculpture Wurm

FRANCFORT – En suivant les instructions de l’iconoclaste Erwin Wurm, les visiteurs ont la possibilité de devenir eux-mêmes une pièce de musée. A mi-chemin entre dadaïsme et art conceptuel, les pratiques du plasticien autrichien nous invitent porter un regard critique sur la définition de l’œuvre d’art.
Erwin Wurm, One Minute Sculptures au Städel Museum, du 7 mai au 13 juillet 2014.

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Les années Clark

NEW YORK – Personnalité « incontournable » de l’art brésilien de l’après-guerre, Lygia Clark (1920-1988) fait l’objet d’une ambitieuse rétrospective, avec près de 300 œuvres. Fondatrice du mouvement néo-concret, elle voyait dans l’art une expérience sociale ou thérapeutique ou autant qu’esthétique.
Lygia Clark, The Abandonment of Art au MoMA, du 10 mai au 24 août 2014.

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Charles Quint à Tunis

VIENNE – Pour chanter sa glorieuse conquête de Tunis en 1535, l’empereur Charles Quint avait pris soin d’emmener avec lui son peintre Jan Cornelisz Vermeyen. Si les tapisseries sont pour la plupart en Espagne (Alcazar de Séville et Palacio de Oriente à Madrid), dix des douze cartons, considérés depuis longtemps comme des œuvres d’art à part entière sont conservés au Kunsthistorisches Museum. Ils constituent un étonnant reportage de guerre avant la lettre.
Emperor Charles V captures Tunis au Kunsthistorisches Museum, du 7 mai 2014 au 31 mars 2015.

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VENTES


Lot 8 : tablette de Drehem, IIIe dynastie d’Ur. Tablette en argile gravée d'inscriptions cunéiformes, 10 x 6,9 cm. Provenance : Ancienne collection Allotte de la Fuÿe (1844-1939). Estimation 1 000-1500 €.

Florilège de l’Orient ancien

PARIS - Habilement placée dans le sillage de la préfiguration du Louvre Abu Dhabi, cette vente est un panorama d’ensemble des arts d’Orient, issu de quatre grandes collections privées. Si les fonds Xavier Guerrand-Hermès et Maurice Bouvier sont d’un encyclopédisme affirmé, ce sont les deux autres qui frappent, par leur spécificité. La collection Dufourmentel, constituée par un chirurgien renommé, synthétise vingt siècles d’histoire du verre. Encore plus étonnante, la collection Allote de la Fuÿe, due au colonel du même nom (décédé en 1939 à l’âge de 94 ans), réunit des tablettes sumériennes et autres sceaux en argile provenant de la cité administrative de Drehem, édifiée il y a quatre mille ans. Contrats, inventaires et autres offrandes ont admirablement résisté à l’épreuve du temps. Utiles aux historiens de l’Antiquité, ils peuvent aussi connaître une nouvelle destinée en tant qu’objets mystérieux, à l’ésotérisme fascinant.
Arts d’Orient et de l’Islam chez Artcurial le 12 mai 2014.

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Ernesto Neto, Life is a Body We Are Part of, 2012. Crochet et billes de polypropylène, 780 x 786 x 1.486 cm. Collection de l'artiste. Vue de l'Installation à l'Espace Louis Vuitton, Tokyo. Photo: ©Louis Vuitton / Jérémie Souteyrat. Avec le soutien d'Espace Louis Vuitton Tokyo © Ernesto Neto, Guggenheim Bilbao, 2014

Voir, toucher et sentir avec Ernesto Neto

On se souvient de son Leviathan Thot présenté au Panthéon lors du Festival d’Automne de Paris en 2006 : des sacs colossaux suspendus au plafond, dont les formes rondes - bourses, tubes et poches - évoquaient un évident biomorphisme, parfois à connotation sexuelle. Né en 1964, le Brésilien Ernesto Neto est un héritier direct de ses compatriotes, les pionniers Lygia Clark et Hélio Oiticica, pour lesquels l’art se devait d’être une expérience sensorielle, corporelle. Depuis plus de vingt ans, il crée des installations, à base de textiles synthétiques, que l’on peut traverser, sur lesquelles on peut rebondir ou même que l’on peut humer. Au Guggenheim de Bilbao, pour sa rétrospective la plus récente, les grands volumes de Gehry sont efficacement occupés, l’air est empli d’effluves épicés et l’on a le privilège d’entrer dans la Nef Utérus Chapelle, où l’artiste célébra son mariage en 2001.
Ernesto Neto, The Body That Carries Me est présent jusqu’au 18 mai 2014 au Guggenheim Museum de Bilbao.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE

LIVRES

Plafonds du Grand Siècle

Le plafond à la française ? Un plafond plat, à base de solives, souvent décorées au pochoir. Le plafond à l’italienne ? Un couvrement voûté, couvert de fresques et de stucs. Au milieu du XVIIe siècle, les palais parisiens s’éloignent du premier modèle pour se rallier au second. Il est malheureusement peu aisé de se familiariser avec ces grands décors civils, dus à des « stars » comme Le Brun et Mignard ou à des praticiens oubliés comme Nicolas Loir et Jean Cotelle. En effet, beaucoup ont disparu et ceux qui ont survécu sont généralement d’accès difficile – hormis les salles du Louvre et d’autres palais nationaux ou la reconstitution de l’hôtel de La Rivière au musée Carnavalet. C’est donc par l’intermédiaire de dessins préparatoires, de recueils de motifs ou de toiles autrefois marouflées que l’on peut le mieux se figurer la variété et la magnificence de ces plafonds. L’exercice demande une certaine capacité d’abstraction et la lecture de ce catalogue est à compléter idéalement par la visite de l’exposition au musée du Louvre (jusqu’au 19 mai). Hôtels La Vrillière (aujourd’hui Banque de France), Brûlart, de Bullion, de Hirsch ou du Petit Vendôme… On aurait apprécié, à l’intention des non spécialistes, un plan de Paris avec l’emplacement des principaux lieux et leur éventuelle ouverture au public.
Peupler les cieux, sous la direction de Bénédicte Gady, Louvre éditions/Le Passage, 2014, 320 p., 37 €.

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