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N° 349 - du 29 mai 2014 au 4 juin 2014


Musée Soulages, RCR arquitectes, Photothèque Grand Rodez, photo Cédric Meravilles.

L'AIR DU TEMPS

Soulages, un jeune homme de 95 ans

RODEZ – Il ne peint qu’en noir mais est haut en couleurs. Artiste français le plus cher et le plus connu dans le monde, Pierre Soulages (né en 1919) inaugure son musée dans la ville où il est né. Pour lui qui dit ne pas aimer les musées monographiques, il fallait un geste original. Dans le parc central du Foirail, tout près de la cathédrale, c’est donc une enveloppe « vivante » en acier Corten (dont la superficie se corrode, s’oxyde avec le temps - le matériau préféré de Richard Serra) qui compose une petite cascade d’édifices horizontaux. A l’intérieur, est détaillée l’évolution de son art, incluant même ses débuts figuratifs et ses périodes colorées, avec un espace pour les expositions temporaires (à l’affiche inaugurale, ses Outrenoirs dispersés dans les musées du monde). Souhaitant partager l’affiche, Soulages a prévu un éclairage sur d’autres artistes. Aux côtés de Kline ou Motherwell, Soulages est bien l’un des grands du noir. Mais il n’en démord pas : ce qui l’intéresse, ce n’est pas le noir, mais la lumière que réfléchit le noir…
• Le musée Soulages (Jardin du Foirail, Rodez) ouvre le 30 mai 2014.

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EXPOSITIONS


Gonichi Kimura, Marque d'un motif de kimono, vers le 15 août 1945, Hiroshima, Musée pour la Paix © Gonichi Kimura, Courtesy Hiroshima Peace Memorial Museum

Artistes contre la guerre

LENS - Bien dans l’air du temps, en ce centenaire de 1914, l’exposition «Ravage» au M de Louvain montre les effets de la guerre sur l’art et le patrimoine. Le Louvre Lens poursuit l’enquête en proposant sa propre vision des malheurs de la guerre. Remontant à Goya, passant par Otto Dix et les gueules cassées de 14-18 pour finir avec les conflits récents du Proche-Orient, le musée présente sa thèse : les artistes, en s’éloignant de la vision héroïque traditionnelle, ont joué un rôle majeur dans l’aversion contemporaine des sociétés occidentales pour la guerre. Quelques moments forts jalonnent cette prise de conscience, avec des œuvres qui le sont aussi : un épisode de la Bérézina par Boissard de Boisdenier ou cette photo d'une femme d'Hiroshima : la conflagration a tatoué sur sa peau le motif de son kimono…
Les désastres de la guerre au Louvre Lens, du 28 mai au 6 octobre 2014.

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Jacopo Ligozzi, Planches d’histoire naturelle/Mammifères et reptiles, Souris (Eliomys quercinus) et taupe (Talpa sp.), vers 1577-1587, pierre noire et pigments polychromes sur papier. Cabinet des dessins et estampes, musée des Offices, Florence.

Ligozzi, un génie méconnu

FLORENCE - Pittore universalissimo, le surnommait-on. Et il est vrai que Jacopo Ligozzi n'était pas avare en talents. Né à Vérone en 1549, installé jeune à Florence, il y brille à la cour du grand-duc, et anime un atelier jusqu'à sa vieillesse (il meurt en 1627). Aussi bien capable de concevoir des scénographies de défilés que des modèles de meubles en pierres dures ou des motifs de tissus, Ligozzi est également un peintre doué. En homme de la Renaissance, il répond à des commandes très variées, de la décoration des grottes de Boboli à des allégories souvent glaçantes sur le sens de la vie. Mais c'est dans un autre domaine que sa production nous touche aujourd'hui davantage : les illustrations d'histoire naturelle. Ses poissons, ses taupes et ses herbes folles ont une fraîcheur, une vivacité qui évoquent Dürer.
Jacopo Ligozzi à la Galleria Palatina (Palazzo Pitti), du 27 mai au 28 septembre 2014.

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VENTES


Lot 30 (Christie’s) Vassili Vereshtchaguine, La mosquée de la Perle à Agra, huile sur toile, 150x200,7 cm, fin années 1870/début années 1880. Estimation : 1 à 1,5 million £.

