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N° 351 - du 12 juin 2014 au 18 juin 2014


Amédée de la Patellière, Baigneuses à Bandol, 1928, huile sur toile, 114,2 x 145,8 cm. Beauvais, Musée départemental de l’Oise. © RMN-Grand Palais / Adrien Didierjean

L'AIR DU TEMPS

La Patellière, les années 20 redécouvertes

ROUBAIX – Sa dernière grande exposition remonte à… 1945. Amédée de La Patellière (1890-1932) porte un nom connu (son neveu Denys, réalisateur, signera Un taxi pour Tobrouk) mais le sien est tombé dans l’oubli. Il connut pourtant une véritable notoriété dans l’entre-deux-guerres, promu par l’une des galeristes les plus dynamiques de l’époque, Katia Granoff. D’une génération qui entra dans la vie d’homme avec le conflit mondial (il fut mobilisé de 1914 à 1918), sa carrière fut écourtée par une mort précoce, à 42 ans. S’abreuvant à diverses influences, un brin cubiste (on pense à Derain), un brin Art déco (on trouve des affinités avec Tamara de Lempicka), alternant les toiles lumineuses avec des périodes sombres à la Permeke, La Patellière n’est pas aisé à circonscrire. L’exposition, qui rassemble quelque 150 œuvres, dont ses dessins sur le front, ses Baigneuses et ses scènes intimistes, devrait aider à le replacer sur la carte de l’art moderne.
Amédée de La Patellière, les éclats de l’ombre à la Piscine, du 14 juin au 14 septembre 2014.

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EXPOSITIONS

Shakespeare, star de la mode

MOULINS – Il existe une mode Shakespeare, des collections Shakespeare et de vrais fashion addicts… depuis quatre siècles, c’est-à-dire depuis le décès du barde de Stratford-upon-Avon. On parle évidemment des innombrables costumes de scène que ses pièces ont fait naître. Impossible de les recenser de façon exhaustive : l’exposition n’entend donc en montrer qu’un volet, la vision française. Après être passé par l’indispensable sas d’un théâtre élisabéthain reconstitué - une scène circulaire qui s’enfonce au milieu de l’auditoire – c’est une longue galerie d’étoffes chatoyantes, depuis ce costume de Petruccio dans La Mégère apprivoisée, donnée en 1891 à la Comédie-Française, jusqu’à ces vaporeuses tuniques de Yannis Kokkos pour le Songe d’une nuit d’été en 2002 aux Amandiers de Nanterre. Léon Gischia (qui signa les parures de Jean Vilar lors du mémorable Richard II donné au premier festival d’Avignon en 1947), mais aussi Mario Prassinos ou Thierry Mugler : les créateurs les plus variés se sont mesuré à Shakespeare, comme pour souligner son universalité. Lady Macbeth et Hamlet s’accommodent aussi bien de la crinoline que de l’esthétique punk…
Shakespeare, l’étoffe du monde au Centre national du costume de scène, du 14 juin 2014 au 4 janvier 2015.

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Sorolla à la plage

BARCELONE – C’est le grand impressionniste espagnol, dont la cote n’a cessé de monter ces dernières années. Devenu star à Madrid où sa somptueuse maison-atelier se visite, Joaquín Sorolla (1863-1923) était cependant Valencien d’origine. Ce qui explique que la mer ait toujours beaucoup compté dans son inspiration…
Sorolla, el color del mar au Caixa Forum, du 12 juin au 14 septembre 2014.

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Willette à tout faire

L’ISLE-ADAM – La semaine nous offre une autre intéressante redécouverte : celle d’Adolphe Willette (1857-1926), connu comme caricaturiste de presse (pour Le Chat noir ou L’Assiette au beurre) mais également capable de grandes compositions peintes, allégories ironiques sur le progrès ou sur les méfaits de l’amour. D’une grande versatilité, il intervint dans les décors de l’hôtel de ville de Paris, réalisa des éventails, des enseignes pour magasins de broderie, des publicités pour le cacao Van Houten…
Adolphe Willette au musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq, du 15 juin au 28 septembre 2014.