L’heure russe

LONDRES - Les ventes d’écoles nationales, qui avaient le vent en poupe il y a quelques années, ont largement reflué. Les ventes grecques et espagnoles se font très rares. Seules les ventes orientalistes, latino-américaines et russes, portées par des marchés entre très solvables, restent florissantes. Sur ce dernier compartiment, on en a une belle illustration à Londres avec le classique mano a mano Christie’s-Sotheby’s le 2 mai. Les toiles sont à peu près inaccessibles mais leur présentation constitue une véritable exposition temporaire d’art de belle facture : chez le premier une Tête de paysan de Malévitch (700 000 €), des Lentulov ou une belle Composition puriste d’Alexandra Exter ; chez le second, des marines d’Aivazovski, une série de portraits de têtes couronnées du XIXe siècle ayant appartenu à la collection d’Ivan Obolensky (éditeur et banquier d’affaires né en 1925), et deux toiles remarquables de Vassili Verechtchaguine (1842-1904), prince des orientalistes russes. Provenant de la collection du Vassar College de Poughkeepsie (New York), répondant à l’appétit conjugué des magnats russes et du Moyen-Orient, il y a fort à parier qu’elles s’envoleront…
Russian Art chez Christie’s Londres le 2 juin 2014

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Important Russian Art chez Sotheby’s Londres le 2 juin 2014

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE

Szafran, seigneur du pastel

Il joue dans la même division que Maurice Quentin de La Tour, Rosalba Carriera ou Degas : parmi les grands du pastel. On ne saurait certes réduire Sam Szafran (né en 1934) à cette spécialité pas plus que le réduire au peintre des œils-de-bœuf d‘escaliers parisiens ou des philodendrons envahissant des verrières urbaines. Mais il est vrai que cet artiste à la biographie étonnante (il a vécu une partie de sa jeunesse en Australie après qu’une partie de sa famille a disparu dans les camps, a tâté des drogues dures, rencontré Artaud et Picasso, connu Giacometti) a su redonner à cette technique désuète une actualité qu’elle avait perdue depuis longtemps et qu’il aime travailler par séries s’étendant sur des années. Szafran, après avoir été montré deux fois à la Fondation Gianadda, fait l’objet de sa sixième exposition chez Claude Bernard, l’un des galeristes les plus vénérables et difficiles de Paris, qui le suit depuis… 1964.
• Sam Szafran est présenté à la galerie Claude Bernard (7, rue des Beaux-Arts, 75006 Paris), du 22 mai au 5 juillet 2014.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


HAPPY HOURS

31 mai 2014 - MARSEILLE - Galerie Gourvennec Odor

Le troisième anniversaire de la galerie d'art contemporain avec ses principaux artistes (en photo : Feipel & Bechameil)

Notre sélection de nouvelles expositions

LIVRES

Henri Langlois, Monsieur Cinéma

Sa vie se lit comme un roman. Français du Levant, il doit quitter Smyrne lorsque la ville est mise à feu et à sac par les armées d’Atatürk en 1923. Henri Langlois n’a que 9 ans mais conservera un attachement profond pour ces racines orientales (jusque sur son passeport, où il est qualifié natif de « Turquie d’Asie »). « Bon à rien » selon ses propres paroles, il se jette à corps perdu dans le cinéma, fondant des salles de projection puis la Cinémathèque, la grande œuvre de sa vie, avec son ami Georges Franju. Nous sommes en 1936, il n’a guère plus de 20 ans, mais sa croisade l‘occupera jusqu’à sa mort en 1977. Le jeune homme filiforme est devenu un personnage à la Hitchcock, capable de mobiliser Chaplin, Fritz Lang et Chabrol pour le défendre lorsque Malraux veut le démettre de ses fonctions. Accompagnant une exposition à la… Cinémathèque, l’ouvrage retrace ses combats pour sauver le patrimoine du cinéma muet, pour en conserver les souvenirs matériels (caméras, projecteurs,affiches) et son inlassable sacerdoce pour faire connaître et confronter les cinématographies du monde entier. La Nouvelle Vague – de Rohmer à Truffaut - lui devra beaucoup…
Le musée imaginaire d’Henri Langlois, Flammarion, 2014, 240 p., 45 €.

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