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Les secrets de la couleur

LONDRES – Du coûteux lapis-lazuli convoyé du lointain Afghanistan ou du pastel cultivé dans les champs près de Toulouse… Ce sont quelques-unes des matières premières qui servirent aux artistes d’autrefois à produire la couleur. Le marché qu’elles représentaient était colossal : à la fin du XVIIe siècle, la cochenille était le premier produit d’exportation du Mexique. L’exposition allège le discours technique en dédiant une pièce à chaque couleur : le jeune s’organise autour d’un Van Dyck, le rouge accueille un Masaccio et La Coiffure de Degas…
Making Colour à la National Gallery, du 18 juin au 7 septembre 2014.

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VENTES


Lot 401, Bosc (1924-1973), L’oiseau sur le calvaire, encre de Chine sur papier Arches, signée en bas à droite 38,5 x 32 cm. Estimation : 1200-1500 €.

Après la BD, le dessin d’humour ?

PARIS – On a vu les prix de la BD s’envoler – en témoigne le récent record d’une planche de Hergé (2,65 millions le 24 mai dernier chez Artcurial). Il serait légitime que le dessin humoristique suive le même chemin. Pourquoi, pour ne prendre que le cas de la France, un Reiser ou un Copi valent-ils dix ou cent fois moins qu’un Bilal ? Cette vente montrera si une correction est en cours, contredisant des estimations très raisonnables (quelques centaines d’euros). En dehors de quelques vivants (Sempé, Siné, Pajak) ce sont de grands anciens qui tiennent le haut de l’affiche : Reiser (1941-83) et Copi (1939-87), déjà mentionnés, mais aussi Dubout (1905-1976), Bosc (1924-73) ou Chaval (1915-68), l’auteur de Les oiseaux sont des cons, à la fin aussi tragique que ses caricatures grinçantes. Sa femme se suicida lorsqu’il lui annonça qu’il la trompait. Il la suivit peu de temps, ayant laissé le robinet de gaz ouvert mais ayant écrit sur sa porte, par précaution, « Danger d’explosion »…
Dessins d’humour, collection Dominique Charnay le 16 juin 2014 à l’hôtel Drouot (Cornette de Saint-Cyr)

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE

Thomas Hirschhorn, du social dans l'art

Comment donner du sens à l’art ? Comment conserver à l’œuvre une valeur sociale et pas seulement esthétique ou financière ? Thomas Hirschhorn (né en 1957) répond à la question par le biais d’installations souvent monumentales, où le public est invité à marcher, s’asseoir, discuter. La dernière, au palais de Tokyo, mêlant mobilier empaqueté, vieux pneus, graffiti et banderoles de manifestants, ressemble à un squat d’altermondialistes. Et l’on n’y fait pas que regarder : on y débat chaque jour (les intervenants programmés sont plus d’une centaine) des excès de la mondialisation, du sens de la lecture dans une société numérique, de l’avenir de l’enseignement, de la poésie, de l’Europe. Comme un bilan sur le sens de la vie, que chaque jour, pendant les deux mois de l’exposition, un petit journal synthétise.
Thomas Hirschhorn, Flamme éternelle au Palais de Tokyo, jusqu’au 23 juin 2014.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE

LIVRES

14-18, une affaire d’artistes

«Je hais le XXe siècle comme je hais l’Europe pourrie (…)» s’écrie en 1917 dans Civilisation l’écrivain Georges Duhamel, alors chirurgien en première ligne. Quant à Fernand Léger, alors brancardier, quand un ami lui demande s’il restera cubiste à l’issue du conflit, il a une réponse éclairante : « Il n’y a pas plus cubiste qu’une guerre comme celle-là qui te divise plus ou moins proprement un bonhomme en plusieurs morceaux et l’envoie aux quatre points cardinaux… » Comme le montre l’ouvrage, présenté sous forme d’un journal chronologique des quatre années d’enfer et abondamment illustré, artistes, écrivains et musiciens n’ont pas été épargnés par le conflit. Si certains ont réussi à se planquer comme Duchamp, Raimu ou Delaunay, réfugié en Espagne, beaucoup ont payé un lourd tribut, les morts en premier lieu - Boccioni, Franz Marc, Gaudier-Brzeska, Louis Pergaud -, mais aussi les blessés graves comme Apollinaire, Braque ou Jean Renoir. Même loin du feu, on peut en mourir : le sculpteur animalier Rembrandt Bugatti, dépressif et malade, se suicide lorsqu’il apprend que les lions du zoo d’Anvers, rendus dangereux par la faim, ont été abattus…
Ecrivains et artistes face à la Grande Guerre, par Claude Pommereau, Claire Maingon, Guillaume Picon, Beaux Arts éditions, 2014, 280 p., 39,50 €.

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